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Découvrir la nature avec nos yeux d’expert.e.s

Parce que tu te demandes qu’est-ce qui se passe dans un cocon de papillon, comment se forme une tornade et comment les plantes communiquent... L'équipe de naturalistes de GUEPE a décidé de répondre à toutes tes questions, car la nature, ce n’est pas un mystère, c’est une science! Un.e naturaliste c’est quoi? En gros, c’est un.e spécialiste dont la mission première est de vulgariser les différentes sciences de la nature.

Chaque mois, on te présente une vedette, animale, végétale ou autre (oui, oui!), en plus des sujets préférés de nos naturalistes. Reste donc bien connecté.e. On va répondre aux questions de notre lectorat (incluant les tiennes) et on va aussi te proposer des places à visiter, des actions à poser, des trucs à voir et à lire. 

On te souhaite une bonne exploration de la nature!

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Choix du naturaliste
L’estuaire du Saint-Laurent

À mi-chemin entre un lieu d’alimentation, de circulation et de découverte, le fleuve Saint-Laurent rythme la vie des Québécois depuis des centaines d’années. On te présente aujourd’hui son estuaire.

DOSSIER : FLEUVE SAINT-LAURENT

À mi-chemin entre un lieu d’alimentation, de circulation et de découverte, le fleuve Saint-Laurent rythme la vie des Québécois depuis des centaines d’années. Qu’il nous ait inspiré quelques vers poétiques, des terreurs lors des jours de tempêtes ou qu’il ait nourri notre âme le temps de vacances improvisées, le fleuve aura marqué notre imaginaire. On te présente aujourd’hui son estuaire.

Une zone de transition

Entre Pointe du Lac et Pointe-des-Monts (un village aujourd’hui inhabité dans la municipalité de Baie-Trinité) se trouve l’estuaire du fleuve Saint-Laurent qui s’écoule sur plus de 250 km. C’est l’un des plus grands et profonds estuaires au monde! Un estuaire, c’est la portion d’un fleuve où l’on peut sentir les effets de la mer ou de l’océan dans lequel il se jette. En l’occurrence, le fleuve Saint-Laurent se jette dans l’océan Atlantique et subit l’influence des marées et de l’eau salée.  

Ben oui! L’eau salée de l’océan et l’eau douce provenant du bassin versant et des Grands Lacs se rencontrent et se mélangent. Les marées commencent également à se faire sentir. L’estuaire peut être décomposé en trois parties : l’estuaire fluvial, l’estuaire moyen et l’estuaire maritime.  

L’estuaire fluvial : des marées d’eau douce

Dans l’estuaire fluvial, tu peux observer des marées de petites amplitudes, mais l’eau est encore douce. L’eau salée est d’une densité plus élevée que l’eau douce. Cela signifie que pour un même volume, l’eau salée est plus lourde que l’eau douce. Elle refoule donc cette dernière à l’intérieur des terres.  

Un peu plus salé dans l’estuaire moyen

Après l’Île d’Orléans, c’est le début de l’estuaire moyen et la salinité commence à augmenter graduellement en allant vers l’aval et en fonction des marées, passant de 5 à 25-30 %. Une eau pas totalement salée, on appelle ça une eau saumâtre.  

L’estuaire dans les couleurs du matin, vu à partir de La Malbaie

L’estuaire maritime : un vrai buffet

À la hauteur de Tadoussac, les eaux salées sont présentes en profondeur. Provenant de l’Atlantique elles arrivent entrainées par le courant de Gaspé et les marées, mais la profondeur du fleuve à cet endroit passe d’un coup de 300 m à moins de 100 m de profond. Les eaux fraîches, salées et profondes se mélangent donc aux eaux de surface tempérées et moins salées grâce au courant et à la forme du fond qui pousse les eaux profondes vers le haut.

Le phare du Haut-Fond-Prince, surnommé la Toupie à cause de sa forme, est situé sur le haut fond en face de Tadoussac. Il sert à avertir les navigateurs du danger.

