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Découvrir la nature avec nos yeux d’expert.e.s

Parce que tu te demandes qu’est-ce qui se passe dans un cocon de papillon, comment se forme une tornade et comment les plantes communiquent... L'équipe de naturalistes de GUEPE a décidé de répondre à toutes tes questions, car la nature, ce n’est pas un mystère, c’est une science! Un.e naturaliste c’est quoi? En gros, c’est un.e spécialiste dont la mission première est de vulgariser les différentes sciences de la nature.

Chaque mois, on te présente une vedette, animale, végétale ou autre (oui, oui!), en plus des sujets préférés de nos naturalistes. Reste donc bien connecté.e. On va répondre aux questions de notre lectorat (incluant les tiennes) et on va aussi te proposer des places à visiter, des actions à poser, des trucs à voir et à lire. 

On te souhaite une bonne exploration de la nature!

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Qc-Nature
Les espèces clé et les ingénieurs

Dans la nature avec un grand N, on trouve des espèces qui ont un impact sur leur environnement par leur comportement ou leur simple présence et qui favorisent celle d’autres espèces. Ce sont les espèces clé.

Dans la nature avec un grand N, on trouve des espèces qui ont un impact sur leur environnement par leur comportement ou leur simple présence et qui favorisent celle d’autres espèces. Un bon exemple est le castor. Les zones inondées qu’il crée avec son barrage profitent aux branchus, aux pics et aux hiboux qui nichent près des étangs. Les chenaux du castor réduisent les chances de sécheresse en forêt et son barrage filtre l’eau. Il fabrique (maintient et entretient) à lui seul des écosystèmes entiers et riches en biodiversité.

C’est le rôle des espèces clé de voûte. Disons que les écosystèmes ne pourraient pas s’adapter aux perturbations sans ces espèces clés*. On parle de piliers importants des écosystèmes et de facilitateurs de biodiversité.

De la belle ingénierie de castor

Les espèces clé de voûte se divisent en grands groupes selon leur impact sur leur environnement :  

  • Les prédateurs peuvent contrôler la distribution et l’abondance des populations de proies. Pensons aux loutres de mer dans les forêts aquatiques de varech. Elles mangent les oursins, des herbivores, qui exercent une pression importante sur les algues**. Les loutres assurent ainsi le maintien de l’écosystème.  
  • Les espèces qui ont des relations de mutualisme s’influencent l’une l’autre, mais peuvent aussi avoir un impact sur l’écosystème, comme les pollinisateurs. Ils assurent la reproduction des plantes en échange de ressources et du même coup, ils maintiennent la diversité génétique dans le milieu.  
  • Les espèces fondatrices structurent la géologie des habitats. C’est le cas des coraux qui modèlent la roche dans les récifs ou des sphaignes qui conservent l’eau dans les tourbières.  
  • Les espèces ingénieures modifient, créent ou maintiennent leurs habitats par leur biologie ou en changeant physiquement les éléments biotiques ou abiotiques de l’environnement.***

 

Les ingénieurs de la nature

On pourrait dire que toutes les espèces ont un impact sur leur environnement parce qu’elles y vivent. Comment savoir lesquelles sont des ingénieures? On donne ce titre aux espèces qui ont généralement le plus grand impact, comme c’est le cas avec les espèces clé de voûte. Ces dernières sont souvent reconnues pour leur impact sur la chaine alimentaire, tandis que les ingénieurs modifient le paysage (ou les ressources présentes) et ainsi favorisent la richesse des espèces dans un milieu.

Celles qui modifient leur habitat par leur présence, se nomment autogéniques. Au fur et à mesure qu’elles croissent, ou évoluent, elles procurent de la nourriture et des abris aux autres espèces. Les coraux sont un exemple. Les arbres le sont aussi. Ils abritent d’autres espèces (comme les oiseaux, les insectes, les écureuils…) et ils modifient leur voisinage en créant de l’ombre avec leur feuillage. On appelle allogéniques les espèces ingénieures qui modifient « mécaniquement » les éléments de l’environnement en les faisant passer d’un état à l’autre. Les champignons favorisent la décomposition du bois mort****. Les pics bois font des trous dans les troncs et créent des cachettes pour d’autres animaux.  

Un nid de grand pic (une ressource) qui sera utilisé par un autre locataire l'année suivante

Les ingénieurs affectent donc la disponibilité des ressources : ils les rendent disponibles (ou pas) aux autres organismes qui ne pourraient pas les utiliser sans leur présence. En modifiant l’habitat, elles créent aussi des niches diverses (donc une hétérogénéité dans l’écosystème), augmentant ainsi la richesse du milieu. Et plus les ingénieurs augmentent la complexité des écosystèmes, plus il y aura de diversité, autrement dit, de biodiversité.  

