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Découvrir la nature avec nos yeux d’expert.e.s

Parce que tu te demandes qu’est-ce qui se passe dans un cocon de papillon, comment se forme une tornade et comment les plantes communiquent... L'équipe de naturalistes de GUEPE a décidé de répondre à toutes tes questions, car la nature, ce n’est pas un mystère, c’est une science! Un.e naturaliste c’est quoi? En gros, c’est un.e spécialiste dont la mission première est de vulgariser les différentes sciences de la nature.

Chaque mois, on te présente une vedette, animale, végétale ou autre (oui, oui!), en plus des sujets préférés de nos naturalistes. Reste donc bien connecté.e. On va répondre aux questions de notre lectorat (incluant les tiennes) et on va aussi te proposer des places à visiter, des actions à poser, des trucs à voir et à lire. 

On te souhaite une bonne exploration de la nature!

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Quoi faire?
Les p’tits chanteurs du marais

Au printemps, si tu te promènes en forêt et que t’écoutes comme il faut, t’entendras sûrement les chants des grenouilles! Peut-être même un crapaud!

Tout le monde sait que les oiseaux chantent au printemps pour attirer les femelles. Le mâle s’attrique de ses plus belles plumes pour cruiser les femelles entre avril et juin. Si tu te promènes en forêt et que t’écoutes comme il faut (après avoir écouté un de nos fameux audioguides, bien sûr!), t’entendras sûrement d’autres chants dignes du dernier gagnant de La Voix… sûrement des grenouilles! Peut-être même un crapaud! Ou s’il fait un peu plus chaud, qui sait si ce n’est pas un gros ouaouaron qui te chante sa version de Shape of you (ça, c’est si t’as une méchante bonne imagination…)!

Les anoures – ce fameux groupe d’amphibiens qui sautent – sont des animaux qui chantent pour les mêmes raisons que les oiseaux (et que la majorité des orthoptères). Les anoures ont aussi un organe exprès pour leur donner une belle voix : les sacs vocaux (FYI : l’organe du chant chez les oiseaux s’appelle le syrinx…). L’air circule entre le nez et les cordes vocales des mâles pour produire le coassement. Ensuite, le son est amplifié par les sacs vocaux gonflés d’air. En fait, ces sacs, c’est exactement comme une caisse de résonance portative!

Des refrains connus

Wrabbit-wrabbit, piou-piou-piou ou bien vvvvvv-vvvvvvv, ça te dit sûrement rien vite de même, mais clairement que si on te faisait écouter un enregistrement, tu dirais que tu as déjà entendu ces sons au chalet ou en camping!

Parmi les sons les plus faciles à différencier : la rainette crucifère. P’tite gimpeuse, cette petite grenouille vit dans les arbres à proximité des milieux humides ou dans les marécages. Son chant est une série de piiip-piiip-piiip vraiment stridents. Comme une rainette ne vient jamais seule, ce que tu entends est probablement un mélange de piiip-pipipiii-pipipiii rapides et tellement forts que c’est difficile de discuter sur le bord d’un marais quand les rainettes chantent. True story. On les entend même en roulant sur la route les fenêtres fermées.

Le chant de la rainette crucifère

Une autre facile à identifier : la grenouille verte. On pourrait penser que la grenouille la plus standard du Québec soit l’interprète du fameux wrabbit-wrabbit, mais non! Elle joue un peu de guitare à une corde avec sa gorge. Essaye d’imiter avec ta gorge le son d’une corde de guitare qu’on pince avec nos doigts (le son gn-goung)… Ça te donne un air un peu weird, mais c’est certain que t’as pas mal un son de grenouille verte!

Maintenant, laisse les bruits de gorge et sors ton inner sabre laser. Imagine que Obi-Wan Kenobi, favori de Star Wars, qui fend l’air avec son sabre laser. Tu fais sûrement le son vvvvvvvvvv lentement, plusieurs fois de suite. Lâche ton sabre : t’es en train d’imiter un ouaouaron!

