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Découvrir la nature avec nos yeux d’expert.e.s

Parce que tu te demandes qu’est-ce qui se passe dans un cocon de papillon, comment se forme une tornade et comment les plantes communiquent... L'équipe de naturalistes de GUEPE a décidé de répondre à toutes tes questions, car la nature, ce n’est pas un mystère, c’est une science! Un.e naturaliste c’est quoi? En gros, c’est un.e spécialiste dont la mission première est de vulgariser les différentes sciences de la nature.

Chaque mois, on te présente une vedette, animale, végétale ou autre (oui, oui!), en plus des sujets préférés de nos naturalistes. Reste donc bien connecté.e. On va répondre aux questions de notre lectorat (incluant les tiennes) et on va aussi te proposer des places à visiter, des actions à poser, des trucs à voir et à lire. 

On te souhaite une bonne exploration de la nature!

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Qc-Nature
Le Québec, champion de l’eau

Où vas-tu te ramasser cet été? Sur une plage d’eau douce ou sur une plage d’eau salée? Au Québec, on est les champion de l'eau, qu'elle soit salée ou douce! De l'eau, on en a en masse.

C’est bientôt l’heure des beach bods, des après-midis au soleil sur les rives du Québec et des randonnées de kayaks! Où vas-tu te ramasser cet été? Sur une plage d’eau douce ou sur une plage d’eau salée? Qu’est-ce que ça change? Ça change pas grand chose à la surface… mais une fois dedans, c’est une autre affaire!

Le Québec : réserve d’eau douce

L’eau douce, c’est quoi? C’est de l’eau qui ne contient pas de sel. Dans la nature, cette eau est essentielle puisque c’est l’eau qui est disponible pour l’utilisation par la faune et la flore. C’est l’eau qu’on trouve dans les lacs, les rivières, les étangs, le fleuve Saint-Laurent (hellooo!), les eaux souterraines et plein de milieux humides. Le Québec, c’est un des endroits au monde où on retrouve le plus d’eau douce.

Mais cette eau, même si elle ne contient pas de sel, elle contient d’autres choses! Elle peut avoir beaucoup de carbone organique dissous : ça lui donne une couleur brunâtre. Elle peut être froide et bien oxygénée : ça c’est très bon pour les poissons! Elle peut être dure (lire ici « pas gelée ») et contenir du calcium. Elle peut être verdâtre, trouble, huileuse en surface, bref, même si elle n’est pas salée, elle peut contenir pas mal de choses qui influencent énormément la faune et la flore qu’on y trouve.

Des espèces typiques d’eau douce au Québec

On te parlait de l'alose savoureuse, un classique de la rivière des Prairies. Parmi les autres poissons classiques du Québec, on trouve aussi la truite arc-en-ciel, un magnifique (et délicieux!) poisson coloré. C’est un poisson carnivore qui mange des insectes, des ménés et des larves de toutes sortes et qui aime bien l’eau fraîche! Dans les végétaux typiques d’eau douce, t’as sûrement vu un ou deux nénuphars jaunes. Ces plantes-là créent de l’ombre dans l’eau et ça fait des bonnes cachettes pour les poissons et les petits insectes. Justement, les insectes! À part les patineurs et les maringouins, dans les plans d’eau douce, on trouve pas mal de larves, souvent de libellules. Elles sont elles aussi carnivores et en même temps, une bonne source de nourriture pour les poissons!

Une larve de libellule

Le Québec : paradis d’eau salée

Même si on est champions d’eau douce, l’eau salée est aussi bien présente au Québec. En plus de tout le nord de la province qui baigne dans l’eau salée et froide, on a aussi de l’eau salée qui entre dans le fleuve Saint-Laurent avec l’onde de marée qui nous amène de l’eau de l’océan Atlantique.