 

Qui a gradué en ingénierie?  

Plusieurs comportements ou effets permettent de recevoir un diplôme d’ingénieur. Entre autres, les frugivores, comme certains oiseaux et des primates, ont gradué avec mention honorable. En mangeant les fruits, ils participent ensuite activement à la dispersion des graines dans leur fèces.  

Les fouisseurs, tels que les chiens de prairie et les vers de terre, modifient le sol. Ils procurent des corridors souterrains aux autres espèces du sol. Dans la toundra, le renard arctique change la composition chimique des sols près de son terrier. Une fois construit, il peut être utilisé par plusieurs générations et au fil du temps, l’urine, les crottes et les restes de proies produisent des nutriments qui favorisent la végétation autour du terrier. Et qui dit végétation dit herbivores affamés qui en profitent tels que les lemmings et les cervidés.  

On remet aussi un diplôme d’ingénierie au plancton. Avec ses mouvements journaliers dans la colonne d’eau, il modifie la turbidité (et donc la quantité de lumière qui pénètre dans l’eau). Cela affecte la capacité des plantes aquatiques à faire de la photosynthèse, donc la production primaire et par le fait même, la chaine trophique au grand complet.  

On t’a déjà parlé du castor, du corail, des loutres… La liste des diplômés est longue!  

Et finalement, un des plus drastiques ingénieurs d’écosystème est sans contredit, l’humain. Nous sommes passés maîtres dans l’art de modifier (notre) l’environnement. Les impacts du développement urbain et agricole sur les écosystèmes sont flagrants. Depuis des siècles, la construction de niches écologiques par l’humain est indéniable.

Un terrier = une famille et bien plus!

Pas toujours rose les ingénieurs

Il peut arriver que la mauvaise espèce modifie le mauvais habitat… La moule zébrée, une espèce exotique envahissante dans les Grands lacs modifie le fond de l’eau. Elle empêche la production de végétation de surface, laissant la lumière pénétrer plus en profondeur, ce qui favorise les algues au détriment d’autres végétaux. Les colonies de moules procurent des microhabitats de choix pour les invertébrés benthiques et des refuges pour les prédateurs. L’écosystème du lac est complètement transformé par la présence de cette nouvelle espèce. Les moules zébrées, par définition, sont considérées comme des ingénieures. Les espèces exotiques envahissantes modifient les écosystèmes qu’elles colonisent d’une telle manière qu’elles perturbent les espèces indigènes et les empêchent d’y proliférer. Il y a donc des avantages aux espèces ingénieures, mais en contraste, les ingénieurs exotiques ont souvent l’effet contraire.

Le concept d’espèces clé de voûte n’est pas une classification officielle. Les scientifiques ne s’entendent pas sur les espèces qui devraient être considérées clé (ou lesquelles le « méritent »). Certains pensent que cette appellation simplifie le rôle complexe des espèces dans l’organisation des écosystèmes. D’autres pensent, au contraire, que c’est un outil efficace pour sensibiliser les gens à l’importance de ces espèces pour la biodiversité. C’est le même combat pour les ingénieurs. On dit que c’est un buzz word dans la communauté scientifique. Mais, des fois, pour passer un message, un buzz word, ça fait l’affaire!  

Bravo à tous les diplômés!  

Un récif de corail, des ingénieurs sous-marins.

 

* Dans le cas d’une disparition d’une espèce clé de voûte, il est fort probable qu’aucune espèce ne la remplace, ou utilise sa niche écologique laissée vacante.

** Dans le même ordre d’idée, les herbivores peuvent être considérés comme des espèces clé de voûte car ils peuvent contribuer, par la consommation des plantes, au contrôle des éléments physiques d’un habitat.

*** On pourrait aussi inclure à cette liste les espèces parapluie dont plusieurs autres espèces dépendent. (Ce concept est souvent mélangé avec celui de clé de voûte. On y reviendra.) Et les porte-drapeaux (ou les espèces phares) qui sont des symboles de leur milieu, comme les pandas. C’est un concept culturel qui permet de sensibiliser les gens à l’importance de la biodiversité. Attention, il est possible que les espèces porte-drapeaux ne soient pas des espèces clé : ces mascottes peuvent être choisies pour leur charisme et non pour leur importance écologique.

**** Les champignons jouent un rôle complexe dans les écosystèmes dans le cycle de nutriments. C’est ce qui leur a valu leur diplôme. Ils connectent les composantes du milieu par leur mycélium et transportent des nutriments. Ils favorisent la décomposition et créent des zones riches pour les xylophages. Ils acheminent du nitrogène des animaux morts aux arbres et le carbone entre les végétaux.  

