La grande oie des neiges est de retour
La saison des oies des neiges est de retour! Elles sont de passage au Québec et c’est le bon moment pour aller les admirer. On t’a donc fait un petit guide pour profiter au max de ce spectacle hors du commun qu’on est chanceux de pouvoir compter parmi notre patrimoine naturel!
Quoi observer?
Tu cherches un gros oiseau blanc avec le bout des ailes noir*. Et quand on dit « gros », on veut dire un non négligeable 1,5 m d’envergure (soit la longueur du bout d’une aile à l’autre). On est assez loin des petites mésanges, disons… À l’automne, tu pourras aussi observer les juvéniles. Les oisons nés dans l’Arctique pendant l’été ont un plumage gris et se tiennent généralement avec deux adultes, papa et maman. Un couple qui dure pour la vie! La grande oie des neiges n’est pas la seule à être dans les parages à l’automne. Bon nombre d’oiseaux migrateurs aquatiques se retrouvent aux mêmes haltes migratoires que l’oie. Alors, ne fais pas le saut si tu n’observes pas que du blanc dans tes jumelles.
Tu gagnes 100 points d’observation, si tu vois une oie avec des bijoux! Les colliers numérotés et les bagues sur leurs pattes sont un système de marquage qui permet aux chercheurs de faire un suivi des populations, tout au long de leur parcours migratoire. Prends en note le numéro pour aider la science et visite ce site.
Quand les observer?
La grande oie des neiges est de passage au Québec deux fois par année. À l’automne, elle quitte l’Arctique, où elle niche, pour se rendre sur la côte est des États-Unis (un voyage d’environ 8 000 km). C’est là qu’elle passe l’hiver. En route, elle s’arrête au Québec quelques semaines pour rendre une pause bien méritée. Au printemps, après avoir passé l’hiver « au chaud » dans le Maine, elle amorce sa remontée vers les plaines de l’Arctique, en s’arrêtant par chez nous.
En suivant le corridor migratoire (a.k.a. une autoroute aérienne d'oiseaux), l’oie se rend jusque sur les rives du Saint-Laurent et s’y arrête pour prendre des forces. Elle se nourrit des rhizomes de plantes aquatiques** sur les battures. C’est quoi ça? C’est la zone de terre vaseuse qui apparaît entre la marée haute et la marée basse. Au Québec, la nourriture est abondante et les marées sont importantes. C’est donc une halte migratoire de choix capable de supporter les 800 000 oies blanches.
Pour un maximum d’observations, tu dois choisir le bon moment de la journée. Les oies se nourrissent principalement à marée basse. Lorsque l’eau remonte, elles se regroupent dans les champs près des rivages et tu as beaucoup plus de chances de bien les voir. En fin de journée, elles retournent au bord de l’eau pour passer la nuit loin des prédateurs.
Comment observer?
Nos lignes directrices pour passer de voyeurs à ornithologues avertis :
- Amène tes jumelles et observe à distance pour ne pas déranger les oies. (Et entre nous, il y en a tellement, que tu n’as généralement pas besoin de jumelles…)
- Fais-toi discret.ète, car au moindre bruit, à la moindre distraction, ce sont des milliers d’oies qui décolleront. En passant inaperçu, ça réduit le stress des animaux et assure de bonnes observations (pour toi et pour les autres amateurs d’oiseaux).
- Ne laisse aucune trace de ton passage. Pour que les oies (et les autres oiseaux migrateurs) profitent de nos haltes migratoires, elles doivent rester intactes. Reste dans les sentiers et utilise les infrastructures en place, comme les belvédères.
- Ne nourris pas les oiseaux. As-tu déjà entendu parler du syndrome de l’aile d’ange? C’est une déformation incurable de l’aile qu’on trouve chez les oiseaux aquatiques, comme les oies, les canards et les bernaches. L’extrémité de l’aile de l’individu affecté est retroussée vers l’extérieur; l’oiseau est incapable de voler et devient une proie facile. Cette condition, le plus souvent mortelle, est liée à une alimentation trop faible en vitamines, et trop riche en calories, particulièrement en glucides et en protéines. D’où viennent ces calories? En partie de la nourriture donnée (volontairement ou pas) par les humains, comme le pain. La vérité, c’est que les oies n’ont pas besoin de nous pour trouver de la nourriture, les battures suffisent. Nourrir les animaux sauvages peut modifier leur comportement et les rendre plus vulnérables.
Où les observer?
On a sondé l’équipe et voici les suggestions des naturalistes de GUEPE pour faire des observations trop malades de la grande oie des neiges.
- À la Réserve nationale de faune du Cap-Tourmente. On va le répéter, c’est LA place. Tu ne peux pas rester de glace devant les milliers d’oies des neiges qui s’arrêtent ici. En 2020, environ 43 000 oiseaux ont pu y être observé.
- Sur la Côte-du-Sud en Chaudière-Appalaches (a.k.a. la rive sud de Québec) : l’archipel de l’Isle-aux-Grues, L’Islet, Montmagny, Berthier-sur-Mer… la liste est longue. Tu ne peux pas te tromper. D’ailleurs, Montmagny a son propre Festival de l’Oie Blanche, en octobre.
- À Victoriaville, au parc du Réservoir-Beaudet : d’octobre à décembre, tu pourras y voir pas moins de 15 000 oies des neiges.
- Au parc régional de Beauharnois-Salaberry : pour les Montréalais, il faut se rendre à la halte de l’Oie des neiges, c’est là le spectacle!!
- Au Centre d’interprétation de l’Étang Burbank, en plein milieu des Cantons-de-l’Est : y’a pas que les oies ici, mais une grande variété aviaire, résidente et de passage. Ne manque pas leur Festival des oiseaux migrateurs, en octobre.
- Le Centre d’interprétation des battures et de réhabilitation des oiseaux (CIBRO), à St-Fulgence : t’es un Bleuet du Lac-Saint-Jean? Va faire le sentier des battures cet automne, et tu pourras te rincer l’œil.
NOTES
* Il se peut de voir des oies avec les joues ou le cou roux. C’est parce que l’oie se nourrit dans la vase, en enfouissant sa tête (comme sur cette photo), et que le sol vaseux des berges du fleuve contient du fer. Cette coloration est donc due à l’oxydation du fer sur les plumes de l’oie. En réalité, si elle mangeait avec plus de classe, elle serait toute blanche!
** Pour ses qualités nutritives, la grande oie des neiges affectionne particulièrement le scirpe d’Amérique, qu’on trouve en très grande quantité dans la vallée du Saint-Laurent. Au printemps, l’oie ajoute à son alimentation des grains résiduels qu’elle trouve dans les champs.
Par Anne-Frédérique, éducatrice-naturaliste senior
Sources images : Jean Beaufort, Ray Hennessy, Gilbert Bochenek