Ce mélange apporte d’importantes quantités de nutriments provenant de l’océan à la vie marine et favorise la présence des mammifères marins qui viennent s’y nourrir. Leurs proies se trouvent souvent concentrées autour de cet endroit parce qu’elles s’y font amener par le courant et qu’elles sont freinées par la dénivellation du fond qui fait comme un mur. L’été, les rorquals viennent pour se nourrir de krill et de capelan, leur nourriture favorite. Les bélugas, pour leur part, sont les habitants permanents de l’estuaire.  

Mais il n’y a pas que les baleines qui profitent de cette abondance! Plusieurs oiseaux marin comme le goéland marin, le cormoran à aigrette ou encore le petit pingouin profitent de toute cette nourriture. En tout, plus de 2200 espèces peuplent la région du Parc marin Saguenay-St-Laurent, et plus de la moitié sont des invertébrés. Étoile de mer polaire, oursin vert et anémone rouge du nord peuplent les fonds sous-marins.

Un magnifique petit pingouin dans son tuxedo

En bref, l’estuaire est un endroit de transition entre le fleuve et l’océan. La salinité, les marées et les espèces marines apparaissent plus ou moins progressivement entre une extrémité et l’autre. C’est un endroit unique riche en biodiversité.

Si tu cherches à en connaître plus sur le fleuve Saint-Laurent, son histoire et ses richesses, on te suggère le film Le fleuve aux grandes eaux réalisé par Frédéric Back. Indémodable et somptueux. Sinon, tu peux aussi aller découvrir cette merveille que nous avons au Québec par toi-même! Plusieurs endroits le long de l’estuaire sont des destinations vacances idéales.

Par : Andréanne , éducatrice-naturaliste senior et coordonnatrice des activités Charlevoix

Sources images : GUEPE, Matthieu Gauvain, Wiki, Pierre André

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Vedette du mois
Le Saint-Laurent : un fleuve aux mille passions

Aaaaaah, le fleuve Saint-Laurent! Cette immense rivière qui se jette dans l’océan Atlantique après avoir passé par mille paysages et nous avoir fait vivre mille émotions.

DOSSIER : FLEUVE SAINT-LAURENT

Aaaaaah, le fleuve Saint-Laurent! Cette immense rivière qui se jette dans l’océan Atlantique après avoir passé par mille paysages et nous avoir fait vivre mille émotions. Ce mois-ci, on le célèbre et pour ce faire, on t’a préparé un petit dossier pour apprendre à le connaître plus en profondeur (c’est le cas de le dire!).  

D’abord, à sa source se trouve une des plus grandes réserves d’eau douce au monde : le bassin des Grands Lacs. Si le cycle de l’eau n’est pas trop perturbé (lookin’ at you, les changements climatiques!), les Grands Lacs alimenteront, euh, abreuveront, le fleuve Saint-Laurent en eau pendant encore longtemps. Mais ils ne sont pas les seuls! Le bassin versant du Saint-Laurent est immense et des centaines de rivières coulent jusqu’à lui. Le cours d’eau continue alors sa route en devenant fleuve, estuaire et golfe. Aujourd’hui, on se concentre un peu plus sur la portion fluviale du Saint-Laurent, celle qui coule entre les Grands Lacs et Pointe-du-Lac, près de Trois-Rivières.

Ça, c’est le fleuve Saint-Laurent

Juste une grosse rivière

En gardant ça en tête, on comprend alors que la portion fluviale du fleuve Saint-Laurent se continue jusqu’au lac Saint-Pierre, un grand lac fluvial dont on t’a déjà parlé (ici). On comprend aussi que c’est une portion remplie d’eau douce et donc c’est carrément… une rivière! La biodiversité qu’on y trouve est donc typique de toutes grandes rivières du sud du Québec : des perchaudes, des achigans, des plantes aquatiques, des tortues, des grands hérons, des berges tantôt tranquilles, tantôt très habitées, des eaux calmes, des rapides… et des fois, ben, une baleine à bosse! Mais ça c’est pas typique d’une rivière d’eau douce! C’était plutôt un petit coucou de l’estuaire maritime dont on te parlera dans quelques jours!