Par Anne-Frédérique, chargée de projet, conception

Sources images : Pixabay, P. Wieland, Lisa Hupp/USFWS, Pixabay

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Choix du naturaliste
L’impact de l’alimentation sur la nature

Ici, nous ne connaissons pas d’épisodes de famine. Mais, nous ne sommes pas sans peine quand il est question de faire attention à notre impact environnemental en faisant nos choix à l’épicerie.

En Occident, l’alimentation ne semble pas un problème. Normalement, nous ne connaissons pas d’épisodes de famine. Il faut toutefois comprendre que nous ne sommes pas sans peine quand il est question de bien s’alimenter, surtout lorsqu’il est question de faire attention à notre impact environnemental en faisant nos choix à l’épicerie. Voici quelques mises en situation que nous pensons connaître, chez nous, au Québec.

L’espace d’une alimentation carnivore

D’abord, manger de la viande. Presqu’aucune culture humaine n’y échappe. Nous élevons des animaux pour subvenir à une population importante afin qu’elle ait suffisamment de protéines et pour éviter certaines carences alimentaires. Mais, voyons la situation d’un autre angle. Pour élever des animaux, il faut les nourrir, n’est-ce pas? Plus il y a de bêtes à nourrir, plus il faut produire de nourriture. Où penses-tu qu’elle est produite? Cela nécessite beaucoup de terres agricoles. Il faut comprendre que la majorité de nos animaux d’élevage sont herbivores, voire omnivores.  

Aussi, les animaux les plus gros, comme les bœufs, ne sont pas toujours abrités dans des bâtiments, contrairement aux poulets, aux vaches laitières, ou encore aux cochons, qui vivent quant à eux dans des endroits restreints afin de rentabiliser les espaces de production. L’élevage en enclos extérieurs et le broutage que ça occasionne monopolisent ainsi beaucoup d’espace, des terres qui ont aussi leur potentiel agricole.

Ainsi, réduire sa consommation de viande a un impact non-négligeable sur l’environnement. Toutes sortes de protéines végétales s’offrent à toi, comme les légumineuses, le soja, les haricots, les noix et même plusieurs céréales.  

L’impact d’une alimentation herbivore

Nous venons de voir qu’il faut énormément de terres agricoles pour produire une alimentation à base d’animaux d’élevage. Mais qu’en est-il maintenant si nous mangeons des protéines directement produites par les végétaux? Beaucoup d’humains sont végétariens et ce n’est pas pour rien. Les terres agricoles sont utilisées pour produire des légumineuses, du soya, des haricots ou encore du blé pour en extraire le gluten, sa protéine. Mais il ne faut pas croire que l’impact de cette production sur l’environnement est moins intense. Car, en effet, les monocultures nécessitent des agents chimiques pour contrôler les nuisances, comme des champignons ou des insectes (et faisant des victimes collatérales : les pollinisateurs) ou encore pour contrôler le volume de production, ce qui se répand dans l’environnement, malgré des normes établies afin de limiter l’utilisation de pesticides et d’engrais, en plus de réduire la biodiversité de nos cultures.

Toutefois, une alimentation entièrement végétarienne implique qu’il n’est plus nécessaire de gérer les déjections animales, ni bâtir d’étables gigantesques, ni produire (du végétal) pour produire (de l’animal). Nous en sortirions plus créatifs en termes de choix de cultures et nous pourrions retrouver des espaces afin de recréer une belle diversité d’aliments. Car il ne faut pas l’oublier :  beaucoup de variétés de végétaux se sont perdues avec la sélection industrielle, encore une fois, marquée par la rentabilité.  

Le voyage d’une alimentation internationale

Ici, nous mangeons de tout car nous avons accès à tout. Contrairement à bien d’autres pays dans le monde, nous sommes capables de nous payer des aliments qui viennent de loin. Mais est-ce viable? Est-ce durable?

Tu sais maintenant que pour produire, il faut des terres, et des terres, ce n’est pas ça qui manque dans le monde... Mais ça implique parfois qu’on doit en créer de nouvelles à travers les grandes forêts tropicales et équatoriales. En effet, pour continuer à dévorer tous ce qu'on trouve à l’épicerie, nous devons encourager des industriels qui eux, dévorent les poumons de notre planète. Défricher au Québec pour créer des terres agricoles, comparativement à défricher une forêt tropicales humide et extrêmement vieille, n’a pas tout à fait les mêmes impacts sur l’environnement (même si abattre des forêts entières a tout de même son lot de répercussions dans l’environnement). On parle entre autres de perte de biodiversité, de fragmentation et d’appauvrissement et de lessivage des sols.

