Les écoterritoires : une des solutions
« C’est quoi un écoterritoire? »
Un écoterritoire, ce n’est pas une aire protégée à proprement parlé, même si ça a une aire et que c’est protégé… On pourrait plutôt définir ces zones comme étant des territoires où les espaces naturels qui s’y trouvent ont un potentiel écologique important et dont la protection est prioritaire. C’est un concept montréalais qui se définit comme suit : des zones composées d’un noyau de milieux naturels d’au moins 15 hectares et d’une zone tampon autour, qui peut inclure des quartiers résidentiels, du bâti, des zone industrielles ou des voies de transport.
Ce qui est intéressant avec les écoterritoires, c’est qu’ils sont régis par des règlements stricts : lorsqu’un projet de construction est entrepris à l’intérieur de ces zones, la protection des milieux naturels qui s’y trouvent doit être prise en compte. C’est pour ça qu’on dit qu’ils sont protégés. C’est un moyen efficace pour Montréal de favoriser le patrimoine naturel de la ville. Sur une île aussi minéralisée, ces espaces représentent les dernières parcelles vertes (et bleues), des paysages variés, une mosaïque d’habitats riches favorisant la biodiversité. En milieu urbain, on dit pas non à ça.
C’est en 2004 que les écoterritoires ont vu le jour alors qu’on voulait protéger et mettre en valeur les milieux naturels de la métropole. On a donc déterminé 10 zones intéressantes représentant divers écosystèmes (des champs, des friches, des milieux forestiers, des cours d’eau, des lacs et leurs rives, des marais et des marécages, des étangs, etc.). On voulait assurer dans ces territoires le maintien de la diversité biologique et par leur création augmenter la superficie de milieux protégés à Montréal. On voulait aussi assurer la santé et l’intégrité des écosystèmes dans le temps, en les entretenant et en posant des actions concrètes. Ce n’est pas un simple mandat, spécialement en ville.
Un des gros avantages des écoterritoires à Montréal, c’est qu’ils créent une trame verte et bleue qui traversent l’île. Avec les zones tampon autour des noyaux, ils forment ce qu’on appelle des corridors de connectivité. Ils ont pour fonction de relier entre elles les zones noyaux permettant aux espèces de se disperser et de migrer. Ces haltes vertes au travers de la ville connectent aussi le fleuve et la rivière des Prairies.
Nos écoterritoires
Forêt de Senneville
C’est le plus gros complexe forestier de l’île de Montréal. Sa taille en fait un des pôles importants de biodiversité puisqu’on peut y trouver des animaux au domaine vital plus grand. Il est aussi à mentionner qu’une grande partie de cette forêt, l'Arboretum Morgan, est destinée à la recherche et à la préservation écologique.
Corridor écoforestier de la rivière à l’Orme
Avec ses milieux riverains marécageux et sa position en bordure du lac des Deux-Montagnes, à l’embouchure de la rivière, il devient une halte migratoire pour une multitude d’espèces d’oiseaux, mais aussi une aire d’alimentation riche et représente un site de nidification de qualité.
Corridor écoforestier de l’Île Bizard
Cet écoterritoire est caractérisé par un réseau unique (et on va se le dire, magnifique) de marais dans un milieu forestier dense d’un côté et des zones agricoles de l’autre côté. Un amalgame de paysages hors du commun dans la métropole.
Rapides du Cheval Blanc
Cette petite parcelle longeant la rivière des Prairies cache un paysage hétérogène exceptionnel. Friches, champs, bois et berges se côtoient pour former cet oasis pour les hérons, beaucoup de poissons, d’amphibiens et de reptiles. C’est aussi ici qu’on trouve bon nombre de plantes à statuts particuliers, dont l'aigremoine pubescente, qui n’avait pas été observée au Québec depuis 50 ans.
Coulée verte du Ruisseau Bertrand
Cet écoterritoire est composé de deux forêts centenaires, le Bois-de-Liesse et la plus vieille forêt de Montréal, le Bois-de-Saraguay. Mais le backbone de cette zone, c’est le ruisseau, qui se jette dans la rivière des Prairies et supporte presque sur toute sa longueur les écosystèmes adjacents.
Coulée verte du ruisseau De Montigny
Probablement le plus surprenant de tous les écoterritoires! Longé par une autoroute, traversé par de nombreux boulevards et enclavé dans une zone archi-développée, ce parc résiste toujours et encore. De la cime de ses grands arbres, en passant par les cascades et les méandres de son ruisseau, jusqu’au sous-sol où l’on trouve des fossiles par centaines.
Trame verte de l’Est
Dernier bastion vert dans l’est de l’île, cet écoterritoire crée un véritable corridor vert entre le fleuve et la rivière. Forêts, fiche, marais, ruisseaux et un complexe d’îles : c’est un des meilleurs exemples des avantages des mosaïques d’habitats pour la biodiversité!
Sommets et flancs du mont Royal
Pas besoin de présenter le mont Royal… mais on va ajouter qu’on trouve sur les flancs nord et sud des peuplement forestiers de la forêt originelle. Disons qu’en plein cœur d’une métropole, c’est tout un exploit. On trouve aussi dans cet écoterritoire, et nulle part ailleurs à Montréal, la très belle couleuvre à collier.
Falaise Saint-Jacques
Cette falaise d’environ 3 km de long a façonné la ville de Montréal, comme on la connaît aujourd’hui. C’est un poumon vert pour ce quartier hautement minéralisé. Avec les grands chantiers avoisinants et la cour Turcot qui se transforme, la falaise et son écosystème vont se modifier. On les garde à l’oeil!
Rapides de Lachine
Ce milieu est un lieu de reproduction hors du commun pour un bon nombre d’oiseaux et de poissons, autant en eaux calmes que dans les rapides. Le complexe d’îles qui se trouve dans cette zone crée une héronnière importante ainsi que de riches micro-habitats.
Ce projet a été rendu possible grâce à la contribution de la Fondation de la Faune du Québec et au soutien financier d’Hydro-Québec.
Sources images : Anne F Préaux, GUEPE