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Découvrir la nature avec nos yeux d’expert.e.s

Parce que tu te demandes qu’est-ce qui se passe dans un cocon de papillon, comment se forme une tornade et comment les plantes communiquent... L'équipe de naturalistes de GUEPE a décidé de répondre à toutes tes questions, car la nature, ce n’est pas un mystère, c’est une science! Un.e naturaliste c’est quoi? En gros, c’est un.e spécialiste dont la mission première est de vulgariser les différentes sciences de la nature.

Chaque mois, on te présente une vedette, animale, végétale ou autre (oui, oui!), en plus des sujets préférés de nos naturalistes. Reste donc bien connecté.e. On va répondre aux questions de notre lectorat (incluant les tiennes) et on va aussi te proposer des places à visiter, des actions à poser, des trucs à voir et à lire. 

On te souhaite une bonne exploration de la nature!

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Le jeu chez les animaux

Les humains ont appris à leurs animaux domestiques à jouer. Ce sont des comportements qui ne sont pas naturels. Mais qu’en est-il des animaux sauvages? Est-ce qu’ils ont des jeux?

Tu as peut-être déjà joué avec un animal de compagnie à la maison ou chez des amis : un petit pug qui a appris à aller chercher une balle et à nous la rapporter, un chat domestique qui joue avec un petit jouet ou un fil de laine qui pend de notre tricot... En effet, les animaux domestiques interagissent avec nous, les humains, et on dit souvent qu’ils « jouent » avec nous. Parfois, les jeux de ces animaux domestiques sont des jeux que les humains leur ont appris et des comportements qui ne sont pas naturels chez eux comme rapporter une balle. Mais qu’en est-il des animaux sauvages? Ceux qui vivent seuls dans la nature? Est-ce qu’ils jouent entre eux? Est-ce qu’ils ont des jeux?

Dans les années 1970 et 1980, les chercheurs ont remarqué que les animaux jouent aussi parfois tout seuls. Ils ont observé que parfois les animaux font des cabrioles, courent, se chamaillent ou manipulent un objet sans raison apparente. Ils ne sont pas en danger, ils ne sont pas en train de chasser leur proie ou de se nourrir, ils ne sont pas à la recherche d’un ou d’une partenaire et, pourtant, ils font les mêmes mouvements que pendant ces activités : en fait, ils font semblant! C’est ce que les chercheurs ont appelé « les jeux chez les animaux ».

À quoi les animaux jouent-ils?

En observant attentivement des animaux domestiques, mais aussi des animaux sauvages, les chercheurs ont répertorié trois catégories de jeux chez les animaux : les jeux locomoteurs et de rotation, le jeu avec l’objet et le jeu social.  

On appelle « jeux locomoteur et de rotation » les jeux pendant lesquels l’animal mobilise une partie de son corps (comme quand il saute, court, roule, glisse, etc.), souvent pour se déplacer d’un endroit à un autre mais pas toujours. Certains animaux comme les chiens vont poursuivre leur propre queue ou certains animaux vont se pendre la tête en bas comme le singe Gibbon ou le panda. Les chercheurs ont remarqué que nos animaux domestiques le font, mais aussi certains primates (les singes) dans la nature sans notre compagnie et surtout sans raison apparente : ni par danger, ni pour rechercher un abri, ni par besoin de se nourrir ou de trouver un partenaire!  

Le « jeu avec l’objet » est un jeu pendant lequel l’animal utilise un objet et en quelque sorte se concentre pour réaliser une action à l’aide de ses muscles : il va mâcher quelque chose, tirer sur quelque chose ou pousser et déplacer des objets, etc. C’est ce que fait notre petit chat qui joue avec un petit fil de laine. Il parait que les loutres sont des animaux très joueurs et qu’elles jouent beaucoup avec des cailloux pour casser des coquillages. Elles garderaient même leur caillou préféré avec elles dans une petite poche de peau! Parfois, l’animal explore tout simplement un nouvel objet, mais certains chercheurs pensent que parfois, ils jouent avec!  

Pour finir, le « jeu social » est essentiel : c’est ce qu’on observe lorsque les animaux luttent entre eux, roulent, s’agrippent, lorsque les petits chatons se taquinent ou bien quand il y a un jeu d’approche puis de retrait entre les animaux d’un même groupe. Souvent, pendant ces jeux, les animaux ont une expression particulière, comme les singes qui ouvrent leur bouche sans montrer leurs dents. Il y a aussi parfois des cris et des vocalisations.