Mais ce sel… Il vient d’où? D’abord, il faut savoir que ce n’est pas du bon vieux sel de table. Le sel de mer est un sel complexe, qui est composé de sodium et de chlore mais aussi de calcium, de potassium, de sulfate et de magnésium. Ces éléments proviennent de l’usure des roches, des sédiments et de l'érosion générale du sol. Les animaux et les algues qui y vivent ont des adaptations qui leur permettent de vivre dans l’eau salée sans devenir ratatinés comme des raisins secs*.

Pour que l’eau soit considérée comme de l’eau de mer, on doit trouver environ 33 grammes de ces éléments par litre d’eau. En-dessous de ça, on parle d’eau saumâtre et quand il n’y a pas du tout ou quelques traces, on parle d’eau douce. Pour le Saint-Laurent, ça veut dire de l’eau douce jusqu’à la pointe est de l’île d’Orléans (quoiqu’on commence à détecter du sel un peu avant maintenant…) et de l’eau saumâtre jusqu’à Tadoussac. Après, c’est bien de l’eau de mer! Mais c’est pas LA mer, car on est encore dans le fleuve Saint-Laurent.

Un spectacle salé de couleurs

Le Saint-Laurent marin est tellement riche en biodiversité que c’est difficile de mettre une main dans le fond de l’eau sans écraser quelque chose! Les espèces typiques qui habitent l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent sont nombreuses mais c’est très facile de tomber sur un oursin vert qui broute des longues laminaires (des algues qu’on appelle souvent des lasagnes de mer). Facile aussi de tomber sur un homard en Gaspésie (pas juste au resto là!), une crevette striée ou un crabe araignée. Les poissons sont aussi abondants dans l’estuaire maritime et le golfe, mais on trouve des espèces différentes comme le sébaste, le capelan, le loup atlantique** et plusieurs espèces de requins comme le requin du Groenland. On a aussi beaucoup d’invertébrés marins comme les anémones plumeuses qui attirent pas mal de plongeurs et qui font de l’estuaire maritime du Saint-Laurent, un des endroits les plus impressionnants au monde pour la plongée sous-marine! Oui, oui! En plus de toutes ces espèces, les roches sont couvertes d’une algue encroûtante rose magnifique.

Anémones plumeuses et algue rose

Bref, on pourrait te parler vraiment longtemps d’eau douce, d’eau salée, de biodiversité. Ce qu’on veut que tu retiennes ici, c’est que, peu importe où tu te trouves au Québec, t’auras sûrement accès à un des 3,5 millions de plans d’eau. Malgré leur abondance, reste que chaque plan d’eau est différent et chaque plan d’eau a une fonction bien importante. Es-tu game de plonger ta tête dans le prochain plan d’eau que tu croises pour observer tout ça?

NOTES

* Selon la théorie de l’osmose, l’eau a tendance à se diriger vers l’endroit où le milieu est le plus concentré. Comme l’eau est plus salée dans la mer que dans les cellules d’un vivant, si ceux-ci ne développaient pas d’adaptations, l’eau sortirait de leurs cellules et ils seraient complètement déshydratés… comme des raisins secs! La chimie de l’eau, c’est un équilibre fragile qui est souvent déstabilisé par l’épandage de sel sur les routes l’hiver, l’épandage d’engrais dans les champs et les fosses septiques désuètes.

** Oui oui, le loup atlantique est un poisson! Un gros poisson avec un grosse tête qui fait le cinquième de son corps et dont la bouche est amanchée pour pouvoir broyer des oursins. Mettons que tu te prends pas en selfie avec.

Sources images : Charles J. Sharp, Derek Keats

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Ailleurs
Les requins du Saint-Laurent

Ben du monde pense que les requins vivent juste dans les eaux tropicales. Détrompe-toi! Des requins, y’en a plein en eau froide, même dans le Saint-Laurent!

