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Découvrir la nature avec nos yeux d’expert.e.s

Parce que tu te demandes qu’est-ce qui se passe dans un cocon de papillon, comment se forme une tornade et comment les plantes communiquent... L'équipe de naturalistes de GUEPE a décidé de répondre à toutes tes questions, car la nature, ce n’est pas un mystère, c’est une science! Un.e naturaliste c’est quoi? En gros, c’est un.e spécialiste dont la mission première est de vulgariser les différentes sciences de la nature.

Chaque mois, on te présente une vedette, animale, végétale ou autre (oui, oui!), en plus des sujets préférés de nos naturalistes. Reste donc bien connecté.e. On va répondre aux questions de notre lectorat (incluant les tiennes) et on va aussi te proposer des places à visiter, des actions à poser, des trucs à voir et à lire. 

On te souhaite une bonne exploration de la nature!

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Le lapin du Québec

Visualise 5 cm d’oreilles paraboliques, des pattes qui font le tiers de la longueur totale de son petit corps rond, le tout est couvert d’un pelage brun à l’année, avec une queue blanche aussi touffue qu’une boule de coton.

Visualise 5 cm d’oreilles paraboliques capables de détecter les moindres sons et leur direction. On ajoute des pattes qui font le tiers de la longueur totale de son petit corps rond. Le tout est couvert d’un pelage brun à l’année. Et on complète avec une queue blanche aussi touffue qu’une boule de coton, qui lui a valu son nom (dans les 2 langues). On te parle de la seule espèce indigène de lapin du Québec : lapin à queue blanche (l’eastern cottontail rabbit).  

On trouve ce mammifère nocturne (ou plus précisément crépusculaire) dans les milieux semi-ouverts, comme les prairies et les lisières, et même en zones urbaines. Son aire de répartition est concentrée au sud-ouest du Québec dans les basses-terres du Saint-Laurent, mais s’étend au sud jusqu’en Amérique du Sud.  

Powerhouse de bébés

Les lapins à queue blanche sont de véritables machines à reproduction. Une femelle, qui atteint la maturité sexuelle dès sa première année de vie, peut avoir jusqu’à 4 portées de 2 à 8 petits par année. Fais le calcul : c’est une possibilité de 32 rejetons multipliée par une longévité moyenne en nature de 3 ans donnant un grand total de 96 bébés par femelle en santé.  

Mais avant de produire, il faut séduire. La parade nuptiale des lapins à queue blanche est plus acrobatique que romantique. De manière générale, ils se font la cour en bondissant dans tous les sens. Le mâle pourchasse la femelle jusqu’à ce qu’elle le confronte. Et dans un élan séducteur, elle lui envoie un coup de patte dans la face. #rabbitpunch Puis, ils se scrutent longuement. Et pour la grande finale, le mâle bondit haut dans les airs tandis que la femelle passe sous lui. Puis la routine recommence encore et encore.  

Rien de trop beau pour les petits

Pour chaque portée, la femelle travaille fort pour le confort (et le succès) de ses petits qui naissent nus et aveugles. Elle creuse une cavité peu profonde, coussinée de plantes et de son propre poil, sous un buisson ou dans les herbes hautes. La femelle ne reste pas continuellement sur le nid; elle s’en éloigne, évitant ainsi d’attirer l’attention des prédateurs. Les petits restent couverts dans le nid pour quelques semaines, jusqu’à ce qu’ils soient autonomes. En attendant, ils se nourrissent de lait et de cæcotrophes maternelles. De quoi? Les cæcotrophes sont des rejets de la mère riches en protéines, vitamines et minéraux. Tu as bien lu, on te parle ici de manger des crottes*. C’est une pratique courante chez les animaux quand il faut maximiser les nutriments!  

Un nid douillet

Manger ou se faire manger

L’alimentation du lapin à queue est composée uniquement de végétaux (pas seulement prédigérés là). En hiver, il gruge l’écorce des arbrisseaux (comme les micromammifères subnivaux). Il n’hésite pas non plus à grignoter bourgeons, rameaux et ramilles qui sont à portée de… dent. En été, il mange des pissenlits, de la verge d’or et toutes les herbacées qu’il croise. Il est aussi connu pour faire le ménage dans les potagers et autour des fermes.  

