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Découvrir la nature avec nos yeux d’expert.e.s

Parce que tu te demandes qu’est-ce qui se passe dans un cocon de papillon, comment se forme une tornade et comment les plantes communiquent... L'équipe de naturalistes de GUEPE a décidé de répondre à toutes tes questions, car la nature, ce n’est pas un mystère, c’est une science! Un.e naturaliste c’est quoi? En gros, c’est un.e spécialiste dont la mission première est de vulgariser les différentes sciences de la nature.

Chaque mois, on te présente une vedette, animale, végétale ou autre (oui, oui!), en plus des sujets préférés de nos naturalistes. Reste donc bien connecté.e. On va répondre aux questions de notre lectorat (incluant les tiennes) et on va aussi te proposer des places à visiter, des actions à poser, des trucs à voir et à lire. 

On te souhaite une bonne exploration de la nature!

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Question du public
Le rythme circadien

Beaucoup d’organismes vivants ont un sens inné qui leur donne une vague idée de quel moment de la journée il est. C'est à cause du rythme circadien.

« Est-ce que les animaux savent l'heure? »

Si tu as déjà eu l’occasion de voyager vers un pays lointain, tu as certainement subi les effets du décalage horaire (le fameux jet lag). Tu sais, cette désagréable impression de fatigue intense alors qu’il est encore tôt ou, au contraire, quand tu n’arrives pas à trouver le sommeil même s’il est rendu tard. Ton corps n’est plus en phase avec le soleil, voilà ce qui se passe. Guess what... Cela ne touche pas seulement les humains!  

Le rythme du 24 heures

Beaucoup d’organismes vivants ont un sens inné qui leur donne une vague idée de quel moment de la journée il est. Toi aussi, quand tu te réveilles, ton premier reflex (quand ce n’est pas regarder l’heure sur ton cell), c’est d’ouvrir les rideaux pour voir si le soleil est levé. C’est à cause du rythme circadien. C’est une sorte d’horloge interne basée sur la luminosité, sur les alternances jour-nuit*. Il te permet de savoir spontanément à peu près où tu es rendu dans ta journée. C’est entre autre lui qui dicte l’heure du lunch (« diurnement » ou « nocturnement », non, ce ne sont pas de vrais mots…), l’heure de faire le guet comme un tamia, l’heure de chanter, d’aller chercher des brindilles pour faire son nid. Ou encore l’heure d’ouvrir les yeux ou de les fermer. Il rythme (littéralement) la vie quotidienne des organismes vivants.  

Le lièvre d’Amérique aux couleurs de l’hiver

Chez les animaux

Ce tictac biologique est non seulement journalier, mais il a aussi des répercussions saisonnières. Nope! Les bernaches du Canada ne reçoivent pas de notification pour leur dire qu’il est temps de penser à migrer. C’est leur rythme circadien, influencé par la luminosité qui change**, qui enclenche ce mouvement annuel de population. Même chose pour les animaux qui hibernent, comme la grenouille qui se dirige, tout naturellement, au fond du lac ou sous la couche de litière forestière pour y passer l’hiver. L’histoire se répète pour ceux qui restent actifs; le lièvre d’Amérique change de hairdo, du brun au blanc, juste au moment où les jours deviennent plus courts. #tendancehivernale Coïncidence? Nope!

Chez les plantes

Pour les plantes, de petites variations de la luminosité et la température déclenchent des réactions moléculaires. Dans les feuilles se trouvent des pigments qui, en plus de donner une jolie couleur verte aux feuilles, sont des capteurs de lumière hypersensibles. Non pas qu’ils se vexent facilement, mais ils sont capables de réagir rapidement à de très petites variations de l’ensoleillement.

Les capteurs sont stimulés par les rayons du soleil, comme un nord-américain au printemps quand il fait 5 degrés pour la première fois après 6 mois d’hiver. Ils vont déclencher des réactions en chaîne permettant à la plante de bien fonctionner. Pendant la journée, grâce à l’énergie du soleil, la plante produit des réserves d’énergie qu’elle va stocker sous forme de sucre. Pendant la nuit, comme il n’y a plus de lumière et que la plante l’a compris, elle shut down son usine à énergie aka la photosynthèse. Ça lui donne l’occasion de dépenser l’énergie produite pendant la journée pour pouvoir se développer. Donc quand ta mère te disait que tu grandissais la nuit… ben, c’est vrai pour les plantes!