Pour souligner la Semaine du Saint-Laurent, on a pour toi un p’tit article sur un animal méconnu au Québec : le requin. Ben du monde pense que les requins vivent juste dans les eaux tropicales et attendent qu’un nageur enthousiaste s’approche un pied pour le croquer. Détrompe-toi! Des requins, y’en a plein en eau froide et plusieurs d’entre eux viennent visiter les eaux salées du golfe et de l’estuaire du Saint-Laurent!

Plusieurs espèces

D’abord, saches que voir un requin en surface, c’est vraiment rare. Les requins ne sont pas comme les baleines : ils n’ont pas besoin de venir respirer en surface. Ce sont des poissons alors leurs branchies font la job sous l’eau. Si un requin s’aventure en surface, c’est qu’il suit une proie. Et cette proie, c’est probablement un poisson, pas ton pied!

Les requins, ce sont des machines. Comme ils font partie des poissons cartilagineux, ils sont très flexibles. Leur os en cartilage se plient et se déplient tout seuls comme tes oreilles et donc, chaque coup de nageoire caudale (la queue) est multipliée par 2. Le requin a juste à dépenser de l’énergie une fois : le cartilage flexible de ses os s’occupe de ramener sa queue au centre de son corps. Un peu comme quand tu plies tes oreilles et qu’elles reviennent toutes seules à leur place quand tu les lâches!

En plus d’être économe en énergie, de pouvoir sentir une goutte de sang même diluée, d’avoir des écailles full hydrodynamiques, le requin possède un 6e sens : il est capable de détecter des champs magnétiques (comme le renard) et des différences de température avec ses ampoules de Lorenzini. Ces ampoules servent surtout à s’orienter avec le champ magnétique de la Terre et dans les courants océaniques. C’est comme une boussole portative!

Sept espèces fréquentent les eaux salées du Saint-Laurent :

Chacun a sa petite particularité. L’aiguillat commun est un des requins les plus répandus au monde. L’aiguillat noir est le plus petit des 7 et fait à peine 1 mètre de long. ♡‿♡ Le grand requin blanc est le plus famous. Le requin pèlerin est le 2e plus gros poisson au monde après le requin baleine; il mange du plancton en filtrant l’eau. Mais le plus impressionnant est sûrement le requin du Groenland.

Requin du Groenland

Vieux papi

À 272 ans, le requin du Groenland, est le vertébré avec la plus longue espérance de vie sur la planète. Déjà, c’est impressionnant, mais les chercheurs pensent que ce requin pourrait vivre encore plus vieux. C’est assez difficile de mesurer l’âge de ce poisson dans la nature, mais des études du GEERG (le Groupe de recherche sur les requins du Groenland au Québec) laissent penser que le plus vieil individu de leur étude avait environ 392 ans! OMG! Plusieurs autres études estiment son taux de croissance à environ 1 cm par année. Et ces requin peuvent faire jusqu’à 7 m de long… À moins d’une poussée de croissance, on te laisse faire les maths!

Si t’es pas vraiment un shark lover, n’aies pas peur de mettre l’orteil dans le fleuve. Le danger le plus grand dans l’estuaire et le golfe, c’est plus la température de l’eau et le courant… les animaux sauvages ont souvent ben plus peur de toi que toi, tu peux avoir peur d’eux!

Sources images : Piqsel, Wiki

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Question du public
D’où vient le pépin?

« Est-ce qu’il y a un pommier qui va pousser en dedans de moi si je mange un pépin de pomme? » Sérieusement? Voici ce que nous répondons : non.

« Est-ce qu’il y a un pommier qui va pousser en dedans de moi si je mange un pépin de pomme? »

Sérieusement? Voici ce que nous répondons : non.

Pour qu’une plante pousse (arbres ou autres), certains éléments sont essentiels. Comme le soleil… L’intérieur de notre système digestif, c’est pas l’endroit le plus ensoleillé. Pour la croissance des plantes, ça prend aussi des minéraux et de l’eau (ça, y’en a en dedans de nous, mais ça ne fera pas pousser une plante). Il n’y a pas de chance qu’un arbre pousse à l’intérieur de toi. Period.