Parce qu’ils sont si productifs, les lapins peuvent rapidement devenir too much pour un milieu**. Plus il y a de lapins, plus les ressources deviennent rares. Heureusement, la nature a une solution : une liste impressionnante de prédateurs. La réalité est que tout ce qui peut attraper un lapin le mange : du coyote à la martre, en passant par les hiboux et les ratons laveurs.  

Les lapins ne sont pas sans défense. D’abord, ils sont experts en camouflage. En plus, leurs pattes puissantes leur permettent de se sauver à presque 30 km/h. Et non seulement ce sont des p’tits vites, mais pour déstabiliser le prédateur, ils se sauvent en zigzag, créant la plus grande confusion. (Ça ne prend pas grand-chose aux prédateurs pour être confus…)

Autres léporidés du Québec

Le lapin à queue blanche fait partie de la famille des Léporidés avec ses cousins du Québec, le lièvre d’Amérique et le lièvre arctique. Ils sont de la même famille***, mais bien différents. Les lièvres se retrouvent plus au nord : les lièvres d’Amérique raffolent des forêts denses de conifères et le lièvre arctique habite la toundra. Les deux espèces naissent avec du poil et les yeux ouverts. Ils sont généralement plus gros que les lapins (le lièvre arctique étant le plus gros des deux) et ils ont des oreilles plus longues. La plus grande différence est toutefois leur pelage d’hiver. Le lapin à queue blanche conserve son pelage brun toute l’année tandis que les lièvres ont le poil blanc pendant la saison froide.  

Un lapin à queue blanche à gauche, au centre un lièvre d’Amérique dans son pelage d’été et à droite un lièvre arctique

Alors, peu importe où on se trouve au Québec, on peut croiser un de ces Léporidés. Des conseils pour les observer : sortir en matinée, c’est le moment où ils sont le plus actifs, rester silencieux et scruter sous les buissons ou à travers les branches basses.

NOTES

* La cæcotrophie est un mécanisme qu’on retrouve chez plusieurs espèces qui mangent une partie de leurs excréments. Ces herbivores ont une alimentation à base de végétaux, dont le constituant principal est la cellulose. Toutefois, leur système digestif a du mal à la décomposer en nutriments. La cellulose est donc envoyée dans une poche, le cæcum, pour finir le travail. Ici, les cæcotrophes sont créés. Ils sont ensuite éjectés et ingurgités dès l’excrétion pour profiter des nutriments maintenant digérables par l’intestin. À ce deuxième passage, les cæcotrophes passent par l’estomac qui est très acide. C’est pourquoi elles sont couvertes de mucus pour rester intactes jusqu’à l’intestin! Bon voyage les cæcotrophes!  

** C'est le cas des lapins européens qui ont été introduit en Nouvelle-Zélande autour de 1860 et qui sont rapidement devenus une véritable peste (dès 1880) parce qu'il n'y avait aucun prédateurs naturels du lapin dans le pays. Ils sont désormais considérés comme une espèce envahissante et un problème de poids pour les écosystèmes de l'île.

*** En passant, il faut ajouter qu’ils ne sont pas des rongeurs. Bien qu’ils aient une dentition similaire, les Léporidés ont deux paires d’incisives, ce qui les distingue des rongeurs.  

Par Anne Frédérique, éducatrice-naturaliste senior

Sources images :  Paul Brennan, Jhansonxi, James H., Martin Kraft, Electronker

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Ailleurs
L’ABC des tornades

Dorothée est emportée par une tornade, Helen Hunt (Twister), survit à une, le Tasmanian devil se déplace dans sa propre tornade. Les tornades sont dans notre imaginaire collectif, mais, n’oublions pas qu’elles sont bien réelles.

