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Découvrir la nature avec nos yeux d’expert.e.s

Parce que tu te demandes qu’est-ce qui se passe dans un cocon de papillon, comment se forme une tornade et comment les plantes communiquent... L'équipe de naturalistes de GUEPE a décidé de répondre à toutes tes questions, car la nature, ce n’est pas un mystère, c’est une science! Un.e naturaliste c’est quoi? En gros, c’est un.e spécialiste dont la mission première est de vulgariser les différentes sciences de la nature.

Chaque mois, on te présente une vedette, animale, végétale ou autre (oui, oui!), en plus des sujets préférés de nos naturalistes. Reste donc bien connecté.e. On va répondre aux questions de notre lectorat (incluant les tiennes) et on va aussi te proposer des places à visiter, des actions à poser, des trucs à voir et à lire. 

On te souhaite une bonne exploration de la nature!

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Vedette du mois
Spécial Fungi

On voulait, pour amorcer l’automne en grand, mettre en scène les mycètes. Pourquoi? L’automne, c’est le moment où les champignons sont les plus visibles et les plus beaux. Et on va se le dire, ils sont fascinants!

On voulait, pour amorcer l’automne en grand, mettre en scène les mycètes, le règne du vivant qui regroupe tous les champignons. Pourquoi? L’automne, c’est le moment de l’année où la majorité des champignons forestiers sont les plus visibles et les plus beaux. C’est d’ailleurs la prime season pour la cueillette.* Et on va se le dire, les champignons, c’est fascinant!

On t’as déjà expliqué que les champignons sont bien différents des plantes : ils ne sont pas formés des même éléments (il existe même du vocabulaire spécifique aux champignons), leurs cellules sont différemment composées, les champignons ne produisent pas de graines (mais plutôt des spores, comme les fougères) et ils ne produisent pas de chlorophylle, et ne font donc pas de photosynthèse, comme les végétaux. On t’explique ça en détail ici.

Close up sur du moisi

Le monde des champi, c’est un vaste catalogue qui regroupe des dizaines de milliers d’espèces connues. On dit qu’un peu moins de 95 % des champignons resterait encore à décrire… Les « découvreurs de champignons » ont du pain sur la planche. Mais attention, les champignons, c’est pas seulement les beaux pions qu’on trouve au pied des arbres. Non, c’est bien plus. Pour se retrouver à travers les espèces, il existe plusieurs types de classification des champignons : selon le type de spores (qu’on appelle la classification classique), selon leur comestibilité ou leur dangerosité, selon leur ADN, etc.

Pour faciliter notre travail ici, on va utiliser la phylogénétique (classification selon l’ADN) puisque la biologie moléculaire a permis de diviser nos mycètes en trois grands groupes. Bien que ces travaux de classification soient inachevés, qu’ils sont en continuel changement et qu’on y voit des mises à jour continuelles, ça reste une classification qui est généralement acceptée. Alors, pour les besoins de ce texte, explorons les mycètes de cette manière.

On trouve d’abord des très petits champignons (dont la plupart est aquatique) : les Chytridiomycètes. Vois ici une moisissure attachée à des graines de sésame qui pousse sur l’eau. Les spores** de ces champignons sont mobiles. Ils possèdent un flagelle qui leur permet de se déplacer dans l’eau. Un flagelle, c’est un genre de prolongement allongé du corps, comme une queue. Les spermatozoïdes humains ont aussi un flagelle.

Mucor, ou « poils de chat », est une moisissure zygomycète, spécialiste des fromages.

Ensuite, on a affaire à une autre groupe de champignons microscopiques, les Zygomycètes. Ce groupe de mycètes se caractérise par leur tendance à la reproduction asexuée. C’est quoi ça? C’est la capacité de certains organismes vivants, dont beaucoup de végétaux et de microorganismes, de se multiplier (se reproduire) sans l’intervention d’un partenaire. Ça permet donc à ces champignons de coloniser rapidement divers types de milieux. On trouve dans ce groupe des moisissures, des parasites de plantes, de l’homme et des animaux et une grande partie se trouve dans le sol. Ces derniers, qu’on dit mycorhiziens, vivent en symbiose avec les plantes. Les mycorhizes sont une association entre les champignons et les végétaux où les deux parties s’attachent (généralement par leur système racinaire) et s’échangent de la matière, des nutriments par exemple.  