Penses-y, les fruits exotiques, la grande majorité des noix, le café et même le riz, sont des produits d’importation internationale. Nous nous alimentons avec la terre et l’eau des autres pays. Beaucoup de produits arrivent des régions du monde plus pauvres en eau, comme les clémentines ou encore les avocats, alors que les populations locales manquent de ce précieux liquide. Pourquoi est-il si important pour nous de manger des poivrons en hiver en provenance du Mexique alors que nous avons le climat idéal pour leur production? C'est vrai qu’il est impossible d’en faire pousser autrement qu’en serre lors de la période hivernale. Si nous trouvons les moyens de rentabiliser les serres en termes d’espace et d’économie d’énergie, alors pourquoi pas! En attendant, il existe beaucoup d’aliments qui peuvent se conserver tout au long de la saison froide, les connais-tu?  

Avoir une alimentation écoresponsable est une excellente manière de réduire son empreinte écologique. En effet, faire des choix, c’est important, et c’est d’ailleurs ce que l’on suggère, comme choisir de cuisiner soi-même les aliments plutôt que d’acheter des produits transformés, ou encore, manger des légumes frais et de saison, plutôt que d’acheter des produits internationaux. Tous ces produits nécessitent d’énormes quantité d’énergie pour être produits ou transportés, ce qui a un impact assuré sur l’environnement.

Le coût d’une alimentation industrialisée

Nous transformons sans cesse nos ressources de la terre et c’est tant mieux! Mais qu’en est-il des aliments transformés en usine, les prêts-à-manger? Pour nourrir les populations mondiales, il est pratiquement impossible de penser que tout un chacun peut produire et transformer sa petite consommation. Quelques personnes tentent de le faire, et je dis bravo à celles-ci. Mais pour produire en grandes quantités, il faut énormément d’énergie et de ressources pour uniformiser une production annuelle et sans problème. Or, ce n’est pas les problèmes qui manquent : sécheresse, invasion d’insectes et de champignons, plants trop petits, même les machines doivent être réparées.  

Pour remédier à ça, nous avons inventé l’agriculture industrielle. Nous avons créé des pesticides, des arrosoirs automatiques, des engrais chimiques, et des machines toujours plus grosses pour répondre à la demande. Ainsi, non seulement nous mangeons tout ça, mais nous mangeons également tous les produits raffinés, pasteurisés et enrichis afin d’éviter que nos aliments moisissent, périment ou soient faibles en nutriments. Est-ce vraiment rentable de construire toutes ces machines et liquides chimiques qui transforment notre alimentation? N’oublie pas que produire tout ça émet aussi son lot de GES.

Qu’est-ce qu’il faut en retenir?

Au final, qu’est-ce qu’il y a de mieux à manger? Est-ce que tout est une question de prix? Si tu fais le calcul, tu te rendras compte que transformer soi-même les aliments achetés en vrac a un coût ridiculement moins élevé que les produits transformés. En résumé, une alimentation diversifiée entre les végétaux et les animaux (pour ceux qui le veulent), une alimentation produite localement, le plus possible idéalement, ainsi qu’une alimentation la moins transformée possible, préférablement biologique, sont des cibles que nous pouvons atteindre. Non seulement tu seras en meilleure santé, tu découvriras une créativité culinaire insoupçonnée, tu économiseras en encourageant une économie locale et, dans le meilleur des mondes, respectueuse de l’environnement.

Par François-Vivier, éducateur-naturaliste

Sources images : Pixabay, Pixabay, Pixabay

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Vedette du mois
La nature : une cure de santé

T’es-tu déjà demandé.e pourquoi il y avait des jardins dans des hôpitaux et des monastères? À ce qu’il parait, la nature guérit…

T’es-tu déjà demandé.e pourquoi il y avait des jardins dans des hôpitaux et des monastères?

À ce qu’il parait, la nature guérit… Avec l’urbanisation croissante de la société et avec l’avancée technologique, des scientifiques, chercheurs et professionnels de la santé se penchent sur le lien entre la nature et la santé de l’être humain. Malgré qu’ils aient fait une foule de recherches et de découvertes bien intéressantes, afin de ne pas prendre trop de ton temps, je n’irai pas dans tous les détails dans cet article. D’ailleurs, pour simplifier sa lecture, j’ai préféré te citer quelques exemples de bienfaits suggérés par des chercheurs, selon le rapport du Dr Louis Bherer et de son équipe de l’Institut de cardiologie de Montréal*.

Les bienfaits physiques :  

  • Réduction de la fréquence cardiaque;
  • Réduction de la pression artérielle;
  • Réduction des niveaux de cortisol (un indicateur de stress)  

Les bienfaits psychologiques :  

  • Sensation réparatrice;
  • Amélioration de l’humeur, diminution de la dépression et d’émotions négatives;
  • Augmentation de la vitalité, diminution de la fatigue;
  • Amélioration de l’attention et de la fonction cognitive.