En 1939, la maison de Dorothée est emportée par une tornade, jusqu’à Oz. Helen Hunt, en 1996 dans le classique Twister, s’attache à une conduite souterraine et survit à une tornade. En 2013, la terreur s’étend sur Los Angeles quand les requins s’emparent d’une tornade, dans le loufoque Sharknado. Le Tasmanian devil des Loony Toons se déplace littéralement dans sa tornade personnelle. Les tornades font partie intégrante de notre imaginaire collectif. Toutefois, il ne faut pas oublier qu’elles sont bien réelles. Ces phénomènes météorologiques dangereux, presque imprévisibles et destructeurs nous rappellent que la nature, elle, ne niaise pas. C’est pourquoi on t’explique qu’est-ce que c’est que ce tourbillon de vent, d’où il vient et où il va.  

Une tornade, c’est une masse d’air verticale qui tourne créant une forme d’entonnoir dont une extrémité touche le sol (ou l’eau). Son diamètre varie entre 10 à 100 m selon les conditions de sa création. Une tornade rugit (on compare souvent son bruit à celui d’un train) et elle détruit pas mal tout ce qui se trouve sur sa route. Elle peut se déplacer sur 80 km de distance et on calcule sa puissance sur une échelle de 0 à 5 selon les dommages qu’elle crée (5 étant des dommages extrêmes avec des débris sur plusieurs kilomètres). C’est l’échelle de Fujita.  

Le méga nuage d’où il vient

Une tornade se forme dans un méga orage, ceux qu’on appelle supercellulaires. Alors qu’un nuage d’orage se crée*, si des vents de différentes vitesses (soit des vents rapides en altitude et des vents plus lents au niveau du sol; on appelle cette division le cisaillement des vents) le traversent, une rotation horizontale de l’air se crée dans le nuage. Ce tunnel horizontal est ensuite poussé par l’air chaud qui monte du sol. Le rouleau d’air se redresse à l’intérieur de la cellule orageuse pour prendre une position verticale. Cette colonne d’air qui pivote sur elle-même dans le nuage s’appelle un mésocyclone. À cause de sa force, le nuage en entier entre en rotation; c’est un orage supercellulaire. Il y aura alors de la pluie, de la grêle, des éclairs et ce, pendant plusieurs heures. Autrement dit, sors ton kit de pêche à la mouche, parce que ton petit parapluie n’est pas de taille…  

La vie et la mort de la tornade

Pour qu’une tornade à proprement parler se forme sous une supercellule d’orage, il faut des vents encore plus puissants et que la pluie dans le nuage refroidisse l’air qui devient de plus en plus lourd. Ces masses d’air se dirigent vers le sol en forçant le mésocyclone à l’étirer verticalement, vers le sol. (On y est presque…) C’est la formation du tuba. Non, pas ce tuba-là… C’est un cône étroit qui se forme sous le nuage. Il s’étire jusqu’à ce qu’il touche le sol. Et il devient une tornade. #touchdown

Des vents allant jusqu’à 400 km/h font vivre la tornade. Elle poursuit son chemin jusqu’à ce qu’elle rencontre un obstacle important dans le relief ou jusqu’à ce que l’équilibre avec les vents ascendants et descendants se brise. Là, elle disparaît.  

La Tornado Alley  

Bien que les tornades aient lieu partout sur la Terre, elles sont très fréquentes et particulièrement puissantes dans une région de l’Amérique du Nord qu’on a surnommé l’Allée des tornades. Elle couvre le centre des États-Unis, du nord du Texas jusqu’au sud du Canada**. Ce sont les formations géologiques avoisinantes qui créent ce corridor météorologique : à l’est, les Rocheuses et au sud, le Golfe du Mexique. Au centre, on retrouve les parfaites conditions pour nos supercellules orageuses, soit de l’air chaud et humide qui arrive du golfe et l’air froid qui descend des montagnes. Et boom! Tornades!  

Les twisters peuvent subvenir à tous moments de l’année, mais le printemps est connu pour son abondance de tornades (merci au mouvement vers le nord du jet stream qui emporte avec lui l’humidité du Golfe du Mexique). On dit que les tornades sont plus nombreuses au mois de mai dans la Tornado Alley, mais que celles d’avril sont les plus puissantes.  

