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Découvrir la nature avec nos yeux d’expert.e.s

Parce que tu te demandes qu’est-ce qui se passe dans un cocon de papillon, comment se forme une tornade et comment les plantes communiquent... L'équipe de naturalistes de GUEPE a décidé de répondre à toutes tes questions, car la nature, ce n’est pas un mystère, c’est une science! Un.e naturaliste c’est quoi? En gros, c’est un.e spécialiste dont la mission première est de vulgariser les différentes sciences de la nature.

Chaque mois, on te présente une vedette, animale, végétale ou autre (oui, oui!), en plus des sujets préférés de nos naturalistes. Reste donc bien connecté.e. On va répondre aux questions de notre lectorat (incluant les tiennes) et on va aussi te proposer des places à visiter, des actions à poser, des trucs à voir et à lire. 

On te souhaite une bonne exploration de la nature!

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Les espèces qui brillent

On a parlé de la bioluminescence et des lucioles, mais connais-tu vraiment tout sur les espèces qui brillent? Cet article te feras faire un tour du monde des espèces brillantes qui t’en mettra plein les yeux!

Ce mois-ci, tout ce qui brille est décidément à l’honneur! On a parlé de la bioluminescence et des lucioles, mais connais-tu vraiment tout sur les espèces qui brillent? Cet article te feras faire un tour du monde des espèces brillantes qui t’en mettra plein les yeux!

Pourquoi ça brille?

On a déjà expliqué ce qu’est la bioluminescence, ce procédé chimique qui permet à de nombreux animaux de briller. C’est ce qui est notamment utilisé par les lucioles ou le krill pour briller dans le noir. Pour rappel, l’émission de lumière peut avoir différentes utilités dans le monde animal : ce peut être pour attirer la gent féminine, attirer ses proies, dissuader les prédateurs… et, pour beaucoup, on ne sait juste pas encore à quoi ça sert! Puisque que chacun utilise de ce charme pour différentes causes, le mieux c’est qu’on fasse un tour de cas par cas!

Les lumineux aquatiques

Si tu as lu l’article du début du mois sur la bioluminescence, tu es déjà familier(ère) avec le calamar d’Hawaï et la baudroie abyssale (qu’on connait aussi sous le nom de poisson lanterne), qui utilisent tous les deux la bioluminescence pour deux raisons différentes, mais il existe bien d’autres bestioles aquatiques qui brillent!

Aussi étonnant que ça puisse paraître, le krill de l’Antarctique, cette petite crevette qui nourrit les phoques, pingouins et autres oiseaux marins, peut produire une lumière jaune ou verte pendant 3 secondes. Cette lumière permettrait d’éviter les prédateurs des profondeurs en se confondant avec les reflets du soleil et de la glace en surface.

Le krill qui brille

Un exemple étonnant de l’utilisation de la lumière en milieu aquatique est celui des ophiures (qui ressemblent beaucoup à des étoiles de mer). Ces animaux peuvent illuminer un de leurs bras et le détacher pour leurrer leur prédateur. Pendant que le prédateur ingère le bras, l’ophiure peut s’éloigner subtilement. Et en bonus, le bras va briller dans l’estomac du prédateur. Ceci qui le rendra visible à de plus gros prédateurs! Tel est pris qui croyait prendre!

Enfin, pour finir sur le milieu aquatique, revenons sur les vagues lumineuses qu’on peut observer sur certaines plages tropicales, telles que la Mosquito Bay à Porto Rico. Ces micro-organismes lumineux, ce sont des dinoflagellés, des algues microscopiques du plancton. Si elles brillent avec une lumière bleue, c’est parce qu’elles activent un signal d’alarme à l’approche d’un prédateur. Bien moins paisible que ce que l’on pourrait imaginer!

On pourrait parler longtemps des espèces aquatiques qui brillent, mais puisqu’il faut parler aussi des terrestres, si tu veux en lire plus n’hésite pas à « googler » le cas des méduses, du calamar luciole, des cténophores, de la hache d’argent diaphane (c’est un poisson, pas une arme hein!) ou encore des poissons-dragons.

Les lumineux forestiers

Retour sur la terre ferme, je parie qu’à part les lucioles tu n’as pas vraiment d’idée de ce qui brille dans la forêt. Pourtant, même si la lumière y est moins utilisée que dans les profondeurs marines, on retrouve bien des êtres vivants qui brillent!