Dans les autres anoures faciles à imiter : la grenouille léopard qui ronronne comme… guess what… un léopard! Assez facile à confondre avec la grenouille des marais. Par contre, les grenouilles des marais sont plus rares que les grenouilles léopards. Le crapaud d’Amérique est aussi très facile à différencier : un loooooong trrrrrrrrrrr (ta langue qui roule dans ta bouche) qui continue presque sans arrêt. Et si tu te promènes dans les forêts, quand la neige fond, fin avril (omg, maintenant!), t’auras peut-être la chance d’entendre une grenouille des bois. Si t’as l’impression qu’un clown flatte une balloune avec des doigts mouillés en plein sentier, tu peux être certain que c’est une grenouille des bois. Ou un clown qui flatte une balloune. Mais les chances sont faibles : plus que de voir une grenouille des marais.

Une grenouille de bois

T’as le goût de pratiquer ton ouïe? GUEPE présente des activités pour te donner des trucs pour reconnaître les espèces et te pratiquer l’oreille. Les activités ont lieu à différents moments du printemps pour te permettre d’entendre toute sortes d’espèces. Surveille notre calendrier pour connaître les dates, les heures et comment t’inscrire!

Source image : Ryan Hodnett

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Question du public
Apiculture, entre commerce et conservation

On se questionne de plus en plus à propos de notre impact sur la nature, des forêts en passant par les plantes comme le ginseng jusqu’aux insectes. Quelles sont les conséquences de se mêler de la vie des abeilles?

« Est-ce que l’exploitation du miel et de la cire des abeilles leur cause préjudice? »

On se questionne de plus en plus à propos de notre impact sur la nature (et tant mieux), des forêts amazoniennes, en passant par les plantes comme le ginseng jusqu’aux insectes. On sait qu’on peut aider, mais on sait aussi qu’on peut nuire. Alors, quelles sont les conséquences de se mêler de la vie des abeilles?

Le miel et nous

Le miel, c’est la substance sucrée que les abeilles produisent à partir de nectar et qu’elles entreposent dans leur ruche. Elles s’en nourrissent toute l’année et le donne à leur larves, spécialement dans les périodes plus difficiles (les abeilles sont des insectes sociaux très bien organisés). Le miel est aussi consommé par d’autres animaux, comme les oiseaux, les fourmis, les ours, les renards même, et nous.

L’apiculture, c’est la science et la pratique d’élever* des abeilles. Ça existe depuis la préhistoire, et aujourd’hui, c’est pratiqué partout dans le monde. On reconnaît que l’apiculture offre un bon moyen de générer des revenus à partir des ressources naturelles sans les endommager. Un win-win. Et on n’en fait pas seulement du miel. La cire, le pollen, la propolis (la résine végétale que les abeilles utilisent comme un mortier), la gelée royale (la sécrétion dont les larves et la reine de la colonie sont nourries) et le venin sont tous des exemples de produits que l’humain tire de l’abeille**.

La B.A. des abeilles

Les abeilles font partie des pollinisateurs les plus importants de la planète. Par la pollinisation des plantes à fleurs, elles favorisent la variation génétique dans la communauté des plantes, la diversité florale et donc, la biodiversité. Elles participent alors au maintien et à la stabilité des écosystèmes et ce, en milieu naturel, mais aussi en milieu rural. T’sais, l’endroit d’où vient la majorité de nos aliments. C’est pas rien pour un si petit animal. Sans le travail acharné des abeilles, tu ne pourrais pas croquer une pomme juteuse ou te faire une salade de betteraves. Non. Malheureusement, le plus grand service qu’elles nous rendent, celui de la pollinisation, est encore trop sous-estimé.

Les méthodes d’agriculture actuelles (comme les monocultures, qui réduisent la variété de la nourriture pour les abeilles, et l’utilisation de pesticides, comme les néonicotinoïdes) ont un impact majeur sur nos précieuses abeilles. À ça s’ajoute la pollution, les hivers qui sont fous, les maladies et la réduction de leur habitat naturel de prairies à fleurs. Rien ne va plus… C’est pas pour rien que depuis plus de 10 ans la communauté scientifique sonne l’alarme face au déclin inquiétant des populations d’abeilles.  


