Blogue

Découvrir la nature avec nos yeux d’expert.e.s

Parce que tu te demandes qu’est-ce qui se passe dans un cocon de papillon, comment se forme une tornade et comment les plantes communiquent... L'équipe de naturalistes de GUEPE a décidé de répondre à toutes tes questions, car la nature, ce n’est pas un mystère, c’est une science! Un.e naturaliste c’est quoi? En gros, c’est un.e spécialiste dont la mission première est de vulgariser les différentes sciences de la nature.

Chaque mois, on te présente une vedette, animale, végétale ou autre (oui, oui!), en plus des sujets préférés de nos naturalistes. Reste donc bien connecté.e. On va répondre aux questions de notre lectorat (incluant les tiennes) et on va aussi te proposer des places à visiter, des actions à poser, des trucs à voir et à lire. 

On te souhaite une bonne exploration de la nature!

Voir 0 articles sur 0
highlight

Catégories

Effacer
350
Qc-Nature
Le vent et les arbres

Sur les sommets les vents permanents et forts défigurent carrément les arbres. On appelle ça, l’anémomorphisme.

SÉRIE SPÉCIALE : LES HAUTS PLATEAUX ET NOUS

Le vent dans les arbres, c’est bien plus que les feuilles qui bruissent tranquillement. Ça peut être une brise qui amène de l’air frais plein d’évapotranspiration jusqu’à nous, une bourrasque qui fait tomber les feuilles flétries à l’automne, des rafales qui créent des chablis*, des tempêtes qui déracinent les érables centenaires… Sur les sommets, les vents permanents et forts défigurent carrément les arbres. On appelle ça l’anémomorphisme.  

L’anémomorphisme consiste en la modification de la forme des végétaux (et du paysage par le fait même) sous l’effet du vent. C’est un phénomène mécanique (et naturel) qu’on rencontre principalement sur le littoral, dans les environnements accidentés (comme les falaises et les canyons) et en montagne, où les vents dominants sont presque constants et souvent très intenses. D’abord, il faut dire que, dans les endroits très venteux, la végétation est simplement rare. Les plantes qui s’y développent sont souvent basses**. Lorsque des végétaux un peu plus hauts poussent, leurs rameaux courbent sous l’effet du vent pendant leur croissance.  

L’action du vent ne se lit pas seulement par des courbures. Il engendre aussi la perte des parties les plus fragiles des plantes, comme les feuilles, les bourgeons et les jeunes rameaux. Il favorise aussi le dessèchement et le flétrissement des éléments les plus exposés et, ainsi, la cassure ou l’élimination de parties complètes. Le vent peut aussi intensifier l’érosion du sol et dénuder les racines des végétaux, diminuant leur capacité d’absorption.  

 

Une véritable contorsion

La forme que prend un arbre face aux stress créés par les vents dominants (donc qui viennent principalement de la même direction) peut être assez extraordinaire. Oublie l’idée de l’arbre au tronc droit et fort. Le vent en a décidé autrement. Il est si puissant qu’une plante développera ses branches dans le sens du vent, presque horizontalement, on pourrait même dire couchées. On appelle cette forme le port en drapeau.  

En montagne, lorsque la partie inférieure de l'arbre est protégée par le manteau neigeux ou des rochers, seule la partie supérieure exposée peut avoir cette apparence. Par exemple, dans l’étage subalpin, on peut voir des cimes en drapeau (ou en bannière) très caractéristiques. Les rameaux du côté faisant face au vent, ayant été brisés, créent un houppier asymétrique.  

C’est ce qui nous amène aux krummholz. Sur les sommets des montagnes, les espèces arborescentes dépassent rarement quelques mètres de hauteur. Malgré cela, elles sont affectées par les vents, spécialement en hiver lorsqu’ils sont à leur plus violent, car il n’y a pratiquement rien pour les protéger. Les nouvelles pousses sèchent, rendant la croissance presque impossible (du moins, du côté des vents dominants) et l’arbre devient rabougri et difforme. Ces plantes alpines et subalpines à l’allure noueuse sont des krummholz.

