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Découvrir la nature avec nos yeux d’expert.e.s

Parce que tu te demandes qu’est-ce qui se passe dans un cocon de papillon, comment se forme une tornade et comment les plantes communiquent... L'équipe de naturalistes de GUEPE a décidé de répondre à toutes tes questions, car la nature, ce n’est pas un mystère, c’est une science! Un.e naturaliste c’est quoi? En gros, c’est un.e spécialiste dont la mission première est de vulgariser les différentes sciences de la nature.

Chaque mois, on te présente une vedette, animale, végétale ou autre (oui, oui!), en plus des sujets préférés de nos naturalistes. Reste donc bien connecté.e. On va répondre aux questions de notre lectorat (incluant les tiennes) et on va aussi te proposer des places à visiter, des actions à poser, des trucs à voir et à lire. 

On te souhaite une bonne exploration de la nature!

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Quoi faire?
La grande oie des neiges est de retour

La saison des oies des neiges est de retour! Elles sont de passage au Québec et c’est le bon moment pour aller les admirer. On t’a donc fait un petit guide pour les observer!

La saison des oies des neiges est de retour! Elles sont de passage au Québec et c’est le bon moment pour aller les admirer. On t’a donc fait un petit guide pour profiter au max de ce spectacle hors du commun qu’on est chanceux de pouvoir compter parmi notre patrimoine naturel!

Quoi observer?

Tu cherches un gros oiseau blanc avec le bout des ailes noir*. Et quand on dit « gros », on veut dire un non négligeable 1,5 m d’envergure (soit la longueur du bout d’une aile à l’autre). On est assez loin des petites mésanges, disons… À l’automne, tu pourras aussi observer les juvéniles. Les oisons nés dans l’Arctique pendant l’été ont un plumage gris et se tiennent généralement avec deux adultes, papa et maman. Un couple qui dure pour la vie! La grande oie des neiges n’est pas la seule à être dans les parages à l’automne. Bon nombre d’oiseaux migrateurs aquatiques se retrouvent aux mêmes haltes migratoires que l’oie. Alors, ne fais pas le saut si tu n’observes pas que du blanc dans tes jumelles.  

Tu gagnes 100 points d’observation, si tu vois une oie avec des bijoux! Les colliers numérotés et les bagues sur leurs pattes sont un système de marquage qui permet aux chercheurs de faire un suivi des populations, tout au long de leur parcours migratoire. Prends en note le numéro pour aider la science et visite ce site.

Quand les observer?  

La grande oie des neiges est de passage au Québec deux fois par année. À l’automne, elle quitte l’Arctique, où elle niche, pour se rendre sur la côte est des États-Unis (un voyage d’environ 8 000 km). C’est là qu’elle passe l’hiver. En route, elle s’arrête au Québec quelques semaines pour rendre une pause bien méritée. Au printemps, après avoir passé l’hiver « au chaud » dans le Maine, elle amorce sa remontée vers les plaines de l’Arctique, en s’arrêtant par chez nous.  

En suivant le corridor migratoire (a.k.a. une autoroute aérienne d'oiseaux), l’oie se rend jusque sur les rives du Saint-Laurent et s’y arrête pour prendre des forces. Elle se nourrit des rhizomes de plantes aquatiques** sur les battures. C’est quoi ça? C’est la zone de terre vaseuse qui apparaît entre la marée haute et la marée basse. Au Québec, la nourriture est abondante et les marées sont importantes. C’est donc une halte migratoire de choix capable de supporter les 800 000 oies blanches.  

Juste quelques oies

Pour un maximum d’observations, tu dois choisir le bon moment de la journée. Les oies se nourrissent principalement à marée basse. Lorsque l’eau remonte, elles se regroupent dans les champs près des rivages et tu as beaucoup plus de chances de bien les voir. En fin de journée, elles retournent au bord de l’eau pour passer la nuit loin des prédateurs.  

Comment observer?  