L’apiculteur dans tout ça

Alors, c’est quoi l’impact de l’apiculture sur nos fragiles abeilles? Parce que les différentes espèces d’abeilles ont des besoins différents, des spécialisations pour des types de plantes et qu’elles requièrent des milieux spécifiques, on a tendance à les malmener. En apiculture, on modifie ça au nom du rendement. On modifie le régime alimentaire de la colonie en stimulant l’augmentation des niveaux de recherche de nourriture et en limitant les espèces de plantes à polliniser. Ça donne des abeilles qui ont faim et qui doivent travailler plus fort encore. Des ruches surpeuplées, des alvéoles trop grosses et un élevage sélectif qui dure depuis des siècles et qui réduit l’immunité des abeilles ont aussi des répercussions sur les insectes.

En milieu naturel, lorsqu’un nid est construit c’est pour des bonnes raisons : sa température et son humidité, sa forme, la possibilité de créer des chambres d’entreposage, la circulation de l’air, sa défense. Tout est parfait. Les stress naturels sont limités et seules les colonies les moins bien adaptées (on dit, avec le moins bon fitness), mourront. Et ça, c’est normal. En élevage, on maintient en activité des colonies dont le pool génétique peut être moins intéressant et on perpétue ainsi des gènes indésirables.

Malgré tout, les apiculteurs jouent aussi un rôle d’une importance capitale dans la protection de nos copines à manteau jaune et noir. Sans eux, leur nombre serait probablement beaucoup plus bas. Oui, l’apiculture c’est une économie, mais on peut aussi voir ça comme des actions de conservation. En favorisant leur présence, en leur donnant un emplacement pour nicher, en les traitant aux petits oignons, en éliminant les parasites, l’apiculteur fait définitivement sa part dans le maintien de ces pollinisateurs essentiels. Aujourd’hui, l’apiculture fait partie de la solution au déclin des abeilles, comme la reproduction in vitro pourrait sauver les rhinocéros blancs du Nord.

NOTES

* On dit élever ici, parce qu’on est entre nous. Par contre, il faut savoir que les abeilles qui sont exploitées restent sauvages et ne sont pas domestiquées comme pourrait l’être des vaches et des cochons.

** Les vertus de la plupart de ces produits restent encore à prouver.

Par Anne Frédérique, éducatrice-naturaliste

Sources images : Pixabay, Pixabay

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Qc-Nature
Comment peut-on mesurer la biodiversité?

On ne peut pas calculer la biodiversité dans un milieu. Impossible. Mais on peut arriver à ce qu’on appelle un indice : une valeur qu’on peut comparer avec d’autres.

Comme c’est le cas pour le nombre d’espèces sur Terre, on ne peut pas calculer la biodiversité et arriver avec un chiffre qui nous dirait combien il y a d’espèces ou d’individus dans un milieu. Impossible. La biodiversité, c’est plus complexe que ça. On n’obtiendra donc jamais un chiffre exact, mais on peut arriver à ce qu’on appelle un indice. Un indice, c’est une valeur qu’on peut comparer avec des indices passés ou des indices de d’autres milieux.

Plein de p’tits bécasseaux

Il existe plusieurs indices en écologie. Par exemple, l’Indice de Shannon, qui permet de calculer la diversité spécifique (nombre d’espèces dans un lieu donné). On pourrait aussi calculer la diversité en divisant le nombre d’espèces par le nombre d’individus. Pour avoir une meilleure vue d’ensemble et inclure toutes (ou presque) les composantes de la biodiversité, on a besoin d’aller plus loin que ça. On doit inclure dans notre calcul la distribution des espèces sur le territoire (l’abondance et la répartition), et pas seulement leur nombre (richesse spécifique). L’abondance, c’est la répartition des individus dans une zone donnée et la répartition est relative à la grandeur du territoire.

Une méthode simple est d’utiliser l’Indice de Simpson qui prend en considération le nombre d’espèce et leur abondance. Le résultat de l’équation donnera une valeur de la biodiversité entre 0 et 1, où 1 représente une forte biodiversité.

Formule pour calculer l’indice de Simpson où D = diversité, n = nombre d’individus par espèces, N = nombre total d’individus

Pas de panique ! Pour bien comprendre, on ne te fera pas apprendre cette formule. On va plutôt passer par un exemple. Il y aura un peu de math dans le passage qui suit, mais on a fait le gros du travail : t’as juste besoin de comprendre!

Situation fictive pour l’exemple

Des chercheurs ont dénombré des animaux de rivage sur trois plages similaires pour comparer leur biodiversité. On y a trouvé des oiseaux de 3 espèces différentes : des bécasseaux, des goélands et des petits chevaliers.

