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Découvrir la nature avec nos yeux d’expert.e.s

Parce que tu te demandes qu’est-ce qui se passe dans un cocon de papillon, comment se forme une tornade et comment les plantes communiquent... L'équipe de naturalistes de GUEPE a décidé de répondre à toutes tes questions, car la nature, ce n’est pas un mystère, c’est une science! Un.e naturaliste c’est quoi? En gros, c’est un.e spécialiste dont la mission première est de vulgariser les différentes sciences de la nature.

Chaque mois, on te présente une vedette, animale, végétale ou autre (oui, oui!), en plus des sujets préférés de nos naturalistes. Reste donc bien connecté.e. On va répondre aux questions de notre lectorat (incluant les tiennes) et on va aussi te proposer des places à visiter, des actions à poser, des trucs à voir et à lire. 

On te souhaite une bonne exploration de la nature!

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Qc-Nature
La convergence évolutive

Lorsque l’on observe des caractéristiques communes, la première idée qui vient en tête est souvent qu’elles sont héritées d’un ancêtre commun. Toutefois, il existe une autre option : la convergence évolutive.

Lorsque l’on observe des caractéristiques communes (partagées par plusieurs êtres vivants), la première idée qui vient en tête est souvent qu’elles sont héritées d’un ancêtre commun. Un ancêtre aurait transmis ces caractéristiques à ses descendants et ces derniers les auraient conservées. Toutefois, il existe une autre option : la convergence évolutive. C’est-à-dire que le partage d’une caractéristique ne vient pas d’un ancêtre. Elle vient du fait que l’environnement a exercé une pression similaire sur les espèces et qu’en est émergé la même adaptation. C’est dire que l’idée était tellement bonne pour aider un organisme à survivre dans un environnement, que la même adaptation s’est également produite dans une autre lignée. Des fois, ça peut être évident que les caractéristiques partagées ne viennent pas d’un ancêtre commun. D’autres fois, ce l’est beaucoup moins.

C’est la différence entre une homologie et une analogie. L’homologie est une ressemblance héritée d’un ancêtre commun, alors qu’une analogie est une ressemblance qui survient après des événements évolutifs différents.

Parce que se déplacer est essentiel

Voici deux exemples plutôt connus de convergence évolutive (ou de membres analogues) :

  • La capacité de voler grâce à des ailes est présente à la fois chez les oiseaux et chez les chauves-souris. Leurs membres antérieures (les pattes avant) ont évolué séparément, mais ont convergé, c’est-à-dire que l’évolution a mené dans les deux cas à la capacité de voler pour se déplacer. Toutefois l’origine de leurs ailes est différente, justement parce que leur ancêtre commun n’avait pas d’ailes. N’oublions pas que certains insectes ont aussi des ailes, mais c’est un peu plus évident que les ailes des insectes et les ailes des oiseaux ne sont pas issues d’un ancêtre commun.
  • La capacité de nager grâce à des nageoires se retrouve autant chez les mammifères marins (comme la baleine) que chez les poissons. Tout comme les ailes dans l’exemple précédent, leurs nageoires n’ont pas la même morphologie et ne sont pas issues de la même évolution, mais remplissent la même fonction.  

Les zones osseuses sont présentées en pâle; en foncé la représentation de la forme du membre.

Le cas de l’orvet

Puisque le 16 juillet est la journée mondiale des serpents, prenons un dernier exemple inspiré de ces surprenants êtres rampants, mais beaucoup moins connu au Québec. Il s’agit des orvets qui sont un très bel exemple de convergence évolutive avec les serpents. « Orvet » est un nom d’usage courant pour parler de certaines espèces de reptiles vivant en Europe. D’autres espèces similaires vivent un peu partout sur la planète, mais pas au Québec. C’est peut-être pour cela que ce nom ne t’es pas familier.

Les orvets sont souvent confondus avec les serpents. N’ayant pas de pattes, ils se déplacent en rampant. Cependant, cette seule caractéristique ne font pas d’eux des serpents pour autant! Qu’est-ce qui les distingue des serpents, alors? Leurs ancêtres! L’ancêtre commun des serpents et des orvets aurait eu des pattes! Par la suite, les ancêtres de la lignée des orvets et des serpents auraient perdu leurs pattes séparément.