Bien plus qu’un jeu...

Des éthologues, des spécialistes du comportement des animaux, ont donc observé que des animaux dans la nature adoptaient des comportements qui ne leur servait à rien : ni à manger, ni à se reproduire, et ni à se protéger. Pire, il semble même que certains animaux prennent des risques sans raison! Alors pourquoi les animaux jouent-ils?

Les chercheurs pensent que le jeu chez les animaux leur permet principalement de se développer physiquement, mais pas seulement. Ils expérimentent, ils font des essais dans des conditions qui ne sont pas réellement dangereuses, mais qui leur permettent d’essayer de se comporter dans des situations nouvelles. Par exemple, ils peuvent s’approcher puis s’éloigner d’un congénère pour découvrir les différentes distances à respecter pour se signaler ou pour provoquer. Ainsi, les chercheurs pensent que les animaux découvrent leur environnement physique mais aussi social grâce aux jeux. Ils apprennent les règles sociales comme la hiérarchie ou la communication. Parfois, en se déplaçant ou en roulant, les animaux peuvent même se mettre un petit peu en danger en relâchant leur attention. Le jeu leur servirait alors à tester leurs limites et à affiner leur instinct. En gros, ils s’entraînent!

Les renards cachent de la nourriture pour que les petits la recherche. C’est bien plus qu’un jeu! Cette activité permet aux petits renardeaux de développer leur instinct, leur flair et leur curiosité pour partir à leur tour à la recherche de nourriture un jour.

Est-ce que tous les animaux jouent?

Ainsi certains chercheurs pensent que le jeu est ludique et serait le signe d’une grande intelligence chez les animaux. Beaucoup de mammifères et d’oiseaux, principalement des corvidés, ont été observés en train de réaliser l’un des trois types de jeux dont nous venons de parler. Comme pour les humains, ce sont souvent les plus jeunes qui jouent et c’est chez les animaux qui ont une grande organisation sociale que nous observons les jeux les plus élaborés comme chez les dauphins qui jouent avec à peu près tous les objets qu’ils trouvent dans leur environnement ou les loups qui renforcent leurs positions hiérarchiques pendant le jeu.  

Certains chercheurs pensent que, comme les humains, les animaux jouent avec des objets ou entre eux pour acquérir de nouvelles connaissances : ils développent leur compétence physique et ils explorent leur environnement, mais certains chercheurs pensent que même les adultes jouent par simple plaisir ou pour tromper l’ennui! Alors, on ne peut pas dire que certaines espèces ne jouent pas, même si cela n’a pas encore été observé. Ouvre l’œil et amuse-toi bien!  

Par Sarah, éducatrice-naturaliste

Sources images : Wallpaper Flare, Jennifer Cross/U.S. Fish and Wildlife Service Headquarters

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Vedette du mois
La loutre de rivière, l'enjouée

On vous présente notre vedette du mois, la loutre de rivière. Elle fait partie des animaux beaucoup trop cutes pour être vrai (et pourtant), surement grâce à son caractère « enjoué ».

Si tu t’es déjà promené.e au secteur de la Péninsule du parc-nature du Bois-de-Liesse, tu auras surement déjà fait une pause pour observer la faune et la flore qui peuplent le marais entre le ruisseau Bertrand et la rivière des Prairies. Bien qu’à proximité de zones urbaines, ce marais abrite plusieurs animaux sauvages, dont la loutre de rivière! En hiver, lorsque le marais est couvert de glace, on peut parfois voir cet animal agile glisser rapidement sur ce terrain de jeu temporaire. Ce mammifère est particulièrement connu pour son caractère « enjoué » lorsqu’il se trouve dans la neige ou sur une pente glissante. L’utilisation de cet adjectif pourrait être associée à de l’anthropomorphisme de notre part. Pourtant, cette espèce est bien reconnue comme un animal pratiquant le jeu! Car, le jeu n’est pas seulement réservé à notre espèce! Mais revenons à nos moutons... ou plutôt à notre loutre.

Une loutre de rivière qui glisse joyeusement sur la neige! Wiiiiiiihh!!

