Entre chute et cascade
SÉRIE SPÉCIALE SUR LA TERIMNOLOGIE
Tout comme l’inuktitut possède des centaines de mots pour décrire la neige et la glace, les Québécois ont une multitude de termes pour représenter différents types de cours d’eau. Pas étonnant, car c’est ce qui recouvre 22 % de notre province! Il ne suffit pas de dire que l’eau est douce ou salée, stagnante ou turbulente, car chaque assemblage de caractéristiques donne naissance à un habitat aquatique unique et nécessaire au cycle de l’eau.
C’est quoi la différence entre…
Une chute et une cascade?
Alors que la chute résulte en une tombée d’eau massive, la cascade est faite en étapes comme un escalier. On peut imager alors, que pour un même volume d’eau, la chute délivrera plus d’énergie sur un même point, ajoutant plus d’oxygène à l’eau et demandant aux plantes aquatiques d’être plus fortement encrées au fond. La cascade au contraire, distribue son impact sur une plus longue distance.
Une rivière et un fleuve?
Par définition, un fleuve se déverse toujours dans la mer ou l’océan par l’entremise d’un estuaire, alors que la rivière est un affluent se jetant dans une autre rivière ou un fleuve. Il est donc plus probable de trouver un fleuve à l’eau saumâtre ou abritant des espèces de milieu marin qu’une rivière. Par contre, il y a toujours des exceptions si aucune barrière ne sépare deux cours d’eau. (Shout-out à la baleine à bosse, en 2020, et au petit rorqual, en 2022, qui se sont rendus jusqu’au Vieux Port de Montréal!)
Un ruisseau et un torrent?
Le ruisseau est plus petit que le fleuve ou la rivière et son volume dépend fortement de la saison. C’est essentiellement un amalgame des eaux de ruissellement provenant de la pluie ou la fonte de la neige. Le torrent quant à lui est nécessairement temporaire, il transporte de forts débits d’eau tout juste après des précipitations.
Un lac et un étang?
Certains d’entre vous avez peut-être passé une fin de semaine au « lac » de vos amis à pêcher des petites truites pendant que les enfants chassaient des grenouilles sur la rive. Toutefois, si ce n’était pas assez profond pour plonger, c’était un étang! Un lac doit nécessairement être alimenté par un bon débit d’eau douce, puis atteindre au minimum 20 m de profondeur. Au contraire, un étang est un cours d’eau peu profond, parfois salé. Il est si peu alimenté en eau qu’il est stagnant.
Marais, marécage, tourbière?
Ces trois milieux humides sont tous de vrais champions de la biodiversité. Recouverts d’eau à l’année longue ou de façon temporaire, ils se distinguent par leur type de végétation. Le marais est dominé par les plantes herbacées alors que la végétation du marécage est composée de plus de 25 % de plantes lignées (des arbres et des arbustes). La tourbière en revanche est un écosystème entièrement bâti sur une accumulation de mousse sphaigne. Cette plante retient l’eau et agit comme sol organique, permettant à d’autre plantes des milieux humides de s’y établir.
En fin de compte, on doit quand même reconnaître que les limites entre certains cours d’eau sont arbitraires. En tant que naturalistes, on doit démontrer une rigueur scientifique, mais il faut aussi savoir apprécier la beauté éphémère de l’eau. Malgré tout, on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve!
Par Sofia, membre de l'équipe des éducateurs.rices.-naturalistes
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