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Découvrir la nature avec nos yeux d’expert.e.s

Parce que tu te demandes qu’est-ce qui se passe dans un cocon de papillon, comment se forme une tornade et comment les plantes communiquent... L'équipe de naturalistes de GUEPE a décidé de répondre à toutes tes questions, car la nature, ce n’est pas un mystère, c’est une science! Un.e naturaliste c’est quoi? En gros, c’est un.e spécialiste dont la mission première est de vulgariser les différentes sciences de la nature.

Chaque mois, on te présente une vedette, animale, végétale ou autre (oui, oui!), en plus des sujets préférés de nos naturalistes. Reste donc bien connecté.e. On va répondre aux questions de notre lectorat (incluant les tiennes) et on va aussi te proposer des places à visiter, des actions à poser, des trucs à voir et à lire. 

On te souhaite une bonne exploration de la nature!

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Vedette du mois
En vedette ce mois-ci : la rigueur

La rigueur est souvent synonyme de rigidité ou d’inflexibilité. Mais la rigueur, c’est aussi intrinsèque à la méthode scientifique. En ce cas, on fait plus référence à la précision et à la justesse.

Qu’on s’en serve pour qualifier un trait de caractère d’une personne sévère, illustrer la rudesse de l’hiver québécois ou critiquer une nouvelle politique économique, la rigueur est souvent synonyme de rigidité ou d’inflexibilité. Mais la rigueur, c’est aussi intrinsèque à la méthode scientifique. En ce cas, on fait plus référence à la précision et à la justesse. C’est une « qualité d’une personne ou du travail de recherche qu’elle accomplit, dont les propos, généralement d’ordre scientifique, présentent une grande exactitude et une logique inflexible », définit l’Office québécois de la langue française. La recherche scientifique est empreinte de rigueur.

Mais avant d’aller trop loin, la fameuse méthode scientifique, sais-tu ce que c’est? Même si certains l’apprennent depuis la première année du primaire, ça vaut quand même le coup de faire un petit rappel.  

Étudier l’espace, ça prend de la rigueur

Observer pour comprendre

La première étape, c’est l’observation. Tout ce qui peut être observé peut être étudié : les plantes, la météorologie, les mouvements sociaux… Et même notre planète! D’ailleurs, l’invention d’instruments d’observation tels que le microscope ou le télescope a permis d’ouvrir de nouvelles opportunités de recherche comme l’infiniment petit et l’infiniment grand. Mais attention à la reproductibilité! L’observation doit pouvoir être répétée par d’autres personnes, dans des lieux différents et selon des critères précis. Ici, pas de place pour les miracles!  

C’est à ce moment qu’on commence à s’interroger. En fonction de nos connaissances, de la littérature scientifique* et des observations qui nous semblent pertinentes, on se pose des questions sur les liens entre les différents phénomènes et on essaie d’expliquer les choses. On crée alors l’hypothèse : LA question qui décide et orientera la suite de la recherche. Cette étape-là, c’est un peu un art qui nécessite imagination et intuition. Mais attention! Il faut que l’hypothèse reste cohérente avec les acquis scientifiques.  

Étudier la nature, ça prend de la rigueur

Essayer et analyser

On est maintenant prêts pour l’expérimentation. Ici, les choses se corsent! On n’ira pas trop en détail. Dans certaines sciences, l’expérimentation passe par une observation encadrée comme en astronomie, paléontologie ou climatologie. Pour d’autres, telles que la physique, la chimie ou la biologie, c’est le temps de l’expérimentation. Pour cela, le scientifique doit établir une méthodologie et contrôler les conditions dans lesquelles l’expérimentation aura lieu. Celle-ci doit être reproductible. Les résultats seront analysés et interprétés en fonction des connaissances actuelles pour en arriver à une conclusion. Est-ce que mon hypothèse de départ est vérifiée ou non? En partie? Quels éléments seraient à modifier?