En les regardant de plus près, on peut identifier de nombreuses caractéristiques l’associant aux lézards, mais pas aux serpents. C’est pour cela que les orvets sont généralement décrits comme des lézards sans pattes. En voici quelques exemples :

  • Sa queue peut se détacher pour fuir un prédateur;
  • Il a des paupières qu’il peut fermer;
  • Des tympans lui permettent d’entendre;
  • Il n’a pas de glandes à venin;
  • L’ouverture de sa bouche est limitée par la jonction de la mâchoire supérieure et inférieure, contrairement aux serpents qui peuvent avaler des proies plus grosse que leur propre tête;
  • Sa langue n’est pas fourchue.

Une adaptation : un avantage

La perte des pattes* chez les orvets s’explique par le fait qu’il s’agit d’espèces fouisseuses. Cette adaptation est donc un avantage évolutif facilitant ses déplacements. Sans pattes, ils sont plus agiles pour s’enfoncer dans le sol.  D’ailleurs, le même type d’adaptation est aussi survenue chez un groupe d’amphibiens : l’ordre des Apodes (ou gymnophiones) également composé d’espèces fouisseuses. Pour les serpents, cela semble moins clair : certains scientifiques avancent que les ancêtres des serpents auraient perdus leurs pattes pour s’adapter au milieu aquatique avant de revenir sur terre.  

Le processus évolutif menant à la perte des pattes est donc survenu à plusieurs reprises dans le monde animal, mais aussi parmi les reptiles**. Certaines espèces actuelles de serpents (comme le python et le boa) et d’orvets (Pseudopus apodus) ont également gardé des vestiges de ces pattes.

NOTES

* On parle de « perte » de pattes, car les reptiles (tout comme les amphibiens, les oiseaux et les mammifères) sont des tétrapodes. C’est-à-dire des descendants du premier animal à avoir eu 4 pattes et à avoir marché sur terre.

** Reste que chez les reptiles, les liens évolutifs entre les différentes espèces changent encore dans la communauté scientifique. Donc la distinction entre serpent et lézard pourrait changer avec la venue de nouvelles analyses. Le groupe animal des reptiles est particulièrement complexe.  Il est dit paraphylétique, c’est à dire qu’il ne regroupe pas tous les descendants d’un même ancêtre. La phylogénie des reptiles est directement liée à celle des dinosaures et des oiseaux. (On t'en parle ici.)

Par Philippe, éducateur-naturaliste senior

Sources images : Andy Reago & Chrissy McClarren, GUEPE, Benny Trapp

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Choix du naturaliste
Le phototropisme ou les plantes qui bougent

Se déplacer pour aller chercher sa nourriture, trouver un endroit où dormir, c’est facile pour nous les animaux. Bien que les plantes ne puissent pas faire de même, elles ont quelques tours dans leur sac pour se mouvoir.

Se déplacer pour aller chercher sa nourriture, trouver un endroit confortable où dormir ou encore échanger avec d’autres, c’est facile pour nous les animaux. Bien que les plantes ne puissent pas faire de même (évidemment), elles ont tout de même certaines capacités. Ben oui, la possibilité de se mouvoir ne nous est pas exclusive! Certes, ce n’est pas demain matin que tu vas assister à une course de plants de tournesol. Ce n’est pas dans la prochaine heure non plus que tu vas remarquer que ton plant de tomates s’est déplacé de deux mètres vers la droite… À moins d’avoir un nain de jardin coquin ou un voisin en manque d’attention, mais ça c’est une autre histoire! Bien que les mouvements des plantes n’aient rien d’aussi spectaculaire, on va t’expliquer comment elles peuvent bouger par phototropisme.  

Pour faire simple, le phototropisme c’est la croissance de la plante qui s’oriente en fonction de l’origine de la lumière. L’exemple le plus connu est sans doute les tournesols qui s’orientent vers le soleil pour la photosynthèse (et pas pour mieux bronzer). Ce mécanisme permet aux plantes de s’adapter à leur environnement et d’être plus efficaces.  

Mais…. C’est un peu plus compliqué que ça!  

Pour avoir un impact, la lumière doit être perçue par la plante. Pour ce faire, les plantes ont des récepteurs (c’est-à dire des petites molécules qui savent capter et acheminer des signaux) qui sont sensibles à la lumière bleue. Ces derniers sont situés sur les extrémités des tiges et des racines, qu’on appelle les apex.