Dénombrement des oiseaux de rivage sur les 3 plages.

Si on calcule l’indice de Simpson (en utilisant la formule incompréhensible de tantôt) avec les données recueillies pour chacune des plages, on pourra les comparer et attribuer à chacune un indice de biodiversité concernant les oiseaux.

En comparant les trois plages, on peut conclure que la plage 1 possède la plus grande biodiversité. Parce que dans l’indice de Simpson l’abondance est aussi considérée, la plage 3, qui a le plus grand nombre d’individus total (N = 130), ne présente pas nécessairement la plus grande diversité. Évidemment, c’est très simplifié pour les besoins de ce post. Toutefois, même en utilisant l’indice de Simpson, c’est pas complet. Comme la biodiversité c’est une grande chose, c’est difficile de lui mettre une étiquette (surtout numérique) et de la calculer… ça reste un grand challenge.

Et si les maths nous font saigner des yeux?

Mise à part les chiffres, on peut aussi mesurer la biodiversité plus globalement, par des observations. Par exemple, si tu remarques que dans une forêt, plusieurs espèces clé de voûte, comme un grand pic ou des vers de terre sont présents, tu peux supposer que la biodiversité est favorisée, possiblement élevée. (On dit bien « supposer ».) Si tu remarques sur une berge que le phragmite, une espèce de roseau envahissant, prend toute la place, il y a des chances que cet écosystème, peu résilient, n’ait pas une biodiversité élevée. Certaines espèces, comme les amphibiens avec leur fragile peau perméable, sont aussi des bio-indicateurs. Leur présence est synonyme d’un environnement sain, et qui devrait avoir une biodiversité élevée. Même chose avec des espèces qui demandent beaucoup de ressources, comme les cerfs qui broutent énormément.

Il existe donc différentes façons de calculer et d’observer la biodiversité pour en tirer une valeur à interpréter, et non pas un chiffre réel. Les différents niveaux de la biodiversité doivent être pris en compte : les fonctions, les interactions entre les niveaux, les écosystèmes, et on en passe. Et c’est cette complexité qui permet aux écosystèmes d’être résiliant et de pouvoir survivre aux perturbations.

Sources images : Pixabay, GUEPE

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Vedette du mois
Les pollinisateurs

On voulait célébrer le beau temps qui s’installe et le mois des fleurs en mettant le spotlight sur une ribambelle de petits animaux, souvent sous-estimés, qui nous rendent plus que service : les pollinisateurs.

On voulait célébrer le beau temps qui s’installe et le mois des fleurs en mettant le spotlight sur une ribambelle de petits animaux, souvent sous-estimés, qui nous rendent plus que service : les pollinisateurs.

Avant d’aller plus loin, on va clarifier, c’est quoi la pollinisation. On parle ici du transfert du pollen de la partie mâle de la fleur (les anthères) vers la partie femelle (les stigmates).

Parties de sexuées de la fleur : l’organe femelle, le pistil, composé d’un stigmate (1), d’un style (2), à sa base on retrouve l’ovaire (3); l’organe mâle, les étamines, composées d’anthères (4) et d’un filet (5).

La pollinisation peut avoir lieu à l’intérieur d’une même fleur (on appelle ça l’autopollinsation) ou bien le pollen voyage d’une fleur à l’autre (la pollinisation croisée). Dans ce dernier cas, les grains de pollen doivent être transportés; le vent et l’eau sont des agents de pollinisation, mais 90 % des plantes à fleurs sont pollinisées par les animaux. Dans la liste des pollinisateurs vivants, on trouve des oiseaux comme les colibris, des chauves-souris, des rongeurs (comme les écureuils), des limaces, des singes et des insectes. Surtout des insectes! Environ 80 % des plantes à fleurs sont entomophiles ou pollinisées par l’action d’un insecte. Des très connues abeilles, aux guêpes, en passant par les fourmis et les papillons, les bibittes à 6 pattes sont les pollinisateurs les plus importants. Parmi eux, les plus efficaces sont les abeilles et les bourdons. Leur corps poilu et leur méthode d’alimentation et de butinage sont adaptées à beaucoup de plantes et vu leur nombre, ils font un travail d’envergure. Ces hyménoptères ont aussi développé des moyens de communication entre individus pour augmenter leur efficacité. Les mouches, comme les syrphes, qui volent sur place font aussi du bon travail. Les coléoptères, quant à eux, ne sont pas les plus efficaces, mais ils sont les pionniers de la pollinisation puisqu’ils sont les premiers insectes connus à avoir polliniser des plantes, il y a 200 millions d’années.

