Les mollusques ou les coquillages
Comment ça grandit un escargot?
Qui n’a jamais voulu partir une collection de coquillages après une courte marche sur une plage? Pas moi! Cette fascination à observer les coquillages, voire même à écouter la mer à travers ceux-ci, nous a tous déjà traversé.e.s au moins une fois. Cependant, qui s’est déjà intéressé.e aux organismes qui les ont créés et occupés?
Les coquillages... ou bien les maisons des mollusques
Les mollusques tirent leur nom du latin mollis, « mou », car ils sont des invertébrés au corps mou. Parmi les mollusques, on retrouve les gastéropodes (les escargots et les limaces), les céphalopodes (les calamars, pieuvres et nautiles) et les bivalves (toutes les moules, myes et huîtres). Bien que généralement ils ont une taille maximale de moins de 5 cm, on en retrouve de toutes les grandeurs! La coquille des tridacnes géants vivant dans les récifs coralliens indopacifiques peut mesurer jusqu’à 1,5 m de longueur. C’est énorme! Les calmars géants, eux, peuvent mesurer jusqu’à 18 mètres et peser jusqu’à 1 000 livres. Dix-huit mètres, ça, c’est un peu plus court que les fameux autobus accordéon de la STM. Imagine-toi nager à côté d’un animal aussi grand!
On peut retrouver les mollusques dans une grande variété d’habitats, que ce soit dans les écosystèmes marins, d’eau douce, ou même directement sur la terre ferme. Pour les mollusques terrestres, comme certaines espèces d’escargots et de limaces, ceux-ci sont limités par leurs besoins d’humidité et de calcium, qu’ils peuvent trouver dans le sol. Il est facile de s’imaginer les escargots, les pieuvres et les calamars se déplacer, mais quand on pense aux huîtres et aux moules, on peut rester un peu confus.e... mais on y reviendra. Il faut d’abord savoir que le corps des mollusques se divise en deux parties : la partie tête-pied, et la partie viscérale. Dans la première partie, on retrouve le pied, qui permet le déplacement de l’animal et loge les organes sensoriels et la bouche. Oui, tout au même endroit! Le pied sert non seulement au déplacement, mais il sert aussi à s’attacher à un substrat, comme une grosse roche. Les mollusques sécrètent un mucus qui les aide à rester bien accrochés (comme d’la colle). Ce dernier sert aussi aux plus petits mollusques, qui, eux, glissent dessus pour se transporter (comme une crazy carpet sur une butte de neige). La partie viscérale, elle, contient tous les autres organes. Cependant, les branchies, ou le poumon pour les espèces terrestres, se trouvent dans une petite poche formée par deux replis de peau, appelée la cavité palléale. Le manteau, lui, sert à protéger le corps mou de l’animal en sécrétant la coquille. C’est comme porter un gros manteau d’hiver pour se protéger du monde extérieur, mais ton manteau sécrète une substance qui est dure comme un bouclier! Ce bouclier-là, c’est la coquille!
Hein? Sécréter une coquille?
La coquille des mollusques a habituellement trois couches : le périostracum, la couche prismatique et la nacre. Le périostracum est la couche la plus externe et elle protège les autres couches calcaires de l’érosion. La couche primée, qui est la couche du milieu, est constituée de petits cristaux de carbonate de calcium. Finalement, la nacre, qui est la couche interne, est, elle aussi, composée de carbonate de calcium. Lorsque l’animal vieillit, la croissance de la coquille se fait aux marges de celle-ci, ce qui fait les stries que l’on peut observer.
Les coquilles ne se valent pas toutes...
Chez les gastéropodes à coquille comme les escargots, la coquille est presque toujours en un seul morceau et forme une twist. Ce processus de twist-là, qu’on appelle la torsion ontogénique, se déroule pendant le développement de l’escargot, et c’est important de savoir que les mouvements de la coquille sont indépendants des mouvements des organes internes. Alors non, lorsque les twists se forment, les organes internent ne se twistent pas! Chez la plupart des gastéropodes, en vieillissant, la nouvelle twist sécrétée par le manteau se forme à côté de la twist la plus récente, et non en dessous. La coquille du gastéropode est shiftée vers le haut, sinon, avec toutes les twists d’un même côté, il serait trop lourd de ce côté-là. Imagine avoir un haltère de 20 livres sur ton épaule droite en tout temps! Chez les autres gastéropodes, par contre, la coquille croît sur le même plan. On dit alors qu’elle est planispiralée.
