La lutte biologique, une partie de catch
C’est beau la nature, mais ce n’est pas toujours facile. Il y a certains organismes qui ont le dessus sur d’autres et qui peuvent causer de sérieux dommages. On t’a parlé d'espèces envahissantes. C’est un bon exemple. Les ravageurs, c’est une autre problématique qui frappe les milieux naturels. Des produits chimiques (t’sais comme les pesticides qui font que les abeilles en arrachent…) existent pour éradiquer ces organismes néfastes. MAIS! Encore mieux! Il y a la lutte biologique!
Un combat pour l’équilibre
C’est quoi ça? C’est pas des rings où on se lance des chaises par la tête en flamboyants costumes de lycra. C’est un combat, oui, mais un peu différent. La lutte biologique, c’est l’utilisation d’organismes vivants, qu’on appelle « ennemis naturels » (ou auxiliaires) pour contrôler un ravageur en diminuant sa population à un seuil tolérable. LE plus gros avantage c’est que, quand c’est bien fait, les effets néfastes pour l’environnement sont pratiquement nuls. (Un step up majeur par rapport aux pesticides…)
En contrepartie, il y a encore quelques éléments négatifs à considérer. Dans le cas du Québec, notre climat est un frein dans le développement de la lutte biologique : les différences de températures entre les saisons limitent l’introduction d’espèces (on fait référence ici aux ennemis naturels). Aussi, il y a des risques. Quand on introduit un organisme dans un nouveau milieu, il faut prendre des précautions et faire beaucoup de tests pour s’assurer qu’il ne s’attaque qu’au ravageur ciblé. On ne veut pas qu’il s’attaque à des espèces indigènes, puis qu’il menace la biodiversité et débalance l’équilibre des écosystèmes… T’sais!
Il existe plusieurs types de lutte biologique. La plus accessible et la moins coûteuse c’est de favoriser (ou avantager) les ennemis naturels du ravageur déjà présent. On appelle ça la lutte par conservation. On peut aussi faire de la lutte par augmentation : on introduit plus d’ennemis naturels, qui étaient déjà présents dans le milieu, mais en quantité insuffisante. Cette méthode peut être faite à des moments critiques (une saison ou lors d’épidémies). Finalement, la lutte biologique classique consiste à contrôler un ravageur exotique par un auxiliaire qui vient de la même région. C’est ce qu’on fait avec l’agrile du frêne. (Si tu veux en apprendre plus sur ce tristement célèbre insecte, écoute notre vidéo ici.) On veut que l’ennemi naturel s’adapte aussi au nouveau milieu et puisse contrôler les populations du ravageur.
Les agents qui font la loi
Les agents de lutte biologique (pas des agents de police là, mais bien les ennemis naturels!) peuvent prendre plusieurs formes. Ils peuvent être simplement des prédateurs : ils vont consommer leur proies, les ravageurs, en grande quantité. On peut aussi utiliser des parasitoïdes. On parle ici d’espèces qui se développent sur ou à l’intérieur d’un hôte (le ravageur) et qui éventuellement tuent l’hôte. Contrairement aux prédateurs, ces parasitoïdes sont spécialistes et se concentrent sur une seule espèce de proie. C’est le cas de beaucoup de mouches et de guêpes. On utilise un parasite de ce genre pour contrer la pyrale du maïs, un papillon européen qui pond dans les plants de blé d’inde et dont la chenille mange tout ce qu’elle touche. Au Québec, en considérant la quantité de pesticides utilisés pour le combattre, cette chenille est le cinquième plus important problème agricole. Une minuscule guêpe parasitoïde, Trichogramma brassicae Bezdenko, est utilisée pour lutter contre le ravageur : elle explore les plants de maïs et pond ses œufs dans ceux de la pyrale du maïs. Bye le ravageur!
En plus des parasitoïdes, on peut utiliser des pathogènes, comme des bactéries, des champignons, et même des virus, pour causer des maladies et tuer ou affaiblir leur hôte. C’est ce principe qui est utilisé par beaucoup de propriétaires de gazon contre les asticots blancs. Ces larves de hannetons bouffent les racines des brins de gazon et la pelouse devient jaune au grand malheur des banlieusards! Il est donc possible d’utiliser des nématodes, des vers microscopiques, qui repèrent les larves dans le sol et pénètrent dans leur corps. Ils libèrent alors une bactérie mortelle qu’ils transportent naturellement en symbiose. C’est la bactérie qui cause la mort de la larve. Un duo efficace. C’est aussi un pathogène qu’on utilise dans nos forêts pour ralentir le développement de la tordeuse des bourgeons de l’épinette.
La lutte biologique, c’est de plus en plus populaire et de plus en plus acceptée socialement. On voit des résultats encourageants partout dans le monde, dans tous les types de milieux, agricoles, naturels et même urbains, comme à Montréal, avec l’agrile du frêne. De nombreuses recherches très intéressantes sont en cours, notamment pour aider nos petites chauves-souris avec leur museau blanc plein de champignons. Il faut être patient, parce qu’il y a encore du chemin à faire, mais on est sur le bon chemin!
Ce projet a été rendu possible grâce à la contribution de la Fondation de la Faune du Québec et au soutien financier d’Hydro-Québec.
Sources images : Keith Weller, Pixabay