Finalement, les chercheurs publient leurs travaux dans des revues savantes où le tout sera validé par d’autres spécialistes afin de garantir la crédibilité. C’est ce qu’on appelle dans le jargon « la révision par les pairs ». Enfin, une panoplie d’autres chercheurs feront des études similaires. Arriver à un consensus scientifique et des constats solides est un processus lent, qui nécessite essais et erreurs pour avancer.  

En bref, la science prend du temps et la méthode scientifique impose la rigueur : chaque étape doit être réalisée dans la plus grande exactitude, chaque avancée est discutée par les autres scientifiques et chaque étude doit et sera répétée pour confirmer les conclusions.  

Des ajustements nécessaires

Même si la science reste très rigoureuse, il y a parfois des erreurs qui s’y glissent. Après tout, elle est pratiquée par les humains. Et qui est parfait? Aussi, au fur et à mesure qu’on fait des découvertes, il faut ajuster certains éléments en fonction des nouvelles connaissances.  

Par exemple, pour les animaux ou les végétaux, de nouvelles familles sont créées au fur et à mesure que l’on comprend leurs origines et leurs liens entre eux grâce à la génétique. En 2010, une nouvelle famille d’oiseaux est créée pour les balbuzards. Alors qu’ils étaient avant dans la même famille que les aigles, la structure particulière de leurs pattes et de leurs serres les distinguent des autres oiseaux. (Cette science qui étudie les organismes vivants et tente de les classer en familles, genres, espèces, c’est la taxonomie!)  

Étudier le sol, ça prend de la rigueur

Mais alors, faut-il continuer à avoir confiance en la science? Elle est constamment mise à jour en fonction de nouvelles découvertes. C’est ce qui distingue la science et « c’est justement parce que la science a ce pouvoir de se remettre en question qu’on doit continuer à lui faire confiance… », écrivait d’ailleurs Valérie Borde dans L’actualité. Pour notre part, il est possible d’en apprendre sur la science et sur la quête de la rigueur afin d’atteindre ces objectifs. Pourquoi ne pas appeler une bernache une outarde**? Et pourquoi ne pas laisser place à notre imagination, se poser des questions et comprendre que parfois, on ne sait pas encore la réponse? ¯_(ツ)_/¯

NOTES

* La littérature scientifique, c’est l’ensemble des encyclopédies, des méta-analyses, des articles scientifiques, des comptes-rendus et des thèses qui constituent les connaissances scientifiques.  

** Tu ne savais pas qu’il y a une différence entre une bernache et une outarde? Lis ceci!  

Par Andréanne, éducatrice-naturaliste senior et coordonnatrice des activités Charlevoix

Sources images :  NASA, Dewhurst Donna, USFWS, John A. Kelley, USDA Natural Resources Conservation Service

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Quoi faire?
Notre randonnée de mai : le Mont-du-Lac-des-Cygnes

Ça y est le printemps est là! À la vue des bourgeons, des premières fleurs et au chant des oiseaux, t’as qu’une seule envie : aller enfin te dégourdir les pattes en pleine nature!

Ça y est le printemps est là! À la vue des bourgeons, des premières fleurs et au chant des oiseaux, t’as qu’une seule envie : aller enfin te dégourdir les pattes en pleine nature! Ça tombe bien, on a la proposition parfaite de randonnée incroyable pour toi! Tu aimes t’immerger dans la végétation nordique, les gros cailloux et les beaux points de vue? Ta destination idéale de randonnée, c’est le Mont-du-Lac-des-Cygnes dans Charlevoix!

C’est la star du parc national des Grands-Jardins, avec son point de vue à couper le souffle (du souffle y en a, alors n’oublie pas ta petite laine) et son histoire géologique atypique. À 1 h 30 de route de Québec, tu te stationnes au centre de services au km 21 de la route 381. Après avoir rempli ta gourde, tu commences ton ascension. Deux choix s’offrent à toi, mais tous les chemins mènent en haut du Mont-du-Lac-des-Cygnes! Si tu es du type randonneur expérimenté, prends le sentier Le Pioui avec 10,4 km à travers la végétation arctique-subalpine et une petite tourbière à pergélisol*. Pour le marcheur tranquille, le sentier Mont-du-Lac-des-Cygnes (8,6 km) emprunté depuis 1930 te permettra de faire une pause pique-nique devant le lac Georges, créé par un ancien glacier, l’Inlandsis laurentidien**.

