Les conifères, champions des arbres
Depuis le primaire, tu as surement entendu dire qu’au Québec, on a des forêts mixtes. Et si tu écoutais à ce moment-là, tu auras aussi appris qu’une forêt mixte, c’est une forêt dans laquelle on retrouve des arbres dit feuillus – aka les arbres avec feuilles – et des conifères, ceux qui n’ont pas de feuilles avec un limbe* étendu mais des aiguilles!
Avoir des aiguilles (ou des écailles, dans le cas du thuya) n’est pas le seul trait particulier et original des conifères qui peuplent nos forêts. Cela valait donc la peine de prendre le temps de t’en parler!
Des arbres pas frileux…
Les conifères, ce sont un peu les supers résistants des arbres. Déjà parce que comparés aux feuillus, ils gardent leurs feuilles durant l’hiver. En effet, peu d’espèces de ce groupe d’arbres perdent leurs aiguilles, à l’exception du fameux mélèze.
Il n’y a pas que leurs aiguilles qui les distinguent des feuillus, mais également leur reproduction. Les conifères n’ont pas de fleurs, mais se reproduisent par reproduction sexuée, grâce à des cônes mâles et femelles. Les fameuses cocottes! Les cocottes que l’on ramasse par terre se sont les cônes femelles, qui sont tombés après avoir libéré les graines. Les cônes mâles, généralement beaucoup plus petits, peuvent être observés souvent tout à l’extrémité des branches. Ils libèrent le pollen qui voyagera grâce au vent.
Les conifères présentent deux types de « feuilles » : des écailles, comme les thuyas, ou des aiguilles, qu’on retrouve chez les autres conifères. Ces organes sont persistants durant l’hiver, et résistent à des températures très froides et au gel. En effet, les seuls arbres qu’on retrouve vers les pôles, dans la toundra, ce sont des conifères! Ces feuilles sont d’ailleurs très bien adaptées à la sécheresse, grâce à leur forme fine et effilée, leur cuticule** épaisse et imperméable, mais aussi par le fait que leurs stomates*** sont enfoncés dans des puits pour réduire les pertes en eau.
Et pas tout jeunes!
En plus de leur résistance incroyable au froid, les conifères sont également les grands gagnants du concours de longévité des espèces vivantes. Au Québec, les espèces de conifères qu’on retrouve ont une moyenne d’âge maximale de 150 ans, mais certains peuvent tenir bien au-delà de cet âge, tel que le thuya occidental qui a une longévité de 700 ans! Un individu de cette espèce pourrait donc avoir vu les Premières nations en Amérique du Nord, avant l’arrivée les Européens. Assez vertigineux comme image!
Sur la planète, les plus vieux arbres encore vivants sont justement des conifères. Jusqu’à présent, celui qui a la médaille de longévité est Mathusalem, un pin Bristlecone âgé d’environ 4800 ans qui se trouve dans les Montagnes Blanches en Californie. Cependant, il existe des arbres ayant des racines bien plus vielles! Comment est-ce possible qu’un arbre ait des racines plus vieilles que lui? C’est parce que certains végétaux se reproduisent à travers les racines, mais, ça, on y reviendra. Par exemple, en 2008, on a découvert Old Tjikko (du nom de son découvreur), un épicéa dont l’âge de ses racines est estimé à 9550 ans! Si l’envie te prend d’aller saluer ce conifère de seulement 4 mètres de haut, il faudra aller randonner sur la montagne de Fulufjället en Suède.
Outre leur longévité, les conifères sont aussi les plus vieux arbres sur l’échelle de l’évolution puisque leurs ancêtres se sont diversifiés bien avant les feuillus, il y 300 000 millions d’années, pour former les premières forêts sèches.
Nos conifères d’ici
Au Québec, on retrouve huit familles de conifères. Quatre espèces de pins peuvent être observées, dont le pin blanc, le pin gris et le pin rouge. Le groupe des fameuses épinettes est divisé dans trois espèces, pas faciles à distinguer les unes des autres. Le mélèze laricin, on le connait déjà, c’est celui qui perd ses aiguilles en hiver. Ses petits cônes rougeâtres ressemblent à de petites roses! L’if, un arbuste, et la pruche du Canada, un des plus grands conifères d’ici, sont aussi bien présents dans nos forêts.
Dans les originaux, on retrouve le thuya occidental avec ses écailles et le genévrier de Virginie avec ses baies aromatiques. Finalement, le dernier des représentants connus des conifères au Québec, c’est le sapin baumier, qu’on connaît bien pour son parfum souvent utilisé dans les bougies. Il t’est surement plus familier que tu le penses, car c’est souvent lui qui orne ton salon et sous lequel tu mettras tes cadeaux au temps des fêtes!
Encore quelques petits fun facts pour la route : le plus grand des conifères est un séquoia à feuilles d’if qui mesure 115,2 mètres. Le plus volumineux est un séquoia géant avec un volume de 1 486,9 m. Enfin, l’arbre ayant le tronc le plus large est un cyprès de marais mexicain, avec un diamètre de 11,42 m.
En résumé, s’il y a une chose à retenir sur les conifères, c’est que ce sont les plus grands, les plus larges et les plus vieux! Bref, ce sont les champions des arbres!
NOTES
* Le limbe, c’est la partie étendue des feuilles des feuillus. Si on prend l’exemple d’une feuille d’érable, pour l’observer on la tient par le pétiole, qui ressemble à une tige. Le reste, fin et coloré, c’est le limbe.
** La cuticule, c’est la couche externe qui recouvre les organes des végétaux, un peu l’équivalent de notre peau.
*** Les stomates sont un peu les poumons des arbres. Présents sur les feuilles, ils permettent les échanges gazeux entre la plante et l’air, notamment lors de la respiration, la photosynthèse et l’évapotranspiration.
Par Julie, éducatrice-naturaliste senior
Sources images : Joshua Mayer, Pixabay, Pixabay