Nos lignes directrices pour passer de voyeurs à ornithologues avertis :  

  • Amène tes jumelles et observe à distance pour ne pas déranger les oies. (Et entre nous, il y en a tellement, que tu n’as généralement pas besoin de jumelles…)
  • Fais-toi discret.ète, car au moindre bruit, à la moindre distraction, ce sont des milliers d’oies qui décolleront. En passant inaperçu, ça réduit le stress des animaux et assure de bonnes observations (pour toi et pour les autres amateurs d’oiseaux).  
  • Ne laisse aucune trace de ton passage. Pour que les oies (et les autres oiseaux migrateurs) profitent de nos haltes migratoires, elles doivent rester intactes. Reste dans les sentiers et utilise les infrastructures en place, comme les belvédères.
  • Ne nourris pas les oiseaux. As-tu déjà entendu parler du syndrome de l’aile d’ange? C’est une déformation incurable de l’aile qu’on trouve chez les oiseaux aquatiques, comme les oies, les canards et les bernaches. L’extrémité de l’aile de l’individu affecté est retroussée vers l’extérieur; l’oiseau est incapable de voler et devient une proie facile. Cette condition, le plus souvent mortelle, est liée à une alimentation trop faible en vitamines, et trop riche en calories, particulièrement en glucides et en protéines. D’où viennent ces calories? En partie de la nourriture donnée (volontairement ou pas) par les humains, comme le pain. La vérité, c’est que les oies n’ont pas besoin de nous pour trouver de la nourriture, les battures suffisent. Nourrir les animaux sauvages peut modifier leur comportement et les rendre plus vulnérables.  

Où les observer?  

On a sondé l’équipe et voici les suggestions des naturalistes de GUEPE pour faire des observations trop malades de la grande oie des neiges.  

Au Cap-Tourmente

NOTES

* Il se peut de voir des oies avec les joues ou le cou roux. C’est parce que l’oie se nourrit dans la vase, en enfouissant sa tête (comme sur cette photo), et que le sol vaseux des berges du fleuve contient du fer. Cette coloration est donc due à l’oxydation du fer sur les plumes de l’oie. En réalité, si elle mangeait avec plus de classe, elle serait toute blanche!  

** Pour ses qualités nutritives, la grande oie des neiges affectionne particulièrement le scirpe d’Amérique, qu’on trouve en très grande quantité dans la vallée du Saint-Laurent. Au printemps, l’oie ajoute à son alimentation des grains résiduels qu’elle trouve dans les champs.  

Par Anne-Frédérique, éducatrice-naturaliste senior

Sources images : Jean Beaufort, Ray Hennessy, Gilbert Bochenek

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Vedette du mois
Le canard branchu, le plus élégant du plan d’eau

En automne, il n’y a pas que les arbres qui revêtent leurs plus belles couleurs : le canard branchu, lui aussi, se pare de ses plus beaux atours! On te le présente.

En automne, il n’y a pas que les arbres qui revêtent leurs plus belles couleurs : le canard branchu, lui aussi, se pare de ses plus beaux atours!

Comment l'identifier

C’est sûr que, pour pouvoir l’identifier, on pourrait passer des heures à décrire son plumage nuptial aux motifs complexes : sa longue huppe d’un vert irisé, son bec rouge, blanc et noir, sa poitrine brune mouchetée, ses yeux rouges à iris noir, son collier blanc, ou encore parler des reflets bleus sur ses ailes... Aaah, qu’il est beau! Mais, la vérité, c’est que, même sans toutes ces indications, tu le reconnaîtras au premier coup d’œil. Le canard branchu, du haut de ses 50 cm et fort de ses 650 g, est tout simplement le canard le plus élégant du plan d’eau!

Et, même si c’est le mâle qui arbore le plumage le plus coloré, la femelle n’est pas en reste. Elle possède, elle aussi, une petite huppe et des lunettes blanches autour de ses yeux qui lui donnent une allure très distinguée.