Mouche syrphe dans une fleur

Comment polliniser

Pour être franc avec toi, la plupart du temps un insecte pollinisateur ne sait pas qu’il nous rend service. Il se retrouve dans une fleur pour manger et les grains de pollen s’accrochent à lui. L’insecte quitte la fleur pour poursuivre son lunch sur la prochaine et le pollen collé à son poil s’accroche au stigmate de la seconde fleur. Boom! Pollinisation!

Ce sont les adaptations des fleurs qui font tout le travail. On t’explique. Le nectar par exemple, un liquide sucré, est produit par les fleurs pour attirer les pollinisateurs. Pour les guider, de nombreuses plantes ont des stimulateurs, des lignes de couleurs qui conduisent les insectes aux glandes productrices de nectar. Sans parler des différents parfums des plantes. En plus, les fleurs entomophiles ont évolué de manière à ce qu’un insecte qui la visite doit absolument se frotter contre ses anthères et du même coup, se couvrir de pollen.

La pollinisation des plantes, c’est beaucoup plus que d’assurer leur reproduction. Souviens-toi : les plantes (avec leur photosynthèse) sont les producteurs, la base même de la chaîne trophique, pour les animaux, mais aussi pour nous. Par extension, les insectes pollinisateurs participent au bon fonctionnement des écosystèmes, à favoriser leur résilience et à maintenir leur biodiversité. Un exploit de taille pour de si petits animaux.

Par Anne-Frédérique, éducatrice-naturaliste

Sources images : GUEPE, André Karwath

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Ailleurs
La crise des pollinisateurs

Depuis plus d’une dizaine d’années, les scientifiques s’agitent quand on mentionne les pollinisateurs. Pourquoi? Parce qu’il existe de plus en plus d’évidences de leur déclin dans le monde.

Depuis plus d’une dizaine d’années, les scientifiques s’agitent quand on mentionne les pollinisateurs. Pourquoi? Parce qu’il existe de plus en plus d’évidences de leur déclin dans le monde entier et les conséquences, autant écologiques qu’économiques (principalement dans le secteur agricole) pourraient être irréversibles. Oh oh! Le cas de l’abeille domestique est la part la plus visible de ce phénomène global. On trouvait qu’à la veille de la journée mondiale des espèces menacées, le 11 mai, c’était une bonne idée de se parler de la crise des pollinisateurs.

C’est quoi le problème?

Évidemment, on veut pas ruiner ta journée et répondre « nous »… mais disons, qu’on a notre part de responsabilités. On t’explique.

Si la diminution des pollinisateurs* se poursuit au rythme actuel, ça aura des impacts économiques (et sociaux, tant qu’à y être) importants, et des répercussions graves sur l’agriculture, diminuant, par exemple, la productivité des espaces cultivés. Tu le sais, on a besoin de pollinisateurs pour que les fleurs se reproduisent : sans pollinisateurs, pas de fleur, s’il n’y a pas de fleur, il n’y a pas de fruit… L’agriculture subit donc les contrecoups de ce déclin, mais attention, elle y contribue aussi grandement. Alors, la question qu’on doit se poser à l’heure actuelle c’est : « Quels sont les impacts de nos cultures et des techniques agricoles sur la diversité des pollinisateurs? »

Champ de maïs

Modification du territoire

Des chercheurs ont démontré que le type de culture, biologique ou conventionnelle, avait un impact sur les pollinisateurs, et que la structure du paysage avait une influence sur eux. La structure, c’est l’arrangement des cultures dans une zone donnée. Disons qu’on fait de la monoculture sur des kilomètres et des kilomètres, les pollinisateurs se retrouvent alors devant un territoire de nourriture homogène et peuvent souffrir de carences dues à la pauvre diversité de leur alimentation. La seule présence d’arbres et de fleurs sauvages en bordure des champs (ce qu’on appelle des bandes fleuries) fait une grande différence pour les populations de pollinisateurs.