Pour avoir un pommier

Le pommier est un arbre relativement facile à faire pousser. Pour que la graine (le pépin) germe, elle doit passer un bout de temps dans un espace humide et froid. Avant toutes choses, si tu es sérieux et que tu veux faire pousser un pommier, faudra nettoyer les pépins et les faire sécher pendant quelques jours avant de débuter la germination. Une fois sèches, on envoie les graines dans un bac de sable humide pour 2 à 3 mois, on les laisse tranquilles et on attend qu’elles germent. Après, c’est le temps de mettre ça en terre, en même temps que tes autres semis.

D’où vient le pépin?

Çaaaaaaa, c’est la question intéressante. Pour y répondre, faut remonter dans le temps, quand les fleurs sont ouvertes et que la pollinisation a lieu. Le pollen est alors transporté d’une fleur à l’autre, ce qui permet la fécondation. Ce qui va nous intéresser ici, c’est ce qui arrive avec le pistil de la fleur (la partie femelle) qui contient l’ovaire, dans lequel se trouve les ovules. (Pour te démêler jette un coup d’oeil au schéma ici.) Une fois fécondée, la fleur fane et elle entre en transformation (pas comme un Transformer, mais pas loin). Les ovules de la fleur vont devenir des graines contenant un embryon de plante (dans le cas d’une fleur de pommier, ce sera les pépins). La paroi de l’ovaire se modifie pour devenir la paroi du fruit (le péricarpe). On pourrait simplifier en disant que ce sera la pelure du fruit. Parfois, d’autres éléments de la fleur, comme le réceptacle floral qui est sous l’ovaire, se fusionnent pour donner le fruit. (On t’explique ça ici.) Et après quelques temps, on se retrouve avec un beau fruit qui protège les graines jusqu’à ce que ces dernières soit transportées et que l’embryon germe pour devenir une nouvelle plante!

Prend une pomme dans tes mains. La queue de la pomme, c’est la tige de la fleur. Le l’autre côté, ce que tu vois, ce sont les restants de la fleur : des vieux pétales, des sépales et des étamines séchés.

La magie des végétaux!


Sources images : Pixabay, GUEPE

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Choix du naturaliste
Venin et crochets : la vérité sur les araignées

Parce qu’elles sont de précieuses alliées qui mangent les bibittes, mais qu’elles ont mauvaise réputation, on met le spotlight sur les araignées et leurs habitudes alimentaires.

Parce qu’elles sont de précieuses alliées qui mangent les bibittes, mais qu’elles ont mauvaise réputation, on s’est dit que ça vaudrait la peine de mettre le spotlight sur les araignées pour tenter (on dit bien, tenter) de t’éclairer sur nos copines à 8 pattes.

On va arracher le plaster en partant : toutes les araignées mordent, même nos petites araignées québécoises et toutes les araignées ont du venin. (☉_☉) On a déjà introduit le sujet en te présentant la nouvelle arrivante au Québec, la veuve noire du Nord, son venin et les conséquences d’une morsure. Mais attention, toutes les araignées ne sont pas dangereuses. On t’explique.

Les araignées ont des chélicères. C’est un membre qui se trouve près de la bouche, qui se finit par un crochet et qui vient en paire. (À ne pas confondre avec leurs pédipalpes qui se trouvent souvent dans le même coin et qui servent à manipuler.) Les chélicères sont souvent repliées au centre de la face de l’araignée. À quoi ça sert? Leur fonction principale est d’injecter du venin à leur proie. C’est dans les chélicères que sont les glandes à venin et au bout des crochets se trouve des ouvertures pour l’injection. Les araignées n’utilisent pas leur venin pour rien. Il sert à se défendre, oui, mais essentiellement et le plus important, à paralyser leurs proies. Une toxine qui liquéfie la proie est ensuite injectée. Les arachnides n’ont pas tes belles dents, elles ne peuvent pas mâcher leur nourriture comme nous, elles ont donc développé ce tour de passe-passe pas mal efficace!

