Sélection sexuelle
Tout le monde est pas mal au courant que les animaux ont pour but ultime de survivre et d’avoir une descendance saine et en santé. Les animaux (et les plantes) sont ultra adaptés à leur milieu pour être le plus efficace possible. Mais… dans ce cas, pourquoi des animaux, comme le paon, les oiseaux du paradis ou le cardinal rouge, ont des attraits flamboyants, qui pourraient les ralentir ou leur nuire pour se camoufler? Est-ce que l’évolution est déréglée? Nah. Tout ça, c’est l’effet de la sélection sexuelle.
Le tiroir spécial
La sélection sexuelle, c’est l’avantage qu’un individu a sur un autre en ce qui concerne la reproduction. Et dans la nature, tous les moyens sont bons. Ce type de compétition intraspécifique (à l’intérieur même de l'espèce) oblige en quelques sortes des individus, souvent les mâles, à des efforts extrêmes pour accéder (si on peut dire ça comme ça) à la reproduction. Ils ont toujours en tête la pérennité de leurs gènes, comme on te l’explique ici. Ce qui est complètement fou, c’est que chez certaines espèces, cette compétition a fait naître des caractères qui apparemment ne favorisent pas la survie de l’individu. Cela va donc à l’encontre de ce qu’est le sélection naturelle. Darwin l’a dit : « La sélection naturelle ne dépend pas de la lutte pour l’existence, mais de la lutte entre mâles pour la possession de femelles. » Bon… si on met ça au goût du jour, il voulait dire que lorsqu’un animal développe un trait pour survivre (comme des griffes pour creuser et chercher de la nourriture), on parle de sélection naturelle. Toutefois, si un trait offre à l’animal un avantage par rapport à un rival sexuel, on parlera de sélection sexuelle.*
On peut dire que la sélection sexuelle, c’est le petit tiroir « spécial » dans la grande commode de l’évolution.
Un double mécanisme
Il existe deux mécanismes principaux dans la sélection sexuelle : le choix du partenaire et la compétition pour les partenaires. Bien que les mâles peuvent être difficiles et que les femelles sont compétitives, ce sont généralement ces dernières qui sont plus difficiles et les mâles plus compétitifs. Le choix du partenaire est donc en réalité le choix de LA partenaire. Ainsi, la compétition se vit entre les messieurs. On ressent alors plus souvent les effets de la sélection sexuelle chez les mâles, puisque les femelles sont davantage observatrices. Elles considèrent dans leur choix des détails comme une bonne condition physique chez leur partenaire, pour que leur progéniture mâle hérite du trait et que leur progéniture femelle hérite de la tendance à prêter attention à ce trait.
Le choix de la femelle devra se faire en fonction des signaux honnêtes (c’est le nom qu’on leur donne) que les mâles leur démontrent. Ces signaux sont des caractères dont le maintien demande beaucoup d’énergie. Des ornements colorés, comme chez le canard branchu ou certains pics, des caractères physiques comme la queue du paon ou les bois des cerfs, sont des exemples de dimorphisme sexuel considérés comme des traits de sélection sexuelle.
Les signaux honnêtes ne sont pas que physiques : beaucoup de comportements sont considérés par les femelles quand vient le temps de faire son choix. On appelle ces comportements, les parades nuptiales. Les grenouilles chantent et les caribous brament. Certains poissons mâles, comme l'épinoche, dansent. Dans le groupe des danseurs, on inclut les flamands roses qui font ça en gang, les araignées sauteuses qui sont synchonisées, les couples de fous de Bassan, les éperviers bruns au vol acrobatique, et bien d’autres. Les combats entre mâles, pour protéger un territoire ou un harem de femelles, sont aussi des signaux honnêtes, comme pour les ours, les hippos et les carouges à épaulettes. Des mâles vont même jusqu’à donner des cadeaux aux femelles; c’est le cas chez des insectes comme les mouches Empididae. Encore plus extrême, un oiseau comme le jardinier construit une arche de paille pour la femelle et il la décore de morceaux colorés. Comme quoi, les animaux ne sont pas à court d’idées quand vient le temps de séduire!
Bien qu’on comprenne assez bien les subtilités de la sélection sexuelle dans le monde animal, il reste que certains petits détails demeurent mystérieux, comme la préférence des femelles et les coûts (les conséquences) associés à ces préférences. Pourquoi ces préférences existent-elles?
NOTES
* En d’autres mots, on pourrait dire que la sélection naturelle est due à la variance de composantes de la condition physique et que la sélection sexuelle découle des différences de réussite de l’accouplement.
Par Anne-Frédérique, éducatrice-naturaliste
Sources images : Andrea Lawardi, Christian Fritschi, Pixabay