Une tornade F5 au Manitoba en 2007 (tu peux même admirer son tuba ici)

Au Canada, les tornades sont le plus souvent causées par l’air chaud qui remonte des États-Unis avec le mouvement du courant-jet. Elles sont donc plus fréquentes à la fin de l’été.*** Juste derrière notre cousin du sud, nous sommes le deuxième pays avec le plus de tornades dans le monde, avec une moyenne de 80 à 100 tornades annuellement. Que ce soit des vortex d’eau, de poussières ou de sable, de feu (!!) et même de neige, ou encore une classique tornade de supercellules, il faut se le dire, ces phénomènes sont impressionnants, mystérieux, effrayants et bien sûr, passionnants.  



NOTES

* En été, le soleil réchauffe le sol. L’air chaud (et humide) s’en échappe et monte parce qu’il est léger. Dans son ascension, il va rencontrer une masse d’air froid et sec. Lorsque les deux masses entrent en contact, l’air chaud et humide se condense pour former un nuage (un cumulus). Si les conditions sont bonnes, le cumulus va rapidement prendre de l’expansion en hauteur pour former un cumulonimbus, un nuage d’orage.

** Deux régions canadiennes sont plus susceptibles d’être touchées par les tornades : le sud des Prairies et le sud de l’Ontario et du Québec.  

*** Bien que les tornades peuvent surgir à n’importe moment de la journée, elles sont plus susceptibles de prendre forme en fin d’après-midi. Pourquoi? À cette heure, le soleil aura eu toute la journée pour chauffer le sol et l’air ambiant, ce qui favorise la formation des cellules orageuses.




Par : Anne Frédérique, éducatrice-naturaliste senior

Sources images : GUEPE, Justin Hobson

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Question du public
Le mystère des cocottes

« Ben voyons!! Pourquoi toutes les cocottes sont dans le haut du sapin? », s’est exclamée la madame bien étonnée. La distribution des cônes sur un conifère, c’est assez mystérieux, en effet madame.

« Ben voyons!! Pourquoi toutes les cocottes sont dans le haut du sapin? », s’est exclamée la madame bien étonnée.

Premièrement, c’est une excellente question! La distribution des cônes sur un conifère, c’est assez mystérieux, en effet madame. Et deuxièmement, ce n’est pas un sapin, c’est une épinette, mais ça c'est le sujet de ce billet.

C’est ça que la madame voyait.

D’abord, qu’est-ce qu’une cocotte?  

Les cônes (pour les appeler par leur vrai nom) sont ce qu’on pourrait appeler les fruits des conifères (mais pour être plus juste, il faudrait dire que c’est l’élément qui regroupe les organes reproducteurs des conifères). On trouve des cônes femelles et des cônes mâles. Ces derniers produisent le pollen. Les cônes femelles, qu’on appelle aussi les cônes de graines, ont des écailles sous lesquelles se cachent les ovules. Une fois l’ovule fécondé par le pollen, elles se transforment en graines. C’est exactement le même principe que pour une fleur tout à fait standard. À partir du moment où les graines sont formées, on peut considérer ces cônes comme des fruits puisqu’ils portent et protègent les graines.  

La question du positionnement des cônes sur l’arbre est une question qui reste à ce jour sans réponse. Ce n’est pas comme si on pouvait demander au grand pin d’à côté what up avec ses cocottes… Mais, il existe des hypothèse pas piquées des vers.  

Question de dissémination

Bien que chez les conifères, la dispersion des graines soit fréquemment faite par les animaux (comme les écureuils quand ils cachent les cocottes un peu partout dans la forêt), la principale méthode de dissémination est par le vent (c’est l’anémochorie). Par exemple, le sapin baumier a, dans ses cônes, des graines ailées. Pas comme un oiseau là, non. La graine porte une excroissance membraneuse qui lui permet de pogner dans le vent, quand vient le temps de quitter sa cocotte pour aller coloniser. Même histoire pour les épinettes, la pruche, le thuya et bien d’autres conifères d’ici. Alors, si les cocottes poussent en plus grand nombre près de la cime de l’arbre, là où il vente pas mal, ça donne plus de chances aux graines d’être dispersées plus loin, où il y a moins de compétition et donc, plus de succès.  