Un oiseau migrateur

Après avoir passé l’été à élever ses petits, la venue de l’automne est synonyme de grands changements pour le canard branchu. Il commence d’abord par muer. Il se débarrasse de son plumage d’été*, acquis vers le mois de juin, au profit de son plumage nuptial coloré. Cette période délicate les oblige à se faire discrets, car ils ne pourront pas voler pendant les quelques semaines nécessaires à la repousse du plumage. Une fois son plumage nuptial revêtu, qu’il gardera jusqu’en juin, le canard branchu est fin prêt pour débuter sa migration! Il ira s’installer dans le sud-est des États-Unis pour passer l’hiver et trouver un partenaire. Une fois les couples formés et avec le retour du printemps, le plus beau des canards reviendra nidifier dans nos régions vers le début du mois d’avril. Il ne te reste donc plus beaucoup de temps pour les observer avant leur départ!

Reproduction inusité

Et si l’on ne s’attarde souvent que sur son allure de star de cinéma, le plus surprenant chez ce canard est pourtant son don pour... l’escalade! Oui, oui, tu as bien entendu : le canard branchu est un excellent grimpeur capable de se percher sur de hautes branches grâce aux griffes qu’il possède à l’avant de ses pattes palmées. Mieux encore, il aime nicher dans les arbres près de l'eau, utilisant des anciens trous de pics ou des cavités naturelles pour établir son nid. Et, attends! Ce n’est pas le plus impressionnant... Cet équilibriste devra se livrer à un sacré numéro d’acrobate pour quitter sa maison. Durant les premiers jours après leur naissance, les petits doivent en effet réussir un véritable rite de passage en s’élançant dans le vide. Ils doivent parfois même chuter d’une hauteur qui peut atteindre les 15 mètres pour rejoindre le sol! Imagine-toi si nous avions à sauter du haut d’un immeuble de 10 étages le lendemain de notre naissance! Mais rassure-toi, la plupart des 7 à 12 canetons qui forment une portée, arrivent à battre des ailes pour ralentir leur chute et rebondissent sur le sol où leur épais duvet les aide à amortir le choc. Ouf!

Mais ce n’est que le début des épreuves pour cet amateur de sensations fortes! Même si cela peut paraître déjà beaucoup pour un nouveau-né, réussir à atteindre le milieu humide où il va grandir n’est qu’une des nombreuses étapes qui l’attendent. Il devra encore réussir à éviter brochets, grands hérons, buses à épaulettes... La liste de prédateurs en quête d’un snack est longue! Ce n’est pourtant qu’à ce prix, que les plus chanceux pourront prendre leur premier envol vers l’âge de 2 mois pour se préparer à leur première migration.

Ploup! 

Viens à la rescousse!

Le canard branchu n’est pas une espèce en voie de disparition. Selon les derniers inventaires, il serait même la seconde espèce de canard la plus répandue dans les basses terres du Saint-Laurent. Mais, ça ne veut pas dire que tu ne peux pas lui donner un petit coup de pouce! Si tu souhaites aider à son épanouissement au Québec, tu peux contacter un club d’ornithologie près de chez toi. Ces derniers mettent souvent en place des projets d’installation de nichoirs spéciaux qui vont favoriser l’éclosion de ces petits cascadeurs.

Maman branchu dans un nichoir

NOTE

* Le plumage d’été du canard branchu, et de la majorité des canards en général, est beaucoup plus sobre que le plumage nuptial. Ici, on n’essaye plus d’impressionner et de se démarquer des autres individus pour trouver un partenaire, on essaye plutôt de faire profil bas et de se fondre dans le paysage pour éviter d’attirer de potentiels prédateurs pendant l’élevage des petits.

Par Gabriel Gabard, éducateur-naturaliste

Sources images : Diana Robinson, Mary Keim

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Choix du naturaliste
La FAQ de la faune souterraine

T’es-tu déjà demandé.e ce qui se passait sous tes pieds? Est-ce qu’il y a du monde qui vit là-dessous? Pourquoi? Comment? Alors, n’attends plus! Plongeons dans les entrailles de la terre; le monde souterrain nous attend!