24 h pour 12 mois

La luminosité affecte aussi les plantes de manière saisonnière. Le festival des couleurs à l’automne ça te dit quelque chose? Rythme circadien baby! La floraison au printemps? Encore le rythme circadien!

Du beau gazon après une nuit à pousser

Des contraintes?

Donc, tu l’auras compris, la lumière influence le rythme de l’horloge biologique du vivant. C’est un mécanisme ancestral développé tout au long de l’évolution et dont le fonctionnement bien huilé est perturbé par nos beaux lampadaires urbains… On te parle de pollution lumineuse. Le résultat : nos belles nuits étoilées sont camouflées derrière un voile orangé qui ressemble à un crépuscule perpétuel*** (comme on peut en vivre aux pôles). Le résultat de ce résultat : le dérèglement du rythme circadien des animaux et des plantes urbains et semi-urbains. Et quand on s’y attarde plus d’une seconde, on peut comprendre que les impacts sont plus importants qu’une simple grasse matinée…

Voici ce qu’on manque…  

Ça va passer…

Comme les animaux, nous, les humains, sommes aussi fortement influencés par la lumière. Elle joue sur nos cycles hormonaux et sur notre sommeil. Tu te sens un peu (beaucoup!) patraque quand l’automne arrive? Fatigue ou au contraire insomnie? Déprime quand la pluie remplace le soleil? T’as qu’une chose en tête : couvertures, chocolat et Netflix? Rassure-toi, c’est normal et, surtout, passager. Ton corps va vite s’habituer au changement de saison, il est fait pour ça. En attendant, fais une cure de luminothérapie. Profite des rayons du soleil dès qu’il sort et gâte toi en chocolat!  

NOTES

* Attention de ne pas confondre le rythme circadien avec la photopériode. La photopériode c’est le rapport entre la durée du jour et celle de la nuit. Elle est intimement liée au rythme circadien, mais elle est un peu différente. Le changement dans la photopériode affecte le rythme circadien.  

** Dans certaines régions autour des pôles, la luminosité fait des siennes. La limite entre les jours et les nuits devient floue et on se retrouve avec des jours qui durent un été entier (le Soleil de minuit) et une nuit qui dure tout l’hiver (nuit polaire). Des chercheurs ont déterminés que certains animaux arctiques, comme le lagopède alpin et le caribou, abandonnent leur rythme circadien pendant ces périodes. Ils soupçonnent que aussi le cas pour la plupart des organismes de ces régions.  

*** MAIS, il existe de plus en plus de zones protégées où il y a un engagement formel des organismes et de la population qui y vit pour maintenir et protéger le ciel nocturne. On les appelle les Réserves de ciel étoilé et c’est la Société royale d’astronomie du Canada qui qualifie ces zones selon plusieurs critères. Le plus beau là-dedans, c’est qu’il y en a partout au Canada et bien sûr au Québec. C’est le temps de te booker un voyage pour admirer les constellations**** dans tes prochaines vacances!  

**** Les constellations d’été ou d’hiver, sans oublier les Perséïdes et si tu es chanceux des aurores polaires.

Par Aymeric, éducateur-naturaliste

Sources images : Natalia_Kollegova, Pixabay, Tim Oosterbeek

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Vedette du mois
La nature en mouvement

Newton disait que « tout corps persévère dans l’état de repos ou de mouvement en ligne droite, à moins que quelque force n’agisse sur lui, et ne le contraigne à changer d’état. »

Newton disait que « tout corps persévère dans l’état de repos ou de mouvement en ligne droite, à moins que quelque force n’agisse sur lui, et ne le contraigne à changer d’état. »*

Quand on applique cette mécanique dans la nature, on se rend compte que les éléments qui la composent sont tous en mouvement, créant des chaînes de réactions, qui elles-mêmes créent des mouvements. #toutestdanstout

Pourquoi est-elle toujours en mouvement? Parce que la nature est continuellement affectée par des forces extérieures. On compte parmi ces forces les individus dans leur milieu, le cycle circadien, les saisons, l’eau, l’air, le vent, la gravité elle-même! Le mouvement, c’est la vie. Il permet aux éléments en mouvement de trouver des ressources, de se reproduire, en gros, de survivre.  

