L'opossum d’Amérique
Tu es observatrice-observateur de la faune, trappeuse-trappeur ou lectrice-lecteur avide de nouvelles sur la nature qui t'entoure et ses changements? Tu a probablement entendu, vu ou lu que nos paysages abriteront maintenant un nouvel arrivant : l’opossum d’Amérique (Didelphis virginiana).
…Un quoi?
À première vue, l’opossum d’Amérique (également appelé l’opossum de Virginie) peut ressembler à un rat blanc, entre autres par sa longue queue écailleuse et par son museau pointu. Il faut toutefois noter que cette longue queue est préhensile, soit qu’elle peut servir à s’accrocher aux branches ou encore à transporter de petits objets! Il peut atteindre environ la taille d’un chat lorsqu’il est adulte et mesure en moyenne 70 centimètres, ce qui fait de lui le plus grand de tous les opossums! Son pelage peut contenir des teintes de noir, de gris et de blanc.
Bien que la femelle soit un peu plus petite, elle possède une caractéristique bien singulière : une poche marsupiale ventrale! Eh oui, l’opossum d’Amérique fait partie des marsupiaux, soit que les petits migrent dans cette poche à la naissance et y terminent leur développement, comme le font les kangourous ou encore les koalas.
Je croyais que les opossums ne vivaient que dans les pays chauds…
Il faut d’abord savoir que l’on peut trouver l’opossum d’Amérique aux États-Unis, au Mexique et en Amérique centrale. Une première mention de la présence de cet animal au Québec a eu lieu en 1976. Puis, selon les récentes données recueillies par le Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec, la population serait en expansion depuis les années 2000. Son habitat s’étend maintenant jusqu’en Estrie, au sud du Québec, en Ontario et dans la vallée du Fraser, en Colombie-Britannique. Il y a également de plus en plus de mentions sur la Rive-Sud soit à Saint-Jean-sur-Richelieu et à Longueuil. Peut-être en as-tu vu un toi-même sur ton balcon à la recherche de nourriture ou d’un refuge!
Qu’est-ce qui pourrait bien inviter l’opossum d’Amérique à convoiter les habitats du sud du Québec, de là à s’y établir pour de bon? Il fait bon vivre, me direz-vous! Certes! Toutefois, la principale raison pour laquelle on retrouve une abondance plus élevée d’opossums au Québec est la suivante : les changements climatiques. Eh oui! Te souviens-tu de la migration climatique? L'opossum d’Amérique en est un parfait exemple! Je m’explique.
Il faut savoir que l’opossum n’hiberne pas. Ceci dit, il lui faut un habitat dont les hivers sont assez doux pour lui permettre de survivre aux nuits qui, disons-le, sont un peu plus fraîches de novembre à mars… Par contre, à cause du réchauffement climatique, il réussit à s’acclimater aux hivers plus doux qui sont de plus en plus présents au Québec. Il n’est pas rare de voir des opossums portant des marques d’engelure sur le nez, les oreilles ou la queue : la preuve qu’ils ne sont pas du tout adaptés à ce genre de climat. Selon Colin Garroway, professeur associé de sciences biologiques à l'Université du Manitoba, l’opossum n’est qu’un exemple parmi tant d’autres de migration vers le nord en réponse au réchauffement climatique. Les répercussions de la présence de cette nouvelle espèce dans nos écosystèmes demeurent encore inconnues, surtout que c’est là le premier marsupial à exploiter nos habitats.
Devons-nous nous méfier de sa présence?
L’opossum d’Amérique n’est pas reconnu comme dangereux. Là, tu te dis peut-être : « Quelle bonne nouvelle! Moi qui comptais nourrir et bientôt flatter, assis dans mon divan, celui qui vient me rendre visite chaque semaine! » Attention, il reste un animal sauvage, au même titre que les ratons laveurs, les renards, les mouffettes rayées.
Comment savoir s’il se sent menacé par ta présence? Des indices assez clairs pourront te guider : il peut pousser des cris ou des grognements en montrant les dents (...assez clair non?). Il peut même sécréter un liquide malodorant (un peu comme la mouffette rayée) ou aller jusqu’à feindre le « mort » en se couchant immobile, couché sur le côté, la bouche ouverte. On appelle ce comportement la thanatose. Plusieurs espèces de coléoptères ou de reptiles emploient également cette tactique pour dissuader leurs prédateurs! (Si tu veux en lire plus sur la thanatose.) Le Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec y a même dédié une page!
À noter!
Il est important de savoir que l’opossum d’Amérique, lorsque blessé ou mort, est un animal à déclaration obligatoire. En effet, les mentions obligatoires permettent de mieux suivre l’évolution de son aire de répartition et de mieux documenter sa présence au Québec. Comment faire pour signaler un opossum d’Amérique? Il faut communiquer avec S.O.S. Braconnage du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs en composant le 1 800 463-2191 ou en écrivant à centralesos@mffp.gouv.qc.ca.
Si l’on considère qu’il ne faut que treize jours de gestation et que la femelle peut donner naissance à plus de vingt petits à la fois, ce n’est pas demain la veille que nous verrons pour la dernière fois les opossums sur nos balcons, sur les berges de nos rivières ou encore dans nos villes!
Par Sarah G., éducatrice-naturaliste en Estrie
Sources images : Andy Reago & Chrissy McClarren, carte, Andy Reago & Chrissy McClarren