Une perchaude, comme on en trouve dans le tronçon fluvial du fleuve

Un périlleux voyage

Ce qui est aussi particulier du fleuve Saint-Laurent, c’est qu’il est un des pires endroits au monde pour naviguer. Bien que le fameux chenal Laurentien, qui creuse une partie du golfe et de l’estuaire, soit très profond, il s’arrête brusquement dans le coin de Tadoussac. S’en suit alors une folle course à obstacles de hauts-fonds*, d’îles et de passages étroits et peu profonds. Mais comme c’est LE meilleur accès pour le cœur économique de l’Amérique, l’humain a inventé et construit toutes sortes d’affaires pour favoriser les déplacements et le commerce. Il y a donc 15 écluses, 14 stations de pilotage et plein de phares et d’aides à la navigation pour voyager jusqu’à Duluth, à l’extrême ouest du lac Supérieur.

Un vraquier dans l’écluse Iroquois, en Ontario

Un fleuve pour tous

Même si beaucoup de gens voient la partie fluviale comme une rivière polluée, remplie de déchets et laissée à l’abandon, il reste que le Saint-Laurent, c’est la maison et la source de la vie d’une riche biodiversité et beaucoup de chercheurs, de citoyens, de commerçants le trouvent fascinant et se soucient de sa santé. Ceci dit, ce n’est pas faux de dire que le Saint-Laurent a beaucoup de problèmes : avec tous les ports et toutes les villes qui se sont construites sur ses rives (on se rappelle que plus de 80 % des Québécois habitent dans son bassin versant…), c’est super important de le protéger, de le célébrer et de l’apprécier. Et c’est ce qu’on fait!

Alors que tu sois un fan de poissons, d’oiseaux, de plancton, de baleines, d’épaves, de plongée, de kayak, de pêche, de navires, de phares, d’histoire, de croisières, de développement économique, de navigation, de géologie, d’hydrographie, le Saint-Laurent c’est LE cours d’eau par excellence pour rassembler tout le monde et assouvir toutes les passions!

Les rapides de Lachine, un bout du St-Laurent pour ceux qui aiment quand ça brasse!

NOTES 

* Haut-fond : « Élévation du fond de la mer ou d’un cours d’eau, dont le sommet est faiblement immergé et qui peut présenter un danger pour la navigation. » (Office québécois de la langue française).

Par Mélissa, responsable des programmes

Sources images :  GUEPE, Gilles San Martin, Wiki, Alain Forget

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Vedette du mois
Quenouilles vs roseaux

Il y a de la compétition dans les milieux humides du Québec! Les quenouilles et les roseaux s’affrontent. Vu que ces deux espèces herbacées recherchent le même type d’habitat, elles se retrouvent à jouer des coudes.

Il y a de la compétition dans les milieux humides du Québec! Les quenouilles et les roseaux s’affrontent. Vu que ces deux espèces herbacées recherchent le même type d’habitat, elles se retrouvent à jouer des coudes, ou de la feuille, comme tu veux, pour savoir qui prendra la place de l’autre. Ce qu’il y a à gagner? Le vainqueur s’octroie un accès prioritaire aux ressources essentielles à sa croissance et à sa survie (eau, nutriments, lumière).

Des quenouilles

Des roseaux

La loi du plus envahissant

En effet, ces deux espèces rivales aiment beaucoup l’eau. C’est pourquoi elles cherchent essentiellement à s’établir dans des milieux humides, dans des zones marécageuses ou, comme on peut souvent les voir, dans les fossés en bordure d’autoroutes. L’espèce la plus rapide à s’établir va facilement supplanter l’autre et c’est là le problème. Le roseau, aussi connu sous le nom de phragmite, ou Phragmitis pour les intimes, est une espèce exotique envahissante; elle ne vient pas d’ici et sa propagation est un big risque pour les espèces indigènes.  