Il n’y a pas que les animaux qui peuvent utiliser la bioluminescence, comme le démontrent plusieurs champignons. Et pas besoin d’aller dans des endroits très exotiques. Même si beaucoup de champignons lumineux se trouvent en Océanie, plusieurs peuvent être observés en Amérique du Nord ou en Europe!

Chez les champignons, la bioluminescence résulte du même procédé que chez les animaux. Pour ces mycètes* présents sur le bois mort, on appelle ça Foxfire (littéralement « feu de renard ») ou encore Feu de fée. La raison pour laquelle ils utilisent la lumière n’est pas très claire. On suppose que cela pourrait servir à attirer les petites mouches qui dispersent les spores, ou comme signal d’avertissement contre les mammifères se nourrissant de champignons.

Ce phénomène étant connu depuis longtemps, il a donné naissance à plusieurs mythes, comme de croire que les champignons brillaient à l’endroit où les fées fêtaient, ce qui a donné son nom à ce type de bioluminescence. Fait amusant : il semblerait que les soldats de la Première Guerre mondiale fixaient ces champignons sur leur casque pour ne pas se rentrer dedans dans les tranchées (où on ne pouvait pas utiliser de flammes à cause des combustibles)!

Les lumineux inattendus

Alors, oui, la plupart des animaux qui brillent le font grâce à la bioluminescence. Sauf que ce n’est pas le seul procédé qui peut être utilisé par les animaux pour briller.  

Récemment, des études scientifiques ont démontré que plusieurs animaux brillent, mais pas de la manière attendue. En effet, ces animaux ne brilleront pas la nuit, du moins pas à nos yeux, mais lorsqu’on les expose à de la lumière ultra-violette!

C’est ce qui a été découvert pour de nombreux marsupiaux, comme les wombats, les ornithorynques, les os de caméléons, les scorpions ou encore très récemment pour les polatouches! Un fait étonnant pour nous, puisque nos yeux humains ne voient pas dans ce spectre. Cependant pour la plupart de ces animaux qui voient les rayons UV, le fait de refléter cette lumière pourrait avoir une utilité, notamment dans les choix du partenaire, comme c’est le cas pour les autres couleurs!

Ce procédé a aussi été découvert chez une petite grenouille d’Amérique du Sud, Hypsiboas punctatus, ce qui en fait le premier amphibien lumineux connu. Mais chez cette espèce également, la fonction de la fluorescence n’est pas encore claire.

En attendant de nouvelles découvertes scientifiques sur le sujet, n’hésite pas à prendre une lampe UV lors de tes prochaines balades nocturnes en forêt; tu pourrais faire des rencontres lumineuses!

NOTES

* C’est le petit nom scientifique des champignons.

Par Julie, éducatrice-naturaliste senior

Sources images : Uwe Kils, Barisandi, Bernard Dupont,

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Question du public
La rainette faux-grillon : une petite grenouille à protéger

Grenouille verte, ouaouaron, crapaud d’Amérique… Ce sont tous des amphibiens que tu as probablement déjà vus près d’un maraie. Mais connais-tu la rainette faux-grillon?

« C'est quoi le deal avec la vraiment petite grenouille à Longueuil? »

Grenouille verte, ouaouaron, grenouille léopard, crapaud d’Amérique… Ce sont tous des amphibiens que tu as probablement déjà vus en te promenant près d’un marais ou d’un autre milieu humide. Mais connais-tu la rainette faux-grillon? Je te parie que non! Mais, je te gage que tu vas l’aimer!  

Qui est-elle?

Celle que l’on retrouve au Québec s’appelle la rainette faux-grillon boréale, mais on l’a seulement appris tout récemment! Avant 1989, on croyait qu’il s’agissait d’une grenouille extrêmement similaire et qui se trouve ailleurs au Canada et aux États-Unis : la grenouille faux-grillon de l’Ouest. D’ailleurs, elle porte encore légalement ce nom! Ce sont des tests génétiques qui ont révélé leurs différences.

De plus, tu seras peut-être surpris(e) d’apprendre qu’elle ne mesure, en moyenne, que 2,5 cm, ce qui n’est pas plus gros qu’une pièce de 2 $! On n’en a pas beaucoup de si petites grenouilles au Québec* et, si tu es comme moi, sa taille lui donne des points bonis de cuteness!  