 

Profiter du vent, tant qu’à y être

L’anémomorphisme est un phénomène qui affecte plus particulièrement les conifères, car ceux-ci sont plus fréquents dans les milieux très venteux. C’est le cas, par exemple, des épinettes, des sapins baumiers et des mélèzes laricins que l’on retrouve en grand nombre sur les hauts plateaux. Elles se font pas mal brasser par les bourrasques, alors, pourquoi ne pas en tirer profit? Il est fréquent que les plantes anémomorphes aient une pollinisation assurée par le vent (on dit anémogamie). Les grains de pollen sont alors transportés du cône mâle jusqu’aux cônes femelles par le vent. (C’est ici qu’on voit à quel point la nature est bien faite!)

 

Les arbres qui parsèment les paysages côtiers, qui colonisent les vastes étendues de taïgas et qui jonchent les sommets dénudés, ils sont peut-être rabougris et noueux, mais ils ne sont pas morts. Crois-moi. Ils ont juste un peu de vent dans les branches.  

NOTES

* Un chablis, dans le langage commun, c'est un groupe d'arbres qui sont déracinés accidentellement, souvent par l'effet du vent. Toutefois, techniquement, la véritable définition, c'est plutôt un système racinaire qui a été en partie déraciné et les morceaux de sol encore attaché à ce dit système et le trou laissé dans le sol.

** C’est le cas du saule arctique, qui pousse à ras le sol de la toundra. Certaines espèces qui vivent dans les milieux venteux sont adaptées pour limiter les effets du vent, c’est le cas du saule arctique.

Par Anne Frédérique, chargée de conception

Sources images : pxfuel, Óðinn, GUEPE, Pxhere

voir l'article
349
Vedette du mois
Le grand peuplier et sa neige de juin

On vous présente le peuplier deltoïde. C'est un arbre immense, urbain, pionnier, et un arbre qui fait neiger en juin. Voici ses secrets dévoilés.

Dans la région de Montréal, nous avons le privilège de côtoyer l’un des plus grands arbres de l’est du continent : le peuplier deltoïde. Nous avons de la chance, car c’est l’un des rares endroits au Canada où il est présent. Il est normalement plus commun chez nos voisins du sud, avec une aire de distribution qui s’étend des Grands Lacs jusqu’au golfe du Mexique et des Rocheuses jusqu’à la côte Atlantique.

Le peuplier deltoïde, ce géant

Cet arbre très imposant peut atteindre les 30 m de hauteur, avec un tronc qui dépasse 1 m de diamètre! Le plus impressionnant, ce n’est cependant pas sa taille, mais bien la vitesse à laquelle il pousse. Le peuplier deltoïde ne vit effectivement pas très longtemps, une cinquantaine d’années à peine, quand sa taille imposante pourrait laisser penser qu’il est plusieurs fois centenaire. À titre de comparaison, un érable à sucre mettra près de 300 ans pour l’égaler en hauteur et en diamètre. Pour atteindre de telles dimensions en si peu de temps, cet arbre à la croissance extraordinaire, peut donc pousser de 2 m par an dans des conditions optimales, l’un des taux de croissance les plus rapides pour un arbre en Amérique du Nord!

Un rôle écologique important

Le peuplier deltoïde peut être retrouvé le long des cours d’eau, proche des lacs et sur des terrains humides, bien drainés, ou encore sur des plaines inondables. Sa croissance extraordinaire en fait d’ailleurs un allié de choix pour lutter contre l’érosion des berges, ses grandes racines aidant à la rétention des sédiments.  