T’es-tu déjà demandé.e ce qui se passait sous tes pieds? Est-ce qu’il y a du monde qui vit là-dessous? Pourquoi? Comment? Tu te dis peut-être même : « Ah, si seulement j’avais le pouvoir de me transformer en fourmi! » (Pour ma part, cela a toujours été un de mes nombreux rêves! 😉)

Alors, n’attends plus et suis-moi! Plongeons ensemble dans les entrailles de la terre; le monde souterrain nous ouvre ses portes!  

Un tamia dans un terrier!

Comment appelle-t-on les animaux qui vivent dans le sol?

Les animaux vivants sous terre, précisément dans le sol, sont nommés « animaux fouisseurs ». D’après le dictionnaire Larousse :

Un animal fouisseur est un animal qui a l’habitude de fouir.

Et « fouir » ou le « fouissage » c’est parler d’un animal qui creuse le sol pour s’y cacher, comme, par exemple, le tamia, s’y abriter comme la marmotte, ou y circuler comme les fourmis! On comprend donc que les animaux qui creusent le sol le font dans un but différent selon l’espèce!

Est-ce que les animaux fouisseurs existent depuis longtemps?

La trouvaille de fossiles démontre que le fouissage est une technique qui existe depuis de très nombreuses années, que ce soit pour les organismes terrestres ou aquatiques*.  

À quoi ça sert de vivre dans le sol?  

Vivre dans le sol est un avantage pour se cacher des prédateurs. Ça permet aussi de se protéger des incendies et des grands froids, ainsi que des rayons ultraviolets, soit des rayons invisibles qui se trouvent dans la lumière du soleil et qui peuvent être nocifs.  

Est-ce qu’ils se retrouvent au même endroit dans le sol?  

Et bien, en fait, non. La faune édaphique** est celle que l’on retrouve proche ou sous la surface du sol. Les animaux agitent la terre et y creusent leurs tanières (comme les tamias rayés, par exemple), pour y vivre à l’année ou pour hiberner. Ces animaux sont divisés en deux groupes. Les animaux hémiédaphiques, ceux qui sont à proximité de la surface, comme les mille-pattes, vont remuer la litière organique***. Puis, plus profond sous terre, nous avons les animaux euédaphiques. Ils possèdent les caractéristiques physiques adaptées à la vie souterraine comme, par exemple, des yeux quasi inexistants, car le sens de la vue n’y est pas vraiment nécessaire. C’est le cas de notre fameux condylure à nez étoilé.

Fun fact : Le collembole se retrouve à tous les niveaux! Il fait partie des invertébrés qui peuplent en plus grand nombre les sols! On les retrouve en surface à tenir la jasette au mille-pattes, un peu plus profondément à dormir avec notre tamia, et enfin encore un peu plus bas, tenant compagnie à notre taupe au nez étoilé!

Quels types d’animaux vivent dans le sol?  

Un peu de tout! Nous avons des mammifères comme les tamias, les condylures, les marmottes, et les musaraignes, qui y vivent à l’année ou y hibernent. Il y a des insectes et d’autres invertébrés qui y vivent, soit juste sous forme de larve, comme la cigale, soit tout au long de leur vie, comme les fameuses fourmis ou les vers de terre. Les couleuvres vont y vivre en hiver, rassemblées et collées ensemble en très grand groupe, dans une sorte de terrier que l’on appelle un hibernaculum. Et enfin, certains oiseaux vont aussi y creuser leur nid comme certaines hirondelles ou des martins-pêcheurs! Et il y en a encore bien d’autres!  

Les hirondelles de rivage vivent en colonie et font leur nid dans les bancs de sable.

Est-ce que c’est important pour notre planète, des animaux qui vivent dans le sol?  