Les autres bienfaits :  

  • Renforcement de la cohésion sociale et du soutien social;
  • Amélioration du bien-être spirituel;  
  • Sensibilisation et comportement positif en matière d’environnement et de durabilité́.  

Il est à noter que ce ne sont pas tous les bienfaits suggérés qui ont été prouvés scientifiquement de façon aussi indisputable (les bienfaits physiques étant les mieux démontrés), mais on n’a pas besoin d’études pour savoir qu’aller prendre une promenade en forêt fait du bien!  

Puis, j’aimerais mettre en avant que les bienfaits de la nature ne seraient pas forcément liés à une activité physique intense! Juste te promener au milieu d’une forêt (ce que l’on appelle « bain de forêt » ou « shinrin-yoku » au Japon) serait bien suffisant. D’ailleurs, marcher minimum 2 heures par semaine dans une forêt, un champ ou un parc, et cela en toutes saisons, aurait un impact significatif sur le physique et le mental, d’après le Dr Scott Lear, spécialiste en gestion et en prévention de la maladie du cœur.*

Fun fact : Les scientifiques ignorent pourquoi, mais regarder des photos d’arbres et de plantes diminuerait aussi le taux de cortisol et donc, le stress! À vos livres de photos!

Et ce n'est pas tout!

Les êtres humains bénéficient d'autres bienfaits offerts par les différents écosystèmes. C’est ce qu’on appelle les services écosystémiques. Que ce soit les végétaux dans les parcs urbains qui diminuent la chaleur et la pollution atmosphérique, les prairies remplies de terres fertiles, les forêts qui produisent de grandes quantités d’oxygène, ou les milieux humides qui améliorent la qualité de l’eau, la nature est importante au maintien de la vie sur Terre.  

Elle a pris soin de nous et c’est à notre tour de prendre soin d’elle. Comment? En réduisant notre empreinte écologique. L’empreinte écologique est un indicateur de la pression que l’être humain laisse sur la nature. En gros, plus l’empreinte écologique est forte, plus nous avons un impact fort sur la nature. Au contraire, plus l’empreinte écologique est petite, plus nous sommes « transparents » aux yeux de Mère Nature. L’empreinte écologique peut se calculer pour une entreprise, une personne, et même pour une nation! Prenons là l’exemple d’une personne lambda... et bien, l’empreinte écologique se calcule en fonction de son mode de vie et de ses habitudes! Les moyens de transport utilisés, le type de nourriture qu’il ou elle consomme, sa consommation d’énergie ou encore son utilisation liée à la technologie. Bref pour réduire ton empreinte, il faut changer tes habitudes. Il y en a certaines très simples et minimes à tes yeux qui feront une grande différence pour la nature.

Enfin, j’aimerais souligner que, au Québec, nous avons l’immense chance d’être entourés d’une magnifique mosaïque naturelle! Que ce soit les parcs urbains comme le parc familial des Berges de Donnacona ou les parcs-natures de Montréal (dont tu peux faire le tour avec nos audioguides), des parcs régionaux (qui sont magnifiquement dorés en automne), ou encore les parcs nationaux. Tu peux faire le plein de nature en explorant les monts de l’Estrie, en montant le Mont-du-Lac-des-Cygnes dans le parc national des Grands-Jardins ou en allant voir les oies à la réserve nationale de faune du Cap-Tourmente, si tu veux rester sur le plat. Tu as de quoi te faire une belle cure de santé tout en regardant défiler les saisons! Les effets secondaires de ce traitement? Bonheur, plaisir, émerveillement… Que demander de mieux? 😉  

NOTES

* Si tu veux en savoir plus, le Dr Louis Bherer et de son équipe de chercheurs de l’Institut de cardiologie de Montréal sont là pour toi! Ils ont pris le temps de faire une immense revue la littérature scientifique afin de déterminer si la nature a réellement des effets positifs sur nous, puis ont condensé leurs résultats dans un rapport.

Par Lou, éducatrice-naturaliste

Sources images : Pixabay, Pixabay, Pixabay

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Qc-Nature
Les relations proies-prédateurs

Les proies et les prédateurs, c’est ultra représenté dans les dessins animés de notre enfance : Bip Bip et Coyote ou Tom et Jerry. C’est aussi une interaction en nature plus complexe qu’une histoire de chasseur et de chassé!

Les proies et les prédateurs, c’est sûrement dans les premiers concepts qu’on apprend sur la nature et l’écologie. En tout cas, c’est ultra représenté dans les dessins animés dès notre plus tendre enfance : Bip Bip et Coyote, Titi et Grosminet, ou encore Tom et Jerry pour ne nommer qu’eux.