Le développement du roseau exotique, imposante plante à longues feuilles et arborant un plumeau touffu, va créer de l’ombre sur les quenouilles qui sont des espèces héliophiles (qui ne peuvent pas se passer du soleil, un peu comme les snowbird). De plus, le phragmite a tendance à assécher le milieu et la quenouille a grandement besoin d’avoir les racines dans l’eau pour vivre. #h2o

Les quenouilles d’ici

Sur huit espèces de quenouilles répertoriées dans le monde, deux poussent en terres canadiennes : la quenouille à feuilles étroites (Typha augustifolia) et celle à feuilles larges (Typha latifolia). Il est assez difficile de distinguer en un coup d’œil ces deux espèces, car leurs caractéristiques sont très semblables. La quenouille se reconnait bien grâce à son « pogo » brun très distinctif. C’est le résultat de deux « têtes » qui se sont progressivement jointes ensemble. La partie supérieure (la fleur mâle) va tranquillement féconder la partie inférieure femelle qui elle est formée d’une multitude de graines. Apparaitra ainsi l’épi brun si familier qui va se disperser aux quatre vents quand il sera mature.

Un parfait petit nid

Des services rendus

Mais pourquoi est-ce si important de s’en faire pour ces pauvres quenouilles me diras-tu? D’abord, les quenouilles aiment se développer en colonies denses qui offrent un abri à de nombreuses espèces d’animaux comme :  

  • Le si mignon petit blongios, oiseau à statut vulnérable que tu peux observer au parc-nature du Bois-de-l’Île-Bizard;  
  • La bernache du Canada qui peut faire son nid loin des regards des prédateurs;  
  • Le rat musqué, qui s’en délecte, l’utilise comme matériaux pour sa hutte et comme abri contre le vent et les vagues.  

Des beaux « pogos »

De plus, ces cocons de biodiversité, grâce à leurs réseaux racinaires étendus, forment des ancrages solides qui stabilisent les rives en plus d’assurer une filtration naturelle. On parle de phytoremédiation, du grec phyto = plante, et du latin remedium = restaurer. Phytoquoi…? En gros, les plantes ont besoin d’eau et de nutriments pour pousser et elles vont chercher ces éléments vitaux dans le sol via leurs racines, jusque-là ça va?

Vu qu’il y a beaucoup d’éléments polluants dans le sol, et que ces polluants ressemblent souvent aux nutriments dont les plantes ont besoin, les plantes se trompent et les absorbent par erreur (ou parfois volontairement, on pourra y revenir). Donc les plantes accumulent les polluants dans leurs tissus et les stockent dans des petits compartiments hermétiques cachés dans leurs cellules : les vacuoles. Ça leur permet de ne pas souffrir des effets négatifs des polluants. Mais pourquoi elles ne les rejettent pas? Et bien parce que ça les protège des herbivores qui, quand ils se risquent à les manger, deviennent malades. C’est fascinant! Tellement fascinant que ça fait plus de 20 ans que les chercheurs se penchent sur ce sujet. D’ailleurs on te propose de lire cet article si tu veux creuser (#mauvaisjeudemot) le sujet.

L’heure du lunch

ALERTE FOODIES! Sache qu’au-delà du rôle écologique essentiel de la quenouille, ça se mange…! Ses rhizomes, des tiges souterraines servant de réserves alimentaires, à ne pas confondre avec les racines, peuvent être réduits en farine et sont riches en amidon, une sorte de glucose. D’ailleurs, les orignaux en raffolent tellement qu’ils peuvent plonger quelques mètres pour aller les dénicher. Sa tige peut aussi être pelée et son cœur mangé en salade comme les cœurs de palmier.  

Et finalement, pourquoi pas des « pogos » de quenouilles? Ce n’est même pas une blague! Les épis peuvent être récoltées, lorsqu’elles sont encore vertes, puis frites. Il parait même que c’est savoureux!  

Par Aymeric, éducateur-naturaliste

Sources images :  Pixabay, Pixabay, Jules Lamarre, PxHere

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Qc-Nature
Tourbières, ni lac, ni forêt

Les tourbières, ce ne sont ni des lacs, ni des forêts. Ce sont ces grandes étendues d’herbes hautes, souvent marécageuses et aux allures un peu lugubres. Il ne faut pas juger un livre à sa couverture dit le vieil adage…

Les tourbières, ce ne sont ni des lacs, ni des forêts. Ce sont ces grandes étendues d’herbes hautes, souvent marécageuses et aux allures un peu lugubres. Il ne faut pas juger un livre à sa couverture dit le vieil adage… Et c’est bien le cas ici : les tourbières fourmillent de vie! Autrefois considérées uniquement pour la production de tourbe qui servait au chauffage des maisons, on sait maintenant que les tourbières jouent un rôle ESSENTIEL pour la survie de notre environnement.  