L’importance de l’échelle

Évidemment, quand on pense à mouvement, on pense à quelque chose qui bouge. La locomotion, à l’échelle de l’individu est la base du mouvement. Si le lapin bondit, il est en mouvement. Il faut toutefois penser au mouvement à plus grande échelle. Des chauves-souris qui migrent, c’est aussi un mouvement. Et si on observe la nature comme un tout, on y observe des mouvements immenses, souvent imperceptibles à l’œil. De manière générale, le mouvement est défini par l’espace disponible, la capacité de bouger et dans certains cas, de naviguer.

L’individus qui bouge

Du spermatozoïde qui grouille en passant par le bison qui marche dans la plaine jusqu’à la musaraigne qui se sauve dans un tunnel, on parle de locomotion. Ces déplacements sont souvent reliés à la reproduction, à la collecte de ressources ou pour échapper à un prédateur (à la survie). Ce sont des mouvements de routine où un individu unique se déplace dans l’espace pour survivre. C’est la plus simple expression du mouvement. Simple, oui, dans sa définition, mais certains de ces mouvements individuels sont très complexes. Les mécanismes de la sélection sexuelle sont d’excellents exemples. Penses à l’araignée paon qui danse ou aux buses à queue rousse qui font des vols acrobatiques. 10/10 pour le vol en couple! On est loin de la simplicité!  

Les plantes sont aussi en mouvance. Oui, oui. Encore plus complexe qu’une danse, lorsqu’elles poussent, les plantes font des mouvements de phototropisme. Elles modifient leur axe de croissance en fonction de la quantité de lumière.

Des canards siffleurs en mouvement

Se mouvoir en gang

Il n’y a pas que les individus qui sont en mouvement, les groupes aussi se déplacent. La migration, ça te dit quelque chose? Les oiseaux sont les champions du voyage saisonnier, mais il n’y a pas qu’eux. Les papillons, les troupeaux de caribous, les baleines, les poissons comme l’alose et la ouananiche, sont toutes des espèces migratrices. Leur mouvement est influencé par les saisons. Il leur permet de trouver de la nourriture et de se reproduire. Les migrations quotidiennes existent aussi. Dans la colonne d’eau, le plancton se déplace entre la surface et les profondeurs, en suivant la lumière. Quand il fait clair, le plancton se cache au fond, mais pendant la nuit, ils remontent à la surface pour se nourrir.  

Une population pourrait aussi se déplacer pour d’autres raisons. Disons qu’un habitat (lire ici une niche) ou un territoire change suite à une perturbation majeure (t’sé, la force extérieure). Suite à une inondation par exemple, les ressources ne sont plus disponibles. Les populations résidentes pourraient être obligées de se déplacer pour survivre. Même scénario si un milieu est affecté par un changement du climat, un élément chimique ou si un nouveau prédateur ou compétiteur arrive dans un territoire (eux-mêmes s’étant déplacés, créant une chaîne de réactions… #toutestdanstout On te mentait pas.) Ces mouvements de grande envergure sont directement liés au succès des espèces.  

En plus de l’élément déclencheur, pour qu’il y ait mouvement d’une population, il doit exister une « zone adaptative », a.k.a. un nouveau milieu où se déplacer. Cette terre d’accueil est elle-même rendue disponible par un mouvement, un changement ou une perturbation.(Encore la fameuse chaîne de réactions…) C’est entre autres le principe de la succession végétale. Certaines espèces de plantes (qu’on dit pionnières) vont profiter d’un milieu perturbé par un incendie, par exemple, pour coloniser un nouvel habitat par dissémination. (Le déplacement des graines par le vent, l’eau, la gravité, les animaux, c’est aussi des mouvements…) Et hopppp! Cette « migration » de la forêt vient de créer une chaîne de réactions. (Tu n’as pas fini de l’entendre.)

Y’a définitivement du mouvement ici (Hawaii)

Les mouvements plus grands que… la nature

Même si on laisse de côté les organismes vivants, on va trouver des mouvements. Des mouvements tellement grands qu’on ne les voit pas, ou presque. On te parle ici des marées, du flux de l’eau en général, de la neige qui tombe, des jet streams, des particules et même des gaz dans l’air, des plaques tectoniques qui entrent en collision, du magma qui bout, du sol qui dégèle dans le grand nord, et même de la rotation de la Terre! Ce sont des mouvements naturels qu’on oublie souvent, mais qui régissent tous les autres, même ceux dans l’espace. Ils sont souvent les déclencheurs (attention, ça s’en vient…) de la chaîne de réactions! (Et oui, on l’a écrit une autre fois!)  

