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Découvrir la nature avec nos yeux d’expert.e.s

Parce que tu te demandes qu’est-ce qui se passe dans un cocon de papillon, comment se forme une tornade et comment les plantes communiquent... L'équipe de naturalistes de GUEPE a décidé de répondre à toutes tes questions, car la nature, ce n’est pas un mystère, c’est une science! Un.e naturaliste c’est quoi? En gros, c’est un.e spécialiste dont la mission première est de vulgariser les différentes sciences de la nature.

Chaque mois, on te présente une vedette, animale, végétale ou autre (oui, oui!), en plus des sujets préférés de nos naturalistes. Reste donc bien connecté.e. On va répondre aux questions de notre lectorat (incluant les tiennes) et on va aussi te proposer des places à visiter, des actions à poser, des trucs à voir et à lire. 

On te souhaite une bonne exploration de la nature!

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Choix du naturaliste
Endémique, ça veut dire quoi?

La nature cache parfois des bijoux uniques dans des endroits inattendus, isolés ou juste inconnus. Une espèce qu’on retrouve dans un seul endroit sur la planète entière, on peut appeler ça un trésor ou une espèce endémique.

La nature cache parfois des bijoux uniques en leur genre dans des endroits inattendus, impraticables, isolés ou juste inconnus. Une espèce qu’on retrouve dans un seul endroit sur la planète entière, on peut appeler ça un trésor, parce que la rareté, c’est précieux. Et on peut aussi appeler ça, une espèce endémique.

Le fameux arbre du voyageur malgache

Une espèce endémique, c’est donc une espèce, animale, végétale ou autre (comme un champignon par exemple), qui est présente sur un territoire limité et qu’on trouve nulle part ailleurs. Le koala est endémique d’Australie, l’arbre du voyageur est endémique de Madagascar*, le cyprès du Tassili est endémique du massif montagneux au centre du Sahara. Au contraire des espèces cosmopolites, dont les aires de répartition sont très vastes, on retrouve les espèces endémiques sur des territoires restreints et uniques.

Pour éviter les confusions, on veut juste te mentionner la nuance avec une espèce indigène. Une espèce indigène est présente naturellement sur un territoire. Par exemple, le sapin baumier est originaire du Nord-Est du Canada. Il est donc indigène au Québec, mais il n’est pas endémique d’ici puisqu’on en retrouve ailleurs au Canada et aux État-Unis.

Pourquoi?

L’endémisme peut être causés par plusieurs choses, mais les facteurs géographiques sont les plus courants pour causer un véritable isolement. Les îles (le plus souvent éloignées des côtes continentales), les grandes étendues d’eau (comme des grands lacs), les rivières, les complexes montagneux, les vallées et les autres formations géologiques (canyons, grottes, etc.) sont tous des exemples qui présentent des coupures naturelles et qui sont susceptibles d’abriter des espèces endémiques. Ces éléments du paysages freinent la dispersion de ces espèces, c’est ce qui leur donne leur caractère unique. D’ailleurs, si on retrouve beaucoup d’espèces endémiques dans un milieu, on peut généralement conclure il est fortement isolé.

Aux facteurs géographiques s’ajoutent les facteurs climatiques, biologiques et génétiques qui peuvent aussi créer des freins pour les aires de répartition des êtres vivants.

Être unique en son genre, c’est merveilleux et précieux. Mais ça ne vient pas sans problématique… Toutes ces espèces endémiques, parce qu’elles sont tellement limitées, elles sont facilement en danger. Si leur milieu subit une perturbation naturelle, comme un incendie, ou une modification subite, les chances de survie de l’espèce, sa résilience, sont assez minces. L’arrivée ou l’introduction d’une espèce dans les zones isolées peut aussi créer des débalancements desquelles les espèces endémiques peuvent ne pas se remettre. Cette vulnérabilité rend l’endémisme encore plus délicat!

Nos endémiques

L’arnica de Griscom, une espèce endémique au Québec

Au Québec, nous avons aussi de ces trésors uniques. Certains milieux sont propices au développement d’espèces endémiques, comme les Appalaches et les Chic-Choc, où on retrouve une dizaine de plantes endémiques, dont l'arnica de Griscom et la minuartie de la serpentine, toutes deux espèces menacées au Québec. L'aubépine du Canada (Crataegus canadensis Sargent) et l'arabette du Québec sont aussi des plantes endémiques de notre province, parmi tant d’autres. Nous avons ici qu’une seule espèce de vertébré endémique : le chevalier cuivré, un poisson d’eau douce, qui vit entre autre dans le Richelieu et la Yamaska.