Et finalement, les Dicaryomycètes. Ils regroupent la très grande majorité des champignons qu’on connaît. Ils sont généralement plus complexes (ou évolués) que les champignons des groupes précédents. On parle ici des champignons supérieurs, soit les lichens, des parasites plus développés***, certains types de levure et le classique champignon à chapeau. Pour simplifier le tout, on a divisé les Dicaryomycètes en deux principaux groupes.  

Champi à chapeau

On a regroupé sous le nom d’Ascomycète les moisissures, les lichens****, les morilles, les truffes et la levure (oui, oui, celle qu’on utilise en boulangerie et pour faire la bière). Bien qu’en apparence ces champignons n’ont rien à voir les uns avec les autres, c’est au niveau de la formation cellulaire de leurs spores qu’ils se ressemblent.

Le second sous-groupe comprend la plupart des gros champignons, couramment rencontrés dans la nature et bien connus. Ce sont les Basidiomycètes. Et encore une fois, on trouve ici des centaines de looks différents pour ces champignons, mais tous ont la même formation de spores.

Comme tu peux le constater, les champignons, c’est complexe. La raison est simple : ils sont extrêmement variés! Ça rend la tâche de les classer assez difficile! T’es pas obligé de retenir les noms de leurs groupes, on voulait simplement démontrer que les mycètes, c’est beaucoup plus qu’une maison de Schtroumpf ou un régal sur ta pizza. Ce sont des milliers d’organismes différents qui sont partout! Dans la nature, oui, mais aussi dans ton frigo, sur toi, dans ton chien et même dans l’air! Alors, la prochaine fois que tu te commandes la Spécial Fungi 12”, pense à tous ces mycètes qui sont autour de toi.

NOTES

* Attention, nous ne recommandons pas de cueillir des champignons en milieu naturel à moins d’être accompagné d’un expert.

** Les spores sont des micro-organismes qui sont produits par les champignons qui permettent leur dispersion dans l’espace. Sur les champignons les plus gros (ceux qu’on trouve dans les forêts par exemple), les spores peuvent former une poudre.

*** Comme des champignons qui parasitent d’autres champignons!

**** Les lichens sont une association symbiotique entre un champignon et une algue.

Sources images : Pixabay, James Linsey, PxHere

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Quoi faire?
Le chant de la cigale

C’est certain que tu l’as déjà entendue par une journée ensoleillée d’été, crier à tue-tête, bien accrochée aux troncs des arbres. Mais, tu l’as probablement jamais vue. C'est la cigale caniculaire.

On te propose de terminer le mois d’août en profitant des dernières chaleurs de l’été et de sortir apprécier un chant bien particulier. C’est certain que tu l’as déjà entendue par une journée ensoleillée d’été, crier à tue-tête, bien accrochée aux troncs des arbres. Mais, tu l’as probablement jamais vue. La cigale caniculaire est une bestiole qu’on aperçoit peu puisque ces couleurs sont parfaites pour le camouflage. Par contre, une fois qu’on l’a croisée, sa frimousse unique est difficile à oublier. Ce gros insecte a une tête aplatie, surmontée de deux gros yeux globuleux.

Chez les cigales, ce sont les mâles qui chantent. Ils se font aller le tambour pour attirer les femelles (c’est un des mécanismes de la sélection sexuelle). Contrairement aux orthoptères qui utilisent leurs ailes et leurs pattes pour charmer (ou pour produire leurs stridulations), les cigales utilisent des membranes situées sur le côté de leur abdomen. On les appelle des timbales. Lorsque les muscles qui relient les timbales se contractent rapidement, elles vibrent* et produisent le chant (la note) que nous connaissons. Et pour amplifier le tout, le son passe par des sacs aériens qui agissent comme des caisses de résonance. On peut entendre leur chant à environ 1 kilomètre de distance!