Au Québec, on trouve environ 680 espèces d’araignées (mais ça change souvent, parce que c’est difficile de dénombrer toutes les espèces). Parmi celles dignes de mention, on trouve la dolomède ténébreuse, la plus grosse des araignées d’ici. Un femelle en santé peut faire 7,5 cm. Tout à fait inoffensive, elle vit dans les milieux naturels généralement à proximité de l’eau (c’est la fameuse araignée de quai). Elle peut mordre et comme elle est grosse, c’est douloureux. Mais aucunement dangereux. Elle ressemble aux araignées-loup, mais elle transporte son sac d’oeufs sous sa tête plutôt que sur son abdomen. La plus petite de nos araignées, du haut de ses 0,8 mm (cuuute) c’est mysmena quebecana. Une espèce endémique* du Québec, d’où son nom. Elle a été découverte dans le Parc de la Yamaska.

Comme on fait pas de cachette, on va te parler de la mildei (Cheiracanthium mildei) avant que quelqu’un d’autre ne le fasse. C’est une petite araignée jaune blanchâtre qui se tient dans les maisons. Elle possède un venin cytotoxique, qui attaque la peau. Ça veut dire que si un humain, comme toi, est mordu, il y a des chances de voir apparaître une rougeur et de ressentir un effet de brûlure autour de la morsure. C’est tout. Pas trop inquiétant.

Une belle dolomède ténébreuse

Finalement, pour te laisser sur une note positive, sache que dans la plupart des cas, si une araignée mord un humain, c’est simplement pour lui signifier sa présence, et aucun venin ne sera injecté. Les chélicères (et donc les crochets à venin) sont commandées par le cerveau et l’araignée peut décider de la quantité de venin à injecter selon la grosseur de la proie. Alors, pas de gaspillage sur autre chose qu’une proie juteuse!

Les araignées sont présentes dans tous les types de milieux et partout elles jouent des rôles primordiaux pour la biodiversité. Parce qu’elles sont des prédatrices gourmandes, elles consomment beaucoup d’insectes (parfois nuisibles). Elles font ce qu’on appelle un contrôle biologique en régulant les populations de leurs proies. Donc, un gros merci aux araignées!

NOTE

* Endémique ça veut dire qu’on ne la trouve qu’ici. Elle est unique à notre territoire et se trouve nulle part ailleurs. On a quelques espèces endémiques extra cool au Québec. On t’en parle ici.


Par Anne-Frédérique, éducatrice-naturaliste

Sources images : GUEPE, Anne F. Préaux

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Qc-Nature
Nerprun, phragmite, renouée : tri-amigos envahissants

T’entends peut-être souvent parler de menaces pour la biodiversité, de danger pour la nature, d’espèces envahissantes… mais c’est quoi ça, hein? On te parle de 3 espèces de plantes qui envahissent nos espaces naturels.

T’entends peut-être souvent parler de menaces pour la biodiversité, de danger pour la nature, d’espèces envahissantes… mais c’est quoi ça, hein?

D’abord, pour qu’une espèce végétale ou animale soit considérée comme envahissante, c’est parce qu’elle a été introduite dans une autre zone que celle de sa répartition naturelle. Elles viennent parfois d’un autre continent, mais pas toujours. On en trouve dans l’eau et dans les milieux terrestres. Comme pour les espèces menacées, on classe les espèces envahissantes en 3 catégories selon leur niveau de préoccupation (préoccupantes et présentes au Québec, préoccupantes, mais à l’extérieur du Québec, peu préoccupantes et présentes au Québec).