Étant donné sa taille, elle n’est pas facile à voir, mais elle est certainement facile à entendre! Lors de sa période de reproduction au début du printemps (entre fin février et début mai), les mâles produisent un chant particulier qui ressemblent à un ongle qui passe sur un peigne en métal.

Où habite-t-elle?

Comme les autres amphibiens, une étape critique de sa vie (soit celle de têtard) se passe sous l’eau. Même à l’état adulte, sa peau délicate et perméable à l’eau la contraint à rester à proximité des milieux humides (comme les marais et les étangs) pour éviter la déshydratation. Cependant, sa particularité est qu’elle préfère les milieux humides qui sont temporaires, comme les flaques qui apparaissent au début du printemps après la fonte des neiges. Ce type de milieu est bien pratique parce qu’il ne contient pas de poissons qui pourraient se nourrir de ses œufs et de ses têtards. Cependant, c’est aussi malcommode quand on réalise que les têtards doivent se métamorphoser avant que l’étang s’assèche… Et qu’on se rappelle du réchauffement climatique…  

Le problème

Au Québec, elle est rare et désignée comme vulnérable à la disparition (et elle est considérée menacée dans le reste du Canada). On la retrouve seulement en Montérégie et en Outaouais, mais son aire de répartition est déjà à peu près 90 % moins grande qu’en 1950.  

Pourquoi? C’est toujours la même histoire : on détruit ses habitats et on pollue ceux qu’il reste. Et comme si cela n’était pas assez, le réchauffement climatique (merci humanité) n’aide pas non plus, puisqu’il risque d’assécher son aire de reproduction. Si elle a besoin de se déplacer pour trouver un nouvel habitat? Eh bien, ça aussi c’est difficile parce qu’on continue à les fragmenter en construisant des routes et d’autres infrastructures. C’est triste, je le sais.

Ce qui est encore plus triste, c’est que déclin de la rainette faux-grillon n’est probablement qu’un seul symptôme d’un plus grand problème. La disparition (ou la présence) d’amphibiens est souvent indicatrice de l’état de santé d’un écosystème, parce que leur peau perméable aux gaz et à l’eau les rend particulièrement vulnérables à la pollution. Ils sont donc souvent parmi les premiers à disparaître lorsqu’un écosystème est atteint. Ce n’est donc sans doute que la pointe de l’iceberg.

Que peut-on faire?

Si tu es comme moi, tu te sens peut-être un peu découragé(e). Mais il faut aussi se rappeler qu’on peut agir pour aider. Le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs et différents partenaires ont récemment lancé un programme de sensibilisation qui vise à faire connaître la rainette faux-grillon et à motiver l’action. N’importe qui peut s’y joindre et devenir un Ambassadeur de la rainette faux-grillon! Pour aider la cause, on peut également aimer (ou liker-) la page Facebook du programme et parler de la rainette à notre entourage!

Protéger une petite grenouille peut avoir un grand impact!

Rappelons-nous que protéger la rainette et son habitat nous aide également à protéger indirectement d’autres espèces uniques qui peuplent son écosystème. (Et il y en a des espèces qui fréquentent les milieux humides! Ce sont de véritables carrefours de biodiversité!)  

Si cela n’est pas assez pour te convaincre, rappelle-toi que protéger son habitat nous offre des avantages à nous aussi! Il ne faut pas oublier que les milieux humides nous offrent des services, comme filtrer l’eau et nous protéger des inondations!  

NOTES

* La seule autre grenouille de taille similaire que l’on retrouve au Québec est la rainette crucifère, qui mesure entre 2 et 4 cm.

Par Émilie, communicatrice scientifique

Source image : Andrew DuBois

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Question du public
Le cycle des roches

« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme », suggérait Lavoisier. Et c’est aussi bon pour les roches! Bien qu’un caillou ait l’air relativement invariable, les roches*, elles voyagent, elles se métamorphosent.

« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme », suggérait Lavoisier.

Et c’est aussi bon pour les roches! Bien qu’un caillou ait l’air relativement invariable, les roches*, elles, changent, elles voyagent, elles se métamorphosent. Comme l’eau, les roches font partie d’un grand cycle : une boucle infinie, pas tout à fait ronde, qui est influencée par les conditions des milieux, les perturbations et les différentes forces qu’on observe sur Terre. Il existe trois types de roches qui s’imbriquent à différents stades du cycle géologique : les roches sédimentaires, ignées et métamorphiques. Le cycle comprend aussi leur changement graduel d’un type à l’autre.