C’est également un arbre qui ne supporte pas l’ombre et que l’on retrouve donc souvent en début de succession végétale. Avec le bouleau, ce sera en effet l’un des premiers arbres à repeupler un milieu en friche suite à une perturbation. Sa croissance exceptionnelle permettra de fournir un couvert aux autres essences d’arbres moins tolérantes au soleil, qui pourront ainsi pousser à l’ombre de ses feuilles. Étant donné que la vie du peuplier deltoïde est courte, ces nouvelles essences comme l’érable, le hêtre, ou encore le sapin baumier, souvent centenaires, finiront par le supplanter et deviendront à leur tour les arbres dominants. Quand un milieu finit par atteindre une certaine stabilité, on appelle cela le climax. Cet état de climax perdure jusqu’à ce que le milieu subisse une nouvelle perturbation et qu’il faille à nouveau solliciter les services de notre peuplier deltoïde et des autres espèces pionnières pour amorcer son repeuplement.

« Gandalf?! »

Être grand n’a pas que des avantages. Un peu comme un magicien dans une maison de Hobbit, la grande taille du peuplier deltoïde lui vaut parfois de se sentir un peu à l’étroit dans nos villes. Trottoirs, routes, canalisations, édifices, rien ne résiste à la force de ses puissantes racines si l’on ne lui laisse pas assez de place. Et nous allons voir que les dimensions hors-normes de cet arbre gigantesque ne sont pas les seules caractéristiques qui lui valent la mauvaise réputation qu’il a développé auprès de certains citadins.

Les fleurs du peuplier deltoïde sont pollinisées par le vent. Ce constat simple et poétique peut se traduire par une réalité autrement plus chaotique : la neige de peuplier! Si tu en as déjà fait l’expérience (on ne peut souvent pas y échapper), elle rentre partout, tapisse le sol et s’envole au moindre coup de vent. Cette « neige », qualifiée également de « pollen » ou encore de « coton » n’est rien de tout ça. C’est la bourre du peuplier. Il s’agit en fait d’un duvet composé de longs poils soyeux auquel sont rattachées les graines de la plante. En langage scientifique, on appelle cela un akène plumeux.

Il faut savoir qu'il existe dans la nature des arbres dits monoïques, c’est-à-dire qui possèdent à la fois des fleurs mâles et des fleurs femelles. Mais, il existe aussi des arbres dits dioïques, comme le peuplier deltoïde, qui ne possèdent que des fleurs d’un seul sexe. Dans ce cas-là, le pollen des fleurs de l’arbre mâle, sorte de poussière jaune portée par le vent, féconde les fleurs de l’arbre femelle. Ces dernières, ainsi fécondées, se transforment en fruit : l’akène plumeux.  

Les fleurs femelles produisent des capsules (A,B). Une fois séchées, elles s’ouvrent (C) pour laisser les akènes (D) être dispersés par le vent.

Ainsi, à la fin du mois de mai ou au début du mois de juin, ce n’est pas de la neige ou du pollen qui tombe de nos peupliers, mais bien des fruits! C’est donc la différence de sexe entre les arbres qui explique pourquoi ce ne sont pas tous les peupliers deltoïdes qui produisent ces étranges nuages de ouate.

Tapis de neige? Plutôt, un tapis de bourre...

Par Gabriel, éducateur-naturaliste

Sources images : GUEPE à partir de Arboquebecium, Lynn Greyling, Andrey Zharkikh, GUEPE, EnLoraxG. Edward Johnson

voir l'article
348
Choix du naturaliste
Kalmias et thé du Labrador

Les kalmias à feuilles étroites et le lédon du Groenland colonisent les hauts plateaux de Charlevoix! Comment les reconnaître et les identifier? On t’explique ça.