T’auras compris que la mécanique des mouvements dans la nature, c’est primordial. Non seulement la survie des individus et des groupes en dépend, mais les mouvements (micro-, macro- et méga-) sont tous interreliés. (On ne va pas le redire, t’en fais pas.) Il est donc évident que le tout repose sur la connectivité des milieux à long terme et la santé générale des écosystèmes ET de notre planète. À ne pas oublier : TOUT EST DANS TOUT!

NOTES

* Tiré de Philosophiæ Naturalis Principia Mathematica (ou Principia pour les intimes), l’ouvrage du célèbre Sir Isaac Newton, dans lequel il expose sa théorie et sa Loi du Mouvement.

Par Anne-Frédérique, éducatrice-naturaliste senior

Sources images :  Pixabay, Mabel Amber, Adrian Malec

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Choix du naturaliste
Migration climatique

La migration, c’est un déplacement cyclique vers le nord qui permet à des populations de trouver des ressources. Dans la nature, il n’y a pas que des migrants, il y a aussi des réfugiés qui se déplacent vers le nord.

La migration, tu connais. C’est un déplacement cyclique vers le nord (ou vers le sud), qui permet, entre autres, à des populations de trouver des ressources temporairement. C’est un mouvement d’une grande importance pour la survie de plusieurs espèces. Dans la nature, il n’y a pas que des migrants, il y a aussi des réfugiés qui se déplacent vers le nord. On te parle ici de réfugiés climatiques qui se déplacent, non pas temporairement, mais pour de bon. Ce phénomène de déplacement de l’aire de répartition d’une espèce se produit actuellement parce que les habitats sont constamment modifiés. Pourquoi? Une des principales causes : le changement climatique actuel.  

Le réchauffement climatique en 3 phrases

Il est incontestable que nous vivons présentement sur notre planète un réchauffement du climat. Si on simplifie (à la puissance 1000) la situation, on pourrait dire que chaque latitude du globe possède ses propres standards climatiques (ses températures moyennes, ses taux de précipitations, sa pression atmosphérique, etc.). Alors que le climat global de la Terre change, à chaque latitude on observe un réchauffement de son climat original. De manière imagée, on pourrait dire que les lignes de températures (des isothermes) voyagent de plus en plus vers les pôles.  

On voit ici les isothermes du Canada, avec le temps, les parties chaudes (rouges à jaunes) se déplacent lentement vers le Nord.

Réfugiés climatiques

Évidemment, ces changements ont des impacts considérables sur nous, mais d’abord sur la nature. Puisque le climat change, immanquablement les habitats se transforment aussi. Et si les écosystèmes changent, les animaux qui s’y trouvent deviennent désadaptés à leur milieu et doivent se déplacer pour retrouver des conditions climatiques idéales pour leur survie (t’sais le succès là). C’est un mécanisme qui existe et qui prend de l’ampleur à chaque année.

Déjà en 2011, on calculait que les populations se déplaceraient vers le nord de 17 km, par décennie. (Plus on est au nord, plus l’impact est grand et donc, plus cette distance devrait être grande.) La même étude démontrait que les populations d’animaux et de plantes avançaient vers le nord en suivant le même profil de variation que les hausses de températures moyennes des zones où ils se réfugiaient. Le lien avec le changement climatique est donc réel. Ce n’est pas banal…  

En 2017, des chercheurs ont démontré que le mouvement des espèces marines vers le nord dû au changement du climat actuel se faisait 6 fois plus rapidement que pour les espèces terrestres. Une des raisons qui expliquerait ce résultat serait qu’il y a davantage d’obstacles sur terre que dans l’eau. Cela pourrait freiner les populations terrestres. Non seulement le terrain est plus ardu (ce n’est pas évident de traverser une chaîne de montagnes quand tu n’es qu’un petit papillon), mais la pression anthropique est probablement plus importante sur terre que dans l’eau. (Attention, on n’a pas dit qu’il n’y avait pas de pression exercée par les humains sur les espèces marines, au contraire. Toutefois, il se pourrait que les espèces aquatiques soient plus aptes à migrer malgré ces entraves.)  