Les cigales émettent un bruit en continue (d’une quinzaine de secondes) qui commence doucement, devient très fort et diminue graduellement. À son sommet, le son est aussi fort que celui d’un moteur de tondeuse. On peut aisément dire que cet insecte d’environ 4 cm est pas mal bruyant pour sa grosseur.

Bien que les chants soient destinés aux femelles, les autres mâles sont souvent stimulés par les vibrations. Ça leur donne, eux aussi, le goût de chanter. Alors, ils en profitent! Plus le chœur de mâles est important, plus le chant se fera entendre de loin et davantage de femelles seront charmées. Donc, ils auront probablement, plus de succès. #teamwork

C’est bien beau de chanter bruyamment, mais il faut aussi entendre! Les cigale sont toutes dotées de tympans pour capter les sons, eux aussi situés sur l’abdomen.

Alors, à la prochaine journée ensoleillé, sors prendre l’air pour assister au concert des cigales caniculaires. Et pas de panique, comme le disait La Fontaine dans sa fable, elles chantent tout l’été!

NOTES

* On parle ici d’environ 500 contractions musculaires à la seconde. Ça, c’est de la vibration!

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Qc-Nature
La sélection artificielle : Frankenstein vs les petits agneaux

On va t’expliquer ici le lien entre le monstre du docteur Frankenstein et les petits agneaux d’élevage qui gambadent dans les champs. C’est quoi le rapport? Les deux sont issus de transformations induites par les humains.

On va t’expliquer ici le lien entre le célèbre monstre du docteur Frankenstein et les adorables petits agneaux d’élevage qui gambadent dans les champs. C’est quoi le rapport? C’est tellement simple! Les deux sont issus de transformations induites par les humains.  

Le bon docteur Frankenstein voulait créer une nouvelle espèce et découvrir le secret de la vie et de la mort… (Malheureusement pour lui, ça ne s’est pas passé comme il l’avait prévu…)* Et les petits agneaux des élevages sont nés suite à un choix conscient d’un humain qui découle d’un concept préhistorique** : la sélection artificielle. Attention, on ne te parle pas de manipulation génétique aves des pipettes et des éprouvettes, mais bien du choix des géniteurs (généralement dans les élevages) pour leurs caractères qu’on veut transmettre à la génération suivante.

Par exemple, dans un élevage de moutons, si on choisit pour l’accouplement le bélier avec la meilleure santé et la plus belle laine et la brebis qui produit le plus de petits, on a des fortes chances d’avoir pleins de petits agneaux forts et bien laineux. Avec des mots scientifiques, on pourrait définir la sélection artificielle comme un moyen pour les humains de contrôler la reproduction d’animaux en sélectionnant certains phénotypes*** qui présentent des traits particuliers. On augmente ainsi la fréquence de ces traits, par hérédité, dans les générations suivantes. Ce sont donc les préférences des humains qui dictent la transmission de caractéristiques chez ces animaux. (À l’instar du pauvre docteur Frankenstein qui voulait jouer à « inventer des espèces », on fait pas mal la même chose.)

Pour bien comprendre la sélection artificielle, il faut l’opposer avec la sélection naturelle. Dans les phénomènes qui composent cette dernière, les individus avec des caractéristiques favorables à une meilleure survie seront sélectionnés. Les facteurs environnementaux (comme la compétition, les perturbations, le milieu naturel) exercent une pression sur les populations (sur les individus) et influencent la sélection « par la nature » ou « de manière naturelle ». Ainsi, avec le temps, les individus seront mieux adaptés pour survivre grâce à leurs caractéristiques. C’est un processus qui se fait sur des centaines d’années et ça se fait sur des populations entières, donc à très grande échelle. La sélection naturelle permet alors une grande biodiversité dans la nature, incluant une diversité génétique permettant à la sélection de se poursuivre.  