La constante augmentation de la superficie des terres agricoles n’aide surtout pas. Les coupes de zones forestières, l’assèchement des milieux humides et la diminution des zones de lisière et des bordures de champs ne sont que des exemples. Dans le dernier cas, les corridors de connectivité**, qui sont vitaux pour de si petits animaux, sont bien souvent détruits limitant ainsi les déplacements des pollinisateurs comme les abeilles qui doivent parcourir entre 2 et 5 km pour butiner. La modification de l’habitat naturel des pollinisateurs pour l’agriculture est de loin un des problèmes les plus pesants pour nos petits amis amateurs de pollen.

Les méchants pesticides

C’est pas tout de modifier le paysage pour avoir des bons légumes, on utilise aussi des produits chimiques pour maximiser les productions. L’utilisation de pesticides (de tous genres : insecticides, fongicides, herbicides, etc.) est en constante augmentation et ça, ça n’aide pas. Ça entraîne une nette réduction de la biodiversité (moins de végétaux indigènes dans les champs), ce qui nous ramène aux problématiques d’homogénéité des ressources. On ajoute à ça, les effets physiques des insecticides sur les pollinisateurs. Les effets sur les abeilles domestiques ont été démontrés, ce qui laisse croire que les effets sont similaires pour les colonies sauvages. On entend souvent parler des néonicotinoïdes : c’est une famille d’insecticides, principalement utilisée sur les graines de soya et de maïs contre les insectes ravageurs en attaquant leur système nerveux. On veut se débarrasser des pestes qui mangent les cultures, mais les pollinisateurs, qui sont essentiels, ne sont pas immunisés aux effets du pesticide. Le produit chimique peut contaminer le pollen des plantes, l’air ambiant, le sol et l’eau. Résultat? Tous les insectes du hood sont exposés à leurs effets néfastes***, spécialement à la poussière contaminée qui est dégagée lors de la mise en terre des graines. Les abeilles affectées par les néonicotinoïdes, par exemple, perdent le nord, sont incapables de s’orienter (de retourner à leur ruche) et de collecter le pollen. Elles deviennent dummy et ne sont plus capables d’apprendre. Puis, elles sont vulnérables aux infections et aux maladies.

Impacts des pesticides épandus (en orange), tels que les néonicotinoïdes, sur les milieux environnants. Les cultures à proximité (1) peuvent aussi être contaminées et aggraver le problème pour les pollinisateurs.

Chez nous, on utilise ce type de pesticide sur toutes nos cultures de maïs (« toutes », comme dans 100 %). Par chance, les différents paliers gouvernementaux font des efforts de sensibilisation et mettent en place des programmes pour aider les agriculteurs à changer leurs pratiques. Le travail n’est pas fini, et en vérité, il ne fait que commencer. Toi aussi, tu peux donner un coup de pouce (comme les apiculteurs) en choisissant des produits qui ont été cultivés sans pesticide (en plus, ça réduit ton empreinte écologique). Le premier pas vers un monde meilleur pour nos pollinisateurs, c’est de se renseigner et de répandre la bonne (ou la mauvaise) nouvelle****. Go!

MENTION SPÉCIALE

Des maladies, des facteurs naturels et les changements climatiques entrent aussi en ligne de compte quand vient le temps d’analyser le déclin des pollinisateurs. Nous avons fait le choix de vous présenter les facteurs relatifs à l’agriculture.

NOTES

* On parle ici de diminution de l’abondance des pollinisateurs, donc de leur nombre, mais aussi de la diminution de leur diversité. Oui, t’as fait le lien, on parle alors d’une diminution de la biodiversité.

** Les corridors de connectivité relient divers milieux naturels présents au sein d’un même paysage permettant le déplacement des individus vers de nouvelles ressources, par exemple. C’est un concept fort important en conservation et qui s’oppose aux problématiques de fragmentation. On t’explique ça en détail ici.

*** Il a été démontré que les invertébrés du sol (comme les vers de terre avec leur peau perméable), les oiseaux et les poissons sont aussi affectés par les néonicotinoïdes ayant contaminés leur milieu de vie.

**** Après, tu pourras de faire un jardin pour favoriser les pollinisateurs et tu feras réellement partie de la solution.

Par Anne-Frédérique, éducatrice-naturaliste

Sources images : Anne F. Préaux, Public Domain, GUEPE

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