SÉRIE SPÉCIALE : LES HAUTS PLATEAUX ET NOUS

Lors de ta prochaine randonnée en montagne, porte attention aux paysages quand tu sortiras de la forêt boréale pour entrer dans les écosystèmes montagnards. Tu sais, la zone que tu retrouves au-dessus de la ligne formée par la cime des arbres. Tu vas vadrouiller au travers de petits arbustes qui t’arrivent au niveau des genoux. Tu ne peux pas les rater! Ce sont majoritairement des kalmias à feuilles étroites (Kalmia angustifolia). Mais, ils ne sont pas les seuls à coloniser ces territoires montagnards. Parfois se cache parmi les kalmias leur cousin proche, le lédon du Groenland (Rhodondendron groenlandicum), appelé communément, le thé du Labrador. C’est de ces deux plantes qu’on se jase dans cet article, – de leurs points communs, de leurs différences – pour que tu deviennes un pro de l’identification... Ok, pas toujours utile sur ton CV mais très cool à partager avec tes chums lors de ta prochaine rando dans les hauts plateaux de Charlevoix!

Des kalmias
Un lédon

Un air de famille

Ces deux arbustes ont plusieurs points communs. En effet, ils font tous les deux partie de la famille des Éricacées. Et là, sans le savoir, tu connais d’autres espèces de cette famille! OUI, OUI ! Le bleuet et l’airelle font partie de cette même grande famille de plantes. Que ce soit le kalmia ou encore le lédon, ils mesurent tous les deux entre 15 cm et 1 m. On les placerait donc dans la même rangée sur la photo de famille! Puis, ils vivent tous les deux en colonie buissonnante, même si le kalmia fait des buissons un peu plus fournis que le lédon. Autre point commun : leurs feuilles sont lancéolées, en forme de fer de lance, pour les deux espèces. Aussi, elles sont vert foncé et ont tendance à tomber vers le bas. Enfin, on les retrouve dans les écosystèmes montagnards, mais ils apprécient aussi, tous les deux, les zones humides et surtout les tourbières.

Le thé du Labrador, a.k.a. le lédon, en fleurs

Pareil, mais pas pareil

Pour les différences, tout se passe au niveau de la feuille! C’est là qu’il faut porter son attention pour une bonne identification. C’est vrai que les fleurs n’ont pas la même couleur, mais ce critère est visible seulement quelques semaines par année. Chez le kalmia, la fleur est rose alors que celle du lédon est blanche. Ça, c’est dit!

Un kalmia dans toute sa splendeur!

Mais, les feuilles restent un critère majeur et visible beaucoup plus longtemps sur une année! Chez le lédon, les feuilles sont pubescentes des deux côtés... Ça, ça veut dire poilues! Les poils sont blancs et, avec l’âge, ils deviennent roux. Au contraire, la feuille du kalmia est glabre (sans poils) et non « imberbe »... Car, ça, ce n’est pas un terme de botanique!

Les (jeunes) feuilles poilues du Lédon

Autre différence au niveau des feuilles : elles sont alternes et spiralées chez le lédon, alors qu’elles sont verticillées chez le kalmia. Verticillé, ça veut dire qu’elles poussent sur la même ligne. Regarde le schéma ci-dessous.  

À gauche, une organisation verticillée des feuilles, à droite, en spirale.

Avec ces quelques critères, tu devrais être capable de les identifier et les différencier. C’est important, car si te vient l’envie de faire une belle infusion avec l’une de ces plantes, « la reconnaitre il te faudra, jeune padawan » car le kalmia peut être toxique, alors que le lédon de Groenland ne s’appelle pas thé du Labrador pour rien! Si tu te questionnes sur son identification, abstiens-toi de cueillir et rabats-toi sur la tisane de l’épicerie, ok? Sur ce commentaire culinaire, nous te souhaitons de belles randonnées pour découvrir le kalmia et son cousin, le lédon!

Et n’oublie pas de rester sur les sentiers!