Quel que soit ton choix, le passionné*** de la nature en toi sera ravi par la multitude d’espèces végétales et animales croisées en chemin! La végétation traversée témoigne des épidémies d’insectes et des anciens feux qui ont ravagé la région, et qui ont été succédés par des forêts de peupliers faux-tremble, de bouleaux blancs, de sapins baumiers ou encore d’épinettes noires. Côté faune, le tétras du Canada (l’emblème du Parc des Grands-jardins) te fera peut-être une démonstration de sa parade nuptiale ou tu pourrais observer les traces de nombreux mammifères tels que l’ours noir. Il est même possible que tu aies la chance de croiser le troupeau de caribous qui réside dans le parc! Proche du sommet, dans le cœur de la toundra québécoise, garde les yeux ouverts pour un porc-épic en quête de nourriture! (Moi-même, j’en ai vu!)  

Un tétras mâle avec son beau sourcil rouge!

À 980 m d’altitude, on arrive enfin au sommet et au point de vue tant attendu. Une passerelle en bois est aménagée au milieu de la végétation montagnarde subalpine, pour ne pas piétiner cet écosystème fragile. On est presque arrivé, et on sent que l’air est plus frais près des nuages. Attention aux rafales parfois fortes! Tiens bien tes affaires, t’as pas envie d’aller chercher ton chapeau tout en bas! Avant d’aller jeter un coup d’œil au belvédère, n’hésite pas à te poser sur les gros cailloux qui jonchent le sol pour une petite collation. Ça fera une belle histoire à raconter à Noël! Ça y est, t’as bien repris des forces? C’est le moment de profiter de ta récompense : la vue depuis le sommet du Mont-du-Lac-des-Cygnes. C’est beau hein? On peut contempler la vallée de la rivière du Gouffre, le massif laurentien, et on voit même le Saint-Laurent!  

Et la géologie, tu me diras? Les nerds des roches ne seront pas en reste après leur passage au Mont-du-Lac-des-Cygnes! On en a déjà parlé : le Mont-du-Lac-des-Cygnes fait partie du Cratère de Charlevoix (ou plutôt l’astroblème). Il est situé sur sa bordure. C’est d’ailleurs du haut du Mont qu’on peut bien l’observer et imaginer la taille gigantesque que devait avoir la météorite pour laisser une trace pareille! En plus du cratère, le Mont-du-Lac-des-Cygnes, massif d’âge précambrien, regorge de traces laissées par la fonte du glacier, il y a 10 000 ans. Pour plus de détails, prends le temps de bien lire les panneaux d’interprétation le long des sentiers. C’est passionnant!

Ah oui, j’oubliais! Une dernière anecdote pour la route! Pourquoi ça s’appelle le Mont-du-Lac-des-Cygnes? Tu n’en croiseras pas beaucoup sur le sentier, des cygnes… On pourrait penser que c’est à cause de la silhouette du lac. Pas si fou, car au sud, on trouve un lac dont le nom correspond à sa forme! Mais son nom ne viendrait ni de son contour, ni de cygnes qui s’y baignent. Un mystère donc à éclaircir plus tard!

Bonne randonnée!

NOTES

* Le pergélisol est une couche du sol qui est à une température inférieure ou égale à 0 °C pendant au moins deux ans. Au Canada, près de 50 % de la surface présente une sous-couche de pergélisol.

** L’Inlandsis laurentidien est la calotte glacière qui recouvrait le Québec et le Canada jusqu’à la limite de la Colombie-Britannique durant l’âge Wisconsinien (il y a 80 000 à 10 000 ans). Il s’est retiré il y a environ 10 000 ans et a laissé derrière lui plusieurs étendues d’eau dont les Grands Lacs nord-américains et le fleuve Saint-Laurent.