C’est aussi une relation entre animaux qu’on aborde très tôt à l’école, parce que tu apprends à peine à reconnaître le mot renard, que tu sais déjà que sa proie c’est parfois la poule! Puis, en grandissant, tu tombes sur l’article sur les interactions biologiques, et tu sais désormais expliquer le principe de prédation à ton entourage comme si tu étais David Attenborough lorsque ton chat ramène une souris.

Pourtant les relations proies-prédateurs sont souvent beaucoup plus complexes qu’une histoire de chasseur et de chassé!

Un renard, un prédateur qui fait du mulotage

Une question d’équilibre…

Pour nous autres humains, qui pour la plupart n’avons plus à chasser par nous-mêmes notre nourriture, le sort de la proie peut sembler cruel. Les relations proies-prédateurs sont pourtant très importantes dans un écosystème.  

En effet, un prédateur, prenons l’exemple du lynx du Canada, peut non seulement se nourrir grâce à la proie chassée, disons un lièvre d’Amérique, mais il apporte également un équilibre dans la population de lièvres qu’il chasse. C’est un mécanisme de régulation des populations.  

Le lynx, un prédateur qui guette une proie

Pour bien comprendre cette régulation, continuons avec l’exemple du lynx et du lièvre. Une population de lièvres qui se trouve dans un milieu favorable (avec beaucoup de ressources) grandit rapidement. On voit alors apparaitre de la compétition entre les lièvres. Cette surpopulation de lièvres est une chance pour le lynx. Il peut chasser plus facilement les lièvres plus faibles, puisque cela lui demande moins d’effort de chasse. La population de lynx va donc augmenter à son tour, grâce à cette ressource importante en nourriture. À un moment, les proies vont commencer à diminuer, puisqu’il ne restera que les lièvres les plus difficiles à chasser. Les proies se faisant plus rares, la population de lynx va elle aussi décliner. Cette diminution de prédation permet alors aux lièvres de recommencer à se peupler, et le cycle entre les proies et prédateurs poursuit son cours.

C’est ce qu’on appelle l’équilibre proies-prédateurs*! Cet équilibre** est présent dans tous les écosystèmes, car s’il n’existait pas, les prédateurs décimeraient les proies et disparaitraient à leur tour! Il ne resterait donc plus grand-chose dans l’écosystème…

En réalité, l’équilibre proies-prédateurs est pas mal plus compliqué que ça, puisqu’il faut prendre en compte dans l’équation qu’une proie a plusieurs prédateurs et qu’un prédateur peut être une proie pour une autre (c'est la mosaïque alimentaire), mais cela demande alors de partir dans de grandes modélisations mathématiques (et pour toi de prendre un cours à l’université pour les comprendre). Ou encore, d’aller chercher sur Google les équations de Lotka-VolterraEnjoy!

Voir ici de rares images de Lotka et Volterra… Non j’te niaise, c’est juste un lynx qui chasse un lièvre.

 

… Et d’équipement!

L’évolution des espèces dans des relations proies-prédateurs ne se traduit pas seulement par un équilibre de dynamique des populations. Parfois, la proie ou le prédateur peut évoluer pour développer des caractéristiques afin de mieux se défendre, ou attaquer plus efficacement.

Le lièvre, une proie qui se camoufle

Tu le sais surement déjà (surtout si tu as lu notre article sur la mosaïque alimentaire), la prédation peut être un animal carnivore qui chasse un animal d’un niveau trophique inférieur, comme on vient de le voir, mais aussi un animal herbivore qui broute une plante. Que ce soit l’un ou l’autre des cas, l’animal ou la plante qui se fait prédater peut développer une défense face à cette prédation, afin d’être moins facilement mangé.

Il existe ainsi un nombre impressionnant de tactiques pour les proies de se défendre : ce peut être par du camouflage comme les gélinottes huppées dans la forêt ou comme le lièvre d’Amérique qui change de couleur en hiver pour ne pas être vu dans la neige; l’évolution de piquants sur ses branches, comme le font beaucoup de végétaux, tels que l’aubépine; ou encore, d'être toxique pour éviter d’être croqué, comme le crapaud d’Amérique avec ses poches derrière les yeux, ou comme certains fruits. Puis il y a les petits originaux, comme le nudibranche, qui s’approprie les défenses de ses proies pour se protéger de ses prédateurs à lui... Si si, c’est possible! (Tu peux en lire plus ici.)