Par David, directeur régional, Charlevoix

Sources images : Ryan Hodnett, Daderot, GUEPE, Krzysztof Ziarnek, Joshua Mayer, GUEPE

voir l'article
347
Qc-Nature
Le lard, un wetsuit naturel

Plutôt que de porter d’extravagants manteaux de fourrure comme les mammifères terrestres, nos homologues aquatiques se protègent du froid grâce à une couche de lipides et protéines spécialisée sous la peau : le lard.

Imagine-toi plonger dans un lac québécois en plein hiver. Même avec un wetsuit, ton escapade risque d’être plus que froide et de courte durée. Maintenant, imagine passer toute la journée dans les eaux glaciales de l’Arctique à engloutir du krill ou à t’enfuir d’un épaulard affamé... Ouch! Pour les animaux endothermes (ou à sang chaud) comme nous, c’est essentiel de maintenir la température du corps indépendamment des conditions environnantes. C’est pourquoi les mammifères marins dépendent d’une matière isolante exceptionnelle qu’ils fabriquent eux-mêmes : le lard.  

Un morse, douillet sous sa couche de lard

Plutôt que de porter d’extravagants manteaux de fourrure comme les mammifères terrestres, nos homologues aquatiques se protègent du froid grâce à une couche de lipides et protéines spécialisée sous la peau. C’est bien plus aquadynamique! Mais comment ça fonctionne?

Le lard est composé d’une structure en fibres de collagène (une protéine) supportant des tissus adipeux qui ont une conductivité thermique très basse, plus basse encore que l’amiante (autrefois utilisé comme isolant dans nos murs de maison)! Les vaisseaux sanguins qui s’y trouvent rapetissent lorsqu’il fait froid pour faire circuler moins de sang et ainsi perdre moins de chaleur. Contrairement aux graisses des mammifères terrestres, le lard recouvre le corps des mammifères marins de façon continue (sauf sur les nageoires) et n’est pas fixé aux muscles.  

La quantité de lipides dans le lard est variable, elle dépendra de la saison, du cycle reproducteur de l’animal, et de son âge parmi d’autres facteurs. Mais pourquoi ça change?  

Une baleine à bosse qui profite de son lard

Eh bien, lorsque les mammifères marins se nourrissent, ils peuvent faire des réserves de lipides. Tout comme nous, les glucides consommés en excès peuvent être emmagasinés dans les tissus adipeux sous forme de lipides nommés triglycérides. Pendant la période de reproduction ou de mise à bas, les animaux ont moins de temps pour chercher de la nourriture, donc ils consomment l’énergie emmagasinée, ce qui fait diminuer l’épaisseur du lard. La nature est bien faite, car ces périodes de jeûne se produisent normalement dans des eaux plus chaudes (car ils migrent) où les besoins d’isolation thermique sont moins élevés! Mais alors, est-ce que tous les mammifères marins produisent du lard?

Seulement les cétacés et les pinnipèdes (comme les phoques, les lions de mer et les morses) en ont! Au Québec, ce sont donc six espèces de mysticètes (les baleines à fanons), huit odontocètes (les baleines à dents), et sept pinnipèdes qui ont du lard. Plusieurs sources non scientifiques indiquent que les ours polaires et les loutres de mer ont aussi du lard, mais les ursidés (comme l’ours) et des mustélidés (comme la loutre) ont évolué vers un mode de vie aquatique par un autre chemin qui n’a rien à voir avec le lard.  

Un phoque commun : une boulette de lard

Les biologistes trouvent encore de nouvelles fonctions au lard des mammifères marins. On théorise entre autres qu’il aiderait à la propulsion, la flottaison et la résilience aux chocs externes. Les humains se sont servis du lard de plusieurs façons! Chez les Inuits, le muktuk a longtemps été un aliment de base riche en énergie et en vitamines, mais depuis l’industrialisation, des polluants persistants comme les PCB rendent insalubre la consommation du lard. La chasse aux baleines commerciale est maintenant strictement réglementée. Toutefois, mais entre les 18e et 20e siècles, la valeur économique du lard sous forme d’huile a mis des dizaines d’espèces en danger de disparition.  