Question de fertilisation

Il est aussi possible que cette distribution en hauteur des cônes améliore les chances de pollinisation croisée. C’est quoi ça? C’est quand le pollen d’une plante (disons ici, le sapin 1) féconde une autre plante de la même espèce (disons ici, les cônes femelles du sapin 2). La plupart de nos conifères ne sont pas auto-fertiles (les ovules du sapin 1 ne peuvent pas être fécondés par le pollen du sapin 1). Au contraire, il y a aussi des plantes qui font de l’autofécondation : la fécondation se produit entre le pollen et l’ovule d’une même fleur. Chacun son style, comme on dit.  

Donc, dans le cas des conifères qui ne font pas d’autofécondation, on peut supposer que si les cônes sont en haut de l’arbre, il est peu probable que le pollen soit soufflé par le vent, verticalement. Les chances sont donc faibles qu’il arrive dans les cônes femelles du même arbre.

Des cônes mâles de sapin baumier

Cette distribution bien mystérieuse des cônes sur les conifères est donc probablement liée au vent et au succès des espèces, comme bieeennnnnnn des adaptations dans la nature. Mais, on n’observe pas cet arrangement sur tous les conifères. Et bien non. Certains ne produisent pas de cônes. Ils portent des arilles, de petits fruits charnus qui enferment partiellement la graine, comme chez l’if du Canada. Considérant que c’est un arbuste, et qu’il est rarement exposé au vent, il y a peut-être un lien… Qui sait? ¯\_(ツ)_/¯

Sources images : Needpix, GUEPE, Joseph O’Brien, USDA Forest Service

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Quoi faire?
Le plein air, c’est quoi?

Escalade de glace, randonnée pédestre, raquette dans la neige fraîchement tombée, kayak de mer, rabaska, canot-camping, vélo de montagne. Oui, c’est des beaux exemples d’activités de plein air. Mais, c’est quoi le plein air?

Escalade de glace aux Chutes Montmorency, randonnée pédestre en plein cœur de l'Estrie, raquette dans la neige fraîchement tombée, kayak de mer autour de l’Île-aux-Amours, au Bic, rabaska sur la rivière des Prairies, canot-camping sur le St-Maurice, vélo de montagne sur les Montérégiennes. Oui, c’est des beaux exemples d’activités de plein air. Mais, c’est quoi au juste ça? « Plein air », ça veut dire « à l’extérieur » (où l’air n’est pas confinée). Si on ajoute le mot « activité », ça peut créer des petites confusions.

D’abord, faisons la différence entre les « activités en plein air » et les « activités de plein air ». Les « activités en plein air », ce sont des événements qui ont lieu à l’extérieur. On inclut ici les cinémas en plein air, les foires, les magasins extérieurs, les marchés publics, mais aussi les activités DE plein air. Les « activités de plein air » (celles qui nous intéressent ici) incluent les sports et loisirs qui se déroulent dehors dans un rapport dynamique avec la nature. Pour ce qui est de la suite de la définition, tout le monde ne s’entend pas. Généralement, on considère les activités de plein air comme non-compétitives, non-motorisées* et elles présenteraient des risques et/ou des imprévus.

On liste traditionnellement comme activités de plein air le vélo, la randonnée, la raquette, les loisirs et sports nautiques (canot, kayak, rafting, planche à pagaie, voile, etc.), le ski, l’escalade extérieure, la spéléologie. Ajoute ici une ribambelle de nouvelles activités qui sont de plus en plus populaires : plongée, observation de la faune, traineau à chiens, fatbike, géocaching, slackline, parapente, canyoning, yoga extérieur, etc., etc., etc.

Depuis quand c’est cool?  

Les activités de plein air existent depuis que les humains sont émerveillés par la nature et qu’ils veulent en profiter autrement que pour leur subsistance. Il faut donc faire une micro différence entre les peuplements nomades au Paléolithique qui se déplaçaient en suivant les troupeaux et nous qui parcourrons la réserve du Cap-Tourmente un samedi matin. Oui, les premiers humains faisaient de la randonnée pédestre, mais c’était directement lié à leur survie. Même histoire avec l’utilisation de raquettes et de canots comme outils de déplacement, par les Premières nations. Heureusement, quelques aventuriers se sont inspirés de ces ingénieux prédécesseurs et ont développé la pratique du plein air dans un cadre organisé.