Lorsque ces récepteurs détectent la lumière, ils déclenchent une série d’évènements physiologiques qui conduisent à une redistribution d’une hormone de croissance qui se nomme auxine. C’est une hormone végétale tout ce qui a de plus naturel! Elle est produite par la plante dans les apex et permet la croissance de la plante à travers la multiplication et l’allongement des cellules. Imaginons une plante à moitié au soleil et à moitié à l’ombre. L’auxine, se concentrerait du côté sans lumière causant une multiplication des cellules de la plante de ce côté. Ça entrainerait la plante à se courber dans la direction de la lumière. (Eh, oui! Le côté à l’ombre grandit plus vite que le côté au soleil!)

Ouf! On y est arrivé. La plante est orientée enfin vers la lumière. Pour un plant de tournesol, les feuilles et les jeunes fleurs suivent les mouvements du soleil pendant toute la journée. Elles grandissent! Une fois la fleur arrivée à maturité, elle se fige en étant orienté vers l’est.  

Alors que les feuilles se dirigent vers la lumière, les racines, elles, cherchent l’ombre. On parle donc d’un phototropisme négatif dans le cas des racines.

Puis, le phototropisme n’est pas le seul tropisme! Il y a aussi plusieurs autres types de tropismes : le gravitropisme pour la gravité, hydrotropisme en réponse à l’eau ou encore le thigmotropisme à cause du toucher.  

Ce n’est pas tout en ce qui concerne les mouvements des plantes! Les tropismes en est qu’un type. Il y a aussi ce qu’on appelle les nasties, qui se différencient des tropismes parce que les mouvements de la plante qui les subit ne sont pas nécessairement dirigés vers la source du stimuli. (De plus, les nasties, elles, peuvent être réversibles ou irréversibles, mais on y reviendra!) On parle, par exemple, de nyctinastie quand on pense aux fleurs qui se ferment le soir et s’ouvrent le matin. Pas mal cool, non?

Par Andréanne, éducatrice-naturaliste senior et coordonnatrice des activités Charlevoix

Sources images : Pixabay, Russell Neches

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Quoi faire?
Top 7 des meilleures chutes

Tu aimerais chasser les chutes, mais tu ne sais pas par où commencer? Tu as déjà une collection de chutes bien remplie? Tant mieux, car cet article est fait pour toi, oui toi qui va à la rencontre des merveilles de la nature!

Si tu as cliqué sur le top 7 des meilleures chutes, c’est bien parce que tu aimes te balader en nature, d’autant plus lorsqu’il y a une chute au fil du sentier forestier. Tu aimerais chasser les chutes, mais tu ne sais pas par où commencer? Tu as déjà une collection de chutes bien remplie? Tant mieux, car cet article est fait pour toi, oui toi qui va à la rencontre des merveilles de la nature!

On dit qu’une chute c’est gigantesque, et l’on en connait quelques-unes, telles que les chutes du Niagara, les chutes de Rawdon ou encore les chutes Montmorency. Oui, je sais, il y en a beaucoup d’autres presque autant connues, selon la région où tu habites. Les chutes présentées ici sont accessibles autant par la route que par leur gratuité. Il y en a tellement qui méritent notre regard que je suis certain que tu en as tout plein d’autres à suggérer!

Mais l’idée que j’aimerais te partager, c’est celle de l’exploration en territoire méconnu, une aventure un peu hors des sentiers battus. Je veux te faire découvrir de superbes endroits auxquels tu n’aurais peut-être jamais pensé aller, des chutes grandioses qui n’ont pas toujours l’occasion d’accueillir de nombreux visiteurs, mais qui ont plutôt la chance de recevoir la visite de véritables chasseurs de chutes!  

Sans plus tarder, voici 7 chutes extraordinaires et méconnues. Ça se peut que tu les aies déjà visitées, ça se peut aussi qu’il y en aies d’autres que tu trouves plus belles et attrayantes. C’est normal, il y en a tellement et on n’aura jamais pu si bien dire que tous les goûts sont dans la nature! Voici un petit palmarès des accès gratuits et de proximité, au fil des routes.  

1. Chutes de la Petite-Rivière-Bostonnais – Mauricie  

Cette belle chute est située entre le lac Saint-Jean et Trois-Rivières, sur la route 155 à proximité de La Tuque. Les quelques sentiers faciles d’accès aboutissent à un belvédère qui surplombe les chutes à 35 mètres d’altitude. Cette région offre aussi une gamme de circuits touristiques et d’interprétation de la nature. Elle en vaut le détour.  

