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Découvrir la nature avec nos yeux d’expert.e.s

Parce que tu te demandes qu’est-ce qui se passe dans un cocon de papillon, comment se forme une tornade et comment les plantes communiquent... L'équipe de naturalistes de GUEPE a décidé de répondre à toutes tes questions, car la nature, ce n’est pas un mystère, c’est une science! Un.e naturaliste c’est quoi? En gros, c’est un.e spécialiste dont la mission première est de vulgariser les différentes sciences de la nature.

Chaque mois, on te présente une vedette, animale, végétale ou autre (oui, oui!), en plus des sujets préférés de nos naturalistes. Reste donc bien connecté.e. On va répondre aux questions de notre lectorat (incluant les tiennes) et on va aussi te proposer des places à visiter, des actions à poser, des trucs à voir et à lire. 

On te souhaite une bonne exploration de la nature!

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Choix du naturaliste
L’oviposition : la ponte chez les insectes

Les insectes sont le groupe du vivant le mieux représenté sur la Terre. Disons que les femelles insectes savent ce qu’elles font quand vient le temps de pondre et de donner le maximum de chances de survie à leur progéniture.

Les insectes sont le groupe du vivant le mieux représenté sur la Terre. Ils sont dans tous les écosystèmes et ce, en nombre impressionnant et c’est en partie grâce à leur productivité hors pair, huilée au quart de tour. Disons que les femelles insectes savent ce qu’elles font quand vient le temps de pondre et de donner le maximum de chances de survie à leur progéniture.

Un papillon monarque qui pond son oeuf

Une femelle insecte doit se nourrir intensément pour avoir assez d’énergie accumulée pour produire et pondre ses œufs. Selon les espèces, la femelle peut pondre quelques œufs ou des milliers en une année. Et même, plusieurs fois par année. Ça niaise pas.

Lorsqu’elle se sent fin prête, la femelle fécondée doit trouver l’endroit idéal pour pondre et assurer à ses petits nourriture et sécurité. On appelle cette grande quête, l’oviposition. Il existe des tonnes et des tonnes de types d’oviposition différents. Les œufs peuvent être déposés individuellement ou en masse. Ça peut être sur des plantes spécifiques dont la larve de l’insecte se nourrira. Les papillons monarques, par exemple, pondent un oeuf unique sur un plant d'asclépiade (jamais sur une autre plante), parce que c’est de cette plante que la chenille se nourrit. Certains insectes sont ovovivipares. (Ça veut dire que les œufs se développent dans le corps de la femelle et lorsque l’embryon est mature, les œufs sont déposés pour éclore. C’est le cas de certaines mouches et des pucerons.) D’autres pondent dans l’eau comme les libellules et les moustiques. Les méthodes sont nombreuses, et certaines sont mindblowing!

Un outil de choix : l’ovipositeur

Une madame rhysse cannelle qui pond dans le tronc d’un arbre.

Certains insectes sont spécialistes de la ponte sur les arbres, ou plutôt, dans les arbres : dans les racines, les tiges, dans les troncs (morts ou vivants), directement dans la chair. C’est à l’aide d’un organe spécialisé de ponte, l’ovipositeur, que ces femelles accomplissent cet exploit. Ce long ruban dont la pointe rappelle un sabre, termine l’abdomen de ces insectes et leur permet de percer les végétaux, le sol, ou autre. Ainsi la femelle dépose ses œufs dans les endroits les plus favorables à leur incubation.

Certaines femelles parasitoïdes, comme les rhysses cannelles, ont aussi un ovipositeur pour pondre. Elles ne pondent pas dans le bois, mais bien directement dans leur hôte, qui est généralement un autre insecte duquel la larve de rhysse se nourrira. Lors de l’oviposition, la femelle parasitoïde s’approche de son hôte et transperce son exosquelette à l’aide de son ovipositeur. Elle peut aussi déposer les œufs sur l’insecte ou à proximité de celui-ci. Dans le cas de la rhysse cannelle, la femelle localise des galeries creusées dans la chair des arbres et y pond ses œufs. Après l’éclosion, la larve de la rhysse pourra se régaler des insectes xylophages qui habitent les tunnels. Disons que ces délicats rubans sont de véritables power tools!