Trois frenemies poussent à Montréal et pour lesquels on fait beaucoup de sensibilisation : le nerprun cathartique, le phragmite commun et la renouée du Japon. Pourquoi on fait pas mal de sensibilisation à leur propos? Parce que deux de ces 3 espèces – le nerprun et la renouée – ont été introduites au Québec comme plante ornementale. Oui, oui, parce qu’elles sont belles! C’est pas faux, le nerprun reste d’un vert éclatant jusqu’à la fin novembre et la renouée forme des arbustes fournis avec des feuilles en cœur et des rameaux de fleurs blanches duveteux. Sauf que ces 3 vilains ont des capacités phénoménales de dispersion de graines et de croissance.

Le nerprun cathartique

Feuilles vertes, foncées à tout moment de l’année, double dentelée, fruits noirs

Le nerprun, t’en as assurément croisé s’en t’en rendre compte. Il pousse maintenant dans presque tous les boisés de l’île comme au parc-nature du Bois-de-Liesse et à l’Île-de-la-Visitation. Ses branches poussent en arc, comme un gros parapluie. Tu te dis « Great! de l’ombre! » sauf que… Les feuilles sortent vite et empêchent le sous-bois de pousser. En plus, les racines produisent une toxine dans le sol qui tue pas mal tout sauf… les autres plans de nerprun. Et finalement, ses fruits qui sont produits en abondance attirent les oiseaux, mais leur donnent la diarrhée.

Le phragmite commun

Ressemble à de longs plans de blé : long plants vert avec reflets violets en été, beige le reste de l’année

Le phragmite, c’est ce genre de blé qui pousse sur le bord des autoroutes, dans les marais, dans le fossé chez mononcle René, bref, partout. Il entre en compétition avec les quenouilles et finit par prendre le dessus puisque avec ses grosses racines, il assèche le milieu. Les quenouilles qui préfèrent pousser dans l’eau finissent par ne plus être capables de grandir et meurent. Le phragmite a connu une expansion de son aire de répartition au Québec avec le développement du réseau routier qui a créé des fossés parfaits pour la germination de leur graines.

La renouée du Japon

Feuilles en forme de cœur, tige creuse (a l’aspect du bambou)

Importée pour son look neat, la renouée est une bombe à retardement. Comme le nerprun, ses racines libèrent des toxines ce qui réduit la biodiversité autour d’elle. Ses rhizomes peuvent être en dormance pendant plusieurs années avant de percer le sol… même l’asphalte. Ses racines sont super fortes et peuvent détruire les bords de cours d’eau et peuvent endommager les bâtiments.

Tu les as reconnus et tu veux t’en débarrasser? D’abord, recharge ta patience car c’est un travail de longue haleine. Comme pour beaucoup d’autres espèces envahissantes, nos trois amis ont des réseaux racinaires TRÈS puissants. L’idéal, c’est l’excavation et la pose d’une toile géotextile afin de limiter le développement de tiges et du réseau racinaire. Mais, c’est très dispendieux.

Le contrôle à la main demande de couper toutes les branches et les tiges et de ne laisser RIEN derrière. Il faut tout mettre (sans laisser aucun résidu) dans un sac de poubelle en plastique et surtout, ne PAS composter les résidus. Ça ne ferait que déplacer le problème. Ensuite, il est possible de planter d’autres espèces indigènes pour créer de la compétition. Il faut toujours garder un œil sur sa talle éradiquée question de couper les tiges aussitôt qu’elles poussent. Et elles poussent vite!

Une foule d’autres espèces (animales et végétales) sont sur les listes à surveiller (on te parle ici des espèces envahissantes de la rivière des Prairies et des boisés urbains). Vaut mieux toujours appliquer le principe de précaution et être prudent lorsque tu jardines, que tu changes ton canot de plan d’eau ou que tu brûles du bois durant un feu de camp. Demande-toi : « Est-ce que c’est une plantes indigène? Est-ce que j’ai bien nettoyé mon matériel de plein air? Est-ce que j’utilise du bois local? » Ainsi, on donne une chance à la biodiversité locale de se développer avec plus de force.

Sources images : Franz Xaver, Anne F. Préaux, Pixabay

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