2. Chute Kabir Kouba – Québec

Sur le site de la chute Kabir Kouba, située sur la rivière Saint-Charles à Saint-Amand, en plein cœur de Québec, tu auras l’occasion d’observer une géologie particulière. La falaise offre une vue imprenable culminant à 42 mètres d’altitude sur le canyon creusé à même le Bouclier Canadien. Tu remarqueras les strates de roches sédimentaires, un type de formation rocheuse qui conserve des fossiles de près de 450 millions d’années.  

3. Parc des Chutes-de-la-Chaudière – Lévis

La rivière Chaudière est une des grandes rivières au sud du fleuve Saint-Laurent. Elle traverse plusieurs municipalités et est très utilisée pour son rendement énergétique. Plus les rivières sont grosses, plus les chutes le seront également, dépendamment bien sûr du dénivelé terrestre. Comme pour beaucoup de sites, un parc avec sentiers de marche sont accessibles à l’année. La pêche y est également pratiquée au pied des chutes qui bouillonnent férocement. Aussi, comme aux chutes Montmorency, un pont offre un spectacle époustouflant à 23 mètres au-dessus de la rivière dont l’eau chute 35 mètres plus bas : tu peux te sentir à une hauteur de 20 étages, ce qui n’est pas rien.  

4. Chutes Lysander – Inverness

À 30 minutes de l’autoroute 20, près de Val-Alain (S-266), ce petit coin de paradis est un endroit parfait pour se reposer entre Québec et Montréal. Il y a deux côtés. Le premier, côté sud, est aménagé d’un escalier longeant la puissante chute d’en amont en aval. L’autre côté, c’est le camping. Cette partie offre un petit sentier menant à un pont en surplomb de la forte chute. Cette chute est vraiment énorme, même si elle est étroite, elle en vaut le détour car le paysage est parfait pour y faire un pique-nique en famille.  

5. Chutes Maddington – Maddington Falls (Victoriaville)

Maddington Falls est une petite municipalité entre Montréal et Québec, à moins de 10 minutes de l’autoroute 20. Un éco-sentier y est simplement aménagé afin de nous inviter au pied de la petite, mais bouillonnante chute sous les ponts. Le plus époustouflant, c’est l’esprit relaxe du lieu. Un paysage reposant sur des roches sédimentaires métamorphiques de type schiste, c’est quelque chose qu’on ne voit pas tous les jours. Tu peux te saucer les pieds et même pêcher à quelques endroits.  

6. Parc des Sept-Chutes – Saint-Georges

En pleine forêt centenaire, en suivant les sentiers, tu arrives à la passerelle de l’Alliance qui passe à pas moins de 25 mètres au-dessus des chutes. La rivière Pozer est également longée par des pistes cyclables, des terrasses et d’un xylophone géant…? Oui, mais ce n’est pas le seul attrait, car tu as au moins 8 kilomètres de sentiers à faire dans ce grand parc pour t’instruire sur la faune et la flore locale. L’intérêt de faire le voyage, c’est de découvrir la région!  

7. Chute Jean-Larose – Beaupré

Au Mont-Sainte-Anne, le canyon culmine à 76 mètres au-dessus ou en-dessous de toi. Les 4 kilomètres de sentiers te permettent de suivre les 4 paliers qui longent la chute. Deux ponts suspendus vont te faire traverser la rivière Sainte-Anne et t’amener à 2 belvédères qui offrent, bien sûr, une vue exceptionnelle sur le long filet d’eau qui s’écoule. En été, une activité à couper le souffle est organisée et payante, soit la descente du canyon en rappel… ouf! Mais attention, le site est sujet à la réfection des installations, et certains sentiers sont moins accessibles.  

Qu’est-ce qu’une chute?

Vite fait, une chute peut aussi bien être une déformation de la croûte terrestre, qu’une érosion massive sur trajet d’une rivière. Les accidents géologiques sont nombreux : faille géologique, glaciation, soulèvement de plateaux ou même tremblement de terre peuvent façonner le lit des rivières. L’érosion est effective lorsque des substrats rocheux tendres se désagrègent, que la terre soit meuble (autrement dit, qu’elle ait peu de cohésion) ou que la roche soit de type calcaire.  