L’oothèque, une police d’assurance

Certains insectes comme les mantes et les blattes pondent leurs œufs en masse, mais ne laissent rien au hasard. Dans le but de protéger les œufs des prédateurs ou des conditions climatiques, la femelle produit une capsule rigide appelée oothèque. Ce sac, qui contient les œufs, est composé de protéines qui se solidifient au contact de l’air. Chez les mantes religieuses, l’oothèque, qui a la forme d’un ballon de football, est pondu à l’automne. Ce sera une des dernières actions de la femelle adulte avant de mourir. La femelle prend donc soin de le déposer dans un endroit sûr et stable, à l’abri des intempéries. C’est dans cette carapace protectrice que les 200-300 œufs vont passer l’hiver.

Il existe des tonnes et des tonnes de types d’oviposition différents. Il en existe autant qu’il y a d’espèces d’insectes (et ça, c’est beaucoup)! On aurait pu te parler des léthocères qui transportent leurs œufs partout où ils vont, des guêpes maçonnes qui construisent des condos pour y déposer leur progéniture ou encore des mouches Eurosta solidaginis, spécialistes de la ponte dans les tiges de la verge d’or, qui créent les très visibles galles sur la plante.

Source image : USFWSmidwest

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Vedette du mois
3 raisons d’adorer les mantes religieuses

La taille, la couleur, l’équipement, l’attitude : c’est ce qui rend la mante la plus badass de tous les arthropodes de la Terre. Voici 3 bonnes raisons.

La taille, la couleur, l’équipement, l’attitude : c’est ce qui rend la mante la plus badass de tous les arthropodes de la Terre. Il ne faut pas se laisser avoir par son nom, la mante religieuse est aussi religieuse que les Backstreet Boys en 1997 avec leur fameux pray and kick move.

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Introduite ici au début du 20e siècle, la mante religieuse fait maintenant partie de notre micro-paysage et du haut de ses quelques centimètres, elle règne sur le monde des insectes en souveraine sanguinaire. Son corps, parfaitement adapté à son mode de vie de prédatrice, est l’exemple parfait que rien n’est laissé au hasard quand on parle de la nature (sauf un mini morceau de la génétique). Voici 3 raisons pour lesquelles tout le monde devrait tripper sur les mantes religieuses.

De raptor à religieuse

Ce sont les pattes de la mante, qu’on dit ravisseuses (ou raptorial, en anglais), qui lui ont valu son nom de religieuse. La posture de repos de la mante, avec les pattes repliées, rappelle une posture de prière. Loin de prier, la mante attend, immobile. C’est sa technique de chasse : rester à l’affût et saisir tout ce qui bouge près d’elle. La forme de la patte de la mante lui donne une grip avantageuse quand vient le temps d’attraper une proie. Une fois pris au piège, la proie est immobilisée, squeezée entre les pics sur les faces opposées du fémur et du tibia. La mante mange généralement tout ce qui est plus petit qu’elle* : insectes, escargots, araignées, etc. L’important, c’est que ça bouge!

Voir pour vrai

Un des plus gros avantages de la mante religieuse, c’est sa vision hors du commun (comme pour beaucoup d’insectes). D’abord ses yeux composés sont très grands (ils prennent pratiquement toute la place sur sa tête) et sont parfaits pour la vision diurne lui accordant un champ visuel remarquablement large en comparaison avec les autres bibittes. Tant mieux, parce que leur technique de chasse et la recherche de partenaires chez les mantes reposent presque qu’exclusivement sur la vue et la détection de mouvement. Localiser les proies, suivre leur mouvement, leur direction et analyser les distances, tout ça est possible grâce à leur beaux grands yeux! On ajoute à ça trois ocelles, sur le dessus de la tête, entre les antennes. Des ocelles, ce sont des organes photosensibles qui réagissent avec la lumière et qui complètent la vision des yeux composés pour être encore plus efficaces.