Comme tu le sais, les roches se déplacent. Les mouvements à l’intérieur même des couches de la Terre font bouger les éléments rocheux qui la composent. (C’est d’ailleurs ça qui crée les montagnes.) Ces immenses mouvements des roches, imperceptibles pour nous, sont les déclencheurs du cycle géologique.  

Du magma bien chaud aux cristaux

Bien qu’on pourrait commencer notre explication à n’importe quelle étape du cycle, on va se pencher en premier sur ce qui se passe au plus profond de la Terre. Parce que le centre de notre planète est très très chaud, quand un élément rocheux s’enforce dans les couches terrestres, par fusion, il fond et se transforme en magma ou en roche magmatique.  

Ce magma souterrain, remonte lentement (ou violemment, c’est selon) jusqu’à ce qu’il vienne faire un coucou à la surface. Généralement, ça se passe dans les volcans. Au contact de l’air, le magma se refroidit et on obtient une roche ignée. C’est la cristallisation. Le magma pourrait aussi refroidir sous terre pour y former des roches ignées. Ce type de roche est le plus fréquent sur la Terre.

Le tour des sédiments

Ces roches maintenant bien dures vont subir les aléas des éléments : le sol s’effrite lentement par l’érosion. Les agents d’érosion sont le plus souvent l’eau et le vent, mais l’érosion mécanique, par frottement par exemple, est aussi possible. Des petits morceaux de roches (très petits, comme des grains de sable et plus petits encore) se détachent alors des roches ignées et sont alors transportés. Ces micro éléments rocheux, qu’on appelle des sédiments, s’entassent, mélangés avec des éléments organiques**. Sur une longue période de temps se produit la diagenèse. Les couches de sédiments compactés durcissent sous l’effet de leur propre poids et se cimentent. Tu l’auras deviné, une fois consolidés, on les appelle des roches sédimentaires.  

Le Rocher percé, c’est un gros tas de calcaire, a.k.a. des roches sédimentaires.

De plus en plus dures

Avec le temps, en se déplaçant dans l’écorce terrestre (à cause du mouvement des plaques tectoniques qu’on t’explique ici dû à la convection), les roches ignées et sédimentaires sont pressées, chauffées, frottées, compressées et réchauffées. Elles s’enfoncent en profondeur, puis la chaleur et la pression transforment la structure de la roche : on les appelle alors des roches métamorphiques. (Le schiste est un exemple de roche métamorphique.) On les retrouve rarement en surface et ces dernières ont tendance à s’enfoncer davantage pour redevenir du magma.  

Sauter des étapes?

Ce qui est fascinant dans ce cycle (comme dans bien d’autres cycles), c’est qu’il fonctionne comme une mosaïque! N’importe quel type de roche peut se transformer en n’importe quel autre. Une roche ignée peut devenir métamorphique, une métamorphique peut se sédimenter. Les roches répondent aux conditions qui les entourent et se modifient en conséquence. Évidemment, ce cycle se produit sur des dizaines de milliers d’années. Ce n’est donc pas évident de l’observer.  

Mais si tu ouvres les yeux bien grands, tu peux trouver des témoins du cycle géologique : les couches de sédiments dans les Badlands, les formations rocheuses érodées des côtes des Îles Mingan, Balancing Rock en Nouvelle-Écosse, formée de roches ignées, un volcan en éruption…  

Un autre exemple : The Teepees, dans le Petrified Forest National Park, en Arizona. D’autres tas en étages de roches sédimentaires, super bien compressées.

NOTES

* Les roches, c’est un mélange de minéraux qui composent les couches de la Terre.  

** C’est dans ces couches de sédiments que les fossiles se forment.  

Par Anne-Frédérique, éducatrice-naturaliste senior

Sources images : GUEPE, Pixabay, Anne F. Préaux

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Qc-Nature
Reproduction animale : les stratégies

Dans le monde animal, quand on pense la reproduction, on pense à une femelle et à sa progéniture. On peut se représenter une grenouille entourée de centaines d’œufs ou une baleine avec son baleineau nageant à ses côtés.

Dans le monde animal, quand on pense la reproduction, on pense à une femelle et à sa progéniture. On peut se représenter autant une grenouille dans l’eau entourée de centaines d’œufs, qu’une baleine avec son baleineau nageant à ses côtés. Ces deux images illustrent très bien deux types opposés de stratégies reproductives que peuvent adopter les animaux.