La tourbière de Villeroy dans le parc régional des Grandes-Coulées, pas loin de Victo. Tourbière, made in Québec.

Alors les tourbières, c’est quoi?

Ce sont tout d’abord des milieux humides, c’est-à-dire des terres inondées ou saturées d’eau. Contrairement aux étangs et aux marécages, les tourbières sont composées de plusieurs couches de tourbe empilées les unes sur les autres. La première, d’une épaisseur de 50 cm est composée de mousse vivante (la sphaigne). Elle pousse par-dessus une large couche de matière organique morte, en décomposition lente. Cette dernière peut atteindre jusqu’à 10 m (!) de profondeur. La sphaigne, c’est un peu comme une éponge végétale qui peut accumuler jusqu’à 25 fois (!!) son poids en eau, d’où le floc-floc quand tu marches dessus! Ainsi, gorgée d’eau elle surnage à la surface des zones aquatiques et cela crée parfois des sortes de tapis flottants qui peuvent supporter le poids d’un grand orignal! Ce n’est pas toujours le cas, alors s’y aventurer peut être dangereux pour ton imperméabilité!  

Close up sur le tapis de sphaigne!

Il faut savoir que la majorité des tourbières ne datent pas d’hier. Les chercheurs estiment leur âge à 10 000 ans, à la fin de la période glacière. Elles se sont formées dans des dépressions (des gros trous creux dans le sol) où étaient accumulés des débris organiques (branches, feuilles mortes, restes d’animaux et insectes, etc.) qui se sont peu à peu transformés en tourbe. L’eau des tourbières est peu accueillante pour la vie. Elle est particulièrement acide (à cause de l’acide produit par la matière organique morte). Elle est aussi pauvre en nutriments et faible en oxygène. Le bon côté de ça, c’est que les microorganismes (bactéries et champignons) qui décomposent la matière organique ont besoin d’oxygène pour vivre. Pas d’oxygène = pas de microorganismes, donc pas (ou peu) de dégradation. C’est le secret de leur longévité impressionnante!

Mais comment les plantes peuvent-elles pousser dans cet environnement à première vue hostile? Ah les secrets de la nature!

La chimie des sphaignes

Pour comprendre comment la sphaigne se nourrit, on te ramène à tes cours de chimie… Attends! Tu vas voir, c’est cool! Pour pousser, la sphaigne a besoin de sels minéraux qui sont des ions positifs (Calcium Ca2+, magnésium Mg2+, potassium K+). Comme des aimants où les opposés s’attirent, la sphaigne va devenir négativement chargée pour attirer les sels minéraux positivement chargés. Elle fait ce tour de passe-passe en libérant des ions positifs dans l’eau sous forme d’hydrogène (H+).  

En parallèle, ces H+ libérés dans l’eau vont baisser le pH (aussi appelé le potentiel hydrique). Baisse du pH = augmentation de l’acidité = diminution de la dégradation dans les tourbières. C’est un peu le même principe que celui utilisé pour conserver les cornichons dans le vinaigre. Miam! Svp. Ne pas manger de tourbières (LOL).

Les droséras, des plantes carnivores, se retrouvent dans les tourbières.

Ça grouille de vie

Question végétation, il n’y a pas que la sphaigne dans les tourbières. Il y a aussi la canneberge, le thé du labrador, des lycopodes (petites plantes primitives), parfois des nénufars et des arbres comme des épinettes, des mélèzes ou des bouleaux. Il y a même des plantes qui ont développé une autre stratégie pour se nourrir : la chasse. Les droséras, les utriculaires ou la sarracénie sont des espèces de plantes carnivores qui, pour compenser le manque de nutriments disponibles dans la tourbière, vont piéger des insectes et les manger.  

Quand on te disait qu’elles fourmillent de vie, on ne mentait pas : des insectes comme des libellules ou certains papillons, des oiseaux comme des tétras, des parulines ou des bruants, mais aussi des mammifères comme des caribous, des orignaux ou encore des ours.  

