Niches écologiques : la colocation

1/6/2021
Qc-Nature

Pour partager le même habitat, chaque espèce doit occuper une niche écologique différente, c’est-à-dire utiliser différemment les ressources du milieu. Deux espèces ne peuvent pas vivre dans le même milieu, manger la même nourriture, se cacher au même endroit et faire tout ça au même moment de la journée et de l’année. La compétition entre les deux espèces serait juste trop grande pour permettre la survie des deux.

Avant d’aller plus loin, il est important de ne pas confondre la niche d’une espèce et le territoire. La délimitation d’un territoire se fait entre les individus d’une même espèce, afin que chaque individu, ou groupe, ait assez d’espace pour trouver ce dont il a besoin. Alors qu’une espèce occupe une niche par rapport aux autres espèces qui cohabitent avec elle dans le même espace.

Sans se piler sur les pieds

À travers le temps et l’évolution, chaque espèce a trouvé sa niche. C’est-à-dire que l’espèce a fini par développer des préférences de lieux et de moments pour s’abriter, se nourrir et se déplacer, afin de réduire la compétition avec les autres espèces présentes dans le même habitat. Ainsi, un plus grand nombre d’espèces peut vivre ensemble sans se piler sur les pieds.

C’est un peu comme de la colocation entre des espèces différentes dans la nature. Elles partagent le même appartement, soit le même habitat, et pour que la colocation se passe bien, les colocataires doivent utiliser la salle de bain chacun à leur tour et s’entendre sur le partage de la nourriture. De plus, si tout le monde a exactement le même horaire de la journée, l’utilisation de pièces communes finit par être difficile. Flashback au contrat de colocation de la série The Big Bang Theory. Bon, ce n’est peut-être pas nécessaire d’être aussi intense que de Sheldon Cooper et de régimenter l’usage de la salle de bain…

Distribution et compromis

Dans la nature, il y a une quantité limitée de ressources (nourriture, abri, lumière, eau, etc.) et les espèces présentes peuvent compétitionner pour se les approprier. Le concept de niche écologique peut donc également être vu comme un moyen trouvé par la nature pour optimiser la distribution de ces ressources afin de permettre aux plus grand nombre d’espèces d’y vivre et donc favoriser la biodiversité.

Et comme en colocation, il faut parfois faire des compromis. En nature, la niche écologique qu’une espèce pourrait occuper si les espèces compétitrices étaient absentes du milieu, sa niche fondamentale, n’équivaut pas nécessairement à celle qu’elle occupe en présence de toutes les autres. En réalité, il se peut qu’elle soit limitée à une plus petite niche, sa niche réelle, qui est observée en milieu naturel.  

Où et quand s’installer

Du tussilage qui profite du soleil entre les branches

Puisque la lumière est essentielle aux plantes et que, l’été, les grands arbres de la forêt font de l’ombre au sol, certaines plantes (principalement celles que l’on appelle les fleurs printanières) vont émerger du sol tôt au printemps (juste après la fonte de la neige) afin de profiter des rayons du soleil qui se rendent jusqu’à elles en l’absence du feuillage des arbres. Les plantes au sol vont généralement garder leurs feuilles tout l’été dans le but d’accumuler suffisamment d’énergie afin de sortir tôt l’année suivante. Certaines produisent même une fleur avant les autres et avant leur propre feuillage (comme le tussilage). Ainsi, différentes plantes réussissent à coexister au même endroit parce qu’elles se développent et fleurissent à différents moments.

La grande majorité des oiseaux doivent construire un nid pour y pondre leurs œufs. Différentes espèces d’oiseaux se sont donc trouvé des endroits différents pour en construire : certaines le font directement au sol, d’autres, dans les arbustes, à la cime des arbres ou encore dans des troncs d‘arbres. Les oiseaux peuvent ainsi se partager l’espace tout en nidifiant à la même période.

Quoi et comment manger

Un pic flamboyant qui mange des bibittes au sol

Les insectivores (les animaux qui raffolent des bibittes) chassent chacun à un endroit et à un moment différent. Les hirondelles et les chauves-souris attraperont les insectes dans le ciel en plein vol, mais le premier le fera le jour et le deuxième, la nuit. Le grand pic cherchera les insectes dans le tronc d’un arbre en creusant des trous, alors que le pic flamboyant les cherchera sur le sol. N’oublions pas les taupes, qui attrapera les insectes directement sous terre.

Même les carnivores peuvent partager leur habitat et parfois même leurs proies. Certains seront des prédateurs qui chasseront un animal pour s’en nourrir, alors que d’autres seront plutôt des charognards qui se nourriront de la carcasse des animaux morts qu’ils trouveront, telle qu’une proie abandonnée par un prédateur ou animal mort d’une autre raison.

Au final, pour bien cerner la niche écologique d’une espèce (animale, végétale, etc.), il faut observer l’habitat où elle vit et déterminer sa place dans celui-ci. On peut se demander : « À quel moment de la journée est-elle active? À quel moment de l’année y est-elle présente? De quoi ce nourrit-elle? Où trouve-t-elle sa nourriture? Quelle place occupe-t-elle dans la chaîne alimentaire? Où s’installe-t-elle? Comment se met-elle à l’abri? » À l’aide de toutes ces questions il est possible de trouver des différences entre des espèces qui peuvent, au premier abord, sembler faire la même chose.

Par Philippe, éducateur-naturaliste senior

Sources images : Rodney Campbell, PxHere

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