Au contraire des gastéropodes, les bivalves ont deux coquilles attachées ensemble par des ligaments et des muscles. La partie qui retient les deux coquilles s’appelle l’umbo et c’est la partie la plus vieille de la coquille! Même si la coquille sert surtout de protection, chez certaines espèces de bivalves, on peut y trouver des dents microscopiques pour râper du bois, ou même des petites valves épineuses pour creuser dans les roches. Quand même surprenant!
Pour les prédateurs actifs que sont les céphalopodes, le pied est quand même différent des autres mollusques dont on a parlé : il devient un cercle de bras ou de tentacules. De plus, certaines espèces de céphalopodes arrivent même à se propulser en éjectant de l’eau à partir de leur cavité palléale! Quant à la coquille, les pieuvres n’en ont pas. Les calamars, eux, ont une coquille interne, appelée plume, qui est entourée par le manteau. Finalement, la coquille des nautiles ne ressemble en rien à celle des gastéropodes. Alors que la coquille de ces derniers ne forme qu’une seule chambre contenant tous les organes, les nautiles, eux, ont plusieurs petites chambres. Ces petites chambres sont remplies de gaz, qui permet à l’animal de nager tout en portant sa lourde coquille! De ce fait, puisque la coquille du nautile est séparée en plusieurs petites chambres, les organes de l’animal n’occupent que la dernière.
Des larves... chez les mollusques ?
Bien que la plupart des mollusques soient dioïques, ce qui veut dire qu’ils portent soit les gamètes mâles, soit femelles, certains gastéropodes sont hermaphrodites (comme certains vers). Même si ces derniers ont les organes reproducteurs femelles et mâles, ils ont quand même besoin d’un partenaire pour faire des bébés! Ensuite, une majorité des mollusques aquatiques n’ont pas une, mais deux phases larvaires avant de devenir adultes! On peut déjà observer un début de pied, coquille et manteau lors de la dernière phase. C’est quand même bizarre de se dire que certains des coquillages qu’on ramasse pendant une petite balade sur la plage étaient autrefois de toutes petites larves, non?
Chez les céphalopodes, par contre, c’est un peu différent. Suite à l’éclosion des œufs, les bébés sont de toutes petites versions de l’adulte. Les petites larves, prédatrices, font partie du plancton, ce qui veut dire qu’elles se déplacent au gré des courants d’eau. Chez la pieuvre, les mères sont très dévouées à protéger leur dizaine de milliers de bébés et vont mourir de faim et d’épuisement suite à l’éclosion.
Des espèces pourtant bien appréciées...
Plusieurs espèces de mollusques sont incroyablement fascinantes, que ce soit pour leur taille énorme comme le calamar géant, ou pour leurs couleurs resplendissantes. On les apprécie également pour leur habileté de bioluminescence, mais surtout pour leur fonction d’espèce bio-indicatrice. Finalement, on apprécie également les bivalves pour leur capacité à fabriquer des perles, qui sont très prisées pour les bijoux. Les perles qui sont produites par certains mollusques sont en fait des produits du système de défense de ceux-ci. En effet, lorsqu’un objet étranger se loge entre la coquille et le manteau, ce dernier va sécréter plusieurs couches de nacre autour de l’objet. C’est comme ça qu’on obtient des perles!
Enfin, on pourrait dire que ces animaux souvent méconnus sont pas mal complexes pour de simples coquillages qu’on collectionne en se promenant sur la plage. •ᴗ•
Par Jessica, éducatrice-naturaliste
Sources images : Marko Milivojevic, GUEPE, PickPic, PxHere, Kai Squires, Virginia Sea Grant