Malheureusement, l’acidité de l’eau rend les tourbières peu favorables à la présence d’animaux aquatiques comme les poissons ou les amphibiens.

Spotlight sur les couleurs des tourbières, qui sont toujours extraordinaires! (Ici, la Spruce Bog, dans le Algonquin Park, en Ontario.)

Et plus

En plus d’avoir un rôle important de réservoir de biodiversité, les tourbières prennent soin de notre environnement. Elles sont capables de filtrer les eaux souterraines et même de stocker les gaz à effet de serre (GES) responsables du réchauffement climatique. Peu de monde le sait, ça vient tout juste d’être découvert, mais les tourbières, grâce aux sphaignes, stockent jusqu’à 5 fois plus de GES que les forêts (!!!). Tu peux maintenant te vanter que TOI tu le sais!

Malheureusement, ces milieux humides essentiels à notre planète sont en danger. Pendant longtemps, les tourbières étaient considérées comme des obstacles inutiles. C’est pourquoi dans certaines régions on les a drainées et remplacées par des exploitations agricoles, forestières ou minières. Les barrages hydroélectriques vont au contraire les submerger et les étouffer. Tout cela sans réfléchir aux conséquences. En effet, ces perturbations des tourbières libèrent le carbone qui y est emmagasiné depuis des milliers d’années #pauvrecalotteglacière et il faudra bien du temps pour que ces écosystèmes fragiles se renouvellent et reprennent leur superbe d’antan.  

Mal comprises pendant longtemps, les tourbières, ces vieilles sages, révèlent maintenant peu à peu leurs secrets à qui sait écouter.

Par Aymeric, éducateur-naturaliste

Sources images :  FraLambert, Jeff Delonge, Association AMV, Anne F. Préaux

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Choix du naturaliste
Mont Saint-Hilaire → minéraux → wéloganite

L’humain a découvert plus de 4000 minéraux différents sur Terre. Et le sous-sol au Québec n’a rien à envier au plus grand magasin de pierres précieuses.

L’humain a découvert plus de 4000 minéraux différents sur Terre et ce nombre continue d’augmenter. Tu ne seras pas surpris d’apprendre qu’on découvre ces petits nouveaux dans le sous-sol. Et il faut dire, que le sous-sol au Québec, spécialement dans la région métropolitaine, n’a rien à envier au plus grand magasin de pierres précieuses. La diversité des minéraux du Mont Saint-Hilaire est hallucinante. On met le spotlight sur un minéral bien de chez nous : la wéloganite.  

La magnétite : un minéral.

Minéraux ou roches?  

Les minéraux* se retrouvent naturellement sur notre planète. Ils sont solides et font partie des éléments non vivants de la nature (au même titre que l’eau et l’air). Comme tu as besoin de farine et d’eau pour faire un gâteau, les minéraux sont les ingrédients qui composent les roches. Pour ce qui est des différentes sortes de roche, on y reviendra.

Les minéraux peuvent être composés d’un seul type d’atome (tsé là… le tableau périodique) ou de plusieurs. Par exemple, le carbone compose le diamant et la magnétite est composée defer et d’oxygène. Ces atomes sont structurés dans l’espace pour former un motif en 3D qui est spécifique à chacun des minéraux. Prenons exemple des atomes de carbone : lorsqu’ils s’agencent d’une certaine façon ils peuvent donner un diamant. #blingbling Dans une autre configuration, ils peuvent aussi donner du graphite (c’est ta mine de crayon ça).  

Un minéral, en quantité suffisante et avec le temps nécessaire, prend généralement la forme d’un cristal. La nature, cette joaillière! Attention, il ne faut toutefois pas confondre la forme naturelle d’un cristal avec celle des pierres précieuses qu’on trouve sur les bijoux. Un cristal naturel, ça n’a rien à voir avec ce qui a été taillé ou poli par l’humain.