Dans la sélection artificielle, tout est orienté vers l’humain. C’est donc nous qui exerçons une pression sur les individus et non pas, la nature. Les caractères sélectionnés ne sont généralement pas des traits favorables à la survie, mais bien ceux souhaités par les humains, pour un objectif précis, qui souvent a des critères économiques. Parfois, en quelques mois seulement, on peut créer de nouvelles espèces (ou sous-espèces, ou variétés) permettant une grande rentabilité. Il en résulte des élevages, avec les traits souhaités, oui, mais consanguins et avec un bassin génétique restreint.  

On a mis cette image de poulets en liberté, mais les élevages aviaires ressemblent rarement à ça…

Après ce portrait plus ou moins reluisant de la sélection artificielle, tu te demandes probablement pourquoi on s’amuse à imiter le docteur Frankenstein avec nos animaux d’élevage (et nos animaux domestiques)! La plupart du temps, c’est une question de rentabilité, de productivité et de demande. On choisit donc des traits qui ont de la valeur (goût, productivité, grosseur, etc.). Par exemple, dans un élevage de poulets, on souhaite produire des œufs, de la viande et des nouveaux poulets. On va donc choisir des individus de variétés et des types différents qui sont performants et/ou qui sont bien en chair et/ou qui sont productifs (qui font beaucoup de petits). Ces poulets vont se reproduire ensemble (c’est la sélection artificielle croisée). Quand on arrive à notre but après quelques générations, on va maintenir notre élevage « mieux et plus », en reproduisant nos poulets ensemble.  

Alors, quand j’achète ma douzaine de « gros œufs » à l’épicerie, c’est parce que quelque part, quelqu’un a choisi les poulets qui faisaient les plus gros œufs. Et parce que je continue d’acheter les mêmes « gros œufs », les éleveurs continuent de choisir les individus reproducteurs dans leur élevage, plutôt que de laisser la nature faire son travail.

On fait la même chose avec nos animaux domestiques, avec les abeilles en apiculture et avec les plantes. Penses à l’épi de maïs que tu as dégusté à l’épluchette en août dernier. En réalité, un épi de maïs naturel non sélectionné, c’est petit et ça ressemble à du blé…  

Bien que du point de vue économique, la sélection artificielle peut avoir des avantages importants, les désavantages sont notables. En plus des problèmes de santé dus au bassin génétique réduit des élevages et à la forte consanguinité****, pour faire une sélection efficace, il faut souvent y aller par expérimentation et ça ne se passe pas toujours comme prévu (parles-en à Frankenstein, voir!). Et finalement, comme lorsqu’on parle de brassage génétique ou de fécondation in vitro, la redoutable question de l’éthique qui se pose. Au nom de la rentabilité, les humains devraient-ils intervenir dans les processus de sélection qui devraient s’opérer de manière naturelle? Est-ce qu’on devrait créer plein de petits Frankenstein ou bien laisser les poules faire des œufs de toutes les grosseurs? C’est un débat ouvert, écris-nous!

NOTES

* ***SPOILER ALERT*** Pour ceux qui n’ont jamais lu le classique de Mary Shelley, Frankenstein; or, the Modern Prometheus, il faut savoir que ce n’est pas une histoire jojo. La création du talentueux docteur, à peine née, hideuse, violente et mal adaptée, est rejetée immédiatement. Elle tombe dans un tourment qui alimente un désir fou de venger son existence malheureuse. Commence alors une infernale et sanglante poursuite à travers le globe, où la créature cherche son créateur, détruisant, cognant, brutalisant et tuant tout sur son passage. Le monstre retrouve enfin Frankenstein (le docteur) et lui demande de créer une madame monstre, question de ne plus être horriblement seul. Le docteur, horrifié par la possibilité d’avoir créé une abominable nouvelle espèce de monstre, refuse. La créature, aveuglée par la haine de son créateur, tue alors le frère de Frankenstein, son meilleur ami, sa femme et on en passe… Le sang gicle et les tripes revolent. Frankenstein, n’ayant plus de véritable raison de vivre puisque tous ceux qu’il aimait sont morts, se promet de se venger à son tour et poursuit sa création jusqu’en Antarctique, où il tombe dans l’eau glacée et meurt. Sa créature, apprenant la mort du docteur, est finalement rongée de remords et disparait pour toujours dans l’étendue de glace. Donc, tu vois pourquoi on disait que ça ne s’est pas passé comme l’avait prévu Frankenstein.  