C’est une bien triste histoire pour la biodiversité marine qui nous aura appris une leçon... Aujourd’hui, grâce aux efforts de conservation, une majorité des populations de cétacés observées est en récupération, les chiffres augmentent chaque année! Alors, ce n’est pas pour rien que les chercheurs et ingénieurs s’inspirent du lard pour améliorer la performance des wetsuits! 

Par Sofia, naturaliste

Sources images : Alaska Region U.S. Fish & Wildlife Service, Gregory "Slobirdr" Smith, Pixabay

voir l'article
346
Question du public
Les écosystèmes de montagne

La végétation de Charlevoix est hautement diversifiée. Elle est influencée par le fleuve, mais aussi par les montagnes. Voyons les étages de végétation des montagnes de cette région, du niveau de la mer, aux hauts plateaux.

SÉRIE SPÉCIALE : LES HAUTS PLATEAUX ET NOUS

La végétation de Charlevoix est hautement diversifiée. Elle est influencée par le fleuve, mais aussi par les montagnes. Au Québec, la végétation montagnarde est stratifiée sur six étages reconnus, indus par le climat et son effet sur la végétation*. En partant du bas de la montagne, c’est-à-dire de 0 m d’altitude (a.k.a. le niveau de la mer), ce sont les étages inférieur, moyen et supérieur de végétation. Ils sont suivis de l’étage montagnard, puis des étages subalpin et alpin**. Chacun de ces étages est caractérisé par une végétation homogène, influencée par une interaction complexe de facteurs écologiques. Par exemple, la végétation qui est retrouvée à l’étage inférieur n’est en rien semblable à celle retrouvée à l’étage alpin. On t'amène donc dans un voyage d’exploration de la flore des montagnes de Charlevoix, de leur pied à leur sommet.

Les bandes sont parfois inclinées afin de représenter l’effet de l’exposition au soleil et au vent. Par exemple, les limites altitudinales des étages sont parfois plus basses du côté nord d’une montagne, qui est plus ombragé, humide et froid, et plus hautes du côté sud, qui est plus ensoleillé et chaud.

 

La végétation d’en bas : les étages inférieur, moyen et supérieur

Pour commencer la visite, c’est l’érablière*** qui règne à la base de la forêt boréale, dans l’étage inférieur.  Ensuite, à environ 200 m d’altitude, les résineux font leur apparition. Dans l’étage moyen, on parle alors de forêt mixte. Plus l’altitude va augmenter, moins il y aura de feuillus. C’est autour de 550 m, dans l’étage supérieur, que l’on constate l’absence de feuillus. Les conditions climatiques y sont moins favorables à la croissance et à la reproduction de certaines espèces végétales, à cause d’une diminution de la température, d’une plus grande exposition aux vents et de fortes précipitations. On y rencontre des pruches du Canada, des pins blancs et du thuya.

Place aux conifères dans l’étage montagnard

Les conifères dominent dans l’étage montagnard tandis qu’on y trouve des feuillus que sous la forme arbustive. Les arbres qui poussent ici, principalement le sapin, sont trapus et ont le tronc déformé. Les cimes sont généralement asymétriques, à cause de la mortalité des bourgeons du côté des vents dominants. On les appelle des cimes en drapeau. Les vents y sont si forts qu’il n’est pas rare de voir des chablis (des zones où les arbres sont déracinés et tombés sous l’effet éolien). On ajoute à ça des sols plus minces, des pentes fortes et des épais couverts de neige qui tardent à fondre. Les tiges cassées sont fréquentes dans cet étage.  

