Mont Saint-Hilaire → minéraux → wéloganite
L’humain a découvert plus de 4000 minéraux différents sur Terre et ce nombre continue d’augmenter. Tu ne seras pas surpris d’apprendre qu’on découvre ces petits nouveaux dans le sous-sol. Et il faut dire, que le sous-sol au Québec, spécialement dans la région métropolitaine, n’a rien à envier au plus grand magasin de pierres précieuses. La diversité des minéraux du Mont Saint-Hilaire est hallucinante. On met le spotlight sur un minéral bien de chez nous : la wéloganite.
Minéraux ou roches?
Les minéraux* se retrouvent naturellement sur notre planète. Ils sont solides et font partie des éléments non vivants de la nature (au même titre que l’eau et l’air). Comme tu as besoin de farine et d’eau pour faire un gâteau, les minéraux sont les ingrédients qui composent les roches. Pour ce qui est des différentes sortes de roche, on y reviendra.
Les minéraux peuvent être composés d’un seul type d’atome (tsé là… le tableau périodique) ou de plusieurs. Par exemple, le carbone compose le diamant et la magnétite est composée defer et d’oxygène. Ces atomes sont structurés dans l’espace pour former un motif en 3D qui est spécifique à chacun des minéraux. Prenons exemple des atomes de carbone : lorsqu’ils s’agencent d’une certaine façon ils peuvent donner un diamant. #blingbling Dans une autre configuration, ils peuvent aussi donner du graphite (c’est ta mine de crayon ça).
Un minéral, en quantité suffisante et avec le temps nécessaire, prend généralement la forme d’un cristal. La nature, cette joaillière! Attention, il ne faut toutefois pas confondre la forme naturelle d’un cristal avec celle des pierres précieuses qu’on trouve sur les bijoux. Un cristal naturel, ça n’a rien à voir avec ce qui a été taillé ou poli par l’humain.
Québec gold minéraux
Savais-tu qu’au sud du Québec se trouve un mont ayant une très grande concentration de minéraux différents? Il s’agit du mont Saint-Hilaire**, une des fameuses Montérégiennes. Pour te rafraîchir la mémoire : les Montérégiennes, c’est une chaîne de monts qui s’étend d’Oka au mont Mégantic, et dont la création est toute une épopée. En résumé, du magma s’est infiltré dans la croûte terrestre, remontant des profondeurs de la Terre sans toutefois atteindre la surface. En refroidissant, ce magma a donné naissance à de la roche plus dur, avec une composition différente en minéraux. De plus, la roche avoisinante s’est métamorphosée par l’action de la chaleur et de la pression de ces remontées, transformant ainsi les minéraux tout autour de cette nouvelle roche.
Alors le mont St-Hilaire, pourquoi il est cool? Il se démarque des autres Montérégiennes par sa diversité minérale (qui est entre autres la conséquence de son histoire géologique). Comme ce sont trois grandes remontés de magma qui sont à l’origine de sa formation, on y retrouve des roches âgées d’environ 120, 122 et 133 millions d’années. (Ce sont, de très vieilles roches.) On y a recensé 333 minéraux différents. De ce nombre, 37 ont été découverts pour la première fois sur ce mont. (Ok, ça peut sembler pas très impressionnant comme ça, mais 37, ça représente presque 1 % des 4000!) On y trouve des roches rares enrichies de certains éléments comme le zirconium et le titane. Qui dit roches rares, dit aussi minéraux rares. On te parle de notre pref : la wéloganite!
Wélo- quoi?
Bien que présente au mont Saint-Hilaire, la découverte de la wéloganite a eu lieu sur l’île de Montréal. Le mont Royal est aussi une Montérégiennes, pas étonnant qu’il y ait donc une similitude entre le sous-sol de Montréal et celui du mont Saint-Hilaire. (Comparaison : les chances sont élevées de trouver les mêmes traineries dans le sous-sol de mononcle Serge et de mononcle Gaétan). La wéloganite a également été trouvée dans deux autres carrières québécoises : à Montréal et à Varennes. Elle a aussi été observée au Manitoba et en Afrique du Sud. Il n’est pas impossible qu’elle se retrouve ailleurs sur la planète. Pour l’instant la wéloganite reste principalement associée à la grande région métropolitaine de Montréal. #cestcheznous
Ce minéral forme un cristal de couleur jaunâtre pouvant aller d’un jaune presque blanc à un jaune plus proche du citron. Parmi les éléments qui la composent, on retrouve du strontium et du zirconium.
C’est la minéralogiste Ann Sabina qui en a fait la découverte, en 1966. C’était lors de sa première visite à la carrière de calcaire Francon située à environ 8 km au nord du mont Royal. Le nom de ce minéral honore Sir William Edmond Logan***, le premier directeur de la Commission géologique du Canada qui a établi et cartographié les principales structures géologiques de notre pays (un monsieur important qui aimait les roches). Cette commission a été fondée en 1842. Si tu te rappelles tes cours d’histoire, cette date précède la création du Canada en tant que confédération. (C’est une très vieille commission.)
Envie de te remplir les yeux de minéraux?****
Ceux provenant du mont Saint-Hilaire peuvent être observés dans les collections du musée Redpath de l’Université McGill et au Musée canadien de la nature à Ottawa. Tu ne peux pas aller visiter par toi-même la carrière du mont Saint-Hilaire. MAIS si t’a envie de devenir géologue d’un jour, les membres du Club de minéralogie de Montréal y organisent parfois des excursions encadrées. C’est à ne pas manquer pour voir les joyaux de notre sous-sol!
NOTES
* Pour réussir à identifier précisément un minéral, on peut aussi tester ses propriétés.
** C’est un merveilleux lieu connu également pour sa nature. On y trouve la Réserve naturelle Gault de l’Université McGill et le Centre de la nature du mont Saint-Hilaire. Ce mont fait partie d’une Réserve de biosphère de l’UNESCO. Disons que c’est une bonne place pour une rando!
*** Le plus haut sommet du Canada, le mont Logan, au Yukon, a également été nommé en l’honneur de ce monsieur Logan.
**** C’est une expression, prière de ne pas te garnotter des roches dans les pupilles, merci.
Par Philippe, éducateur-naturaliste senior
Sources images : Rob Lavinsky, Guillaume Hébert-Jodoin, Didier Descouens