On dit que c’est à la fin du 18e siècle, alors que l’alpinisme de groupe (dans les Alpes en France) et la spéléologie deviennent des loisirs de plus en plus communs, qu’on commence à voir apparaître les notions de plein air. Un siècle plus tard, motivé par la qualité de vie pas mal dégueux dans les villes qui s’industrialisent**, le monde, en quête d’air pur, ressent l’appel de la nature sauvage. C’est le début du camping organisé. Après 1940, alors qu’aller en nature est chose relativement courante pour les bonnes familles, on constate une diversification des approches et des pratiques. Ski, canot-camping, expédition vers le Nord du Canada, rabaska : une offre qui répond à la demande.

Aujourd’hui, on parle de plein air de masse. Et c’est une bonne chose! Au début des année 1990, les sports extrêmes, comme le vélo de montagne, l’escalade, le kayak, ont connu un essor important. Cet engouement a permis de démocratiser la pratique du plein air. Puis s’en ait suivi une véritable vague « plein air ». La qualité et l’accessibilité du matériel et des sites de plein air, ainsi que l’accès à l’information sont les deux principaux  moteurs de cette popularité fulgurante. Le plein air, c’est pour tout le monde et ce, même en ville.  

Au Québec

Les deux tiers des Québécois pratique une ou des activités de plein air. C’est beaucoup de monde. Ça représente une large majorité de la population qui fait de l’activité physique et qui profite de la nature. En plus, on ne va pas se le cacher, qui participe à remplir les coffres d’un secteur économique important de notre province.***

Ce que les Québécois aiment : le vélo sur route et sur piste cyclable, la randonnée pédestre et la marche hivernale en sentier. Pas loin derrière, la raquette, le canot et le kayak figurent dans le top 10 des activités de plein air les plus pratiquées. Et on ne fait pas ça en solo. Au Québec, le plein air, c’est une histoire de gang, de famille ou d’amoureux. Les jeunes sont d’accord à 84 % : ils feraient plus d’activités de plein air s’ils avaient plus d’opportunité, ce qui est très encourageant pour le futur de la pratique.  

Montréal et le plein air urbain

Opportunité, c’est souvent synonyme de proximité. À Montréal, la pratique du plein air est riche, mais encore méconnue. Avant d’aller plus loin, tu vas nous dire que « plein air » et « urbain », c’est contradictoire. Et on va te répondre que t’as raison! Le contact avec la nature en plein cœur d’une métropole, ce n’est pas facile à imaginer, mais c’est réel. Le concept de plein air urbain, c’est une notion élargie du plein air. Le rapport dynamique avec la nature se fait dans les espaces verts et les parcs urbains, dans les écoterritoires de la trame verte et bleue de Montréal par exemple.

La piste cyclable qui longe la rivière des Prairies, sur le Parcours Gouin, c’est l’endroit idéal pour faire du plein air en milieu urbain. C’est une activité physique qui offre un rapport privilégié avec la nature, mais en ville. Escalade extérieure au Parc Jean-Drapeau, randonnée pédestre dans le parc-nature du Bois-de-l’Île-Bizard, canot sur le lac des Deux-Montagnes, le surf et la descente en rafting des rapides de Lachine. Pas de blague, la liste est longue pour faire du plein air à proximité, même pour les Montréalais. La plupart des sites sont même accessibles en transport en commun. Là, on parle d’opportunités!  

Les biens faits du plein air  

Que ce soit entre deux gratte-ciels à Montréal, dans l’astroblème de Charlevoix ou dans l’immensité de la Côte-Nord, tout le monde s’entend sur les bienfaits de la pratique du plein air. Évidemment, l’activité physique que ça implique est sans aucun doute excellente pour quiconque. On ajoute à ça, le contact avec la nature : ça réduit le stress, ça stimule nos sens, notre concentration et notre créativité, ça nous rend de meilleure humeur et de manière générale, ça nous tient en meilleure santé. Plus de nature, c’est aussi des milieux de vie plus intéressants. Par ricochet, investir dans la nature, c’est favoriser, non seulement le récréotourisme, mais aussi la biodiversité!! Win-win!  