Juste pour le fun, jette un coup d’œil à cette carte qui montre une projection de la distribution du peuplier faux-tremble au Canada. C’est hallucinant.  

Un réfugié, maintenant bien établi au sud du pays

Le ricochet anthropique

Suis-nous bien ici. En plus de freiner la migration climatique des organismes vivants, les installations humaines prennent la place de ces organismes et c’est entre autres relié au climat. Si on regarde la dispersion des populations humaines sur le globe, on se rend compte que la majorité d’entre nous habitons dans les zones chaudes. (Tout le monde ne raffole pas de la neige comme nous!) Cette distribution est liée au climat. Dans les zones chaudes, on trouve de moins en moins de place pour construire (pas seulement des villes, mais pour l’agriculture et pour l’exploitation des ressources naturelles) et on empiète de plus en plus sur les milieux naturels. Résultat : les espèces sont repoussées où il y a de la place, et c’est généralement vers le nord que ça se passe.  

Les goulots d’étranglement  

Lorsque des espèces se déplacent pour retrouver de bonnes conditions, elles peuvent grimper sur les montagnes, où il fait généralement plus froid. Malheureusement, la montagne, elle, a une fin… C’est un cul de sac. Alors que les espèces montent pour retrouver des températures qui leur conviennent, elles se retrouvent toutes au même endroit. Comme la montagne a une capacité maximale de ressources et de support, de gros problèmes surgissent. Lire ici un risque accru d’extinction. On appelle ça, un goulot d’étranglement.

La même situation se pose aux pôles. Une fois rendu au pôle Nord, il n’y a plus de place où aller. Il reste une solution : s’adapter. S’adapter au milieu défavorable. Affronter la forte compétition déjà en place. Et maintenir sa position à l’arrivée de nouvelles espèces, elles aussi à la recherche de températures plus froides. Ce n’est pas facile.  

Il existe aussi des goulots créés par la forme du territoire. À la frontière de l’Ontario et du Québec, juste au sud de le Baie James, on trouve une bande de territoire restreint. Elle relie les parties est et ouest de la forêt boréale et elle est sous une intense pression anthropique. Qu’arrive-t-il aux espèces qui s’y réfugient? Prises au piège, leur habitat essentiel détruit, elles n’ont nulle part où migrer.  

Qui sont ces migrants?

Autant les plantes que les animaux se déplacent pour conserver des conditions climatiques qui leur conviennent. Pour certains comme les animaux qui sont ectothermes (qui ne produisent pas leur chaleur et qui dépendent des températures externes), comme les amphibiens et les reptiles, leur seule option de survie est de migrer.  

Il y a toutefois des voyageurs avec une plus grande notoriété que les autres, principalement à cause de leur relation à l’humain. Prenons par exemple ceux qui causent des problèmes de santé publique ou des défis sanitaires. Mentionnons la vedette des dernières années : la tique à pattes noires. Auparavant, les hivers canadiens ne permettaient pas à ces coquines de survivre; ce n’est plus le cas aujourd’hui. De plus, au grand dam des amateurs de hors sentier, la tique est venue accompagnée de la bactérie qui cause la maladie de Lyme*. #notcool

Lorsqu’une espèce passe une frontière**, elle devient légiférée par un nouveau gouvernement. Ici, on peut parler de l’opossum, du renard gris (qui est inscrit comme espèce menacée au registre canadien), tous deux en progression au sud du Québec. Et les poissons-gâchettes, des poissons tropicaux qu’on retrouve maintenant sur les côtes de la Nouvelle-Écosse.  

Une tique ça l’air de ça.

Évidemment, chaque espèce a son histoire, son chemin. Certaines avancent plus vite, d’autres s’arrêtent. Bien sûr, la température est un facteur important dans le déplacement des populations, mais d’autres phénomènes liés au changement climatique actuel, tels que le changement du sol, les émissions de gaz (quand le pergélisol fond par exemple) et les précipitations. Difficile, en terme de conservation, de faire des prévisions quand on ne sait pas quelles espèces se trouveront sur un territoire dans 100 ans! C’est un véritable casse-tête, on le sait.

T’as besoin d’un visuel? Juste ici tu trouveras une carte qui illustre les routes prédites que les organismes vivants vont suivre pour échapper au réchauffement de leur milieu de vie. Maintenant, le nouveau défi : garder ces corridors de migration obligatoires le plus naturel possible et connectés les uns aux autres. En serons-nous capables?  