Alors « endémique », ça veut dire qu’on en trouve seulement ici ou là, qu’il faut en prendre soin parce que ça peut être vulnérable et que c’est probablement un joyau précieux de la nature!

NOTE

* Madagascar est reconnu pour son très haut taux d’endémisme. 85 % de sa faune et 83 % de sa flore sont endémiques.

Sources images : Needpix, G.Goodwin Jr.

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Question du public
Surabondance : cerfs ou pas de cerf?

On pointe souvent du doigt les cerfs de Virginie quand vient le temps de trouver un exemple d’animal qui broutent tout ce qu’il trouve! Comment peut-on gérer une surpopulation de cervidés?

« Comment peut-on régler des problèmes de surabondance de cervidés? »

On pointe souvent du doigt les pauvres cerfs de Virginie quand vient le temps de trouver un exemple d’animal qui prend beaucoup (trop) de place et qui ravage les sous-bois. C’est pas leur faute s’ils ont un grand appétit et qu’ils broutent tout ce qu’ils trouvent! Alors, comment peut-on gérer une situation de surpopulation de cervidés affamés?

Cervidés made in Québec

Au Québec, on a quelques brouteurs notables dans notre liste d’animaux sauvages dont les caribous, qui vivent en troupeau, le majestueux et (généralement) solitaire orignal et le cerf de Virginie. Ce dernier reste actif et se tient en groupe en hiver (les ravages) et en été, chacun déménage sur son propre territoire, qui peuvent se chevaucher. Ici, c’est le plus répandu des cervidés : on parle de 4 individus en moyenne par km2.*

Au 17e siècle, quand les colons n’avaient pas encore changé tout le paysage américain, les cerfs se trouvaient seulement à la limite sud du Canada, tandis qu’aujourd’hui on en trouve jusqu’à la Baie James et bien au-delà vers le nord, au Yukon et aux Territoires du Nord-Ouest. Pourquoi? Premièrement, il faut savoir que le cerf c’est un animal suuuuuper productif : un troupeau en bonne santé peut doubler en une année si les conditions sont favorables. En plus, à 6 ou 7 mois, la biche est mature pour s’accoupler, elle peut donc avoir un faon dès sa première année. Des facteurs externes favorisent aussi le cerf. Le nourrissage des cerfs en hiver est fréquent dans les milieux plus urbanisés, ce qui augmente leur taux de survie aux hivers (non, il ne faut pas donner de carottes aux cerfs en hiver, ni en été). D’ailleurs, le climat plus doux, globalement, réduit aussi la mortalité hivernale. Les populations des plus grands compétiteurs du cerf, comme les caribous, les bisons et les cerfs mulets sont basses ou en diminution. Et par dessus le marché, les cerfs de Virginie se sont adaptés aux milieux urbains ou semi-urbains, où on trouve peu de leurs prédateurs naturels (comme les loups ou les lynx).

C’est quoi le problème?

Il y a plusieurs problèmes. Le principal, c’est que les cerfs, ils ont faim, et comme ils sont actifs toute l’année, ils n’arrêtent pas de manger. En plus, ils ne sont pas difficiles. En été, ils mangent tout ce qu’ils peuvent : feuilles, herbes, crosses de fougères, champignons, petits fruits, tout ce qui lui tombe sous la dent. En automne, ils switchent aux rameaux et aux bourgeons. Quand l’hiver arrive, ils s’arrangent en grignotant de l’écorce et en mangeant les conifères. Puis le printemps, tout mince, ils se gavent littéralement dans les plantes printanières.

C’est normal de manger, mais s’il y a trop d’individus dans un milieu, on aura droit à une hécatombe de tout ce qui poussent au sol à cause d’un broutage excessif. Les cerfs peuvent (facilement) éradiquer des espèces de certains milieux, et ainsi réduire la biodiversité (et la résilience) des écosystèmes**. Juste en lunchant… S’en suit une possible malnutrition des animaux (des consommateurs primaires, et donc les cerfs eux-mêmes) si la nourriture vient à manquer.

