L’impact de l’alimentation sur la nature
En Occident, l’alimentation ne semble pas un problème. Normalement, nous ne connaissons pas d’épisodes de famine. Il faut toutefois comprendre que nous ne sommes pas sans peine quand il est question de bien s’alimenter, surtout lorsqu’il est question de faire attention à notre impact environnemental en faisant nos choix à l’épicerie. Voici quelques mises en situation que nous pensons connaître, chez nous, au Québec.
L’espace d’une alimentation carnivore
D’abord, manger de la viande. Presqu’aucune culture humaine n’y échappe. Nous élevons des animaux pour subvenir à une population importante afin qu’elle ait suffisamment de protéines et pour éviter certaines carences alimentaires. Mais, voyons la situation d’un autre angle. Pour élever des animaux, il faut les nourrir, n’est-ce pas? Plus il y a de bêtes à nourrir, plus il faut produire de nourriture. Où penses-tu qu’elle est produite? Cela nécessite beaucoup de terres agricoles. Il faut comprendre que la majorité de nos animaux d’élevage sont herbivores, voire omnivores.
Aussi, les animaux les plus gros, comme les bœufs, ne sont pas toujours abrités dans des bâtiments, contrairement aux poulets, aux vaches laitières, ou encore aux cochons, qui vivent quant à eux dans des endroits restreints afin de rentabiliser les espaces de production. L’élevage en enclos extérieurs et le broutage que ça occasionne monopolisent ainsi beaucoup d’espace, des terres qui ont aussi leur potentiel agricole.
Ainsi, réduire sa consommation de viande a un impact non-négligeable sur l’environnement. Toutes sortes de protéines végétales s’offrent à toi, comme les légumineuses, le soja, les haricots, les noix et même plusieurs céréales.
L’impact d’une alimentation herbivore
Nous venons de voir qu’il faut énormément de terres agricoles pour produire une alimentation à base d’animaux d’élevage. Mais qu’en est-il maintenant si nous mangeons des protéines directement produites par les végétaux? Beaucoup d’humains sont végétariens et ce n’est pas pour rien. Les terres agricoles sont utilisées pour produire des légumineuses, du soya, des haricots ou encore du blé pour en extraire le gluten, sa protéine. Mais il ne faut pas croire que l’impact de cette production sur l’environnement est moins intense. Car, en effet, les monocultures nécessitent des agents chimiques pour contrôler les nuisances, comme des champignons ou des insectes (et faisant des victimes collatérales : les pollinisateurs) ou encore pour contrôler le volume de production, ce qui se répand dans l’environnement, malgré des normes établies afin de limiter l’utilisation de pesticides et d’engrais, en plus de réduire la biodiversité de nos cultures.
Toutefois, une alimentation entièrement végétarienne implique qu’il n’est plus nécessaire de gérer les déjections animales, ni bâtir d’étables gigantesques, ni produire (du végétal) pour produire (de l’animal). Nous en sortirions plus créatifs en termes de choix de cultures et nous pourrions retrouver des espaces afin de recréer une belle diversité d’aliments. Car il ne faut pas l’oublier : beaucoup de variétés de végétaux se sont perdues avec la sélection industrielle, encore une fois, marquée par la rentabilité.
Le voyage d’une alimentation internationale
Ici, nous mangeons de tout car nous avons accès à tout. Contrairement à bien d’autres pays dans le monde, nous sommes capables de nous payer des aliments qui viennent de loin. Mais est-ce viable? Est-ce durable?
Tu sais maintenant que pour produire, il faut des terres, et des terres, ce n’est pas ça qui manque dans le monde... Mais ça implique parfois qu’on doit en créer de nouvelles à travers les grandes forêts tropicales et équatoriales. En effet, pour continuer à dévorer tous ce qu'on trouve à l’épicerie, nous devons encourager des industriels qui eux, dévorent les poumons de notre planète. Défricher au Québec pour créer des terres agricoles, comparativement à défricher une forêt tropicales humide et extrêmement vieille, n’a pas tout à fait les mêmes impacts sur l’environnement (même si abattre des forêts entières a tout de même son lot de répercussions dans l’environnement). On parle entre autres de perte de biodiversité, de fragmentation et d’appauvrissement et de lessivage des sols.
Penses-y, les fruits exotiques, la grande majorité des noix, le café et même le riz, sont des produits d’importation internationale. Nous nous alimentons avec la terre et l’eau des autres pays. Beaucoup de produits arrivent des régions du monde plus pauvres en eau, comme les clémentines ou encore les avocats, alors que les populations locales manquent de ce précieux liquide. Pourquoi est-il si important pour nous de manger des poivrons en hiver en provenance du Mexique alors que nous avons le climat idéal pour leur production? C'est vrai qu’il est impossible d’en faire pousser autrement qu’en serre lors de la période hivernale. Si nous trouvons les moyens de rentabiliser les serres en termes d’espace et d’économie d’énergie, alors pourquoi pas! En attendant, il existe beaucoup d’aliments qui peuvent se conserver tout au long de la saison froide, les connais-tu?
Avoir une alimentation écoresponsable est une excellente manière de réduire son empreinte écologique. En effet, faire des choix, c’est important, et c’est d’ailleurs ce que l’on suggère, comme choisir de cuisiner soi-même les aliments plutôt que d’acheter des produits transformés, ou encore, manger des légumes frais et de saison, plutôt que d’acheter des produits internationaux. Tous ces produits nécessitent d’énormes quantité d’énergie pour être produits ou transportés, ce qui a un impact assuré sur l’environnement.
Le coût d’une alimentation industrialisée
Nous transformons sans cesse nos ressources de la terre et c’est tant mieux! Mais qu’en est-il des aliments transformés en usine, les prêts-à-manger? Pour nourrir les populations mondiales, il est pratiquement impossible de penser que tout un chacun peut produire et transformer sa petite consommation. Quelques personnes tentent de le faire, et je dis bravo à celles-ci. Mais pour produire en grandes quantités, il faut énormément d’énergie et de ressources pour uniformiser une production annuelle et sans problème. Or, ce n’est pas les problèmes qui manquent : sécheresse, invasion d’insectes et de champignons, plants trop petits, même les machines doivent être réparées.
Pour remédier à ça, nous avons inventé l’agriculture industrielle. Nous avons créé des pesticides, des arrosoirs automatiques, des engrais chimiques, et des machines toujours plus grosses pour répondre à la demande. Ainsi, non seulement nous mangeons tout ça, mais nous mangeons également tous les produits raffinés, pasteurisés et enrichis afin d’éviter que nos aliments moisissent, périment ou soient faibles en nutriments. Est-ce vraiment rentable de construire toutes ces machines et liquides chimiques qui transforment notre alimentation? N’oublie pas que produire tout ça émet aussi son lot de GES.
Qu’est-ce qu’il faut en retenir?
Au final, qu’est-ce qu’il y a de mieux à manger? Est-ce que tout est une question de prix? Si tu fais le calcul, tu te rendras compte que transformer soi-même les aliments achetés en vrac a un coût ridiculement moins élevé que les produits transformés. En résumé, une alimentation diversifiée entre les végétaux et les animaux (pour ceux qui le veulent), une alimentation produite localement, le plus possible idéalement, ainsi qu’une alimentation la moins transformée possible, préférablement biologique, sont des cibles que nous pouvons atteindre. Non seulement tu seras en meilleure santé, tu découvriras une créativité culinaire insoupçonnée, tu économiseras en encourageant une économie locale et, dans le meilleur des mondes, respectueuse de l’environnement.
Par François-Vivier, éducateur-naturaliste