Le krill, un héros caché

5/4/2023
Vedette du mois

« Krill ». Ce mot, je suis certaine que tu l’as déjà entendu, (probablement dans Trouver Nemo 😉). Mais sais-tu vraiment ce qu’est le krill? Sans plus attendre, mouille-toi le corps, les bras et la nuque, et plonge avec nous dans l’eau glacée du Saint-Laurent (brrrrrrr), partons ensemble à la découverte du krill…  

Faisant partie de l’ordre des Euphausiacés, le krill est un tout petit (voir minuscule) crustacé* qui vit dans tous les océans du monde. Il existe environ 80 espèces de krill, mais les plus connues sont le krill atlantique, Meganyctiphanes norvegica, et le krill antarctique, Euphausia superba. Le krill atlantique se retrouve dans les eaux tempérées et tropicales alors que le krill antarctique préfère les eaux froides.

Les superbes couleurs de Euphausia superba

Qui sont-ils?

Les Euphausiacés adultes vivent à environ 200 m de profondeur, dans les premières couches des océans. Quant aux larves, elles se développent entre 700 m et 2000 m de profondeur! Ils vivent en grands groupes que l’on appelle « essaims », si grands que certains peuvent atteindre jusqu’à 450 km2 avec un poids estimé à 2 millions de tonnes! Ici, on parle d’une superficie quasi équivalente à la ville de La Malbaie, de Québec ou même de Lévis! Les essaims restent en profondeur la journée pour se cacher des prédateurs et remontent près de la surface la nuit.  

Un rôle de choix

La plupart des espèces de krill sont herbivores, mais certaines peuvent être omnivores. Le krill mange donc des phytoplanctons**, et défèque une quantité significative de carbone (en provenance du phytoplancton qu’il a mangé). Ses excréments denses et plein de carbone coulent dans les abysses (entre 2000 et 4000 m de profondeur à certains endroits) et du carbone y est stocké en masse pendant plusieurs centaines (ou milliers) d’années. On dit donc que le krill contribue à un mécanisme qu’on appelle pompe biologique, car il aide à emprisonner le carbone dans les profondeurs de l’océan et empêche ainsi que le carbone retourne dans l’atmosphère. Les excréments, une fois dans les profondeurs, servent de nourriture à certaines espèces abyssales.  

De très nombreuses espèces se nourrissent de krill. C’est le cas de plusieurs mammifères marins tels les phoques, les orques, les baleines, mais aussi des poissons comme le thon et le saumon, des oiseaux, dont les manchots, et enfin, ils sont aussi consommés par les calmars. Le krill est donc considéré comme le maillon de base de nombreuses chaines alimentaires. Seulement, voilà, le krill va concentrer des polluants toxiques présents dans les océans... comme le mercure et le plomb. Les espèces qui le consomment vont assimiler à leur tour ces polluants dans leur organisme, ce qui fait que, au final, chaque élément d’un réseau trophique va se retrouver avec certaines quantités de plomb et de mercure... On parle alors de bioaccumulation.  

Meganyctiphanes norvegica qui prend la pose

Une espèce clé amenée à disparaitre?

Avec les changements climatiques, particulièrement le réchauffement qui fait fondre la glace, le taux de salinité des océans est réduit ce qui diminue la taille et la quantité de phytoplancton, nourriture principale du krill. Ce qui pourrait entraîner une diminution des populations de krill. Un autre facteur entre en jeu : la surpêche. Riche en oméga-3, anti-inflammatoire et reconnu largement pour ses bénéfices cardiovasculaires, la demande de krill est très importante, plus importante que l’offre. Cette ressource est donc surexploitée. À long terme, cela risque d’engendrer un point de non-retour pour la survie à long terme des Euphausiacés.  

Seulement un « petit » essaim de krill vu des airs...

Tu l’auras compris, le krill est un poids essentiel dans la balance des écosystèmes. Pour les préserver, tu peux commencer par surveiller et limiter sa consommation. Le krill se retrouve sous forme d’huile, en farine dans les aliments ou friandises pour animaux, ou même sous forme de capsule en compléments alimentaire. Pour limiter ta consommation par exemple, tu peux consommer des huiles végétales, consommer des fruits secs, des oléagineux et des graines, ou prendre des compléments alimentaires d’une autre sorte! À toi de jouer.

NOTES

* Les crustacés, comme la daphnie, les crevettes et le cloporte, sont des arthropodes à carapace, au corps formé de segments munis chacun d'une paire d'appendices.

** Le phytoplancton est un organisme microscopique végétal. On pourrait le qualifier de micro algue.

Par Lou, éducatrice-naturaliste

Sources images : Uwe Kils, Marcus Saperaud, Eric Vance (USEPA)

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