Le cas d’Anticosti

Pour bien expliquer notre point, voici la p’tite histoire des cerfs d’Anticosti. Sur l’île, la densité de population des cerfs est tellement grande qu’on a dû prendre les grands moyens. Il y a une centaine d’années, on a introduit un peu plus de 200 cerfs sur l’île pour la chasse sportive. En un siècle, la population a bondi à 120 000 individus (ça équivaut à une densité près de 20 individus par km2). Conséquence : le sapin, dont raffolent les cerfs, a pratiquement disparu. Les sapinières restantes ne suffiront pas pour sustenter les cervidés du coin pour très longtemps. On voit alors un deuxième problème naître : un effondrement de la population de cerfs, faute de sapins… On a mis en place des zones clôturées sur l’île, des exclos, dans lesquelles les populations de cerfs sont contrôlées par la chasse. Heureusement, en 20 ans, on a vu le sapin reprendre sa place dans ces zones protégées du cerf. C’est un travail long et difficile que de protéger les cerfs, contre… les cerfs… ‘(-_ლ)’

Les solutions

Entre nous, le mieux c’est de prévenir la situation en aménagement des lieux propices pour le cerf de Virginie, en limitant leur nombre par la chasse réglementée et en laissant la nature faire les choses (lire ici « ne pas nourrir les cerfs… »). Toutefois, quand le problème est bien installé, on peut avoir recours à des techniques simples pour limiter le broutage des cerfs. Comme sur Anticosti, on peut utiliser des exclos qui permettent à la végétation de reprendre sa croissance. Il existe aussi des gadgets comme des protecteurs de plants (une manche en plastique qu’on installe sur les jeunes arbres, empêchant les cerfs de les brouter) et des effaroucheurs***, émettant des sons ou des mouvements qui effraient les cerfs. Malgré leur efficacité variable, on peut appliquer des répulsifs olfactifs sur les plantes susceptibles d’être broutées. On parle ici d’odeur d’urine de prédateur, de cheveux humains, de sang (oui, oui), d’ail, de savon, de boules à mites, d’ammoniaque, etc.

Quand on veut employer les grands moyens, on peut aussi penser à des stratégies comme la relocalisation des animaux ou la stérilisation. Mais dans les deux cas, c’est très coûteux (biggggg money). En plus, dans le cas de la relocalisation, c’est risqué pour la santé de l’animal et les stress engendrés sont plus qu’importants.

On pourrait aussi introduire un prédateur naturel du cerf dans le milieu surpeuplé. Ici aussi, il y a des risques comme de la compétition involontaire, la diminution d’autres espèces, ou simplement le débalancement de l’écosystème. La chasse reste encore un moyen très efficace de limiter les cerfs. En milieu urbain, ce n’est pas super prudent, mais en milieu naturel, si les chasseurs suivent les règlements et les quotas annuels, ils peuvent grandement aider à maintenir les populations de cerfs (des fois, on les appelle des chevreuils) à des densités viables pour l’écosystème (et pour les cerfs eux-mêmes, si ça se trouve).

NOTES

* Le Centre Bell à Montréal, fait environ 1,5 km2.

** Ça peut empêcher la régénération des forêts, par exemple. Ainsi, on peut voir une espèce principale d’un milieu disparaître en débalançant complètement l’écosystème (et même les écosystèmes voisins).

***  Une assiette en aluminium suspendue à une branche qui se balance dans le vent, c’est un effaroucheur, mais il existe des engins mécaniques (et maintenant numériques) avec détonateur, ou des haut-parleurs qui font des sons de gun. D’autres giclent et certains lancent même des fusées.

Par Anne-Frédérique, éducatrice-naturaliste

Sources images : Pixabay, USFWS

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Vedette du mois
Histoire savoureuse : un voyage qui ne se termine pas en queue de poisson

Avec le retour du beau temps, arrive une invitée de marque au pied du barrage de la centrale hydroélectrique près du parc-nature de l’île-de-la-Visitation : l’alose savoureuse, un gros poisson argenté qui aime les petits crustacés