*** Toutes les passionnées de nature, on pense à vous aussi! On voulait simplement alléger le texte à l’aide du masculin. #chumsdefilles

Par Julie, éducatrice-naturaliste spécialiste

Sources images : Claudine Lamothe, Tom Murray

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Question du public
Difficiles à identifier

La nature renferme bien des trésors qui sont difficiles à identifier! Deux espèces peuvent se ressembler, comme le pic mineur et le pic chevelu. Entre nous, le dimanche après-midi, c’est ben correct de les appeler des pic bois!

« Pouvez-vous m'aider à différencier les bernaches des outardes? »

La nature renferme bien des trésors qui sont difficiles à identifier! Deux espèces peuvent se ressembler morphologiquement, comme le pic mineur et le pic chevelu. On les distingue surtout par leur taille et la longueur de leur bec. Entre nous, le dimanche après-midi, c’est ben correct de les appeler des pic bois! Par contre, si tu écris une thèse sur les oiseaux forestiers, faudra faire l’effort de préciser. Une rigueur scientifique s’applique afin de nommer correctement l’espèce!

À droite, un pic mineur, le plus petit des pics du Québec, et à gauche un pic chevelu

Ce qui n’est pas correct du tout, ce sont les erreurs de langage qui se perpétuent avec le temps et dont le nom utilisé ne correspond pas, mais pas du tout, à l’animal en question. Il correspond plutôt à un autre animal! C’est comme si on appelait les Backstreet Boys « NSYNC ». Bien que les deux soit cool, ce n’est PAS pareil! On va découvrir 3 erreurs qu’on entend encore aujourd’hui qui sont apparues suite à l’arrivée des Européens en Amérique du Nord au 16e siècle. Les colons nommaient la faune et la flore par des ressemblances. (La science n’était pas encore assez avancée pour les classer autrement.)  

Ça dure depuis longtemps… et c’est le temps de changer!  

Confusion chez les oiseaux

Peux-tu nommer cet oiseau?

Certains vont dire que c’est une bernache, et d’autres, que c’est une outarde. C’est pourtant simple! En Amérique du Nord, il n’y a pas d’outardes! Les outardes sont des oiseaux présents en Europe, Asie, Afrique et Australie. (Ça, c’est une outarde!) À bien les regarder, elles sont très différentes. Je ne pense même pas qu’on ait besoin t’expliquer pourquoi. Au Canada, c’est donc le terme bernache du Canada qu’on devrait utiliser.

Embrouille de cervidés

Peux -tu nommer ce mammifère?

La réponse « chevreuil » sera très populaire! Mais ce n’est pas correct, car il s’agit d’une espèce différente de cervidé. La bonne réponse est cerf de Virginie. C’est surtout la taille qui va grandement les différencier! Le chevreuil est beaucoup plus petit (maximum 110 cm de long et hauteur d’épaule à 80 cm; alors que le cerf de Virginie peut atteindre 215 cm en longueur et une hauteur d’épaule de 120 cm). Le chevreuil est un cervidé absent d’Amérique du Nord, tu n’auras pas la chance de le croiser!  

Pas facile, les oiseaux…

Connais-tu cet oiseau?

Il s’agit d’un oiseau qui est plus difficile à observer en nature à cause de son camouflage! Son véritable nom est gélinotte huppée. Cependant, on entend souvent le mot « perdrix », qui est un nom vernaculaire… C’est-à-dire qu’il regroupe plusieurs espèces. C’est pratique dans le langage courant, mais un peu moins scientifiquement! Ça peut générer de la confusion parce qu’il y a une seule espèce qui s’appelle réellement perdrix au Canada et il s’agit de la perdrix grise. (On ne veut pas commencer à appeler tous ces oiseaux « perdrix » comme on appelle tous les papiers mouchoirs « Kleenex »…) Notre perdrix canadienne est, en fait, une espèce introduite. Comme tu t’en doutes, elle provient d’Europe! D’autres espèces sont également souvent fautivement appelées « perdrix » et il ne faut pas les confondre entre elles. Il y a notamment le tétras du Canada et le lagopède des saules.  

À toi maintenant d’utiliser les bons mots! Bernache, cerf de Virginie ou gélinotte huppée… Tu pourras infliger des gages à tes amis qui utilisent des mots qui ne font pas de sens, finalement!  

