Les oiseaux migrateurs : bye bye les snow birds
En automne, c’est le moment où on commence à dire au revoir à nos beaux oiseaux voyageurs, parce que le froid arrive et qu’ils sont pas plus fous que les autres. Comme beaucoup de Québécois, ces oiseaux passeront l’hiver au chaud, aux alentours de l’équateur!
La migration, c’est un phénomène où un animal* fait un voyage aller-retour pour combler un besoin, par exemple, de nourriture. Imagine un oiseau comme la bernache du Canada qui se nourrit d’herbe et de plantes aquatiques. Une fois les cours d’eau glacés, elle ne trouve plus de nourriture et au lieu de jeûner pendant 6 mois, elle se rend où la nourriture est abondante.
Le flux de biomasse
En plus d’être essentiel à la survie des espèces qui la font, la migration influence aussi les espèces de tous les écosystèmes rencontrés en cours de route. On appelle ça le bioflow ou les flux de biomasse. En d’autres mots, si un animal se déplace à travers différents écosystèmes ou différentes régions, il y a des chances que ça affecte la disponibilité des ressources et la compétition, en plus des proies de l’espèce, ses prédateurs, les maladies et les parasites qui peuvent se déplacer aussi. Disons que la migration, c’est quand même un big deal.
Sur le pilote automatique
Les oiseaux ne reçoivent pas de mémo quand vient le temps de plier bagage. Ce sont des changements hormonaux qui leur donnent le signal, accordés avec des réchauffements ou des refroidissements de température ou encore un changement dans la durée du jour. Certaines espèces vont même ressentir un p’tit stress dû à tous les changements, on appelle ça le zugunruhe. Quand ils sentent l’appel du sud, les oiseaux mettent les voiles et suivent des corridors migratoires qui changent très peu d’une année à l’autre. D’ailleurs, ils utiliseront les mêmes haltes en route et arriveront tous les ans au même endroit. Ils sont clairement sur un pilote automatique.
Les migrations extraordinaires du Québec
Sur les quelques 450 espèces d’oiseaux présentes au Québec, presque la moitié est migratrice, sans compter ceux qui ne font que passer. Pas étonnant considérant les hivers que nous avons! La sterne arctique est notre nicheur qui parcours la plus grande distance : elle se rend jusqu’en Antarctique en faisant un giga zigzag au-dessus de l’océan, donc autour de 71,000 km de route pour un oiseau gros comme un 12” du Subway. Tous les oiseaux ne font pas des migrations super longues. Des oiseaux, comme certains canards branchus, font le strict minimum pour s’assurer d’avoir assez de nourriture pour passer à travers l’hiver et ne vont pas plus loin que le sud des Grands Lacs.
On ne peut pas passer à côté de la fameuse bernache du Canada. Probablement que tu la connais à son vol en V, mais elle n’est pas la seule à voler en formation : bien des canards, des oies et des cygnes le font aussi. Ça réduit la résistance et augmente l’efficacité du vol. (Pour ton information, certaines baleines voyagent aussi en V…)
On fait une petite mention spéciale pour le harfang des neiges. Plutôt que de lui dire aurevoir en automne, on commence à le voir arriver dans nos régions! Cet oiseau nordique niche dans la toundra arctique et quand les grands froids arrivent, il part vers le sud. Il faut comprendre que nos -30 °C de janvier, c’est rien pour un oiseau qui passe l’été à -20 °C… Un vrai guerrier.
NOTE
* On dit animal parce que c’est pas seulement les oiseaux qui migrent. Au Québec par exemple, quelques uns de nos mammifères comme le caribou forestier, nos grosses baleines et des chauves-souris migrent, sans parler du très fameux papillon monarque et des tonnes de poissons. Il faut aussi considérer qu’une migration ce n’est pas nécessairement super long et que ce n’est pas nécessairement du nord au sud. Plusieurs animaux migrent sur de bonnes distances… en restant au Québec!
Par Anne-Frédérique, éducatrice-naturaliste
Source images : Pixabay, Alain Dumas