Petit concours

Les chutes sont parfois et même souvent des endroits éloignés. Pour les découvrir, il faut souvent aller les chercher plus loin qu’on ne le pense. C’est ça le véritable esprit d’un chasseur de chutes! On t’invite alors à rapporter les chutes que tu vas trouver dans ta région. Certaines chutes pourraient même être encore plus méconnues que celles présentées dans ce texte. Envoie-nous tes plus belles photos de ta collection de chutes.  

Par François-Vivier, éducateur-naturaliste

Sources images : GUEPE, Pierre-Olivier Fortin, Fra Lambert, Active Steve

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Vedette du mois
La bioluminescence

Magie! Tu es en pleine nuit d’été autour d’un feu de camp, puis les mouches à feu s’animent dans le ciel! Tu te croirais dans Avatar! Cette curieuse capacité de s’illuminer dans le noir c'est la bioluminescence.

Magie! Tu es en pleine nuit d’été autour d’un feu de camp, puis soudainement, les mouches à feu s’animent dans le ciel! Tu te croirais dans le merveilleux monde d’Avatar! Cette curieuse capacité de s’illuminer dans le noir qu’ont certains organismes vivants s’appelle la bioluminescence. L’exemple le plus près de nous est sans aucun doute celui de la luciole!  

C’est près de 80 % des espèces marines qui scintillent comme des étoiles dans les profondeurs de la mer! C’est complètement fou! Imagine : c’est plus de la moitié des animaux de l’océan qui émettent de la bioluminescence ou qui sont en association avec des bactéries capables de le faire.  

Mais pourquoi donc?

Évidemment tu comprendras qu’il s’agit d’une stratégie évolutive qui a permis à de nombreux animaux à tirer avantage de vivre dans un environnement obscur.  

D’une part, la bioluminescence aide tout simplement à éclairer dans le noir! Un peu comme les phares d’une mobylette dans une réserve de ciel étoilé (bref un véhicule qui éclaire très peu dans un endroit où il fait très noir), les organes bioluminescents des animaux marins sont généralement positionnés sur la tête, près des yeux et le long du corps de manière à élargir le champs de vision et faciliter la recherche de nourriture.  

Mais la bioluminescence ce n’est pas seulement pour s’éclairer dans le noir. C’est aussi un moyen de communication fort efficace lorsqu’on vit dans l’obscurité. Ainsi, les séquences lumineuses et les couleurs employées permettent aux espèces de se reconnaitre entre elles. Quant aux mâles et aux femelles de la même espèce, ils émettent des signaux bioluminescents distincts pour signaler leur position ce qui facilite l’accouplement.  

Un petit calamar d’Hawaï

Parmi les organismes aquatiques qui font usage de la bioluminescence, tu reconnaitras le terrifiant poisson lanterne (aussi appelée la baudroie abyssale)! Celui-ci s’associe à des bactéries lumineuses qui s’installent à l’extrémité d’un appendice en échange de sucre et d’oxygène qu’il leur achemine par son sang. Cette drôle d’ampoule qui brille dans les abysses de l’océan agit comme un leurre et attire les proies les plus curieuses. Un peu à la manière des paupières, une peau sombre se rabat sur la lumière et permet à celle-ci de s’allumer au bon moment. Ça ne donne pas envie de faire une saucette avec lui, n’est-ce pas?  

Dans d’autres cas, cet éclatant phénomène peut servir à se défendre, soit en éblouissant ou en troublant la vision de ses prédateurs. Cela peut se faire en relâchant un fluide bioluminescent par exemple. Certaines espèces peuvent, quant à elles, détacher une partie de leur corps composée de bactéries lumineuses et ainsi induire le prédateur en erreur et prendre la fuite.  

Enfin, certains organismes comme des mollusques, dont le calamar d’Hawaï, en tire avantage pour se camoufler en se confondant avec la lumière de la surface de l’eau. Il s’agit du phénomène de contre-illumination.

Comment ça marche?

On est d’accord que c’est vraiment weird comme phénomène! Tu dois d’abord savoir que chaque espèce capable de bioluminescence peut y parvenir par le biais d’une réaction chimique personnalisée. Cette réaction peut se produire à l’extérieur ou à l’intérieur de cellules. Lorsque ça se produit à l’intérieur de cellules, ce sont souvent des cellules spécialisées nommées photocytes qui entrent en jeu. Chaque photocyte contient des organites (minis organes) appelés peroxisomes où la réaction chimique se produit.