La loutre de rivière, un mustélidé bien adapté

La loutre fait partie des animaux beaucoup trop cutes, surement en partie grâce à son caractère « enjoué ». Mais, qui peut se vanter d’en avoir vu en nature? À part si tu en as pu en observer en captivité au Biodôme ou à l’Écomuseum (et encore, même là elles ne sont pas toujours en vue dans leur enclos), les loutres sont des animaux très discrets qu'on a peu de chance d’observer le long des cours d’eau. Et pour cause! Bien que cet animal soit actif toute l’année, il chasse la nuit et est donc principalement nocturne. De plus, le territoire familial mesure de 5 à 16 kilomètres carrés. Il y a donc très peu de probabilité que tu tombes sur plusieurs loutres dans ta balade, même durant la nuit!

Si tu n’as tout simplement jamais vu une loutre de ta vie, on ne t’a pas oublié, on a pensé à te la décrire! La loutre de rivière est un mammifère de la famille des mustélidés* tout en longueur qui peut atteindre jusqu’à 1,4 mètre et pèse entre 4 et 14 kg. La forme allongée de son corps est bien adaptée à la nage, tout comme le reste de ses traits : fourrure imperméable, longue queue pour se propulser dans l’eau, oreilles qui se referment sous l’eau et pattes palmées sont autant d’outils bien utiles à la vie dans les rivières. Puis, n’oublions pas son pelage épais brun (et blanc sous le corps), qui la protège des températures froides puisqu’elle chasse toute l’année! En parlant de chasse, la loutre est carnivore : elle se nourrit de poissons, écrevisses, amphibiens ou encore insectes grâce à ses grandes vibrisses**.

La loutre de rivière est un animal que l’on retrouve un peu partout en Amérique du Nord. Dans certaines provinces du Canada, comme sur l’Île-du-Prince-Édouard, elle est cependant tout nouvellement observée, car elle avait disparu au début du 20e siècle.

... Mais un peu trop apprécié

Puisqu’elle est bien adaptée à un milieu et un climat particulier, la loutre de rivière a attiré la convoitise d’une autre espèce y étant beaucoup moins adaptée. En effet, son déclin dans les années 1800 est en grande partie dû à sa chasse par l’espèce humaine, qui voyait dans sa fourrure une excellente matière première pour des manteaux et d’autres accessoires chauds et imperméables.  La pollution de l’eau des rivières ajoutée à cette chasse excessive a vu les populations de loutres de rivière décliner fortement, au point de s'éteindre dans certains endroits. Heureusement, grâce à des efforts de conservation et de réintroduction considérables de cette espèce, les populations sont désormais rétablies et plutôt stables.

Comme pour de nombreuses autres espèces sauvages, il est toujours nécessaire de protéger son habitat, et de nombreux milieux humides sont ainsi sous la protection de plusieurs organismes de conservation.

La prédation de la loutre de rivière ne l’a pas empêchée de garder son caractère enjoué. Le jeu ne lui permet pas seulement de parcourir fluidement les rivières du Canada, mais aussi, et surtout, de développer des liens sociaux et des habiletés pour la chasse! À la manière d’un chat, la loutre aime jouer, même avec ses proies.

Qui voudrait s'en prendre à une telle cutie?

Une bien grande famille!

Une seule espèce glisse agilement à travers l’Amérique du Nord malgré ses nombreux noms. La loutre du Canada, loutre d’Amérique ou encore la loutre d’Amérique du Nord ne sont en réalité qu’une seule et même loutre, Lontra canadensis, a.k.a la loutre de rivière.

En dessous de l’équateur, on sait cependant s’amuser tout autant! Dans le genre Lontra on retrouve également la loutre marine, la loutre à longue queue (aussi appelée loutre d’Amérique du Sud) et la loutre du Chili (ou d’Argentine). Vous l’aurez compris, les loutres présentes en Amérique, que ce soit au Nord ou au Sud font donc partie du genre Lontra.

Une multitude d’autres loutres nagent gaiement dans le reste du globe, bien qu’elles portent un nom de genre différent! La loutre d’Europe et celle de Sumatra se retrouvent dans le genre Lutra - ce qui, on te l’accorde, devrait être le genre de toutes les loutres, mais le classement du vivant aime la complexité -, la loutre indienne appelée loutre à pelage lisse est dans le genre Lutrogale, alors que les loutres africaines (loutre à joues blanches du Cap et loutre à joues blanches du Congo) sont dans le genre Aonyx. Oui ce sont bien des loutres, pas des pokémons. Enfin, la plus cute des loutres (selon des critères totalement subjectifs), la loutre de mer, est dans le genre Enhydra, alors que la plus étrange, la loutre géante du Brésil, est dans le genre Pteronura. Cette dernière, si tu l’as déjà vu lors d’un voyage dans le Sud, tu t’en rappelles pour sûr... Avec ses 1,5 à 2 mètres de long, elle ne passe pas inaperçue!