NOTES

* Ailleurs sur la planète, on voit la même situation avec les moustiques qui transmettent la malaria et les virus du Zika et de la dengue.

** Imagine si, en plus, on construit un gigantesque mur à une frontière. Les espèces ne pourront pas poursuivre leur route migratoire. Un autre type de goulot d’étranglement pas vraiment glorieux pour l’espèce humaine…

Par Anne-Frédérique, éducatrice-naturaliste senior

Sources images :  Pixabay, Erik Karits

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Ailleurs
Le harfang et le lemming : quand la grosse bête s’adapte à la petite

Bien qu’il soit natif des terres polaires, il arrive qu’on retrouve le harfang des neiges, le beau hibou blanc, plus au sud du Canada. Il est attiré par la nourriture (lire ici, les lemmings)!

Bien qu’il soit natif des terres polaires, il arrive qu’on retrouve le harfang des neiges, le beau hibou blanc, plus au sud du Canada. Il se rend même de l’autre côté des lignes, aux États-Unis. Cependant, contrairement aux snowbirds qui s’en vont en quête de chaleur dans le sud, le harfang, lui, est attiré par autre chose… de la nourriture (lire ici, les lemmings)!  

Grand carnivore plumé de la toundra arctique, le harfang base son alimentation essentiellement sur les lièvres, les oiseaux et même, les renards. Mais ce dont il aime le plus se remplir la panse, c’est de lemmings. En été, ces petits mammifères aux allures de hamsters deviennent leur principale source de protéines. Or, la densité de population du lemming varie périodiquement et tous les 4 ans subit une chute drastique.  

Le harfang, comme d’autres carnivores dont l’alimentation dépend du lemming, a dû s’adapter à ces fluctuations rapides et parfois extrêmes de disponibilité de son confort food préféré.

Pour mieux comprendre, quelques mots sur le cycle du lemming

On sait que madame lemming peut donner naissance quelques semaines seulement après qu’elle-même n’ait vu le jour. Elle serait même capable d’avoir jusqu’à 3 portées en un seul été. Efficace dis-tu? En hiver, la neige n’est pas un obstacle à leurs galipettes nuptiales. Cela résulte parfois en une explosion de la démographie lemming-ienne la saison suivante; on parle d’une « année à lemmings ». Cette abondance exceptionnelle de lemmings amène une densité de rongeurs 40 fois plus élevée à l’hectare qu’à son niveau de base.

C’est un phénomène périodique qui revient tous les 4 ans environ. Il serait lié à la prédation (renard arctique, hermine ou encore, le harfang des neiges), mais aussi à la disponibilité de nourriture pour le lemming. La nourriture ne peut que varier localement en fonction du nombre de rongeurs au pied carré. Plus ils sont nombreux, plus ils mangent et plus la végétation locale a besoin de temps pour s’en remettre.

Un p’tit lemming d’Ungava (ou lemming à collerette)

Cependant, ces variations synchrones de populations de lemmings sont observées localement uniquement. (Quand on dit « localement » on veut dire « sur une distance de plusieurs centaines de kilomètres » quand même.) En plus, l’augmentation du nombre de ces petits mammifères à un endroit donné n’aura pas de conséquence sur une population de lemming à 1000 km de là. Tu vois où je veux en venir?

Le harfang, lui, il a compris. Il se déplace de garde-manger en garde-manger. Il est donc prêt à migrer sur plusieurs milliers de kilomètres pour trouver sa nourriture favorite en abondance. Ainsi, la forte démographie de lemmings dans une région va attirer les prédateurs qui vont se déplacer, parfois de loin, vers ce banquet all you can eat. Après ce festin, la population de lemmings risque de diminuer drastiquement jusqu’à la prochaine année du lemming.

Le harfang et le lemming, c’est le cycle de la vie!

Par Aymeric, éducateur-naturaliste

Sources images : Jongsun Lee,  Fabrice Simon

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Qc-Nature
Le cycle de l’eau

L’eau est présente dans la nature, puisque tous les êtres vivants en dépendent. Et cette eau, elle n’est pas immobile. Oh non! Elle bouge dans une chorégraphie sans fin très bien orchestrée que l’on appelle, le cycle de l’eau.

