La mer de Champlain

17/9/2019
Qc-Nature

Il y a 12 000 ans, si on avait été là, on ne serait pas assis dans nos salons, mais bien en train de nager sous des tonnes d’eau. Nager dans une immense mer qui recouvrait la partie sud du Québec. C’est cette eau préhistorique qui a façonné le Québec comme on le connaît aujourd’hui. Cette mer, c’était la mer de Champlain.


Après la dernière glaciation, elle couvrait à son plus grand la vallée du Saint-Laurent actuelle, incluant les villes actuelles d’Ottawa (A), Montréal (B) et Québec (C). On sait, à grand coup d’études géologiques, que son profil (sa salinité, sa profondeur, son étendue) a grandement varié pendant son existence. C’est donc difficile de la qualifier adéquatement. On sait par contre qu’avant la mer de Champlain, on retrouvait des grands lacs d'eau douce qui ont fini par être connectés à l’océan, laissant entrer de l'eau salée dans ce réseau d’étendues d’eau. On divise aussi la grande mer en plusieurs sections : la mer de Goldthwait en amont de Québec, le golfe de Laflamme dans la vallée du Saguenay et autour du Lac St-Jean, puis la mer de Champlain couvrait le reste. Dans ce temps-là, les Montérégiennes étaient des îles et le Cap Diamant à Québec, une illusion sous-marine.


Aujourd’hui, sur une bonne partie du Saint-Laurent, si on se tient d’un côté, on peut facilement voir l’autre rive. Pour te donner une idée de son l’ampleur, à l’époque de la mer de Champlain, c’était impossible. On dit que l'île de Montréal était sous environ 90 mètres d’eau. Le toit du Stade olympique aurait été submergé, les premiers étages du Château Frontenac aurait été inondés et la colline parlementaire était probablement un récif aquatique.


Comment c’est arrivé?

Dans l’ancien temps (comme qu’on dit), il y avait un glacier continental (ou inlandsis) qui recouvrait la partie est du Canada (et quand on dit « est », on dit « à l’est des Rocheuses », donc l’est avec un grand E). Ce glacier, l’Inlandsis laurentien, faisait pas moins d’un kilomètre d’épaisseur. C’était un gros morceau. Ce glacier a laissé des traces partout au pays. Au Québec, la forme des cours d’eau suivent les déplacements du glacier.

Puis, il y a 12 000 ans, le glacier a commencé à fondre. La glace quand ça fond, ça fait de l’eau. Cette eau, elle couvrait une grande partie du territoire québécois. Et en fondant, le glacier a « libéré » le contient qui s’est soulevé. C’est un peu comme si la Terre était une éponge, qu’on avait écrasée avec le glacier. Quand on a retiré le poids de la glace, elle a pu reprendre sa forme normale. Une vallée s’est formée et l’eau de fonte s’est glissée dans la dépression et s’est installée là pour une couple de milliers d’années. C’était la mer de Champlain (avec sa chum Goldthwait et son cousin Laflamme).

Dans toute cette belle famille d’étendues d’eau aux dimensions extravagantes, (comme dans toutes étendues d’eau), il y a eu une accumulation de sédiments dont beaucoup de sable et des restants d’organismes vivants morts (animaux et plantes), sur des centaines de mètres d’épaisseur.


Le Saint-Laurent et ses basses-terres

Les répercussions du rebond

Lentement, mais sûrement, le continent a continué de se soulever. La mer s’est progressivement retirée. Elle a laissé sa place à un lac immense, le lac Lampsilis, qui lui aussi a fini par être repoussé par la croûte terrestre en soulèvement. Après le rebond du sol, on s’est retrouvé avec une bande d’eau, le fleuve St-Laurent, une cople de lacs fluviaux et des lacs ordinaires, dont le lac Champlain.

Ce bounce back a pris des centaines de milliers d’années pour se faire, les sédiments ont eu en masse le temps de se coller pour former de la belle roche sédimentaire, ce qui compose aujourd’hui la majeure partie du sol des basses-terres du St-Laurent. Ce sol est très riche (entre autre à cause des résidus organiques dedans), il est fertile et parfait pour l’agriculture. C’est pas pour rien que les Haudenosaunee (anciennement nommés Iroquois) avaient choisi la vallée du fleuve pour s’installer et cultiver les terres. Aujourd’hui, cette région reste la plus productive de toute la province.

Ce n’est pas rare de trouver des coquillages blancs au milieu des champs qui bordent le fleuve (même à une cinquantaine de kilomètres de ses rives). À Montréal, en ouvrant le yeux, on peut trouver des fossiles, comme près du ruisseau de Montigny. C’est assez cool de penser qu’aujourd’hui, des millions de personnes habitent ce qui était autrefois la mer de Champlain.

Par Anne-Frédérique, éducatrice-naturaliste

Sources images : GUEPE, Wiki

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