** Pourquoi préhistorique? La sélection artificielle des plantes et des animaux clés dans les sociétés humaines (comme le riz et les chiens par exemple) est une pratique qui existe depuis la préhistoire!  

*** Un phénotype, c’est, simplement dit, un ensemble de caractéristiques physiques. On l’oppose au génotype, qui rassemble les caractères génétiques des individus.  

**** Remarque qu’on ne t’a pas énuméré les problèmes de santé qui peuvent résulter de l’élevage artificiel. Il existe des milliers d’articles en ligne sur le sujet. Il suffit de quelques clics pour tomber sur les cas extrêmes des vaches Blanc bleu belge ou des cochons piétrains qui sont tellement enflés que leur squelette fait limite l’affaire pour les supporter, souvent montrés couchés sur le flanc, incapables de se tenir debout. Les documentaires chocs sont aussi nombreux. La BBC a publié en 2009 un documentaire controversé Chiens de race, les maîtres fous (Pedigree dogs exposed), sur les races d’élevage canin. On t’invite à faire tes recherches.  

Par Anne-Frédérique, éducatrice-naturaliste senior

Sources images : Pixabay

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Ailleurs
La légende des Spirit bears

C’est l’heure d’allumer les chandelles, éteindre les lumières parce qu’on a une légende à te conter.

C’est l’heure d’allumer les chandelles, éteindre les lumières parce qu’on a une légende à te conter.  

Ça se passe il y a centaines de milliers d’années, alors que le territoire canadien est complètement couvert par un immense glacier, probablement le même méga inlandsis qui a créé la mer de Champlain. Zoom in à l’ouest des Rockies, où on trouve aujourd’hui des vastes forêts, remplies d’arbres gigantesques, tellement grands qu’on croirait qu’ils touchent le ciel. On trouvait là un grand corbeau, complètement noir. C’était le Créateur. (Avant d’aller plus loin, on voulait simplement spécifier que cette légende est tirée du folklore des Premières Nations Kitasoo et T’simshian qu’on retrouve en Colombie-Britannique. On n’invente rien.) Alors, ledit Corbeau est un jour descendu du ciel pour voir ce que cette planète avait à offrir. Lorsque le Corbeau a vu que tout était couvert de blanc, il décida de rester sur cette terre. Il était attiré par son contraire. Lui, si noir et cette terre si blanche, si pure. Les années passèrent. Puis, le Corbeau, bien qu’émerveillé par tout ce blanc se lassa de la glace. Il avait froid. Il avait faim. Il était seul. Il était misérable. Face à sa misère, l’oiseau décida de créer le Vert. Lentement la neige et la glace ont fait place à une immensité couverte de verdure. Le Corbeau demanda à ses frères célestes de le rejoindre : l’ours, le castor, le loup… Et il inventa les autres animaux. Il vola ensuite le feu du Soleil pour tenir au chaud sa toute dernière création, l’Humain. Le Corbeau avait tout créé. Mais… il restait insatisfait.  

Quelque chose manquait dans cet immense et beau paysage verdoyant et vivant. Il était nostalgique. Il voulait quelque chose pour lui rappeler l’époque où son monde était couvert de glace, la longue période blanche d’avant. Alors, il alla chercher l’Ours noir, le gardien des rêves, pour lui venir en aide. Il n’avait pas à le chercher bien loin, car l’Ours se tenait toujours dans une constellation dans le ciel étoilé. (Oui, on parle ici de la Grande Ourse.) Alors, le Corbeau vola jusqu’à l’Ours, dans la nuit et il fit un pacte avec lui. L’Ours avait l’assurance du Corbeau qu’il pourrait vivre libre et en sécurité dans la forêt aux arbres géants s’il laissait le Corbeau donné un pelage complétement blanc à un ours sur dix.  