Qu’importe leur origine et leur lieu de vie, les loutres s’accordent toutes sur une chose : elles aiment jouer et vivre en groupe! Les loutres de mer sont les queens de la socialisation, puisqu’elles dorment en se donnant la main pour ne pas dériver. Une belle leçon d’entraide! Cette espèce va même plus loin dans les comportements anodins : elle utilise des galets ou des pierres pour briser les délicieux coquillages résistants. C’est donc la plus cute mais aussi la plus ingénieuse des loutres qui rentre dans le palmarès des autres rares animaux à se servir d’outils!  

Deux amies loutres de mer qui se tiennent la main.

Quels autres animaux se servent d’outils à part nous me demanderas-tu? Hé bien ça, on y reviendra plus tard...

NOTES

* Famille dans laquelle on retrouve aussi les blaireaux, les martres, les belettes, les hermines, les putois et les furets, mais aussi le carcajou!  

** Plus communément appelée « moustaches »! Ces grands poils rigides constituent un organe sensoriel remarquable : ils permettent à la loutre de chasser en sentant les vibrations des proies dans l’eau!

Par Julie, chargée de projets

Sources images : Pixabay

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Quoi faire?
Le guide d’une randonnée réussie

On a compiler les meilleurs trucs de randonnée de notre équipe et on vous a concocté un guide pour faire une sortie réussie. À vos bottes!

SÉRIE SPÉCIALE : LES HAUTS PLATEAUX ET NOUS

D’abord, il faut un plan

Première chose quand on veut faire une randonnée, c’est qu’il faut savoir où l’on va et pourquoi. Il est donc conseillé de définir des objectifs réalistes en fonction de sa condition physique et de ses intérêts. À partir de là, il sera possible de choisir le parfait sentier à parcourir*. Puis, tu pourras commencer ta préparation en amassant tous les détails essentiels : la longueur (en km) et la durée du parcours (combien de jours ou d’heures tu seras parti.e), le dénivelé, les milieux à visiter (la faune et la flore exceptionnelles ou les zones de conservation que tu croiseras).  

Il faut ensuite t’assurer d’avoir sous la main une carte imprimée du sentier (une véritable police d’assurance si ton téléphone lâche en cours de route) qui te permettra une analyse de l’itinéraire. Est-ce que c’est une boucle? Quel est le point de départ? Comment s’y rendre? Où se situe la fin du sentier? Où dormir? Quelles sont les infrastructures disponibles**? Faut-il s’enregistrer quelque part avant de débuter la randonnée?

Une fois que théoriquement le sentier n’a plus de secrets pour toi, il est temps de choisir la date du départ et l’heure. Attention de faire un choix éclairé, car certains sentiers sont accessibles seulement une partie de l’année. Et, peu importe la longueur du sentier, c’est toujours mieux de partir tôt pour profiter de la fraîcheur du matin.  

Quelques jours avant le départ

Tu te sens prêt.e, car tu détiens toutes les informations sur ta sortie? Certains éléments resteront toujours plus ou moins imprévisibles. Alors, quelques jours avant de partir, vérifie la météo et l’état des sentiers (il suffit de te renseigner auprès des gestionnaires de sites). C’est mieux que de se frapper le nez sur un sentier fermé ou un orage violent… Profites-en pour donner les détails de ta sortie à un.e proche, même si tu pars accompagné.e.  

C’est fait? C’est maintenant le temps de préparer ton matériel. Évidemment, l’équipement devra être adapté au type et à la longueur de la randonnée. On ne remplit pas son sac*** de la même manière si on part pour un triple sommet pendant 5 jours ou pour une boucle de 45 minutes. Par contre, certains items de base sont toujours bons à avoir avec soi :  

  • Des bottes confortables**** (c’est l’outil numéro 1 du randonneur);
  • Des vêtements adaptés à la température et un chapeau;
  • Une gourde remplie (duh) – il est suggéré de traîner au moins 0,5 L d’eau par heure de randonnée;
  • De la nourriture selon la durée. Goutés légers, fruits séchés, noix ou barres énergisantes sont de parfaits snacks;
  • Un sac de poubelle pour ramener tes déchets;
  • Du papier de toilette (on ne sait jamais);
  • Une trousse de secours de base;
  • Un moyen de communication efficace et un GPS;
  • Une carte du sentier.  