C’est généralement grâce à la protéine luciférine (allo!) et de l’enzyme luciférase (bonjour!) qu’il y a production de lumière. Lorsque le taux d’oxygène augmente dans les photocytes, la luciférine s’oxyde et émet de l’énergie sous forme de lumière. Cette réaction chimique est toutefois déclenchée avec l’aide de la luciférase, voilà!! C’est donc en contrôlant le taux d’oxygène dans les cellules que la lumière peut s’allumer ou s’éteindre! Brillant! Il faut toutefois mentionner que cette réaction produit une lumière bien vive, mais qui ne produit aucune chaleur, brrrr. Si tu es fan de mythologie, tu peux t’en rappeler en te disant que Lucifer s’est mêlé de la question comme le suggère le nom des deux molécules responsables de cette production de lumière*.  

Bref que ce soit en s’exclamant devant ta lampe à mouche (Ah non! Ça c’est pas pareil!) ou en regardant le spectacle surnaturel de l’eau qui s’illumine au mouvement des vagues (dans ce cas-ci la capacité que des micro-organismes puissent produire ces lueurs bleues sur certaines plages de la planète est complètement fascinante et nous transporte dans un autre monde)… Bienvenue à Pandora!    

JUSTE POUR VOTRE INFO PARCE QUE C’EST TROP COOL!

Cette entreprise utilise des micro-organismes bioluminescents pour faire de l’éclairage dans des villes pour éventuellement remplacer l’utilisation d’énergie!! On serait VRAIMENT dans Pandora! Et pour ceux qui veulent en apprendre plus tout en s’amusant, découvrez leur jeu sur la bioluminescence!

NOTES

*Ce n’est qu’un truc mnémotechnique. En réalité, les noms de ces molécules (tout comme le nom du personnage de Lucifer) sont dérivés du mot latin « lucifer » qui signifie « porteur de lumière ».

Par Joannie, chargée de projet – Estrie

Sources images : Margaret McFall-Ngai, Kevin Key

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Choix du naturaliste
Lumière sur les lucioles

Symbole de féérie, les lucioles évoquent de lumineux souvenirs à la tombée de la nuit. Toutefois, si on peut se souvenir du flash lumineux qu’elles produisent dans la pénombre, il est plus difficile de les voir le jour.

Symbole de féérie, les lucioles évoquent de lumineux souvenirs* à la tombée de la nuit. Toutefois, si on peut facilement se souvenir du flash lumineux qu’elles produisent dans la pénombre, il est plus difficile de se les représenter à la lumière du jour. Surnommée « mouche à feu », la luciole n’a rien d’une mouche (bien qu’elle soit un insecte). De plus, la lumière qu’elle produit se fait sans dégager de chaleur, contrairement au feu!

La bioluminescence se produit dans l’extrémité de l’abdomen (2 ou 3 derniers segments) de l’insecte.

Elles sont variées!

Cet insecte est plus précisément un coléoptère comme la coccinelle ou le hanneton. Le dessus de son abdomen est recouvert de deux élytres (des genres d’ailes durcies) qui, au repos, servent de protection! Il y aurait environ 2000 espèces de lucioles sur la planète, dont 150 se retrouveraient dans le nord de l’Amérique (au Canada et aux États-Unis). Au Québec, il y en aurait possiblement 8 ou 9 espèces**.

Les lucioles sont donc un groupe d’insectes qui, bien qu’elles partagent de nombreuses similarités, offrent une belle diversité. Si on associe les lucioles à leur capacité de produire de la lumière (ou d’être bioluminescentes), il faut savoir que ce ne sont pas les adultes de toutes les espèces qui possèdent cette capacité. Toutefois la bioluminescence n’est pas réservée qu’aux adultes. Il y a des lucioles capables de faire de la lumière à tous les stades de leur développement, soit les stades d’œuf, de larve, de pupe et d’adulte. Au Québec, les espèces de lucioles incapables de faire le la lumière à leur stade adulte sont tout de même capable d’en faire lorsqu’elles sont une larve.  

Les adultes, comme vu ici sur le photo, et les larves sont souvent de couleur noire ou brune, avec des traits de teintes orangées et jaunes sur leur corps (de chaque côté ou seulement sur le thorax ou encore le long des élytres).

À quoi ressemble leur vie?