Oui et je dirais même très important! Ils permettent en quelque sorte de labourer la terre! Plus il y a du monde qui remue là-dedans, plus le sol est mélangé. Cela accélère la décomposition de la matière organique, et donne un sol plus homogène. N'oublions pas que cela contribue aussi à l’apport d’oxygène, qui est essentiel à la vie des animaux du sol, et, ce qui crée, au final, un sol fertile et propice à la naissance des végétaux. 😉

NOTES

* On connait l'identité d'un de ces probables dinosaures fouisseurs : Lystrosaurus. Ce « reptile mammalien » de la grosseur d'un cochon en santé avait de puissantes pattes avant, suggérant son habitude de creuser dans le sol. Il aurait existé il y a environ 250 millions d'années. C'est un des seuls à avoir survécu à la grande extinction de la fin du Permien. Peut-être était-il caché sous terre?

** On appelle « animaux épiédaphiques » ceux qui vivent à la surface du sol.  

*** La litière organique, c’est l’ensemble des débris végétaux qui recouvrent le sol. En forêt, par exemple, elle est composée, en grande partie, de feuilles mortes.

Par Lou, éducatrice-naturaliste

Sources images : Gilles Gonthier, Alan Vernon

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Choix du naturaliste
Les grives

Tu entends un chant mélodieux. Entre deux branches basses du sous-bois, tu vois un oiseau au manteau brun et à la poitrine blanche tachetée. C’est une grive.

Tu marches dans un sentier, en plein cœur d’une forêt mixte. Ça brasse dans un buisson! De petits sautillements font craquer les feuilles mortes. Des morceaux d’écorce virevoltent. Tu entends un chant mélodieux. Entre deux branches basses du sous-bois, tu vois un oiseau au manteau brun et à la poitrine blanche tachetée. C’est une grive.  

Le manteau brun et la poitrine tachetée de la grive à dos olive.

 

La niche des grives

Au Québec, nous avons la chance de pouvoir observer six espèces de grives*: la grive fauve, celle à joues grises, la solitaire (la seule grive qui passe l’hiver avec nous), celle des bois, celle à dos olive et la grive de Bicknell. Ces oiseaux forestiers au plumage brun sur les parties supérieures et chamois, blanc ou beige sur la poitrine se ressemblent et sont difficiles à différencier. Il est vrai qu’elles ont plutôt une allure générique. (Eh oui… un autre petit oiseau brun.) Par contre, tôt le matin, quand on entend les harmonies du chant métallique d’une grive**, on ne se trompe pas, il n’y en a pas deux comme elle.  

Est-ce que la grive fauve pourrait être plus cute? ♥‿♥

Les grives ne sont pas bien connues, ou, du moins, elles le sont moins que leur cousin le merle d’Amérique. Pourtant, elles ont une place bien importante dans nos forêts, car elles occupent une niche bien à elles : le sol! La plupart des grives se nourrissent d’invertébrés qu’elles trouvent dans la litière forestière et de baies. En farfouillant dans les buissons et dans les feuilles mortes ou en retournant les cailloux, les grives, qui sont omnivores, se régalent d’insectes juteux et de fruits sauvages. Même au moment de nicher, si ce n’est pas sur les branches les plus basses, c’est directement par terre qu’elles construisent leur nid et couvent leurs œufs. Les oiseaux chanteurs ont l’habitude de se cacher dans les plus hautes branches, à l’abri des prédateurs. Ceux qui ont appris à utiliser l’espace du sol pour trouver les ressources essentielles à leur survie ne sont pas si nombreux. Chapeau aux grives!  

La grive solitaire, dans sa niche.

La grive de Bicknell, un cas à part

Bien qu’elle ressemble comme deux gouttes d’eau à la grive à joues grises (mis à part une légère différence dans la teinte de leur dos), la grive de Bicknell, la plus petite du Québec***, est bien particulière. D’abord, c’est la seule qu’on trouve essentiellement dans les forêts de conifères. Elle affectionne aussi les zones dénudées avec quelques arbres rabougris. Au Québec (où l’on trouve 30 à 50 % de la population mondiale de cette espèce), elle a donc élu domicile sur les hauts plateaux des montagnes.  