Ces ours au pelage blanc, dans la forêt sombre des montagnes, étaient un rappel pour le Corbeau du temps, doux et misérable, qu’il avait eu lors de la longue période blanche d’avant. On les appelle les Moksgm’ol, ce qui signifie ours blanc, fantôme d’une ère disparue.  

Quelle histoire! Évidemment, il y a une explication un peu plus rationnelle que celle-ci pour expliquer la présence de ces ours blancs, qu’on appelle Spirit bears dans la langue de Shakespeare, un clin d’œil à cette légende autochtone. Ces ours font en réalité, partie d’une sous-espèce de l’ours noir, les ours Kermode. On retrouve ces ours (qui ont de manière générale, le pelage foncé, presque noir) sur la côte Ouest du Canada et des États-Unis. C’est d’ailleurs l’emblème animal des Britanno-Colombiens.

Bien que la majorité des individus de cette sous-espèce aient le poil foncé, on trouve sur leur territoire, entre 100 et 500 ours complètement blancs (attention, personne ne s’entend vraiment sur le nombre exact d’individus)! Ils vaguent à leurs occupations sur des îles au large des côtes canadiennes. Ces ours ne sont pas albinos*, puisqu’on retrouve des pigments colorés (ou foncés) sur leur peau et dans leurs yeux. Le phénomène en est un de génétique où une mutation d’un gène fait en sorte que la mélanine** est produite en très faible quantité.*** Ce ne sont pas non plus des ours polaires, qui eux, ont le poil naturellement blanc. Leurs gènes sont faits comme ça.

Bien que leur look soit hors du commun, les Spirit bears sont des nounours comme les autres. Ils sont omnivores : ils se régalent d’herbe, de baies et de poissons (principalement de saumons). Ils hibernent. On les chasse. Et leur habitat est en voie de disparition ou déjà largement détruit pour y installer des pipelines. Bien que les ours Kermode ne soient pas une espèce menacée, des efforts considérables de conservation sont mis en place pour maintenir ses populations, dû à sa grande valeur culturelle. Et on va se le dire, c’est pas mal hot d’avoir des fantômes qui parcourent nos forêts. Non?

P.S. Paul Nicklen, photographe canadien extraordinaire, a fait une série magnifique sur ces créatures. C’est à voir.

NOTES

* Albinos ou albinisme, ça veut dire quoi? C’est la condition des individus qui ont une anomalie génétique résultat en une absence totale de pigment dans leur corps.  

** On appelle « mélanine », les pigments qui colorent la couche externe des organismes (le tégument). On n’a pas utilisé le mot « peau » ici parce que la mélanine influence aussi la teinte des poils, des carapaces, des cheveux, des plumes, des ongles, des écailles… Tu vois le genre.  

*** C’est le même phénomène, mais inversé, qu’on observe chez les écureuils gris. On trouve dans leurs populations des individus complètement noir. Dans un tel cas, la mélanine est produite en plus grande quantité. Cette mutation serait probablement une adaptation aux variations de température. On t’en glisse un mot ici.  

Par Anne-Frédérique, éducatrice-naturaliste senior

Sources images : pxHere, Maximilian Helm

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Choix du naturaliste
Histoires de bibittes

Textures étranges, des pattes qui n’en finissent plus, des bibittes plus rapides que leur ombre, des animaux avec des verrues… ben oui, c’est l’Halloween!

Textures étranges, des pattes qui n’en finissent plus, des bibittes plus rapides que leur ombre, des animaux avec des verrues… ben oui, c’est l’Halloween! Plusieurs légendes et histoires fantastiques sont souvent inspirées ou associées à des animaux. Des animaux parfois imaginés de toutes pièces, mais d’autres parfois simplement inspirés de la réalité. Alors avant de te plonger dans ces histoires de sorcières et de bave de crapaud, prends deux minutes pour lire ce qui suit pour mieux connaître quelques-unes de ces bêtes fantastiques et bien réelles !