Au Québec, en ville et ailleurs, il y a un énorme potentiel pour la pratique du plein air et son développement. Alors ouvre l’œil, dans les prochaines années, l’offre va exploser d’avantage avec des activités d’initiation en tout genre, faciles d’accès, dans différents lieux (de plus en plus inusités peut-être), où tu peux louer du matériel ou l’acheter à petit prix. C’est un futur extrêmement intéressant, n’est-ce pas?  

NOTES

* Honnêtement, tu peux avoir la définition qui te fait plaisir, si tu veux inclure la motoneige dans les activités de plein air, you do you. On fait juste synthétiser la littérature qui existe déjà.

** Les villes sont en pleine expansion, ce qui vient avec son lot de pollution et des normes d’hygiène qui ne sont pas tout à fait au point. À l’instar des milieux urbains de l’époque, des maladies comme la tuberculose, sont, elles aussi, en pleine expansion. #contrairedecool

*** L’impact économique annuel de la pratique des activités de plein air (incluant la motoneige) au Québec, s’élève à plus de deux milliards de dollars.

Par Anne-Frédérique, éducatrice-naturaliste senior

Sources images :  PickPik, Pixabay, Needpix

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Ailleurs
Le Mont d’Iberville, le toit du Québec

Le Mont d’Iberville, cette montagne n’est pas seulement le toit de notre province, c’est aussi une histoire de controverse, d’aventure et un exemple parfait de la diversité de notre paysage.

En cette journée internationale de la montagne, on te présente le plus haut sommet du Québec : le Mont d’Iberville. Cette montagne n’est pas seulement le toit de notre province, c’est aussi une histoire de controverse, d’aventure et un exemple parfait de la diversité de notre paysage.  

Alors, le Mont d’Iberville. Il se situe dans la chaîne des Monts Torngat, qui chevauche le Nord du Québec et la péninsule du Labrador. Cette fameuse montagne, qui est l’un des sommets les plus hauts du pays à l’Est des Rocheuses, fait un humble 1652 m de haut. (Le Mont Everest, le plus haut sommet du monde en fait 8848 et le Mont Logan, le plus haut du Canada, fait 5959 m. Et comme comparatif, le Mont Mégantic, une des Montérégiennes, fait un très honorable 1105 m.) Malgré son élévation relativement basse, on dit du Mont d’Iberville que c’est une montagne spectaculaire avec des arêtes escarpées, des aiguilles glacières (sommet très pointu), le tout entouré de vallées semi-circulaires creusées par les glaciers. Du grand art, quoi.  

Du côté de Terre-Neuve et Labrador, la montagne a un autre nom : le Mont Caudvick (ou Kauvvik). Il a été évalué que le véritable point culminant de la montagne se trouve au côté labradorien de la frontière. Tu te demandes : « Ça veut dire que le sommet le plus élevé du Québec, n’est pas au Québec? ». Oui, et non. C’est chose courante dans le monde que des montagnes se trouvent à cheval sur deux états, qu’elles aient deux noms, et qu’on les partage sans problème entre deux nations. Les montagnes, c’est à tout le monde finalement!

Le sommet à gauche de l’image

Une histoire de controverse

Les montagnes, c’est à tout le monde… Oui et non. Les états qui partagent des montagnes s’entendent généralement, mais la situation est un peu différente quand un des deux noms est relativement insultant pour un des deux états. T’auras compris que c’est un peu ce qui se passe ici. Voyons pourquoi avec un peu d’histoire.  

En 1971, la Commission de toponomie du Québec baptise cette grosse montagne bien piquante le Mont d’Iberville. C’est un hommage à un navigateur français, Pierre Le Moyne, Sieur d’Iberville, connu ici comme un vaillant militaire, grand explorateur et commandant de le marine de France. Ailleurs, c’est celui qui a activement pris part au conflit franco-britannique, dans la Baie d’Hudson, en Acadie et au Labrador, en plus d’attaquer avec succès des colonies et des forts dans toutes les provinces autour du Québec et en Nouvelle-Angleterre. Bref, le monsieur n’est pas trop populaire dans les régions anglophones de l’Est du pays, spécialement auprès des Premières Nations. Le nom choisit par le Québec ne fait donc pas l’unanimité.