100 % camouflage

On trouve ici des mantes classiques complètement vertes, mais leur couleur peut aussi se décliner dans les bruns (y’en a même des jaunâtres…). L’objectif, c’est de passer inaperçu lorsqu’elles sont à l’affût. Malgré leurs adaptations de prédatrices, les mantes sont aussi des proies. Oiseaux, ratons, couleuvres : les animaux sont nombreux à raffoler d’un lunch aussi juteux! C’est pourquoi, la coloration des mantes leur offre un maximum de protection. En cas extrême, la mante n’a qu’à ouvrir ses pattes avant pour exposer les deux points noirs (aussi appelés yeux) à leur base. Bam! Ce signal déimatique a pour but d’intimider un possible prédateur. Si les yeux ne suffisent pas, la mante adopte la position spectrale : elle ouvre ses quatre ailes transparentes en éventail pour avoir l’air plus imposante. Bing! Bang!


En plus d’être trop cool, la mante religieuse est agile, rapide, élégante et probablement dans ta cour. C’est à partir du mois d’août que les adultes atteignent leur taille maximale et ils sont donc plus facile à trouver. Quit playing games, avec leur look ultra camo, tu vas devoir ouvrir l’oeil bien grand et rester attentif pour trouver cet insecte larger than life.

NOTE

* On t’explique ici la manie de la mante femelle de s’attaquer au mâle après la reproduction.

Par Anne-Frédérique, éducatrice-naturaliste

Sources images : Gilles San Martin, Mallaurie Brach

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Choix du naturaliste
Endémique, ça veut dire quoi?

La nature cache parfois des bijoux uniques dans des endroits inattendus, isolés ou juste inconnus. Une espèce qu’on retrouve dans un seul endroit sur la planète entière, on peut appeler ça un trésor ou une espèce endémique.

La nature cache parfois des bijoux uniques en leur genre dans des endroits inattendus, impraticables, isolés ou juste inconnus. Une espèce qu’on retrouve dans un seul endroit sur la planète entière, on peut appeler ça un trésor, parce que la rareté, c’est précieux. Et on peut aussi appeler ça, une espèce endémique.

Le fameux arbre du voyageur malgache

Une espèce endémique, c’est donc une espèce, animale, végétale ou autre (comme un champignon par exemple), qui est présente sur un territoire limité et qu’on trouve nulle part ailleurs. Le koala est endémique d’Australie, l’arbre du voyageur est endémique de Madagascar*, le cyprès du Tassili est endémique du massif montagneux au centre du Sahara. Au contraire des espèces cosmopolites, dont les aires de répartition sont très vastes, on retrouve les espèces endémiques sur des territoires restreints et uniques.

Pour éviter les confusions, on veut juste te mentionner la nuance avec une espèce indigène. Une espèce indigène est présente naturellement sur un territoire. Par exemple, le sapin baumier est originaire du Nord-Est du Canada. Il est donc indigène au Québec, mais il n’est pas endémique d’ici puisqu’on en retrouve ailleurs au Canada et aux État-Unis.

Pourquoi?

L’endémisme peut être causés par plusieurs choses, mais les facteurs géographiques sont les plus courants pour causer un véritable isolement. Les îles (le plus souvent éloignées des côtes continentales), les grandes étendues d’eau (comme des grands lacs), les rivières, les complexes montagneux, les vallées et les autres formations géologiques (canyons, grottes, etc.) sont tous des exemples qui présentent des coupures naturelles et qui sont susceptibles d’abriter des espèces endémiques. Ces éléments du paysages freinent la dispersion de ces espèces, c’est ce qui leur donne leur caractère unique. D’ailleurs, si on retrouve beaucoup d’espèces endémiques dans un milieu, on peut généralement conclure il est fortement isolé.

Aux facteurs géographiques s’ajoutent les facteurs climatiques, biologiques et génétiques qui peuvent aussi créer des freins pour les aires de répartition des êtres vivants.

Être unique en son genre, c’est merveilleux et précieux. Mais ça ne vient pas sans problématique… Toutes ces espèces endémiques, parce qu’elles sont tellement limitées, elles sont facilement en danger. Si leur milieu subit une perturbation naturelle, comme un incendie, ou une modification subite, les chances de survie de l’espèce, sa résilience, sont assez minces. L’arrivée ou l’introduction d’une espèce dans les zones isolées peut aussi créer des débalancements desquelles les espèces endémiques peuvent ne pas se remettre. Cette vulnérabilité rend l’endémisme encore plus délicat!