Par Aurélien, chargé des projets

Sources images :  Eric Bégin, Eric Bégin, Sheila Brown, Sheila Brown, Wiki

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Qc-Nature
Niches écologiques : la colocation

Pour partager le même habitat, chaque espèce doit occuper une niche écologique différente, c’est-à-dire utiliser différemment les ressources du milieu. C’est un peu comme de la colocation entre des espèces d'un milieu.

Pour partager le même habitat, chaque espèce doit occuper une niche écologique différente, c’est-à-dire utiliser différemment les ressources du milieu. Deux espèces ne peuvent pas vivre dans le même milieu, manger la même nourriture, se cacher au même endroit et faire tout ça au même moment de la journée et de l’année. La compétition entre les deux espèces serait juste trop grande pour permettre la survie des deux.

Avant d’aller plus loin, il est important de ne pas confondre la niche d’une espèce et le territoire. La délimitation d’un territoire se fait entre les individus d’une même espèce, afin que chaque individu, ou groupe, ait assez d’espace pour trouver ce dont il a besoin. Alors qu’une espèce occupe une niche par rapport aux autres espèces qui cohabitent avec elle dans le même espace.

Sans se piler sur les pieds

À travers le temps et l’évolution, chaque espèce a trouvé sa niche. C’est-à-dire que l’espèce a fini par développer des préférences de lieux et de moments pour s’abriter, se nourrir et se déplacer, afin de réduire la compétition avec les autres espèces présentes dans le même habitat. Ainsi, un plus grand nombre d’espèces peut vivre ensemble sans se piler sur les pieds.

C’est un peu comme de la colocation entre des espèces différentes dans la nature. Elles partagent le même appartement, soit le même habitat, et pour que la colocation se passe bien, les colocataires doivent utiliser la salle de bain chacun à leur tour et s’entendre sur le partage de la nourriture. De plus, si tout le monde a exactement le même horaire de la journée, l’utilisation de pièces communes finit par être difficile. Flashback au contrat de colocation de la série The Big Bang Theory. Bon, ce n’est peut-être pas nécessaire d’être aussi intense que de Sheldon Cooper et de régimenter l’usage de la salle de bain…

Distribution et compromis

Dans la nature, il y a une quantité limitée de ressources (nourriture, abri, lumière, eau, etc.) et les espèces présentes peuvent compétitionner pour se les approprier. Le concept de niche écologique peut donc également être vu comme un moyen trouvé par la nature pour optimiser la distribution de ces ressources afin de permettre aux plus grand nombre d’espèces d’y vivre et donc favoriser la biodiversité.

Et comme en colocation, il faut parfois faire des compromis. En nature, la niche écologique qu’une espèce pourrait occuper si les espèces compétitrices étaient absentes du milieu, sa niche fondamentale, n’équivaut pas nécessairement à celle qu’elle occupe en présence de toutes les autres. En réalité, il se peut qu’elle soit limitée à une plus petite niche, sa niche réelle, qui est observée en milieu naturel.  

Où et quand s’installer

Du tussilage qui profite du soleil entre les branches

Puisque la lumière est essentielle aux plantes et que, l’été, les grands arbres de la forêt font de l’ombre au sol, certaines plantes (principalement celles que l’on appelle les fleurs printanières) vont émerger du sol tôt au printemps (juste après la fonte de la neige) afin de profiter des rayons du soleil qui se rendent jusqu’à elles en l’absence du feuillage des arbres. Les plantes au sol vont généralement garder leurs feuilles tout l’été dans le but d’accumuler suffisamment d’énergie afin de sortir tôt l’année suivante. Certaines produisent même une fleur avant les autres et avant leur propre feuillage (comme le tussilage). Ainsi, différentes plantes réussissent à coexister au même endroit parce qu’elles se développent et fleurissent à différents moments.

