Les hauts plateaux de Charlevoix
SÉRIE SPÉCIALE : LES HAUTS PLATEAUX ET NOUS
Une des facettes étonnantes de Charlevoix, c'est sa topographie, ou le relief du territoire. La région est modelée en trois niveaux*. Ce n’est pas le hasard qui a fait ça, mais bien une GIGA météorite! Dans le fond, Charlevoix, c’est un gros cratère. L’impact de la météorite a créé des dénivellations importantes. En partant du fleuve, on a des basses terres : L'Isle-aux-Coudres, les vallées de la rivière Malbaie et de la rivière du Gouffre et quelques bandes de terre le long du Saint-Laurent.
S’en suit les plateaux intermédiaires, l’arrière-pays, à une altitude entre 200 et 550 m. C’est là que trône la forêt boréale, ponctuée de centaines de jolis lacs à découvrir.
Enfin, nous avons les hauts plateaux. Ce troisième niveau, qui dépasse 550 m d’altitude, culmine à 1 048 m avec le 3e sommet de l’Acropole-des-Draveurs, sur la Montagne des Érables, dans le parc national des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie. Ces montagnes regorgent de richesses incroyables. L’écosystème des hauts plateaux est particulier et exceptionnel, et on voudrait t’en jaser un peu plus.
Ça ressemble à quoi l’écosystème alpin?
Il s’agit de l’écosystème qui se situe au-dessus de la limite altitudinale des arbres. En clair, c’est là où les conditions naturelles sont trop extrêmes pour permettre aux grands arbres de prospérer. La hauteur à maturité des espèces arborescentes n’excède pas 4 m, et les tiges présentent des formes de croissance érodées (qui sont affectées par la neige et le vent).
Cet écosystème est caractérisé par des affleurements rocheux et des landes** alpines. Ces dernières sont dominées par des éricacées (comme la kalmia à feuilles étroites, le lédon du Groenland, les bleuets et les airelles) avec quelques arbustes, d’autres herbacées, des mousses et des lichens, organismes emblématiques de la beauté et fragilité de ce milieu.
Côté bibites, les insectes, arachnides et myriapodes (a.k.a. les mille-pattes en tout genre) profitent de la végétation pour se cacher et survivre. Certains petits mammifères, comme les souris, musaraignes et tamias, viennent aussi y trouver refuge. Durant l’été, l’ours noir profite des tonnes de bleuets pour compléter son alimentation.
Dans l’écosystème alpin, on peut voir et/ou entendre le bruant à gorge blanche, le grand corbeau et, le seigneur de la montagne, le faucon pèlerin. La très rare grive de Bicknell est aussi une espèce que l’on peut retrouver dans ce milieu. Elle a la taille d’un moineau et est très semblable aux autres grives. Ça prend un œil d’expert pour l’identifier!
Rare et délicat
On te parle de cet écosystème car il fait partie du patrimoine naturel de Charlevoix, mais aussi du Québec. On le retrouve uniquement dans trois régions : dans le nord autour des Monts Groulx, vers l’ouest dans le parc national de la Gaspésie et dans Charlevoix.
Outre sa rareté, cet écosystème est très fragile et extrêmement sensible au piétinement. On te parle du piétinement des bottes, évidemment, mais aussi des roues, des tentes... En effet, la litière*** au sol est si fine et parfois inexistante, que les plantes, les mousses et surtout les lichens sont très rapidement abimés. Ajoute à cet enjeu les conditions environnementales extrêmes (on parle ici de la neige à profusion, des vents intenses, de la sécheresse sous le soleil d’été). Puis, malgré l’effort déployé par ces espèces pour survivre, certains lichens ne poussent que de 0,1 à 10 millimètres par année. C'est donc la moindre des choses de leur donner toutes les chances. Alors, on t’invite à penser à ça quand tu iras découvrir les hauts plateaux de Charlevoix ou d’ailleurs. Le mot d’ordre est de limiter son impact : rester sur les sentiers et camper plus bas dans la montagne, sur une surface plus durable.
Si tu as le goût de découvrir cet écosystème et ces belles montagnes charlevoisiennes, voici quelques randos très sympathiques à faire :
- Le mont du Lac-à-L’Empêche, dans la Zec des Martres;
- Le Mont-du-Lac-des-Cygnes, dans le parc national des Grands-Jardins;
- L’Acropole des Draveurs, dans le parc national des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie;
- Le Mont Élie et le Menaud dans la Zec du Lac-au-Sable.
Dans tous les cas, on t’invite à consulter :
- La Trousse du randonneur de Rando Québec
- Le Guide des sentiers pédestres de Charlevoix de Tourisme Charlevoix;
- Les conditions météo et l’état des sentiers, auprès des gestionnaires des sites, avant ton départ!
Bonne rando et bonne découverte des hauts plateaux de Charlevoix!
NOTES
* Tu peux explorer les différents niveaux par deux routes… la Route du fleuve et la Route des montagnes!
** Une lande, c’est une étendue de terre où ne croissent que certaines plantes sauvages.
*** La litière, c’est une couche de matière organique qui recouvre le sol. Chez nous, elle est généralement composée de feuilles mortes, d’aiguilles de conifères et de débris de végétaux. Ce beau mélange est un habitat pour la microfaune, mais aussi une protection pour bon nombre de végétaux lors de leur croissance.
Par David, responsable régional, Charlevoix
Sources images : GUEPE, GUEPE, Cephas, GUEPE