Les centaines d’oeufs de grenouilles

La baleineau nageant

Pour s’assurer une descendance, certains animaux vont utiliser leur énergie pour produire la plus grande quantité de descendants possibles (un maximum d’œufs ou beaucoup de bébés). Au contraire, d’autres animaux vont plutôt privilégier les soins parentaux qu’ils prodigueront à un petit nombre de descendants.

Ce sont deux stratégies opposées, mais qui ont le même but : assurer la survie de l’espèce (c’est une question de succès, t’sais le succès reproducteur). Et ce n’est pas un choix conscient que l’animal fait, c’est plutôt le résultat de la sélection naturelle. Cela dépendra donc des conditions dans lesquelles vivent ces espèces.

En grand nombre : cheap, mais efficace

Les scientifiques vont parler de « sélection r »* quand l’animal opte pour le plus grand nombre de petits possible et le plus rapidement possible, au point où ils seront tellement nombreux qu’il ne pourra pas s’occuper d’eux. De ce grand nombre, plusieurs ne viendront pas à terme ou mourront à un jeune âge (à cause des prédateurs par exemple). Mais puisqu’ils sont si nombreux, il en restera toujours suffisamment pour se reproduire.

Les espèces associées à cette stratégie ont généralement une durée de vie plus courte. Ce sont des animaux de plus petite taille. Leur croissance et leur développement sont plus rapides. Ils atteignent leur maturité sexuelle plus rapidement. Parfois, ils peuvent aussi se reproduire plusieurs fois par année.

Ce sont des espèces que l’on retrouve davantage dans des environnements instables dont les ressources disponibles sont peu prévisibles et où des bouleversements peuvent arriver fréquemment. Ainsi, ces espèces s’assurent de produire une progéniture très suffisante pour contrer le taux de mortalité et qui se reproduira à son tour. C’est ce que font les huîtres, les mouches domestiques et les grenouilles par exemple.

En petit nombre : exigeant, mais efficace

Les scientifiques vont parler de « sélection K »** quand l’animal possède un nombre réduit de petits, mais auxquels il apporte des soins particuliers et une protection à chacun d’entre eux. Il augmente ainsi leur chance de survie jusqu’à ce que ces derniers puissent à leur tour se reproduire.

Les espèces associées à cette stratégie ont généralement une durée de vie plus longue. Ce sont des animaux de plus grande taille. Leur croissance et leur développement sont plus lents. Ils atteignent leur maturité sexuelle plus tardivement. Ils ne se reproduiront pas nécessairement à toutes les années.

Ce sont des espèces que l’on retrouve davantage dans un environnement stable où l’accessibilité aux ressources est constante et prévisible. On parle ici d’espèces qui accompagnent sa progéniture peu nombreuse dans son développement plus lent jusqu’à ce qu’elle puisse se reproduire. Les baleines, les éléphants et les gorilles utilisent cette stratégie.

Awwww, un gorille de montagne en plein soin parental

Évidemment, ce n’est pas parfait

Ces deux stratégies reproductives ne sont pas les deux seules options dans le règne animal. Elles sont plutôt les deux extrémités d’un éventail de possibilités. Entre les deux se trouvent des espèces qui mélangent des caractéristiques appartenant aux deux stratégies :

  • Le lapin est connu pour avoir beaucoup de bébés et même plusieurs portées dans une même année (sélection r). Toutefois, les jeunes ne sont pas autonomes à leur naissance, puisqu’ils sont nus et aveugles. Sans les soins de leur mère, ils ne pourraient pas survivre (sélection K).
  • Les tortues marines sont connues pour leur impressionnante longévité (sélection K). Mais elles sont également connues pour enterrer un grand nombre d’œufs dans le sable et repartir à la mer. La mère ne sera pas présente à l’éclosion des œufs et les jeunes devront être autonomes dès la naissance (sélection r).

Une tortue luth a.k.a. notre tortue marine

Et chez les plantes…

On pourrait également faire des rapprochements entre ces stratégies et la reproduction des végétaux. Par exemple, le pissenlit serait une espèce de sélection r qui produit et disperse rapidement un grand nombre de graines. Pour les caractéristiques associées à des espèces de sélection K, on peut penser à des arbres de très grande taille, avec une croissance lente et une très longue longévité (plus de 200 ans). La majorité des arbres produisent toutefois beaucoup de graines ou de fruits, ce qui serait davantage associé à la sélection r.  