La grande majorité des oiseaux doivent construire un nid pour y pondre leurs œufs. Différentes espèces d’oiseaux se sont donc trouvé des endroits différents pour en construire : certaines le font directement au sol, d’autres, dans les arbustes, à la cime des arbres ou encore dans des troncs d‘arbres. Les oiseaux peuvent ainsi se partager l’espace tout en nidifiant à la même période.

Quoi et comment manger

Un pic flamboyant qui mange des bibittes au sol

Les insectivores (les animaux qui raffolent des bibittes) chassent chacun à un endroit et à un moment différent. Les hirondelles et les chauves-souris attraperont les insectes dans le ciel en plein vol, mais le premier le fera le jour et le deuxième, la nuit. Le grand pic cherchera les insectes dans le tronc d’un arbre en creusant des trous, alors que le pic flamboyant les cherchera sur le sol. N’oublions pas les taupes, qui attrapera les insectes directement sous terre.

Même les carnivores peuvent partager leur habitat et parfois même leurs proies. Certains seront des prédateurs qui chasseront un animal pour s’en nourrir, alors que d’autres seront plutôt des charognards qui se nourriront de la carcasse des animaux morts qu’ils trouveront, telle qu’une proie abandonnée par un prédateur ou animal mort d’une autre raison.

Au final, pour bien cerner la niche écologique d’une espèce (animale, végétale, etc.), il faut observer l’habitat où elle vit et déterminer sa place dans celui-ci. On peut se demander : « À quel moment de la journée est-elle active? À quel moment de l’année y est-elle présente? De quoi ce nourrit-elle? Où trouve-t-elle sa nourriture? Quelle place occupe-t-elle dans la chaîne alimentaire? Où s’installe-t-elle? Comment se met-elle à l’abri? » À l’aide de toutes ces questions il est possible de trouver des différences entre des espèces qui peuvent, au premier abord, sembler faire la même chose.

Par Philippe, éducateur-naturaliste senior

Sources images : Rodney Campbell, PxHere

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Ailleurs
Le golfe du Saint-Laurent : un incontournable

Situé à 1780 km de la source du fleuve, le golfe du Saint-Laurent débute officiellement à Pointe-des-Monts, où l’estuaire se termine. On appelle cet incontournable une mer intérieure, qui fait environ 240 000 km2.

DOSSIER : FLEUVE SAINT-LAURENT

Situé à 1780 km de la source du fleuve, le golfe du Saint-Laurent débute officiellement à Pointe-des-Monts, où l’estuaire se termine. Il est bordé par la Gaspésie, la Côte-Nord et les provinces des maritimes. C’est aussi ici qu’on trouve les populaires Îles-de-la-Madeleine et d’Anticosti. Le golfe s’ouvre sur l’océan Atlantique par le détroit de Cabot (entre Terre-Neuve et le cap Breton) et le détroit de Belle Isle (pas loin de Blanc-Sablon). On appelle cet incontournable (on ne peut littéralement pas le contourner…), une mer intérieure (qui fait environ 240 000 km2, soit juste un peu plus petit que le Royaume-Unis). Sa position, son fond et ses eaux, salées, en font un bassin de biodiversité unique au monde. C’est en quelque sorte, la porte d’entrée de la province, du pays, et c’est, on va se le dire, une porte spectaculaire.

Le fond

C’est quand on se penche sur le fond du golfe (en prenant un grand souffle) qu’on comprend comment ce gros échangeur d’eau fonctionne. D’abord, il faut savoir que les eaux douces proviennent des Grands Lacs. Elles s’écoulent le long de la côte de la Gaspésie, suivant le courant qui passe par les hauts-fonds des Îles-de-la-Madeleine. En contrepartie, de l’eau entre dans le golfe par les détroits. L’eau douce reste en surface, tandis que les eaux froides océaniques arrivent par le fond. Et pas n’importe quel fond! Elles sont guidées par le Chenal laurentien. C’est une immense dépression de 1500 km entre l’océan et l’estuaire (une grosse craque de 300 m de profondeur…). Ce chenal, c’est la personnalité du golfe : salty, mais doux à la fois, brut, puissant, mais ô combien profond. Il influence les courants et dicte les voies maritimes.