Nos endémiques

L’arnica de Griscom, une espèce endémique au Québec

Au Québec, nous avons aussi de ces trésors uniques. Certains milieux sont propices au développement d’espèces endémiques, comme les Appalaches et les Chic-Choc, où on retrouve une dizaine de plantes endémiques, dont l'arnica de Griscom et la minuartie de la serpentine, toutes deux espèces menacées au Québec. L'aubépine du Canada (Crataegus canadensis Sargent) et l'arabette du Québec sont aussi des plantes endémiques de notre province, parmi tant d’autres. Nous avons ici qu’une seule espèce de vertébré endémique : le chevalier cuivré, un poisson d’eau douce, qui vit entre autre dans le Richelieu et la Yamaska.

Alors « endémique », ça veut dire qu’on en trouve seulement ici ou là, qu’il faut en prendre soin parce que ça peut être vulnérable et que c’est probablement un joyau précieux de la nature!

NOTE

* Madagascar est reconnu pour son très haut taux d’endémisme. 85 % de sa faune et 83 % de sa flore sont endémiques.

Sources images : Needpix, G.Goodwin Jr.

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Question du public
Surabondance : cerfs ou pas de cerf?

On pointe souvent du doigt les cerfs de Virginie quand vient le temps de trouver un exemple d’animal qui broutent tout ce qu’il trouve! Comment peut-on gérer une surpopulation de cervidés?

« Comment peut-on régler des problèmes de surabondance de cervidés? »

On pointe souvent du doigt les pauvres cerfs de Virginie quand vient le temps de trouver un exemple d’animal qui prend beaucoup (trop) de place et qui ravage les sous-bois. C’est pas leur faute s’ils ont un grand appétit et qu’ils broutent tout ce qu’ils trouvent! Alors, comment peut-on gérer une situation de surpopulation de cervidés affamés?

Cervidés made in Québec

Au Québec, on a quelques brouteurs notables dans notre liste d’animaux sauvages dont les caribous, qui vivent en troupeau, le majestueux et (généralement) solitaire orignal et le cerf de Virginie. Ce dernier reste actif et se tient en groupe en hiver (les ravages) et en été, chacun déménage sur son propre territoire, qui peuvent se chevaucher. Ici, c’est le plus répandu des cervidés : on parle de 4 individus en moyenne par km2.*

Au 17e siècle, quand les colons n’avaient pas encore changé tout le paysage américain, les cerfs se trouvaient seulement à la limite sud du Canada, tandis qu’aujourd’hui on en trouve jusqu’à la Baie James et bien au-delà vers le nord, au Yukon et aux Territoires du Nord-Ouest. Pourquoi? Premièrement, il faut savoir que le cerf c’est un animal suuuuuper productif : un troupeau en bonne santé peut doubler en une année si les conditions sont favorables. En plus, à 6 ou 7 mois, la biche est mature pour s’accoupler, elle peut donc avoir un faon dès sa première année. Des facteurs externes favorisent aussi le cerf. Le nourrissage des cerfs en hiver est fréquent dans les milieux plus urbanisés, ce qui augmente leur taux de survie aux hivers (non, il ne faut pas donner de carottes aux cerfs en hiver, ni en été). D’ailleurs, le climat plus doux, globalement, réduit aussi la mortalité hivernale. Les populations des plus grands compétiteurs du cerf, comme les caribous, les bisons et les cerfs mulets sont basses ou en diminution. Et par dessus le marché, les cerfs de Virginie se sont adaptés aux milieux urbains ou semi-urbains, où on trouve peu de leurs prédateurs naturels (comme les loups ou les lynx).

C’est quoi le problème?