Par contre, certains arbres et plantes peuvent attendre de nombreuses années avant d’être en mesure de produire leurs premières graines (comme c’est le cas du petit prêcheur) ou alterneront entre des années de forte production et des années plutôt maigres. De plus, sans parler de soins parentaux, des arbres poussant à proximité les uns des autres peuvent s’entraider par leurs racines et le réseau mycorhizien***. Ces caractéristiques seraient donc plus celles d’espèces de sélection K.

Sans être un modèle parfait, ces deux stratégies nous permettent d’observer et de comprendre les espèces sous un nouvel angle en ce qui concerne leur reproduction. Cela permet également de comprendre pourquoi des caractéristiques ou des comportements particuliers sont plus fréquents que d’autres (ou d’autres ou d’autres).

NOTES

* La variable « r » représente le taux de croissance d’une population. La sélection r fait donc référence à une sélection qui met au premier plan l’accroissement de la population par une forte production de descendants.

** La variable « K » représente la capacité de support du milieu. La sélection K fait donc référence à une sélection qui tend à atteindre un nombre d’individus plutôt stable et en équilibre avec ce que le milieu peut fournir comme ressource. On y reviendra plus en détail sur cette capacité de support du milieu.

*** Cet étonnant réseau souterrain est primordial pour la santé de nos milieux forestiers, et de bien d’autres types d’écosystèmes d’ailleurs. On te parle de cette relation symbiotique entre les champignons et les végétaux, juste ici!  

Par Philippe, éducateur-naturaliste senior

Sources images : Pixabay, Gabriel Barathieu, Kate Tann, Jo Carletti

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Choix du naturaliste
Le cycle du carbone, un atome si important

Pourquoi le carbone est-il si important dans la lutte aux changements climatiques? Et pourquoi se retrouve-t-il à la fois dans la composition des molécules essentielles aux êtres vivants et de certaines pierre précieuses?

« Carboneutre, empreinte carbonique nulle, bilan de carbone positif : voilà les nouvelles vertus mesurées à l’aune des préoccupations environnementales, en ce début de troisième millénaire »… Tu as sûrement déjà entendu ce genre de charabia écologique. En quoi cet atome, le carbone, est-il si important dans la lutte aux changements climatiques? Et pourquoi se retrouve-t-il à la fois dans la composition de toutes les molécules essentielles aux êtres vivants et de certaines pierres, comme le diamant? C’est ce qu’on comprend lorsqu’on étudie le cycle du carbone, qui décrit les échanges de cet élément qui ont lieu sur la planète.  

En premier, le carbone

Le carbone (C), c’est le quatorzième élément le plus abondant sur la planète et le quatrième dans l’univers. DONC, on en trouve déjà beaucoup autour de nous, mais on en trouve encore PLUS ailleurs dans l’espaceeeeee. Il tient son nom du charbon, dont il est le principal composant. Le carbone peut exister sous forme gazeuse, dissoute dans l’eau, ou sous forme minérale. Il est assez social : il peut faire plusieurs liaisons avec des atomes différents. Il affectionne particulièrement l’hydrogène avec qui il s’associe pour former plusieurs molécules*. ♥‿♥

Dans la nature, il existe deux types de molécules de carbone. Celui qui fait partie des êtres vivants, on l’appelle le carbone organique. On le retrouve dans des molécules complexes : protéines, lipides, glucides. Ces molécules, si tu as déjà regardé des tableaux de valeurs nutritives (comme ceux sur ta boîte de céréales), font partie de ce que l’on mange. Le carbone inorganique, pour sa part, n’est pas lié aux organismes vivants. Les gaz à effet de serre comme le dioxyde de carbone (CO2) et le méthane (CH4) par exemple contiennent du carbone inorganique.  

Un cycle complexe

Le cycle du carbone, c’est plutôt compliqué. Pour commencer, il est présent dans quatre sphères : la biosphère, l’hydrosphère, la lithosphère et l’atmosphère. (Tu n’as rien compris de toutes ces sphères? Pas de panique! On y revient plus loin.) Le carbone circule entre ces réservoirs en fonction des mécanismes et des réactions qui se produiront tout au long du cycle. Parmi ceux-ci, certains sont très rapides, d’une dizaine d’années seulement, et d’autres sont très lents, allant jusqu’à des centaines de millions d’années.  