À ça s’ajoute les « en cas », dont des allumettes ou un briquet (dans un contenant pour les garder au sec), de la corde, des vêtements de rechange, des lunettes de soleil, de la crème solaire et du chasse-moustiques et une lampe de poche (frontale et fonctionnelle de préférence, donc tester ou charger la batterie avant de partir). Ça l'air peut-être beaucoup, mais, comme on dit, vaut mieux prévenir que guérir… Surtout dans le milieu de la forêt. Et, pour les séjours de plusieurs jours, on ajoute tout le nécessaire de camping.

Un conseil en faisant ton sac : garde ça simple. Les objets avec une double utilité sont les bienvenus, car le plus léger ton sac, le mieux c’est. En le remplissant, il est bon de répartir le poids également de gauche à droite dans le sac***** et de garder les objets les plus utiles à portée de main, généralement dans le haut du sac. Finalement, si le cœur t’en dit, ajoute un ou deux guides d’identification qui pourraient être utiles, des jumelles ou un cherche-étoiles : t’es aussi là pour profiter de la belle nature, non?  

 

À ne pas oublier en chemin

Tu es enfin parti.e, tu profites pleinement de grand air, tu sens ton cœur pomper le sang dans tes veines et tu es pleinement concentré.e sur l’objectif à atteindre. Par contre, il faut aussi garder en tête une chose bien simple : ton confort. C’est le secret pour une randonnée parfaite. Ajuste ton sac en route si tu sens que les sangles ne sont pas bien serrées. Relace tes chaussures. Réarrange le matériel pour qu’il soit bien réparti sur ton dos. Enlève une couche de vêtements si tu as chaud. Et surtout, sois à l’écoute de ton corps pour éviter les blessures. Ton dos, tes genoux et tes chevilles pourraient t’envoyer des messages à ne pas manquer.  

Ça amène à se rappeler de garder le rythme, mais pas n’importe lequel... Le sien. Ta vitesse de croisière devrait te permettre d’avoir une conversation avec ton.ta partenaire de rando. Et, on te le dit, t’as le droit de prendre des pauses. D’ailleurs, il est suggéré de s’arrêter régulièrement pour de petites pauses, plutôt que de faire de longs arrêts. Et, les pauses, ça fait partie du fun. Ça permet d’observer la nature qui t’entoure, faire un ou deux étirements, prendre des grandes respirations et en profiter! C’est évidemment le moment idéal de prendre une bouchée. Ce n’est pas un secret quand on fait de l’activité physique, il faut bien s’hydrater et bien manger. (Assure-toi de bien mettre tes résidus dans le sac de poubelle que tu as amené avec toi!)  

On le répète, au cours de ta rando, profites-en, du premier pas dans le sentier, au tout dernier. Si ton objectif, c’est un sommet, les différents milieux le long de ta randonnée sont tout aussi merveilleux à découvrir. Les couleurs de la friche en fleurs au bas de la montagne, le ruisseau qui dévale rapidement, l’odeur de la cédrière à mi-parcours. Tout ça vaut la peine.  

 

Les mots d’ordre à ne pas oublier  

  • Ne laisse aucun déchet, aucune trace de ton passage. Laisse le sentier (et la nature) comme tu l’as trouvé.  
  • Respecte les infrastructures et le lieu. Une signalisation brisée, une poubelle pleine? Parles-en au gestionnaire du site. S’il y a des panneaux, de la signalétique ou des règlements, c’est pour une bonne raison.  
  • Respecte la nature. Campe aux endroits prévus et reste sur les sentiers pour éviter de piétiner les plantes ou de favoriser l’érosion. Le lichen, la mousse et les champignons aussi profiteront de ton pas averti. Reste silencieux.euse pour éviter de stresser la faune. Et (ça va de soi), on ne nourrit pas les animaux.  
  • Respecte les autres personnes sur le sentier : courtoisie et entraide avant tout. Ne laisse personne derrière, salue les autres randonneurs, laisse la priorité à ceux qui montent et partage le sentier si d’autres activités de plein air y sont pratiquées.  

 

Trois randonnées, trois niveaux, dans la région de Charlevoix

Maintenant que tu connais tous les secrets pour une randonnée réussie, on te propose d’abord, une facile : le sentier de la Chute, dans le parc national des Grands-Jardins. Il te permettra d’explorer la taïga de Charlevoix et de visiter la chute Hume-Blake. Une rando facile, c’est accessible à tous, dont une bonne partie est sur le plat, et c’est généralement de courte durée. Ici, c’est un 6,4 km qui te prendra environ 1 h 30 (sur un dénivelé de 132 m).  