Cette spécialiste des sommets a aussi des pratiques d’accouplement hors du commun. Une femelle peut s’accoupler avec plusieurs mâles****, qui s’occuperont du nid et des oisillons : un comportement unique chez les grives. L’emplacement de leur gros nid, installé contre le tronc d’une épinette, sera revisité tous les ans par le même groupe.  

On la reconnaît par la tache jaunâtre près de son bec. Comme les autres grives, elle a la poitrine, le menton et les flancs couverts de taches sombres. Son dos est brun et sa queue est marron.

 

Avant la période d’accouplement, la grive de Bicknell se trouve au chaud dans les Antilles. Elle parcourt un trajet d’au-delà de 3000 km pour arriver à son aire de reproduction, dans le sud-est du Canada, où elle retrouve ses hauts plateaux chéris. Toutefois, l’exploitation forestière, le développement et le déboisement, les activités de loisir en montagne et les perturbations naturelles causent la perte de son habitat de prédilection. La grive de Bicknell est donc devenue une espèce vulnérable et menacée en Amérique du Nord.  

Les régions qu’elle occupe ici, soit quelques zones fragmentées, sont protégées et des actions de conservation ont été mises en place pour aider la grive de Bicknell. Cette grive, trop rare, est une excellente raison de faire attention à nos écosystèmes alpins, fragiles, mais essentiels pour tant d’espèces.  

NOTES

* À noter que nous avons exceptionnellement des visites des grives musicienne, à collier, mauvis et litorne qui s’observent habituellement de l’autre côté de l’Atlantique.  

** Tu peux te gâter et écouter le chant métallique de la grive solitaire ici  et celui de la grive de Bicknell ici.

*** Les grives ont une envergure (soit la longueur de leurs ailes ouvertes) de 32 cm en moyenne. La grive de Bicknell fait 25 cm d’envergure.

**** Jusqu’à quatre mâles par nichée.

Par Anne-Frédérique, éducatrice-naturaliste senior

Sources images : Cephas, Cephas, Rhododendrites, Becky Matsubara

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Question du public
Multiplication végétative ou science-fiction chez les plantes

Est-ce que tes plantes araignées n’arrêtent pas de faire des bébés? Si tu es comme moi, tu as peut-être essayé de les offrir à tous tes amis. Mais t’es-tu déjà demandé.e pourquoi les plantes font ça?

Pourquoi ma plante araignée fait des bébés?

Es-tu du genre à avoir des plantes chez toi? Moi, je me retrouve souvent à en avoir et à ne plus savoir quoi en faire. Mes plantes araignées n’arrêtent pas de faire des bébés, mon aloès se multiplie à n’en plus finir, et j’ai récemment dû diviser ma sansevière en plusieurs pots. Quand mes plantes font des bébés comme ça, je me sens mal de les jeter, mais au bout d’un moment, je n’ai plus de place où les mettre... Si tu es comme moi, tu as peut-être essayé d’offrir des plantes à tous tes amis, voisins et même aux passants dans la rue. Mais t’es-tu déjà demandé.e pourquoi les plantes font ça?

C’est un phénomène qui s’appelle la multiplication végétative, et c’est une forme de reproduction asexuée très commune chez les plantes, aussi bien en nature que dans nos pots et jardins. Les jeunes plantes ainsi formées sont génétiquement identiques à leur plante mère. On dit alors que ce sont des clones. Comme les plantes ne peuvent pas se déplacer pour aller rencontrer des partenaires pour se reproduire, la capacité de produire des bébés toutes seules est très intéressante.