Face à cette levée de boucliers, un prédateur peut développer de meilleurs moyens d’attaque. Ce peut être d’avoir un sens très développé, comme le faucon pèlerin qui peut repérer une proie à des kilomètres grâce à sa vue, ou les hiboux qui peuvent entendre des proies, même sous la neige grâce à leur face en forme de parabole; de présenter des structures spécialisées pour la chasse, comme les dents et les griffes acérées du lynx, les pattes ravisseuses de la mante religieuse, ou encore les tentacules de nez du condylure étoilé qui sont de vrais détecteurs à bibittes; ou encore d’attirer sa proie, comme le font certaines plantes carnivores telles que la sarracénie, par un fumet irrésistible pour les insectes, ou comme la baudroie avec sa petite lanterne de tête.

Une mante religieuse, un prédateur qui est aussi une proie...

En écologie évolutive, lorsque qu’un prédateur et une proie évoluent en réponse à l’autre sur une longue période de temps, ce principe s’appelle la course à l’armement. On n’aurait pas imaginé meilleur nom pour symboliser cette co-évolution***!

 

La co-évolution cependant, ça ne se retrouve pas seulement dans les relations proies-prédateurs! On peut aussi en trouver dans des relations mutualistes, ou encore dans des relations parasitiques. Mais ça, on y reviendra plus tard…

NOTES

* Si tu as lu notre article sur le harfang et le lemming, c’est un autre bel exemple de relation proie-prédateur!

** Parfois, l’équilibre est menacé, comme dans le cas de l’introduction d’espèces invasives ou quand il y a des ravageurs dans le milieu. Pour rétablir l’équilibre on a alors souvent recours à la lutte biologique. Par exemple, on pourrait introduire un prédateur de l'espèce invasives pour en diminuer les populations.

 *** Au cas où tu ne l’aurais pas deviné, la co-évolution, ça veut dire que deux espèces évoluent ensemble.

Par Julie, chargée de projet

Sources images : Jean Beaufort, Bryant Olsen, Jean Beaufort, Julissa Helmuth

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Choix du naturaliste
À chacun son régime : les comportements alimentaires

Manger assure la survie à court terme de l’individu. Avec la reproduction, qui assure la survie à long terme d’une espèce, ce sont les grands piliers du vivant.

Chacun a son met préféré : un croissant jambon fromage, une coquille Saint-Jacques, un gâteau blanc avec des sprinkles, un concombre du jardin bien juteux, un rack de côtes levées sur le BBQ… Tous les goûts sont dans la nature! Ajoutons alors à la liste une carcasse sur le bord d’une route, des grains de pollen, des larves juteuses sur un tronc d’un arbre, des beaux brins de gazon... car vraiment, toooooooous les goûts sont dans la nature quand vient le temps de parler d’alimentation. Manger assure la survie à court terme de l’individu. Avec la reproduction, qui assure la survie à long terme d’une espèce, ce sont les grands piliers du vivant.  

Le colibri à gorge rubis, un herbivore

Les comportements alimentaires s’inscrivent dans la mosaïque trophique et permettent aux organismes vivants d’occuper des niches différentes. C’est en quelque sorte un des moteurs de l’évolution. On n’a qu’à penser au cou des girafes, aux becs des oiseaux, au système digestif des lapins, à l'instinct des tamias de faire des réserves. On pourrait dire que les modes d’alimentation ont favorisé des comportements ou des changements morphologiques pour et contre la prédation.

 

La trinité des diètes

Il existe autant de méthodes pour obtenir sa nourriture qu’il y a d’éléments qui peuvent être consommés! Pour faire de l’ordre dans tout ça, on peut classer les mangeurs par la manière dont ils ingèrent la nourriture (le mode d’ingestion*) ou par le type de nourriture. Cette dernière est la manière la plus facile de commencer en partant des trois grands groupes les plus connus : les herbivores, les carnivores et les omnivores.

Les herbivores consomment des éléments qui viennent des plantes. Pour ce faire, ils ont un système digestif adapté à une diète forte en cellulose** et généralement une dentition faite pour mastiquer longtemps la matière. On dit « généralement », parce que certains herbivores n’ont pas de dents comme les abeilles, qui sont pollinivores. Les frugivores, granivores, xylophages (les mangeurs de bois), folivores (ceux qui mangent les feuilles) et gommivores (comme les lémurs qui mangent la gomme des arbres) sont tous des herbivores, et on en passe. Pour chaque morceau de la plante, il y a un mangeur spécialiste. Et ils mangent!!! Les herbivores doivent ingérer une grande quantité de nourriture afin de subvenir à leurs besoins nutritionnels, si on les compare aux carnivores. La viande a une plus grande valeur nutritionnelle, mais demande parfois plus d’effort à obtenir!  