Quel plaisir de finalement sentir à nouveau les chauds rayons du soleil. Avec le retour du beau temps, arrive une invitée de marque au pied du barrage de la centrale hydroélectrique près du parc-nature de l’île-de-la-Visitation. L'alose savoureuse, un gros poisson argenté qui adore les petits crustacés, a la rivière des Prairies littéralement tatouée sur le cœur. Elle part de l’océan Atlantique au large de la Nouvelle-Écosse et franchit plus de 1000 km pour venir se reproduire dans la grande région de Montréal, un lieu bien important pour la survie de l'espèce. Ces mordues des longues distances, qui vivent en eau salée et fraient en eau douce, sont appelées des espèces anadromes. La femelle libérera entre 20 000 et 600 000 œufs dans le courant, contrairement à d’autres poissons comme l’achigan qui, lui, prend le temps de faire un nid. Une fois fécondés par le mâle, les petits alosons (oui, oui, c’est le vrai nom) naîtront une dizaine de jours après et passeront quelques mois en eau douce avant de retourner dans l’océan jusqu’à leur âge adulte, soit 4 ans. Ils reviendront ensuite de nouveau où ils sont nés et l’histoire recommencera. Impressionnant, non?

Zone où se trouve l’alose, document d’Hydro-Québec : Centrale de la Rivière-de-Prairies suivi de la dévalaison de l’alose savoureuse et évaluation d’un système de guidage 2018

L’alose est une espèce désignée vulnérable car on lui connaît très peu de sites de fraie. L’un des plus gros sites de reproduction connu est localisé près du barrage de Carillon dans le lac des Deux-Montagnes. Lors de sa descente, une large proportion des aloses emprunte le corridor de la rivière des Prairies et doit franchir le barrage. Soucieux de la survie de l’espèce, Hydro-Québec a mis en place des mesures plutôt inusitées afin que les aloses puissent éviter le passage dans les turbines lors de leur voyage de retour. Pour ce faire, l’entreprise utilise une barrière à ultrason combinée à une gestion de l’évacuateur de crue, de façon à permettre de diriger les aloses savoureuses loin des turbines vers ce dernier.

Mon grand-père disait : « Tu sais quand l’alose est arrivée lorsque les pissenlits ou les lilas sont en fleur ». Si tu es davantage d’un naturel scientifique, retient que c’est lorsque l’eau atteint autour de 12 degrés ce qui correspond à la fin mai ou le début juin. À ce moment-là, autant du côté de Montréal que de Laval, on peut voir des centaines de pêcheurs attroupés espérant attraper ce fameux poisson à chair blanche. Autre fait intéressant, avant la présence du barrage de la Rivière-des-Prairies dans les années 1930, un des lieux de prédilection pour pêcher ce poisson était au bout de l'Île Perry.

Si comme plusieurs, tu penses que les poissons de la rivière des Prairies ne sont pas propres à la consommation sois sans crainte! Le gouvernement du Québec les suit et tu peux même te rassurer en allant consulter le guide de consommation du poisson. L’alose savoureuse fait partie des 65 espèces de poissons présentes dans la rivière des Prairies… Combien es-tu capable d’en pêcher? N’oublie pas, ça te prend un permis!

˚◡˚

On se voit sur le bord de la rivière?


Source image : Hydro-Québec

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Qc-Nature
Le Québec, champion de l’eau

Où vas-tu te ramasser cet été? Sur une plage d’eau douce ou sur une plage d’eau salée? Au Québec, on est les champion de l'eau, qu'elle soit salée ou douce! De l'eau, on en a en masse.

C’est bientôt l’heure des beach bods, des après-midis au soleil sur les rives du Québec et des randonnées de kayaks! Où vas-tu te ramasser cet été? Sur une plage d’eau douce ou sur une plage d’eau salée? Qu’est-ce que ça change? Ça change pas grand chose à la surface… mais une fois dedans, c’est une autre affaire!

Le Québec : réserve d’eau douce

L’eau douce, c’est quoi? C’est de l’eau qui ne contient pas de sel. Dans la nature, cette eau est essentielle puisque c’est l’eau qui est disponible pour l’utilisation par la faune et la flore. C’est l’eau qu’on trouve dans les lacs, les rivières, les étangs, le fleuve Saint-Laurent (hellooo!), les eaux souterraines et plein de milieux humides. Le Québec, c’est un des endroits au monde où on retrouve le plus d’eau douce.

Mais cette eau, même si elle ne contient pas de sel, elle contient d’autres choses! Elle peut avoir beaucoup de carbone organique dissous : ça lui donne une couleur brunâtre. Elle peut être froide et bien oxygénée : ça c’est très bon pour les poissons! Elle peut être dure (lire ici « pas gelée ») et contenir du calcium. Elle peut être verdâtre, trouble, huileuse en surface, bref, même si elle n’est pas salée, elle peut contenir pas mal de choses qui influencent énormément la faune et la flore qu’on y trouve.