Les stolons de ma plante araignée

Le secret de la multiplication végétative

La multiplication végétative chez les plantes est possible grâce à leur capacité de croissance indéfinie, c’est-à-dire que les plantes continuent de grandir tout au long de leur vie. C’est grâce à une zone de division cellulaire appelée méristème, présente au bout des tiges et racines des plantes, que celles-ci peuvent pousser continuellement. Les cellules du méristème sont indifférenciées. En d’autres mots ce sont des cellules souches qui n’ont pas encore de rôle défini et qui ont le potentiel de devenir n’importe quelle partie de la plante selon ses besoins. Ce n’est qu’après s’être multipliées par division cellulaire (un processus par lequel une cellule mère se divise en deux cellules filles) qu’une cellule du méristème se différencie pour acquérir sa forme et fonction finales. Elle devient alors une cellule de racine ou de tige, de feuille ou de fleur, etc. Ainsi une nouvelle plante entière peut se régénérer à partir d’un morceau de tige brisée grâce au méristème qui produira toutes les cellules nécessaires pour refaire un nouveau système racinaire et de nouvelles structures aériennes.  

Contrairement aux plantes, nous avons une croissance déterminée, et nous arrêtons de grandir une fois qu’on a atteint notre taille adulte. On ne peut pas non plus spontanément générer des clones à partir de morceaux d’ongles ou de cheveux coupés (quoique c’est un concept de science-fiction assez intéressant!).  

Les mécanismes de multiplication

Il existe, chez les plantes, différents mécanismes de multiplication végétative impliquant différentes parties de la plante. Par exemple, le marcottage et le bouturage sont deux systèmes où de nouvelles plantes sont générées à partir de fragments des parties aériennes de la plante mère. Dans le cas du marcottage, des tiges spécialisées appelées stolons poussent et une nouvelle plante se développe au bout de celui-ci avant de s’enraciner et se séparer de la plante mère (pense aux bébés plantes araignées ou au fraisier). Par contre, dans le cas du bouturage le fragment est séparé de la plante mère avant de se développer en nouvelle plante (pense au pothos qui peut former une nouvelle plante à partir de fragments de tige).

Des drageons de peupliers

La multiplication végétative peut aussi se produire au niveau du système racinaire. On parle alors de drageons, rhizomes ou tubercules. Le peuplier est un bon exemple de plante qui se multiplie par drageons, ou stolons souterrains*. En effet, quand tu vois une zone de peupliers dans une forêt, il s’agit bien souvent de clones avec plusieurs troncs issus d’un même système racinaire. Il y aurait même une forêt de peupliers dans l’Utah composée de plus de 47 000 tiges d’arbres identiques! La patate peut se multiplier à partir de fragments de son tubercule**, du moment que le fragment contient un « œil » (un bourgeon végétatif). Et ma sansevière, elle, se multiplie à partir de son rhizome***.

Avantages et désavantages

La multiplication végétative pourrait sembler la stratégie idéale de reproduction pour les plantes. En effet, elle ne dépend pas de la présence de facteurs imprévisibles comme le vent ou les animaux pour la pollinisation et dispersion des graines. En plus, le fait de se multiplier à partir de fragments de la plante mère mature permet de sauter l’étape précaire et fragile de la germination. Cependant, la reproduction par clones a ses inconvénients aussi. Dans un environnement avec des conditions instables ou des risques de changements soudains comme l’arrivée de maladies ou insectes brouteurs, une population de plantes génétiquement identiques sera moins résistante qu’une population de plantes diversifiées génétiquement par la reproduction sexuée. Les deux stratégies ont donc leur valeur dans le monde végétal. Mais, dans l’environnement stable de ma maison, mes plantes s’en donnent à cœur joie avec leur multiplication végétative!

NOTES

* Un drageon, c’est une nouvelle pousse produite à partir de racines d’une plante mère (mais séparée de la tige de cette dernière). Un stolon, c’est une tige rampante au niveau du sol et qui produit des racines à différents endroits sur sa longueur pour créer de nouvelles plantes. Un drageon, c’est donc un stolon souterrain.

** Organe souterrain stockant des réserves nutritives

*** Tige souterraine horizontale stockant des réserves nutritives

Par Sarah, éducatrice-naturaliste spécialiste

Sources images : Madaise, Lamiot, Donna Marijne

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