Un parcours avec des valons, quelques passages accidentés, des ascensions et des descentes, c’est ce qu’on appelle une randonnée intermédiaire. Même si tu n’as pas beaucoup d’expérience, si tu as une bonne condition physique, tu risques de pouvoir compléter ce sentier. Tu te lances? On te suggère de visiter les hauts plateaux du Mont du Lac-à-L’Empêche et du Mont Du Four (un dénivelé de 553 m), et leur végétation à couper le souffle, dans une boucle de 13 km (qui pendra environ 4 h de marche).

Quand on dit que le sentier est avancé, c’est souvent parce qu’il y a des challenges (une falaise, des escarpements, une ascension en continue, des passages glissants ou étroits, etc.) que seuls des randonneurs aguerris sont prêts à affronter. Ça ne veut pas dire que c’est le plus long des sentiers, mais qu’il est véritablement difficile. Un bon exemple serait le sentier Menaud, (dans la ZEC du Lac-au-Sable). Un 6 km de montée abrupte (dénivelée de 382 m) et très technique (les bâtons de marche sont recommandés pour aider dans le sentier étroit et racineux) qui prendra 2 h 30. Des efforts intenses et soutenus te mènent au sommet, dans un milieu alpin hors du commun.  

 

Quand vient le temps de choisir ton parcours, laisse ta fierté de côté et choisis en fonction de tes capacités, de ce que tu as envie de voir et de l’équipement dont tu disposes. Tu nous remercieras plus tard. Bonne rando!  

 

NOTES

* Et des sentiers, il y en a. Et ce, pour tous les goûts. Les amateurs, les randonneurs intermédiaires et les experts trouverons chaussures à leurs pieds au travers des quelques 10 000 km de sentiers de randonnée québécois.  

** Que se soit une toilette au départ du sentier, des points d’eau potable en route, la disponibilité du réseau cellulaire, des plateformes pour le camping ou des belvédères pour profiter de la vue. Ça vaut la peine de connaître son itinéraire sur le bout des doigts pour en profiter au maximum. Et c’est aussi un net avantage de savoir où se trouvent les toilettes.  

*** Pour une journée de marche, on dit qu’un sac à dos de 35 L est parfait et pourra contenir la totalité du matériel de base de randonnée. Si le parcours est plus long, il faudra plus d’équipement. Garde en tête que le poids du sac ne doit pas dépasser 20 % du poids du randonneur.  

**** Ou des bons souliers. Peu importe son style, la chaussure de marche doit être imperméable, avec une semelle solide (ou même des crampons pour une bonne adhésion au sol) et surtout, confortable. Si tu pars pour une petite rando, choisis une chaussure légère. Les souliers et les bottes mi-hautes sont parfaites pour l’occasion et pour les débutants. Pour un plus long parcours, vaut mieux opter pour une véritable botte (haute) qui maintiendra ta cheville bien en place.  

***** Le matériel le plus lourd devrait être proche du dos et le fond du sac devrait être tapissé des items mous et légers. Sur le dessus on place la carte du sentier, la trousse de premiers soins et les collations pour un accès rapide.

Par Anne Frédérique, chargée de conception

Sources images : Pixabay, Pexel, GUEPE

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Qc-Nature
Le vent et les arbres

Sur les sommets les vents permanents et forts défigurent carrément les arbres. On appelle ça, l’anémomorphisme.

SÉRIE SPÉCIALE : LES HAUTS PLATEAUX ET NOUS

Le vent dans les arbres, c’est bien plus que les feuilles qui bruissent tranquillement. Ça peut être une brise qui amène de l’air frais plein d’évapotranspiration jusqu’à nous, une bourrasque qui fait tomber les feuilles flétries à l’automne, des rafales qui créent des chablis*, des tempêtes qui déracinent les érables centenaires… Sur les sommets, les vents permanents et forts défigurent carrément les arbres. On appelle ça l’anémomorphisme.  

L’anémomorphisme consiste en la modification de la forme des végétaux (et du paysage par le fait même) sous l’effet du vent. C’est un phénomène mécanique (et naturel) qu’on rencontre principalement sur le littoral, dans les environnements accidentés (comme les falaises et les canyons) et en montagne, où les vents dominants sont presque constants et souvent très intenses. D’abord, il faut dire que, dans les endroits très venteux, la végétation est simplement rare. Les plantes qui s’y développent sont souvent basses**. Lorsque des végétaux un peu plus hauts poussent, leurs rameaux courbent sous l’effet du vent pendant leur croissance.  