La biosphère, c’est l’ensemble des êtres vivants de la planète. Le carbone est présent dans les plantes, les forêts, les animaux, et même dans les sols! Grâce à la photosynthèse, qui se déroule autant en milieu terrestre qu’en milieu aquatique, le carbone passe d’une forme inorganique à une forme organique : l’énergie du soleil est utilisée pour transformer le CO2 en glucose (ou sucre) qui servira à la fabrication des tissus végétaux, tout en produisant de l’oxygène. Ensuite, lorsque des animaux mangent des plantes, le carbone se transfère tout au long de la chaîne alimentaire!  

Le processus contraire est réalisé lors de la respiration. Les êtres vivants rejettent alors une partie du carbone qu’ils ingèrent sous forme inorganique. Le reste est éliminé sous forme organique dans les déchets : urines, selles, organismes morts. C’est alors au tour des décomposeurs comme les micro-organismes d’entrer en jeu! Ils décomposent cette matière organique, ce qui produit du CO2, et en absence d’oxygène, ils la fermentent pour donner du CH4. On en trouve, entre autres, dans le sol où ils s’attaquent à des résidus végétaux et animaux à différents stades de décomposition. Ils peuvent même capter (ou stocker) le carbone dans la matière organique du sol, comme dans la tourbe produite par les tourbières! Aussi, des évènements, tels que des feux de forêt, peuvent libérer rapidement le carbone contenu dans les plantes.  

Un nautile, avec une coquille faite en carbone… ou presque

Le cycle se poursuit

Le carbone est présent sous forme dissoute dans l’hydrosphère, qui constitue l’ensemble de l’eau présente sur la terre. Le carbone est dissous dans l’océan grâce à une réaction entre le carbone, la molécule d’eau et le calcium pour devenir du carbonate de calcium (CaCO3). Lorsque des organismes marins vivants immobilisent le carbone sous forme minérale dans leurs coquilles et leurs squelettes, ils fixent le carbone. Oui oui, tu as bien lu. Certaines espèces marines, comme le corail ou les crustacés, utilisent le carbone pour constituer leur squelette. Petite parenthèse : l’accumulation des squelettes de plusieurs organismes marins au fond de l’océan au fil du temps donnera lieu au phénomène de la sédimentation.  

La lithosphère, c’est l’enveloppe de la terre, la couche externe solide, dont fait partie la croûte terrestre. On peut retrouver le carbone dans des sédiments ou des roches calcaires. Il peut aussi se cacher dans des roches carbonées fossiles (ou combustibles fossiles) provenant des êtres vivants, tels que le charbon ou le pétrole.** Le volcanisme permet de libérer le carbone et laisse échapper du CO2 ainsi que du CH4 dans l’atmosphère.  

L’enveloppe gazeuse qui entoure la terre, comme tu le sais déjà probablement, c’est l’atmosphère. Le carbone y est présent en faible quantité sous forme de CO2 et de CH4. Cependant, plus la proportion de ces molécules augmente dans l’atmosphère, plus on accélère les changements climatiques actuels.  

De la belle décomposition pleine de carbone

Et que fait l’humain?

Les activités humaines, par la combustion d’éléments fossiles, l’élevage ou la déforestation, perturbent le cycle du carbone en rejetant davantage de gaz dans l’atmosphère de manière non naturelle. L’équilibre biologique est bouleversé, l’effet de serre est renforcé et le changement climatique que l’on connait aujourd’hui est accéléré. En effet, avant l’ère industrielle, le cycle du carbone était équilibré. Aujourd’hui, le carbone est utilisé à une vitesse telle qu’il n’a pas le temps de se fixer. (Rappelons-nous : il peut être utilisé dans la photosynthèse et présent dans la matière organique des plantes et des animaux, dissous dans l’océan, entreposé dans les sédiments marins ou les sols terrestres ou encore enfoui dans les roches sédimentaires, comme c’est le cas pour le charbon ou le pétrole**.) C’est pourquoi il y a un surplus de carbone dans l’atmosphère et qu’on tente de réduire, tant bien que mal, nos émissions de carbone…  

NOTES

* Une molécule, c’est une association de plusieurs atomes.

** Tu as bien compris. Pétrole, charbon et schistes proviennent en réalité de matières organiques enfouies dans des sédiments il y a des millions d’années! On t'en parle ici.

 

Par Andréanne, éducatrice-naturaliste senior et coordonnatrice des activités Charlevoix

Sources images : Pexel, GUEPE, Lee R. Berger, Pixabay

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