La rainette faux-grillon : une petite grenouille à protéger
« C'est quoi le deal avec la vraiment petite grenouille à Longueuil? »
Grenouille verte, ouaouaron, grenouille léopard, crapaud d’Amérique… Ce sont tous des amphibiens que tu as probablement déjà vus en te promenant près d’un marais ou d’un autre milieu humide. Mais connais-tu la rainette faux-grillon? Je te parie que non! Mais, je te gage que tu vas l’aimer!
Qui est-elle?
Celle que l’on retrouve au Québec s’appelle la rainette faux-grillon boréale, mais on l’a seulement appris tout récemment! Avant 1989, on croyait qu’il s’agissait d’une grenouille extrêmement similaire et qui se trouve ailleurs au Canada et aux États-Unis : la grenouille faux-grillon de l’Ouest. D’ailleurs, elle porte encore légalement ce nom! Ce sont des tests génétiques qui ont révélé leurs différences.
De plus, tu seras peut-être surpris(e) d’apprendre qu’elle ne mesure, en moyenne, que 2,5 cm, ce qui n’est pas plus gros qu’une pièce de 2 $! On n’en a pas beaucoup de si petites grenouilles au Québec* et, si tu es comme moi, sa taille lui donne des points bonis de cuteness!
Étant donné sa taille, elle n’est pas facile à voir, mais elle est certainement facile à entendre! Lors de sa période de reproduction au début du printemps (entre fin février et début mai), les mâles produisent un chant particulier qui ressemblent à un ongle qui passe sur un peigne en métal.
Où habite-t-elle?
Comme les autres amphibiens, une étape critique de sa vie (soit celle de têtard) se passe sous l’eau. Même à l’état adulte, sa peau délicate et perméable à l’eau la contraint à rester à proximité des milieux humides (comme les marais et les étangs) pour éviter la déshydratation. Cependant, sa particularité est qu’elle préfère les milieux humides qui sont temporaires, comme les flaques qui apparaissent au début du printemps après la fonte des neiges. Ce type de milieu est bien pratique parce qu’il ne contient pas de poissons qui pourraient se nourrir de ses œufs et de ses têtards. Cependant, c’est aussi malcommode quand on réalise que les têtards doivent se métamorphoser avant que l’étang s’assèche… Et qu’on se rappelle du réchauffement climatique…
Le problème
Au Québec, elle est rare et désignée comme vulnérable à la disparition (et elle est considérée menacée dans le reste du Canada). On la retrouve seulement en Montérégie et en Outaouais, mais son aire de répartition est déjà à peu près 90 % moins grande qu’en 1950.
Pourquoi? C’est toujours la même histoire : on détruit ses habitats et on pollue ceux qu’il reste. Et comme si cela n’était pas assez, le réchauffement climatique (merci humanité) n’aide pas non plus, puisqu’il risque d’assécher son aire de reproduction. Si elle a besoin de se déplacer pour trouver un nouvel habitat? Eh bien, ça aussi c’est difficile parce qu’on continue à les fragmenter en construisant des routes et d’autres infrastructures. C’est triste, je le sais.
Ce qui est encore plus triste, c’est que déclin de la rainette faux-grillon n’est probablement qu’un seul symptôme d’un plus grand problème. La disparition (ou la présence) d’amphibiens est souvent indicatrice de l’état de santé d’un écosystème, parce que leur peau perméable aux gaz et à l’eau les rend particulièrement vulnérables à la pollution. Ils sont donc souvent parmi les premiers à disparaître lorsqu’un écosystème est atteint. Ce n’est donc sans doute que la pointe de l’iceberg.
Que peut-on faire?
Si tu es comme moi, tu te sens peut-être un peu découragé(e). Mais il faut aussi se rappeler qu’on peut agir pour aider. Le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs et différents partenaires ont récemment lancé un programme de sensibilisation qui vise à faire connaître la rainette faux-grillon et à motiver l’action. N’importe qui peut s’y joindre et devenir un Ambassadeur de la rainette faux-grillon! Pour aider la cause, on peut également aimer (ou liker-) la page Facebook du programme et parler de la rainette à notre entourage!
Protéger une petite grenouille peut avoir un grand impact!
Rappelons-nous que protéger la rainette et son habitat nous aide également à protéger indirectement d’autres espèces uniques qui peuplent son écosystème. (Et il y en a des espèces qui fréquentent les milieux humides! Ce sont de véritables carrefours de biodiversité!)
Si cela n’est pas assez pour te convaincre, rappelle-toi que protéger son habitat nous offre des avantages à nous aussi! Il ne faut pas oublier que les milieux humides nous offrent des services, comme filtrer l’eau et nous protéger des inondations!
NOTES
* La seule autre grenouille de taille similaire que l’on retrouve au Québec est la rainette crucifère, qui mesure entre 2 et 4 cm.
Par Émilie, communicatrice scientifique
Source image : Andrew DuBois