À l’été, les femelles pondent généralement leurs œufs au sol, dans un environnement humide, souvent à proximité de l’eau. Après environ un mois, les œufs éclosent et les larves qui en sortent vivront également au sol. Elles sont des prédatrices se nourrissant d’invertébrés comme des escargots et des limaces, mais aussi de vers ou d’insectes. Quand l’hiver arrive, les larves se réfugient sous terre, ce qu’elles feront 1 ou 2 fois, étant donné qu’elles passent 1 à 2 ans sous forme de larve.

À la fin d’un printemps, les larves se creusent un abri dans le sol afin de compléter leur métamorphose. Les lucioles passeront environ 10 jours sous forme de pupe, avant d’émerger sous leur forme adulte, prêtes à se reproduire. Elles mourront la même année : les mâles après s’être reproduits avec une ou plusieurs femelles et les femelles après la ponte de leurs œufs, ce qui peut être très rapide ou peut prendre plus de temps, selon l’espèce***.  

Pourquoi cette lumière?

Les signaux lumineux des lucioles permettent principalement aux mâles et aux femelles d’une même espèce de communiquer. Les adultes mâles voleront en émettant le clignotement caractéristique de leur espèce. Les femelles accrochées à la végétation répondront par le même clignotement si elles sont intéressées par le mâle à proximité. Ce dernier, lorsqu’il perçoit le signal de réponse d’une femelle, s’approchera en suivant la lumière afin de s’accoupler avec elle****. Chaque espèce aura donc son propre signal, la couleur et la vitesse du clignotement pouvant varier.

Chez les œufs, les larves et les pupes, l’émission de lumière serait plus en réaction à un dérangement et non pas dans le but de communiquer avec des semblables. Beaucoup d’espèces de lucioles produisent des toxines pour se protéger de leurs prédateurs, qui sont les amphibiens et les oiseaux. La bioluminescence chez les lucioles pourrait donc avoir plutôt comme fonction initiale de prévenir les prédateurs de leur toxicité.

Une larve de luciole

Faits impressionnants en rafale

  • Lorsque des grenouilles réussissent à se nourrir de lucioles, il peut arriver que l’insecte continue à émettre de la lumière, même une fois avalé par celles-ci. Plusieurs personnes ont filmé ce phénomène où l’on voit des flashs lumineux provenir de l’intérieur du corps d’une grenouille! Amuse-toi à rechercher ça sur Youtube!
  • Les femelles lucioles appartenant au genre Photuris sont capables d’imiter les signaux lumineux de d’autres espèces de lucioles afin d’attirer les mâles de ces autres espèces dans le but de les manger.
  • Les lucioles sont responsables de phénomènes de bioluminescence synchronisée dans deux régions du monde (en Asie du sud-est et au Great Smoky Mountains National Park des États-Unis), c’est-à-dire que les individus d’espèces vivant dans ces régions sont capables de clignoter simultanément.

Ouvre donc l’oeil (surtout autour milieux boisés ou humides) pour admirer ces toutes petites bêtes aussi magnifiques que surprenantes et contemple la magie de la nature qui t’entoure!

NOTES

* Mes trois meilleurs souvenirs de lucioles sont au parc-nature du Bois-de-Liesse près de la maison Pitfield le soir du mariage de ma cousine, le long d’un sentier au pourtour du lac Morgan près de Rawdon lors d’une fin de semaine de pêche et sur le terrain du Camp le Manoir aux Éboulements lors d’une nuit de camping au camp de vacances GUEPE.

** Le nombre d’espèces trouvées de lucioles pourrait changer selon de nouvelles découvertes ou en raison de l’impact de l’humain sur son environnement.

*** Pour l’alimentation chez les lucioles adultes, c’est plus complexe et moins clair que pour les larves. Certaines ne mangeront pas du tout car elles se reproduisent immédiatement puis elles meurent. D’autres seront des prédatrices comme les larves et d’autres se nourriraient grâce aux plantes (de leur pollen ou de nectar).

**** Chez plusieurs espèces, les femelles sont incapables de voler, parce que leurs ailes sont trop courtes ou qu’elles n’ont tout simplement pas d’ailes. Dans ce cas, il arrive que les femelles aient davantage l’apparence d’une larve que d’un adulte. Le terme « ver luisant », aussi utilisé pour désigner cet insecte, pourrait être inspiré de ces spécimens.

Pour les curieux…

Espace pour la vie (en français)

Guide des insectes du Québec (en français)

ThoughtCo (en anglais)

Par Philippe, éducateur-naturaliste senior

Sources image : Wiki, Katja Schulz, Katja Schulz

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