L’action du vent ne se lit pas seulement par des courbures. Il engendre aussi la perte des parties les plus fragiles des plantes, comme les feuilles, les bourgeons et les jeunes rameaux. Il favorise aussi le dessèchement et le flétrissement des éléments les plus exposés et, ainsi, la cassure ou l’élimination de parties complètes. Le vent peut aussi intensifier l’érosion du sol et dénuder les racines des végétaux, diminuant leur capacité d’absorption.  

 

Une véritable contorsion

La forme que prend un arbre face aux stress créés par les vents dominants (donc qui viennent principalement de la même direction) peut être assez extraordinaire. Oublie l’idée de l’arbre au tronc droit et fort. Le vent en a décidé autrement. Il est si puissant qu’une plante développera ses branches dans le sens du vent, presque horizontalement, on pourrait même dire couchées. On appelle cette forme le port en drapeau.  

En montagne, lorsque la partie inférieure de l'arbre est protégée par le manteau neigeux ou des rochers, seule la partie supérieure exposée peut avoir cette apparence. Par exemple, dans l’étage subalpin, on peut voir des cimes en drapeau (ou en bannière) très caractéristiques. Les rameaux du côté faisant face au vent, ayant été brisés, créent un houppier asymétrique.  

C’est ce qui nous amène aux krummholz. Sur les sommets des montagnes, les espèces arborescentes dépassent rarement quelques mètres de hauteur. Malgré cela, elles sont affectées par les vents, spécialement en hiver lorsqu’ils sont à leur plus violent, car il n’y a pratiquement rien pour les protéger. Les nouvelles pousses sèchent, rendant la croissance presque impossible (du moins, du côté des vents dominants) et l’arbre devient rabougri et difforme. Ces plantes alpines et subalpines à l’allure noueuse sont des krummholz.

 

Profiter du vent, tant qu’à y être

L’anémomorphisme est un phénomène qui affecte plus particulièrement les conifères, car ceux-ci sont plus fréquents dans les milieux très venteux. C’est le cas, par exemple, des épinettes, des sapins baumiers et des mélèzes laricins que l’on retrouve en grand nombre sur les hauts plateaux. Elles se font pas mal brasser par les bourrasques, alors, pourquoi ne pas en tirer profit? Il est fréquent que les plantes anémomorphes aient une pollinisation assurée par le vent (on dit anémogamie). Les grains de pollen sont alors transportés du cône mâle jusqu’aux cônes femelles par le vent. (C’est ici qu’on voit à quel point la nature est bien faite!)

 

Les arbres qui parsèment les paysages côtiers, qui colonisent les vastes étendues de taïgas et qui jonchent les sommets dénudés, ils sont peut-être rabougris et noueux, mais ils ne sont pas morts. Crois-moi. Ils ont juste un peu de vent dans les branches.  

NOTES

* Un chablis, dans le langage commun, c'est un groupe d'arbres qui sont déracinés accidentellement, souvent par l'effet du vent. Toutefois, techniquement, la véritable définition, c'est plutôt un système racinaire qui a été en partie déraciné et les morceaux de sol encore attaché à ce dit système et le trou laissé dans le sol.

** C’est le cas du saule arctique, qui pousse à ras le sol de la toundra. Certaines espèces qui vivent dans les milieux venteux sont adaptées pour limiter les effets du vent, c’est le cas du saule arctique.

Par Anne Frédérique, chargée de conception

Sources images : pxfuel, Óðinn, GUEPE, Pxhere

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Vedette du mois
Le grand peuplier et sa neige de juin

On vous présente le peuplier deltoïde. C'est un arbre immense, urbain, pionnier, et un arbre qui fait neiger en juin. Voici ses secrets dévoilés.

Dans la région de Montréal, nous avons le privilège de côtoyer l’un des plus grands arbres de l’est du continent : le peuplier deltoïde. Nous avons de la chance, car c’est l’un des rares endroits au Canada où il est présent. Il est normalement plus commun chez nos voisins du sud, avec une aire de distribution qui s’étend des Grands Lacs jusqu’au golfe du Mexique et des Rocheuses jusqu’à la côte Atlantique.