Il y a plusieurs problèmes. Le principal, c’est que les cerfs, ils ont faim, et comme ils sont actifs toute l’année, ils n’arrêtent pas de manger. En plus, ils ne sont pas difficiles. En été, ils mangent tout ce qu’ils peuvent : feuilles, herbes, crosses de fougères, champignons, petits fruits, tout ce qui lui tombe sous la dent. En automne, ils switchent aux rameaux et aux bourgeons. Quand l’hiver arrive, ils s’arrangent en grignotant de l’écorce et en mangeant les conifères. Puis le printemps, tout mince, ils se gavent littéralement dans les plantes printanières.

C’est normal de manger, mais s’il y a trop d’individus dans un milieu, on aura droit à une hécatombe de tout ce qui poussent au sol à cause d’un broutage excessif. Les cerfs peuvent (facilement) éradiquer des espèces de certains milieux, et ainsi réduire la biodiversité (et la résilience) des écosystèmes**. Juste en lunchant… S’en suit une possible malnutrition des animaux (des consommateurs primaires, et donc les cerfs eux-mêmes) si la nourriture vient à manquer.

Le cas d’Anticosti

Pour bien expliquer notre point, voici la p’tite histoire des cerfs d’Anticosti. Sur l’île, la densité de population des cerfs est tellement grande qu’on a dû prendre les grands moyens. Il y a une centaine d’années, on a introduit un peu plus de 200 cerfs sur l’île pour la chasse sportive. En un siècle, la population a bondi à 120 000 individus (ça équivaut à une densité près de 20 individus par km2). Conséquence : le sapin, dont raffolent les cerfs, a pratiquement disparu. Les sapinières restantes ne suffiront pas pour sustenter les cervidés du coin pour très longtemps. On voit alors un deuxième problème naître : un effondrement de la population de cerfs, faute de sapins… On a mis en place des zones clôturées sur l’île, des exclos, dans lesquelles les populations de cerfs sont contrôlées par la chasse. Heureusement, en 20 ans, on a vu le sapin reprendre sa place dans ces zones protégées du cerf. C’est un travail long et difficile que de protéger les cerfs, contre… les cerfs… ‘(-_ლ)’

Les solutions

Entre nous, le mieux c’est de prévenir la situation en aménagement des lieux propices pour le cerf de Virginie, en limitant leur nombre par la chasse réglementée et en laissant la nature faire les choses (lire ici « ne pas nourrir les cerfs… »). Toutefois, quand le problème est bien installé, on peut avoir recours à des techniques simples pour limiter le broutage des cerfs. Comme sur Anticosti, on peut utiliser des exclos qui permettent à la végétation de reprendre sa croissance. Il existe aussi des gadgets comme des protecteurs de plants (une manche en plastique qu’on installe sur les jeunes arbres, empêchant les cerfs de les brouter) et des effaroucheurs***, émettant des sons ou des mouvements qui effraient les cerfs. Malgré leur efficacité variable, on peut appliquer des répulsifs olfactifs sur les plantes susceptibles d’être broutées. On parle ici d’odeur d’urine de prédateur, de cheveux humains, de sang (oui, oui), d’ail, de savon, de boules à mites, d’ammoniaque, etc.

Quand on veut employer les grands moyens, on peut aussi penser à des stratégies comme la relocalisation des animaux ou la stérilisation. Mais dans les deux cas, c’est très coûteux (biggggg money). En plus, dans le cas de la relocalisation, c’est risqué pour la santé de l’animal et les stress engendrés sont plus qu’importants.

On pourrait aussi introduire un prédateur naturel du cerf dans le milieu surpeuplé. Ici aussi, il y a des risques comme de la compétition involontaire, la diminution d’autres espèces, ou simplement le débalancement de l’écosystème. La chasse reste encore un moyen très efficace de limiter les cerfs. En milieu urbain, ce n’est pas super prudent, mais en milieu naturel, si les chasseurs suivent les règlements et les quotas annuels, ils peuvent grandement aider à maintenir les populations de cerfs (des fois, on les appelle des chevreuils) à des densités viables pour l’écosystème (et pour les cerfs eux-mêmes, si ça se trouve).

NOTES

* Le Centre Bell à Montréal, fait environ 1,5 km2.

