L’ABC des tornades
En 1939, la maison de Dorothée est emportée par une tornade, jusqu’à Oz. Helen Hunt, en 1996 dans le classique Twister, s’attache à une conduite souterraine et survit à une tornade. En 2013, la terreur s’étend sur Los Angeles quand les requins s’emparent d’une tornade, dans le loufoque Sharknado. Le Tasmanian devil des Loony Toons se déplace littéralement dans sa tornade personnelle. Les tornades font partie intégrante de notre imaginaire collectif. Toutefois, il ne faut pas oublier qu’elles sont bien réelles. Ces phénomènes météorologiques dangereux, presque imprévisibles et destructeurs nous rappellent que la nature, elle, ne niaise pas. C’est pourquoi on t’explique qu’est-ce que c’est que ce tourbillon de vent, d’où il vient et où il va.
Une tornade, c’est une masse d’air verticale qui tourne créant une forme d’entonnoir dont une extrémité touche le sol (ou l’eau). Son diamètre varie entre 10 à 100 m selon les conditions de sa création. Une tornade rugit (on compare souvent son bruit à celui d’un train) et elle détruit pas mal tout ce qui se trouve sur sa route. Elle peut se déplacer sur 80 km de distance et on calcule sa puissance sur une échelle de 0 à 5 selon les dommages qu’elle crée (5 étant des dommages extrêmes avec des débris sur plusieurs kilomètres). C’est l’échelle de Fujita.
Le méga nuage d’où il vient
Une tornade se forme dans un méga orage, ceux qu’on appelle supercellulaires. Alors qu’un nuage d’orage se crée*, si des vents de différentes vitesses (soit des vents rapides en altitude et des vents plus lents au niveau du sol; on appelle cette division le cisaillement des vents) le traversent, une rotation horizontale de l’air se crée dans le nuage. Ce tunnel horizontal est ensuite poussé par l’air chaud qui monte du sol. Le rouleau d’air se redresse à l’intérieur de la cellule orageuse pour prendre une position verticale. Cette colonne d’air qui pivote sur elle-même dans le nuage s’appelle un mésocyclone. À cause de sa force, le nuage en entier entre en rotation; c’est un orage supercellulaire. Il y aura alors de la pluie, de la grêle, des éclairs et ce, pendant plusieurs heures. Autrement dit, sors ton kit de pêche à la mouche, parce que ton petit parapluie n’est pas de taille…
La vie et la mort de la tornade
Pour qu’une tornade à proprement parler se forme sous une supercellule d’orage, il faut des vents encore plus puissants et que la pluie dans le nuage refroidisse l’air qui devient de plus en plus lourd. Ces masses d’air se dirigent vers le sol en forçant le mésocyclone à l’étirer verticalement, vers le sol. (On y est presque…) C’est la formation du tuba. Non, pas ce tuba-là… C’est un cône étroit qui se forme sous le nuage. Il s’étire jusqu’à ce qu’il touche le sol. Et il devient une tornade. #touchdown
Des vents allant jusqu’à 400 km/h font vivre la tornade. Elle poursuit son chemin jusqu’à ce qu’elle rencontre un obstacle important dans le relief ou jusqu’à ce que l’équilibre avec les vents ascendants et descendants se brise. Là, elle disparaît.
La Tornado Alley
Bien que les tornades aient lieu partout sur la Terre, elles sont très fréquentes et particulièrement puissantes dans une région de l’Amérique du Nord qu’on a surnommé l’Allée des tornades. Elle couvre le centre des États-Unis, du nord du Texas jusqu’au sud du Canada**. Ce sont les formations géologiques avoisinantes qui créent ce corridor météorologique : à l’est, les Rocheuses et au sud, le Golfe du Mexique. Au centre, on retrouve les parfaites conditions pour nos supercellules orageuses, soit de l’air chaud et humide qui arrive du golfe et l’air froid qui descend des montagnes. Et boom! Tornades!
Les twisters peuvent subvenir à tous moments de l’année, mais le printemps est connu pour son abondance de tornades (merci au mouvement vers le nord du jet stream qui emporte avec lui l’humidité du Golfe du Mexique). On dit que les tornades sont plus nombreuses au mois de mai dans la Tornado Alley, mais que celles d’avril sont les plus puissantes.
Au Canada, les tornades sont le plus souvent causées par l’air chaud qui remonte des États-Unis avec le mouvement du courant-jet. Elles sont donc plus fréquentes à la fin de l’été.*** Juste derrière notre cousin du sud, nous sommes le deuxième pays avec le plus de tornades dans le monde, avec une moyenne de 80 à 100 tornades annuellement. Que ce soit des vortex d’eau, de poussières ou de sable, de feu (!!) et même de neige, ou encore une classique tornade de supercellules, il faut se le dire, ces phénomènes sont impressionnants, mystérieux, effrayants et bien sûr, passionnants.
NOTES
* En été, le soleil réchauffe le sol. L’air chaud (et humide) s’en échappe et monte parce qu’il est léger. Dans son ascension, il va rencontrer une masse d’air froid et sec. Lorsque les deux masses entrent en contact, l’air chaud et humide se condense pour former un nuage (un cumulus). Si les conditions sont bonnes, le cumulus va rapidement prendre de l’expansion en hauteur pour former un cumulonimbus, un nuage d’orage.
** Deux régions canadiennes sont plus susceptibles d’être touchées par les tornades : le sud des Prairies et le sud de l’Ontario et du Québec.
*** Bien que les tornades peuvent surgir à n’importe moment de la journée, elles sont plus susceptibles de prendre forme en fin d’après-midi. Pourquoi? À cette heure, le soleil aura eu toute la journée pour chauffer le sol et l’air ambiant, ce qui favorise la formation des cellules orageuses.
Par : Anne Frédérique, éducatrice-naturaliste senior
Sources images : GUEPE, Justin Hobson