 

La zone de transition entre la forêt et le sommet

C’est l’épinette blanche qui domine dans la zone subalpine. Elle fait entre 4 et 7 m de haut et subit de fortes pressions du vent et de la neige. D’ailleurs, ces conditions difficiles favorisent la reproduction végétative (par marcottage****). Les forêts sont donc composées de clones! (« Des clones? » « Non, pas ces clones-là? ») Plus on s’approche de la limite de l’étage alpin, plus la flore subalpine devient discontinue, formant une mosaïque d’îlots de végétation plus denses, d’arbres isolés et de prairies subalpines herbacées.

C’est quoi une prairie subalpine? Dans les zones de dépression et à la bordure de la forêt, on retrouve souvent une plus grande accumulation de neige. Cela favorise la végétation herbacée, dominée par les fougères, les carex et les graminées. Ces poches de plantes basses sont ce qu’on appelle des prairies subalpines.

 

La zone alpine, où la flore résiste

Finalement, on arrive au sommet, dans l’étage alpin. On se trouve alors au-delà de la limite des grands arbres. Les espèces arborescentes qui vivent ici ne dépassent pas 4 m de haut. Affectées par le vent, la dessiccation, l’érosion hivernale ainsi que le faible couvert de neige, elles sont rabougries et difformes. Lorsque les épinettes, les sapins baumier et les mélèze laricin ont ce drôle de look, on les appelle des krummholz. Et, entre deux bosquets, on trouve des landes alpines*****, dominées par des éricacées et des herbacées. Plus l’altitude augmente, plus l’effet des vents et de la neige affecte la présence des plantes. Finement, l’apex de la montagne est dominé par le roc, on trouve des mousses ou des lichens. Seules les espèces adaptées aux plus rudes conditions peuvent coloniser ce milieu (ce même scénario s'observer dans la toundra, par exemple).  

En montagne, la météo change abruptement et connaît des extrêmes. L’humidité condensée se traduit par des brouillards épais en été. En hiver, les nuages bas créent du givre et les chutes de neige dues à l’altitude sont fréquentes. Pour la végétation, ce n’est pas de tout repos! Et, plus on s’approche du sommet, plus le sol est pauvre et instable. Les nutriments sont souvent lessivés par le ruissellement dans la pente. La germination des graines est donc difficile, voire impossible. Pour coloniser les plus hauts étages des montagnes, il faut des plantes bien adaptées aux conditions du sommet.  

NOTES

* Au niveau international, on utilise aussi l’altitude pour définir les zones de végétation. Par contre, au Québec, comme nos montagnes ne dépassent pas 2000 m de hauteur, on regroupe les zones homogènes de végétation.  

** Il existe aussi un étage nival, qui est recouvert de neige en permanence. Toutefois, il n’existe pas au Québec. Aucune montagne ne présente une altitude suffisamment élevée. C’est plutôt une zone retrouvée dans les hautes montagnes, comme les Rocheuses et les Alpes, en Europe.

*** L’érablière, dans la région de Charlevoix, est un écosystème assez rare. On retrouve ce type de peuplement en grand nombre dans la vallée du Saint-Laurent, mais lorsqu’on prend de l’altitude, c’est de moins en moins fréquent.  

**** Marcottage : reproduction asexuée. On y reviendra.

***** Une lande est une zone où le sol est pauvre, ce qui limite la végétation. Seules quelques espèces de plantes basses peuvent donc les coloniser. Les landes qui sont dites alpines se retrouvent aux sommets des montagnes.  

Par Anne Frédérique, chargée de conception

Sources images : GUEPE

voir l'article
No results found.
Thank you! Your submission has been received!
Oops! Something went wrong while submitting the form.
Notre blogue
découvrir
Nos audioguides
découvrir
Nos vidéos
découvrir
Nos fiches éducatives
découvrir
OUTILS
BLOGUE
fermer
Nous utilisons des cookies pour améliorer votre expérience de navigation, diffuser des publicités ou des contenus personnalisés et analyser notre trafic. En cliquant sur « Accepter », vous consentez à notre utilisation des cookies. Pour plus d'information, veuillez consulter notre Politique de confidentialité.