Une loutre de mer, un carnivore

Les carnivores, tu l’auras compris, mangent de la chair ou des tissus d’animaux. Insectivores, piscivores (les mangeurs de poissons), molluscivores, et hématophages (les suceurs de sang comme les femelles moustiques) sont des carnivores. Les charognards et une bonne partie des parasites sont aussi du nombre. Pensons également aux organismes aquatiques qui se nourrissent de zooplancton, d’éponges marines ou de corail (comme le poisson perroquet), sans compter ceux qui raffolent d’œufs, d’écailles (comme les poissons dits lépidophages qui mangent les écailles de leurs cousins), de mucus (comme les copépodes mucophages qui se tiennent dans les branchies des poissons) et bien sûr, les cannibales. La liste est longue…. Tous ces carnivores ont des adaptations variées pour attraper leur nourriture : longues griffes, longues dents, grosses pinces, venin ou toxine, mâchoires puissantes, sens très développés, facilité de locomotion, pièges collants…

Et, finalement, le regroupement des espèces opportunistes qui ont un système digestif capable d’absorber des aliments de sources végétale et animale : les animaux dits omnivores. Ils partagent les caractéristiques des herbivores et des carnivores. Raton laveur, humain et fourmis ne sont que quelques exemples. Il faut dire que beaucoup d’espèces sont omnivores, car elles s’adaptent à leur habitat. C’est le cas du coyote, du colibri et de l’ours. On imagine facilement l’ours grizzly, les quatre pattes dans la rivière pour attraper un saumon en fraie, ou assis dans un buisson de bleuets, se gavant de baies!  

Les fluctuations et les exceptions

Les régimes alimentaires sont portés à changer. Celui de l’ours varie selon les saisons. Ces changements surviennent en réponse à la disponibilité des ressources. En été, il y a plein d’insectes et de poissons pour le grizzly. Au printemps et à l’automne, les racines, les fruits et les rameaux comblent ses petits (ou gros) creux. La diète peut aussi changer selon les populations (donc les régions), les générations, le sexe (par exemple, le mâle moustique est herbivore tandis que la femelle est carnivore) ou l’âge des individus. Pensons au papillon monarque : la chenille mange les feuilles de l’asclépiade, tandis que le papillon adulte est nectarivore. Le canard colvert adulte est omnivore tandis que les canetons se nourrissent principalement d’invertébrés aquatiques. D’ailleurs, on dit du colvert qu’il est généraliste dans son alimentation, car il tolère une grande variété de nourriture (on pourrait aussi dire polyphage, en opposition à monophage***).  

Tous les mangeurs jouent un rôle dans l’équilibre des écosystèmes. Les relations trophiques entre les maillons de la chaîne alimentaire sont si étroitement liées que lorsqu’une ressource est perturbée, cela peut avoir un impact sur l’écosystème au complet. (Il ne suffit que de penser aux cerfs de Virginie sur l’île d’Anticosti!)

Une coccinelle, un carnivore

Entre ces trois diètes, on fait le tour de tout ce qu’il y a au menu dans la nature… ou presque. Il ne faut pas oublier certains consommateurs qui ne se classent pas dans ces trois groupes de base. On pourrait les appeler les recycleurs. On parle ici des détritivores (a.k.a. les décomposeurs, qui se nourrissent de résidus de matière organique autant animale que végétale), les mycophages (mangeurs de champignons qui ne sont ni des plantes ni des animaux), les coprophages (les bouffeurs de crottes…) et les bactérivores. Ils existent aussi! Vraiment, tous les goûts sont dans la nature!

NOTES

* À chacun sa technique! S’il y a un menu pour chacun dans la nature, il y a aussi des méthodes d’ingestion pour chaque aliment. On parle de filtreurs, suceurs, lécheurs, buveurs, brouteurs, ruminants, rongeurs, piégeurs, chasseurs, etc. C’est aussi une matière de classer les mangeurs.  

** La cellulose, c’est un glucide que les animaux ne peuvent pas digérer. Ce sont les fibres insolubles dans notre alimentation. Tu peux donc t'imaginer qu'avec une diète riche en fibres, un animal ne peux pas digérer une grande partie de ce qu'il mange. C'est une des raisons qu'il doit en manger beaucoup pour subvenir à ses besoins en énergie!

** La monophagie, c’est lorsqu’une espèce consomme une seule sorte de nourriture. C’est donc une espèce spécialiste, comme la tordeuse des bourgeons de l’épinette, ou encore le tamanoir qui ne mange que des termites ou des fourmis.

Par Anne-Frédérique, éducatrice-naturaliste seniore

Sources images : Brian Plunkett, Karen Hall, Alaska Region U.S. Fish & Wildlife Service, Anderson Mancini

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