Deux noms, deux mondes

Après plusieurs essais par différentes équipes, c’est en 1973 qu’à lieu la première ascension complète du infamous Mont d’Iberville par deux Américains, Christopher Goetze et Michael Adler. Quelques années plus tard, une autre expédition arrive au sommet, et constate que ce dernier est divisible en deux paliers et que le plus haut des deux se trouve du côté de TNL. Le second sommet (on l’appelle une épaule), quelques mètres plus bas, se trouve du côté ouest d’un petit cours d’eau glaciaire, délimitant la frontière des deux provinces. Le sommet de la montagne est officiellement placé au Labrador la même année. Peu de temps après, le Newfoundland Geographic Names Board, le nomme Caubvick. C’est un hommage aux Inuits amenés en Angleterre (1772) comme une curiosité, une étrangeté, du Nouveau Monde aux yeux des Londoniens de l’époque. Une seule montagne a officiellement deux noms, représentant deux mondes complètement différents.

Un lagopède alpin qui chill dans les Monts Torngat

Aride et riche

Le Mont d’Iberville/Caubvik se trouve dans une des plus spectaculaires chaînes de montagnes de l’Amérique du Nord. Bien sûr, elle ne rivalise pas en hauteurs avec les montagnes de l’ouest, mais en beauté, peut-être. Les Monts Torngat sont réputés pour leurs falaises côtières escarpées hautes de 600 m, ses vallées profondes et ses fjords extraordinaires.

La chaînes est bordée par un large plateau, où l’on peut observer des témoins du passé glaciaire de la région sur son pergélisol.

Le couvert végétal qu’on trouve sur la montagne est limité. Le sommet est un désert rocheux, où le lichen et la mousse s’accrochent aux roches. On trouve dans ses micro habitats quelques araignées et de petits insectes. En descendant, se côtoient le long des pentes abruptes, des fougères, des plantes à fleurs, des herbes et des champignons. Pas d’arbres à proprement parler s’y trouvent, sauf quelques épinettes naines et des saules arctiques. Pendant la montée, la végétation est concentrée en bordure des ruisseaux glaciaires. Par contre, les plateaux au bas de la montagne sont reconnus pour leurs nombreuses plantes à fleurs, petites, à ras du sol, pour se protéger des grands vents. C’est le cas des campanules à feuilles rondes et des saxifrage jaune des montagnes. Dans ce climat alpin, les plantes poussent sur une courte période en été, alors que les températures sont les plus clémentes*.

Cette météo extrême ne décourage pas quelques vaillants animaux qui ont élu domicile sur les flancs de la montagnes. Les ours polaires et noirs, les caribous, les loups, les renards arctiques et roux, font partie des espèces de prédateurs du Mont d’Iberville. En contrepartie, on y trouve aussi des lagopède alpins, des lemming et des campagnols. Comme quoi, chaque écosystème, mêmes les plus arides, font de bonheur de certains!  

Le campanule à feuilles rondes, imagine une plaine recouverte à la grandeur!

En plus de contenir de nombreuses richesses géologiques et écologiques, le Mont d’Iberville/Caubvik a une valeur spirituelle importante. Pour les Inuits, les Monts Torngat sont magiques. C’est la demeure de Torngatsoak, un esprit à l’apparence d’un ours polaire gigantesque qui contrôle la vie. Rien de moins. C’est donc un lieu sacré, non seulement par sa beauté unique, mais aussi pour son importance culturelle.

NOTES

* La météo sur les Monts Torngat a la réputation d’être mauvaise, très mauvaise. Les tempêtes de neige peuvent survenir à tous moments, été comme hiver.  

Par Anne-Frédérique, éducatrice-naturaliste senior

Sources images : M Sadler, Bouketen Cate, Pixabay

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