** Ça peut empêcher la régénération des forêts, par exemple. Ainsi, on peut voir une espèce principale d’un milieu disparaître en débalançant complètement l’écosystème (et même les écosystèmes voisins).

***  Une assiette en aluminium suspendue à une branche qui se balance dans le vent, c’est un effaroucheur, mais il existe des engins mécaniques (et maintenant numériques) avec détonateur, ou des haut-parleurs qui font des sons de gun. D’autres giclent et certains lancent même des fusées.

Par Anne-Frédérique, éducatrice-naturaliste

Sources images : Pixabay, USFWS

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Vedette du mois
Histoire savoureuse : un voyage qui ne se termine pas en queue de poisson

Avec le retour du beau temps, arrive une invitée de marque au pied du barrage de la centrale hydroélectrique près du parc-nature de l’île-de-la-Visitation : l’alose savoureuse, un gros poisson argenté qui aime les petits crustacés

Quel plaisir de finalement sentir à nouveau les chauds rayons du soleil. Avec le retour du beau temps, arrive une invitée de marque au pied du barrage de la centrale hydroélectrique près du parc-nature de l’île-de-la-Visitation. L'alose savoureuse, un gros poisson argenté qui adore les petits crustacés, a la rivière des Prairies littéralement tatouée sur le cœur. Elle part de l’océan Atlantique au large de la Nouvelle-Écosse et franchit plus de 1000 km pour venir se reproduire dans la grande région de Montréal, un lieu bien important pour la survie de l'espèce. Ces mordues des longues distances, qui vivent en eau salée et fraient en eau douce, sont appelées des espèces anadromes. La femelle libérera entre 20 000 et 600 000 œufs dans le courant, contrairement à d’autres poissons comme l’achigan qui, lui, prend le temps de faire un nid. Une fois fécondés par le mâle, les petits alosons (oui, oui, c’est le vrai nom) naîtront une dizaine de jours après et passeront quelques mois en eau douce avant de retourner dans l’océan jusqu’à leur âge adulte, soit 4 ans. Ils reviendront ensuite de nouveau où ils sont nés et l’histoire recommencera. Impressionnant, non?

Zone où se trouve l’alose, document d’Hydro-Québec : Centrale de la Rivière-de-Prairies suivi de la dévalaison de l’alose savoureuse et évaluation d’un système de guidage 2018

L’alose est une espèce désignée vulnérable car on lui connaît très peu de sites de fraie. L’un des plus gros sites de reproduction connu est localisé près du barrage de Carillon dans le lac des Deux-Montagnes. Lors de sa descente, une large proportion des aloses emprunte le corridor de la rivière des Prairies et doit franchir le barrage. Soucieux de la survie de l’espèce, Hydro-Québec a mis en place des mesures plutôt inusitées afin que les aloses puissent éviter le passage dans les turbines lors de leur voyage de retour. Pour ce faire, l’entreprise utilise une barrière à ultrason combinée à une gestion de l’évacuateur de crue, de façon à permettre de diriger les aloses savoureuses loin des turbines vers ce dernier.

Mon grand-père disait : « Tu sais quand l’alose est arrivée lorsque les pissenlits ou les lilas sont en fleur ». Si tu es davantage d’un naturel scientifique, retient que c’est lorsque l’eau atteint autour de 12 degrés ce qui correspond à la fin mai ou le début juin. À ce moment-là, autant du côté de Montréal que de Laval, on peut voir des centaines de pêcheurs attroupés espérant attraper ce fameux poisson à chair blanche. Autre fait intéressant, avant la présence du barrage de la Rivière-des-Prairies dans les années 1930, un des lieux de prédilection pour pêcher ce poisson était au bout de l'Île Perry.

Si comme plusieurs, tu penses que les poissons de la rivière des Prairies ne sont pas propres à la consommation sois sans crainte! Le gouvernement du Québec les suit et tu peux même te rassurer en allant consulter le guide de consommation du poisson. L’alose savoureuse fait partie des 65 espèces de poissons présentes dans la rivière des Prairies… Combien es-tu capable d’en pêcher? N’oublie pas, ça te prend un permis!

˚◡˚

On se voit sur le bord de la rivière?


Source image : Hydro-Québec

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