Québec gold minéraux

Savais-tu qu’au sud du Québec se trouve un mont ayant une très grande concentration de minéraux différents? Il s’agit du mont Saint-Hilaire**, une des fameuses Montérégiennes. Pour te rafraîchir la mémoire : les Montérégiennes, c’est une chaîne de monts qui s’étend d’Oka au mont Mégantic, et dont la création est toute une épopée. En résumé, du magma s’est infiltré dans la croûte terrestre, remontant des profondeurs de la Terre sans toutefois atteindre la surface. En refroidissant, ce magma a donné naissance à de la roche plus dur, avec une composition différente en minéraux. De plus, la roche avoisinante s’est métamorphosée par l’action de la chaleur et de la pression de ces remontées, transformant ainsi les minéraux tout autour de cette nouvelle roche.

Le mont en question, sur un lit de maïs

Alors le mont St-Hilaire, pourquoi il est cool? Il se démarque des autres Montérégiennes par sa diversité minérale (qui est entre autres la conséquence de son histoire géologique). Comme ce sont trois grandes remontés de magma qui sont à l’origine de sa formation, on y retrouve des roches âgées d’environ 120, 122 et 133 millions d’années. (Ce sont, de très vieilles roches.) On y a recensé 333 minéraux différents. De ce nombre, 37 ont été découverts pour la première fois sur ce mont. (Ok, ça peut sembler pas très impressionnant comme ça, mais 37, ça représente presque 1 % des 4000!) On y trouve des roches rares enrichies de certains éléments comme le zirconium et le titane. Qui dit roches rares, dit aussi minéraux rares. On te parle de notre pref : la wéloganite!

Notre wéloganite

Wélo- quoi?  

Bien que présente au mont Saint-Hilaire, la découverte de la wéloganite a eu lieu sur l’île de Montréal. Le mont Royal est aussi une Montérégiennes, pas étonnant qu’il y ait donc une similitude entre le sous-sol de Montréal et celui du mont Saint-Hilaire. (Comparaison : les chances sont élevées de trouver les mêmes traineries dans le sous-sol de mononcle Serge et de mononcle Gaétan). La wéloganite a également été trouvée dans deux autres carrières québécoises : à Montréal et à Varennes. Elle a aussi été observée au Manitoba et en Afrique du Sud. Il n’est pas impossible qu’elle se retrouve ailleurs sur la planète. Pour l’instant la wéloganite reste principalement associée à la grande région métropolitaine de Montréal. #cestcheznous

Ce minéral forme un cristal de couleur jaunâtre pouvant aller d’un jaune presque blanc à un jaune plus proche du citron. Parmi les éléments qui la composent, on retrouve du strontium et du zirconium.

C’est la minéralogiste Ann Sabina qui en a fait la découverte, en 1966. C’était lors de sa première visite à la carrière de calcaire Francon située à environ 8 km au nord du mont Royal. Le nom de ce minéral honore Sir William Edmond Logan***, le premier directeur de la Commission géologique du Canada qui a établi et cartographié les principales structures géologiques de notre pays (un monsieur important qui aimait les roches). Cette commission a été fondée en 1842. Si tu te rappelles tes cours d’histoire, cette date précède la création du Canada en tant que confédération. (C’est une très vieille commission.)

Envie de te remplir les yeux de minéraux?****

Ceux provenant du mont Saint-Hilaire peuvent être observés dans les collections du musée Redpath de l’Université McGill et au Musée canadien de la nature à Ottawa. Tu ne peux pas aller visiter par toi-même la carrière du mont Saint-Hilaire. MAIS si t’a envie de devenir géologue d’un jour, les membres du Club de minéralogie de Montréal y organisent parfois des excursions encadrées. C’est à ne pas manquer pour voir les joyaux de notre sous-sol!  

NOTES

* Pour réussir à identifier précisément un minéral, on peut aussi tester ses propriétés.

** C’est un merveilleux lieu connu également pour sa nature. On y trouve la Réserve naturelle Gault de l’Université McGill et le Centre de la nature du mont Saint-Hilaire. Ce mont fait partie d’une Réserve de biosphère de l’UNESCO. Disons que c’est une bonne place pour une rando!  

*** Le plus haut sommet du Canada, le mont Logan, au Yukon, a également été nommé en l’honneur de ce monsieur Logan.

**** C’est une expression, prière de ne pas te garnotter des roches dans les pupilles, merci.

Par Philippe, éducateur-naturaliste senior

Sources images :  Rob Lavinsky,  Guillaume Hébert-Jodoin, Didier Descouens  

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