Le peuplier deltoïde, ce géant

Cet arbre très imposant peut atteindre les 30 m de hauteur, avec un tronc qui dépasse 1 m de diamètre! Le plus impressionnant, ce n’est cependant pas sa taille, mais bien la vitesse à laquelle il pousse. Le peuplier deltoïde ne vit effectivement pas très longtemps, une cinquantaine d’années à peine, quand sa taille imposante pourrait laisser penser qu’il est plusieurs fois centenaire. À titre de comparaison, un érable à sucre mettra près de 300 ans pour l’égaler en hauteur et en diamètre. Pour atteindre de telles dimensions en si peu de temps, cet arbre à la croissance extraordinaire, peut donc pousser de 2 m par an dans des conditions optimales, l’un des taux de croissance les plus rapides pour un arbre en Amérique du Nord!

Un rôle écologique important

Le peuplier deltoïde peut être retrouvé le long des cours d’eau, proche des lacs et sur des terrains humides, bien drainés, ou encore sur des plaines inondables. Sa croissance extraordinaire en fait d’ailleurs un allié de choix pour lutter contre l’érosion des berges, ses grandes racines aidant à la rétention des sédiments.  

C’est également un arbre qui ne supporte pas l’ombre et que l’on retrouve donc souvent en début de succession végétale. Avec le bouleau, ce sera en effet l’un des premiers arbres à repeupler un milieu en friche suite à une perturbation. Sa croissance exceptionnelle permettra de fournir un couvert aux autres essences d’arbres moins tolérantes au soleil, qui pourront ainsi pousser à l’ombre de ses feuilles. Étant donné que la vie du peuplier deltoïde est courte, ces nouvelles essences comme l’érable, le hêtre, ou encore le sapin baumier, souvent centenaires, finiront par le supplanter et deviendront à leur tour les arbres dominants. Quand un milieu finit par atteindre une certaine stabilité, on appelle cela le climax. Cet état de climax perdure jusqu’à ce que le milieu subisse une nouvelle perturbation et qu’il faille à nouveau solliciter les services de notre peuplier deltoïde et des autres espèces pionnières pour amorcer son repeuplement.

« Gandalf?! »

Être grand n’a pas que des avantages. Un peu comme un magicien dans une maison de Hobbit, la grande taille du peuplier deltoïde lui vaut parfois de se sentir un peu à l’étroit dans nos villes. Trottoirs, routes, canalisations, édifices, rien ne résiste à la force de ses puissantes racines si l’on ne lui laisse pas assez de place. Et nous allons voir que les dimensions hors-normes de cet arbre gigantesque ne sont pas les seules caractéristiques qui lui valent la mauvaise réputation qu’il a développé auprès de certains citadins.

Les fleurs du peuplier deltoïde sont pollinisées par le vent. Ce constat simple et poétique peut se traduire par une réalité autrement plus chaotique : la neige de peuplier! Si tu en as déjà fait l’expérience (on ne peut souvent pas y échapper), elle rentre partout, tapisse le sol et s’envole au moindre coup de vent. Cette « neige », qualifiée également de « pollen » ou encore de « coton » n’est rien de tout ça. C’est la bourre du peuplier. Il s’agit en fait d’un duvet composé de longs poils soyeux auquel sont rattachées les graines de la plante. En langage scientifique, on appelle cela un akène plumeux.

Il faut savoir qu'il existe dans la nature des arbres dits monoïques, c’est-à-dire qui possèdent à la fois des fleurs mâles et des fleurs femelles. Mais, il existe aussi des arbres dits dioïques, comme le peuplier deltoïde, qui ne possèdent que des fleurs d’un seul sexe. Dans ce cas-là, le pollen des fleurs de l’arbre mâle, sorte de poussière jaune portée par le vent, féconde les fleurs de l’arbre femelle. Ces dernières, ainsi fécondées, se transforment en fruit : l’akène plumeux.  

Les fleurs femelles produisent des capsules (A,B). Une fois séchées, elles s’ouvrent (C) pour laisser les akènes (D) être dispersés par le vent.

Ainsi, à la fin du mois de mai ou au début du mois de juin, ce n’est pas de la neige ou du pollen qui tombe de nos peupliers, mais bien des fruits! C’est donc la différence de sexe entre les arbres qui explique pourquoi ce ne sont pas tous les peupliers deltoïdes qui produisent ces étranges nuages de ouate.

Tapis de neige? Plutôt, un tapis de bourre...

Par Gabriel, éducateur-naturaliste

Sources images : GUEPE à partir de Arboquebecium, Lynn Greyling, Andrey Zharkikh, GUEPE, EnLoraxG. Edward Johnson

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