Des espèces typiques d’eau douce au Québec

On te parlait de l'alose savoureuse, un classique de la rivière des Prairies. Parmi les autres poissons classiques du Québec, on trouve aussi la truite arc-en-ciel, un magnifique (et délicieux!) poisson coloré. C’est un poisson carnivore qui mange des insectes, des ménés et des larves de toutes sortes et qui aime bien l’eau fraîche! Dans les végétaux typiques d’eau douce, t’as sûrement vu un ou deux nénuphars jaunes. Ces plantes-là créent de l’ombre dans l’eau et ça fait des bonnes cachettes pour les poissons et les petits insectes. Justement, les insectes! À part les patineurs et les maringouins, dans les plans d’eau douce, on trouve pas mal de larves, souvent de libellules. Elles sont elles aussi carnivores et en même temps, une bonne source de nourriture pour les poissons!

Une larve de libellule

Le Québec : paradis d’eau salée

Même si on est champions d’eau douce, l’eau salée est aussi bien présente au Québec. En plus de tout le nord de la province qui baigne dans l’eau salée et froide, on a aussi de l’eau salée qui entre dans le fleuve Saint-Laurent avec l’onde de marée qui nous amène de l’eau de l’océan Atlantique.

Mais ce sel… Il vient d’où? D’abord, il faut savoir que ce n’est pas du bon vieux sel de table. Le sel de mer est un sel complexe, qui est composé de sodium et de chlore mais aussi de calcium, de potassium, de sulfate et de magnésium. Ces éléments proviennent de l’usure des roches, des sédiments et de l'érosion générale du sol. Les animaux et les algues qui y vivent ont des adaptations qui leur permettent de vivre dans l’eau salée sans devenir ratatinés comme des raisins secs*.

Pour que l’eau soit considérée comme de l’eau de mer, on doit trouver environ 33 grammes de ces éléments par litre d’eau. En-dessous de ça, on parle d’eau saumâtre et quand il n’y a pas du tout ou quelques traces, on parle d’eau douce. Pour le Saint-Laurent, ça veut dire de l’eau douce jusqu’à la pointe est de l’île d’Orléans (quoiqu’on commence à détecter du sel un peu avant maintenant…) et de l’eau saumâtre jusqu’à Tadoussac. Après, c’est bien de l’eau de mer! Mais c’est pas LA mer, car on est encore dans le fleuve Saint-Laurent.

Un spectacle salé de couleurs

Le Saint-Laurent marin est tellement riche en biodiversité que c’est difficile de mettre une main dans le fond de l’eau sans écraser quelque chose! Les espèces typiques qui habitent l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent sont nombreuses mais c’est très facile de tomber sur un oursin vert qui broute des longues laminaires (des algues qu’on appelle souvent des lasagnes de mer). Facile aussi de tomber sur un homard en Gaspésie (pas juste au resto là!), une crevette striée ou un crabe araignée. Les poissons sont aussi abondants dans l’estuaire maritime et le golfe, mais on trouve des espèces différentes comme le sébaste, le capelan, le loup atlantique** et plusieurs espèces de requins comme le requin du Groenland. On a aussi beaucoup d’invertébrés marins comme les anémones plumeuses qui attirent pas mal de plongeurs et qui font de l’estuaire maritime du Saint-Laurent, un des endroits les plus impressionnants au monde pour la plongée sous-marine! Oui, oui! En plus de toutes ces espèces, les roches sont couvertes d’une algue encroûtante rose magnifique.

Anémones plumeuses et algue rose

Bref, on pourrait te parler vraiment longtemps d’eau douce, d’eau salée, de biodiversité. Ce qu’on veut que tu retiennes ici, c’est que, peu importe où tu te trouves au Québec, t’auras sûrement accès à un des 3,5 millions de plans d’eau. Malgré leur abondance, reste que chaque plan d’eau est différent et chaque plan d’eau a une fonction bien importante. Es-tu game de plonger ta tête dans le prochain plan d’eau que tu croises pour observer tout ça?