Des verrues comme une sorcière, non merci !

C’est vrai que le crapaud, ce n’est pas le plus cute du règne animal. Toujours plein de terre, avec ses gros yeux qui regardent directement ton âme, le crapaud a mauvaise réputation.  

En général, les crapauds sont plutôt secs puisqu’ils vivent dans la terre, comparativement aux grenouilles qui, elles, vivent plutôt dans l’eau et ont la peau très gluante. Une grenouille pourrait te glisser entre les mains comme un savon dans la douche tandis qu’un crapaud est plutôt chill et se laisse prendre. Si tu essaies et que tu te dis « Voyons, ce crapaud est donc ben mouillé! », c’est peut-être qu’il t’a fait un p’tit pipi nerveux dans les mains. C’est une façon de tenter de faire peur à un prédateur (toi, dans cet exemple).  

Et leur verrues ? Non, ce ne sont pas des verrues ! Les bosses sur le dos des crapauds sont des vésicules qui permettent à l’animal de rester hydraté. Si tu prends le temps de l’observer de plus près, tu verras deux bosses plus grosses, derrières les yeux du crapaud. Ce sont des glandes parotoïdes qui contiennent un genre de venin. Le venin est relâché quand les glandes sont écrasées sous la force d’une mâchoire d’un renard, par exemple, ou d’un chien. Le venin du Crapaud d’Amérique peut faire baver un animal (genre, pas mal) et même paralyser temporairement sa bouche, un peu comme toi chez le dentiste. L’animal relâche alors le crapaud et il a la vie sauve ! Si tu manipules le crapaud, l’important, c’est de ne pas mettre tes mains dans ton visage ensuite. #lavetesmains #horacio

Les chauves-souris, des vampires ?

Si elles ne sont pas associées à Batman, les chauves-souris sont souvent associées aux vampires. Est-ce la cape des vampires qui rappelle les ailes de ces mammifères volants? Sûrement ! Mais toutes les espèces de chauve-souris ne boivent pas du sang. Comme on te le disait il y a quelques temps, celles qu’on trouve au Québec sont insectivores. Toutefois, il existe bel et bien une espèce qui boit du sang et qu’on appelle la chauve-souris vampire. On les trouve en Amérique centrale et du Sud. Par contre, elles ne séduisent pas leurs victimes pour leur croquer le cou. Elles détectent plutôt la chaleur du sang au travers de la peau. Une fois la proie trouvée, elle utilise ses petites incisives pour percer la peau et boire le sang de la proie. Comme dans les films!

Comme dans Buffy.

Les autres animaux qui font peur ou qui sont associés à l’Halloween, c’est souvent parce que se sont des animaux nocturnes, qui ont des attributs étranges, des habitudes hors du commun ou vivant dans des endroits abandonnés pour ne pas se faire déranger par… les humains. Un exemple? un rat. C’est nocturne, longiforme (forme étrange), sa queue est nue, on le trouve souvent près des poubelles en train de manger un restant avec un raton laveur, parce qu’il est opportuniste. Et de par cette habitude de se promener partout, il devient un bon vecteur de maladies. Rien pour l’aider ! Même chose pour la couleuvre qui avance subtilement en faisant des grands S et en sortant la langue. Pourtant, elle sort la langue pour sentier ou plutôt, goûter les odeurs . Pas pour te faire peur!

Les araignées, les cloportes, les vers de terre, les opilions, les souris… tous des animaux susceptibles d’habiter dans un grand château abandonné éclairé par le reflet de la pleine lune… ou le cabanon peu fréquenté de ton oncle Robert. Tiens, ce cabanon, il ferait un bon décor d’Halloween… ou un excellent endroit de découverte de la biodiversité des mal-aimés!

Sources images :  Ryan Hagerty, Daniel Spiess

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