On peut apercevoir de l’eau dans notre vie urbaine de tous les jours :

  • sous forme liquide, en ouvrant le robinet;
  • sous forme gazeuse, en observant la vapeur d’eau s’échapper de la bouilloire;  
  • sous forme solide, en prenant un cube de glace dans le congélateur.

L’eau est tout aussi présente dans la nature, puisque tous les êtres vivants en dépendent. Et cette eau, elle n’est pas immobile. Oh non! Elle bouge dans une chorégraphie sans fin (comme un GIF sur repeat) très bien orchestrée que l’on appelle, le cycle de l’eau. L’eau ne peut pas disparaître, pas plus qu’apparaitre, mais elle se transforme et se déplace. On te parle donc du mouvement de l’eau.

Une chorégraphie sur repeat, aussi simple

Un cycle, comme une roue, ça n’a pas vraiment de début ni de fin, mais pour bien comprendre entrons dans sa danse à l’étape de l’évaporation.

L’évapotranspiration : l’évaporation et la transpiration s’unissent

Le soleil fournit l’énergie nécessaire pour permettre à l’eau de s’évaporer, c’est-à-dire de passer de la forme liquide à la forme gazeuse. Par la chaleur du soleil, l’eau de la mer, d’un lac ou même d’une flaque d’eau peut se transformer en vapeur. Cette vapeur étant légère s’élève dans le ciel.

Les plantes contribuent également à enrichir l’atmosphère en vapeur d’eau. En transpirant, les plantes laissent sortir de l’eau par leurs stomates, des petits trous situés sous leurs feuilles (en gros, ce sont des pores qui permettent des échanges gazeux vitaux pour la plante). L’eau sortant ainsi de la feuille devient vapeur. Ce phénomène aide les plantes dans la circulation de leur sève. Si de l’eau s’échappe par les feuilles, de l’eau en provenance des racines viendra la remplacer. Cela explique en partie la circulation de l’eau dans les arbres, sans qu’ils n’aient besoin de pompe!

La condensation : la naissance des nuages

En s’élevant dans le ciel, la vapeur d’eau traversera des couches d’air de plus en plus froides. Lorsque la température est trop basse, la vapeur se condense en formant de minuscules gouttelettes. Quand elles sont assez nombreuses, on peut apercevoir leur masse de la terre ferme; ce sont les nuages.  

Tu peux observer un phénomène similaire lorsque tu sors d’une bonne douche chaude et que le miroir de la salle de bain est couvert de buée.

Les précipitations : quand l’eau retourne sur terre

Plus les gouttelettes dans les nuages grossissent, plus elles deviennent lourdes. Un nuage qui accumule ainsi de l’eau finira par échapper les gouttes d’eau qui le composent : c’est la pluie. Enfin, la pluie n’est qu’une sorte de précipitations parmi d’autres. Selon les conditions météorologiques, l’eau qui se sauve des nuages peut également retourner sur terre sous forme de flocons de neige ou de grêle.

Le ruissellement : l’eau dévale les pentes

Une fois au sol, les gouttes d’eau suivent l’inclinaison du sol et glissent en direction du point le plus bas, c’est le ruissellement. Dans leur descente, les gouttes en rencontrent d’autres. Elles se joignent les unes aux autres pour dégringoler et former de minces filets d’eau. Ces derniers deviennent éventuellement des ruisseaux, de plus en plus gros, qui aboutissent à des rivières, des lacs, des fleuves et même des océans!

Autrement, les gouttes d’eau peuvent entrer dans le sol par infiltration et traverser différentes couches du sol. Une fois sous terre, l’eau peut être captée par les racines d’une plante. Elle peut également continuer à valser jusqu’à rejoindre un cours d’eau (oui, oui, un cours d’eau dans le sol) ou s’accumuler dans des réserves souterraines*. C’est cette eau que les humains vont chercher lorsqu’ils creusent des puits.

Et le cycle continu…

Une fois dans les grandes étendues d’eau, notre danseuse étoile s’évapore de nouveau. L’eau absorbée par les racines des végétaux en ressort par transpiration. On se retrouve donc au début de nos explications, au début du cycle, au début de la chorégraphie. Et l’eau est repartie pour une autre routine et elle poursuivra sa danse à l’infini!

NOTES

* On te parle de ça ici aussi.


Par Philippe, éducateur-naturaliste senior

Sources images :  Piqsels, Piqsels

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