NOTES

* Selon la théorie de l’osmose, l’eau a tendance à se diriger vers l’endroit où le milieu est le plus concentré. Comme l’eau est plus salée dans la mer que dans les cellules d’un vivant, si ceux-ci ne développaient pas d’adaptations, l’eau sortirait de leurs cellules et ils seraient complètement déshydratés… comme des raisins secs! La chimie de l’eau, c’est un équilibre fragile qui est souvent déstabilisé par l’épandage de sel sur les routes l’hiver, l’épandage d’engrais dans les champs et les fosses septiques désuètes.

** Oui oui, le loup atlantique est un poisson! Un gros poisson avec un grosse tête qui fait le cinquième de son corps et dont la bouche est amanchée pour pouvoir broyer des oursins. Mettons que tu te prends pas en selfie avec.

Sources images : Charles J. Sharp, Derek Keats

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Ailleurs
Les requins du Saint-Laurent

Ben du monde pense que les requins vivent juste dans les eaux tropicales. Détrompe-toi! Des requins, y’en a plein en eau froide, même dans le Saint-Laurent!

Pour souligner la Semaine du Saint-Laurent, on a pour toi un p’tit article sur un animal méconnu au Québec : le requin. Ben du monde pense que les requins vivent juste dans les eaux tropicales et attendent qu’un nageur enthousiaste s’approche un pied pour le croquer. Détrompe-toi! Des requins, y’en a plein en eau froide et plusieurs d’entre eux viennent visiter les eaux salées du golfe et de l’estuaire du Saint-Laurent!

Plusieurs espèces

D’abord, saches que voir un requin en surface, c’est vraiment rare. Les requins ne sont pas comme les baleines : ils n’ont pas besoin de venir respirer en surface. Ce sont des poissons alors leurs branchies font la job sous l’eau. Si un requin s’aventure en surface, c’est qu’il suit une proie. Et cette proie, c’est probablement un poisson, pas ton pied!

Les requins, ce sont des machines. Comme ils font partie des poissons cartilagineux, ils sont très flexibles. Leur os en cartilage se plient et se déplient tout seuls comme tes oreilles et donc, chaque coup de nageoire caudale (la queue) est multipliée par 2. Le requin a juste à dépenser de l’énergie une fois : le cartilage flexible de ses os s’occupe de ramener sa queue au centre de son corps. Un peu comme quand tu plies tes oreilles et qu’elles reviennent toutes seules à leur place quand tu les lâches!

En plus d’être économe en énergie, de pouvoir sentir une goutte de sang même diluée, d’avoir des écailles full hydrodynamiques, le requin possède un 6e sens : il est capable de détecter des champs magnétiques (comme le renard) et des différences de température avec ses ampoules de Lorenzini. Ces ampoules servent surtout à s’orienter avec le champ magnétique de la Terre et dans les courants océaniques. C’est comme une boussole portative!

Sept espèces fréquentent les eaux salées du Saint-Laurent :

Chacun a sa petite particularité. L’aiguillat commun est un des requins les plus répandus au monde. L’aiguillat noir est le plus petit des 7 et fait à peine 1 mètre de long. ♡‿♡ Le grand requin blanc est le plus famous. Le requin pèlerin est le 2e plus gros poisson au monde après le requin baleine; il mange du plancton en filtrant l’eau. Mais le plus impressionnant est sûrement le requin du Groenland.

Requin du Groenland

Vieux papi

À 272 ans, le requin du Groenland, est le vertébré avec la plus longue espérance de vie sur la planète. Déjà, c’est impressionnant, mais les chercheurs pensent que ce requin pourrait vivre encore plus vieux. C’est assez difficile de mesurer l’âge de ce poisson dans la nature, mais des études du GEERG (le Groupe de recherche sur les requins du Groenland au Québec) laissent penser que le plus vieil individu de leur étude avait environ 392 ans! OMG! Plusieurs autres études estiment son taux de croissance à environ 1 cm par année. Et ces requin peuvent faire jusqu’à 7 m de long… À moins d’une poussée de croissance, on te laisse faire les maths!

Si t’es pas vraiment un shark lover, n’aies pas peur de mettre l’orteil dans le fleuve. Le danger le plus grand dans l’estuaire et le golfe, c’est plus la température de l’eau et le courant… les animaux sauvages ont souvent ben plus peur de toi que toi, tu peux avoir peur d’eux!

Sources images : Piqsel, Wiki

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