Un habitué du golfe : le traversier qui quotidiennement traverse le détroit de Cabot entre la Nouvelle-Écosse et Terre-Neuve. Deux trajets, de 7 ou 16 h, sont possibles pour les voyageurs. Ce n’est pas un petit détroit.

Des ressources à exploiter

Le golfe du Saint-Laurent est une voie de transport maritime incontournable. Il est aussi une source de pêche importante au Canada. Au Québec, bien avant l’arrivée des Européens, les Mi’kmaqs et les ancêtres des Inuits (qui ont laissé des traces dans le sud du Labrador) auraient profité de l’abondance de poissons dans le golfe. C’était le même scénario sur les côtes des Maritimes. Les Scandinaves, les Basques et les Bretons y pêchaient le poisson (bien avant que Christophe Colomb décide qu’il ait découvert l’Amérique…). La chasse à la baleine, le développement des ports et de la voie maritime du Saint-Laurent ont, au cours des derniers siècles, a transformé le golfe en joyau économique. Malheureusement, la pollution, la destruction des habitats (entre autres à cause des techniques de pêche), la surexploitation des espèces (comme la morue franche) et la modification des berges menacent le maintien des écosystèmes maritimes du fleuve, sur lesquels de nombreux Canadiens dépendent.  

Biodiversité

Juste 4 ou 5 fous de Bassan...

Les pressions de l’essor économique imposent de nombreux défis sur le golfe et affectent grandement sa biodiversité. Mais le golfe, c’est un combattant et il grouille de vie. Le mélange des températures des eaux salée et douce dans cette zone semi-fermée (et principalement peu profonde) crée un environnement très productif qui favorise une diversité d’organismes. Phytoplancton, zooplancton, invertébrés aquatiques, poisons en tous genres, oiseaux marins jusqu’au plus gros mammifère marin de la planète (lire ici la baleine bleue); tous profitent du bassin principal, mais aussi des autres milieux créés par le golfe. Les marais côtiers, les falaises, les rives rocheuses, les zones de balancement des marées et les fonds marins accueillent des centaines d’espèces (animales et végétales).  

Savais-tu qu’on trouve dans le golfe des tortues luth, notre seule tortue marine? Il y a aussi des requins en abondance. As-tu déjà entendu parlé de papillons, de soleil et de poules dans le golfe? Le papillon de mer, un mollusque semi-transparent, le soleil de mer épineux, une étoile de mer, et la petite poule de mer atlantique, un poisson au drôle de look, ne sont que trois des locataires du golfe. Ajoutons à ça les méduses crinière de lion, les sébastes, les phoques du Groenland, les pétoncles géants, les raies épineuses… Mention spéciale pour les colonies spectaculaires de fous de Bassan et les magnifiques puffins des Anglais qui sont des incontournables de notre mer intérieure.  

L’adorable phare de Miscou, qui tient avec des cables d’acier parce que le golfe amène des tornades de vent!

Alors, bien que ses habitats soient grandement affectés par notre présence et notre utilisation du fleuve, il reste que la nature trouve toujours son chemin*. Le golfe, dans toute sa splendeur, ne se laissera pas faire. Alors que ce soit sur un quai à Blanc-Sablon, à travers le trou du Rocher Percé, sur un traversier au milieu du détroit de Cabot ou directement de la côte de Terre-Neuve, sur le haut d’une falaise des Îles, au phare de Miscou au Nouveau-Brunswick ou entre deux monolithes de l’Archipel-de-Mingan, il n’y a rien comme les marées et l’air salin qui rappellent que le golfe, il est là pour rester.  

NOTES

* Mais cela ne veut surtout pas dire qu’on ne devrait pas faire tout ce qu’on peut pour éviter de causer d’y causer des dommages! D’ailleurs, le gouvernement a récemment annoncé la création de 17 nouvelles réserves de territoires aux fins d’aire protégée, soit 11 dans le golfe du Saint-Laurent et 6 dans l’estuaire!

Par Anne-Frédérique, éducatrice-naturaliste senior

Sources images : Michel Rathwell, D. Gordon E. Robertson, Dennis Jarvis

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