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Découvrir la nature avec nos yeux d’expert.e.s

Parce que tu te demandes qu’est-ce qui se passe dans un cocon de papillon, comment se forme une tornade et comment les plantes communiquent... L'équipe de naturalistes de GUEPE a décidé de répondre à toutes tes questions, car la nature, ce n’est pas un mystère, c’est une science! Un.e naturaliste c’est quoi? En gros, c’est un.e spécialiste dont la mission première est de vulgariser les différentes sciences de la nature.

Chaque mois, on te présente une vedette, animale, végétale ou autre (oui, oui!), en plus des sujets préférés de nos naturalistes. Reste donc bien connecté.e. On va répondre aux questions de notre lectorat (incluant les tiennes) et on va aussi te proposer des places à visiter, des actions à poser, des trucs à voir et à lire. 

On te souhaite une bonne exploration de la nature!

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Choix du naturaliste
La phylogénie des dinosaures ou l'histoire de Théodule

Il y a 66 millions d'années, la Terre fut frappée par un astéroïde provocant la disparition massive du vivant. Mais certains ont survécu, ces survivants donneront naissance à un groupe d'animaux bien connus, les oiseaux.

Il y a 66 millions d'années, la Terre fut frappée par un astéroïde de près de 12 kilomètres* de diamètre (soit à peu près la taille de la ville de Paris**) dans la péninsule du Yucatán au Mexique, provocant la disparition massive d’énormément d’espèces vivantes, marines et terrestres, à la fin du Crétacé. Cette 5e grande extinction causée par un objet extraterrestre, entraîna une catastrophe climatique qui mis fin à des millions d'années de règne sans partage des « lézards terribles », les dinosaures. Mais certains ont survécu, ces survivants donneront naissance à un groupe d'animaux bien connus, les oiseaux. Ce blogue raconte l'histoire de Théodule, le survivant, l’ancêtre des oiseaux!  

Avant de t'expliquer pourquoi Théodule, l’arrière-arrière-grand-père de Paulette la poule, était un dinosaure, il faut que je t'explique ce qu'est la phylogénie!  

L'arbre de la vie

Croquis de Darwin, son premier diagramme d'un arbre phylogénétique, 1837

En 1859, Darwin a bouleversé les croyances et a changé la place que nous occupons dans cet univers. L'humain n'est plus le centre du monde vivant, il est maintenant un parent du monde vivant et fait partie d'une grande famille qu'est la biodiversité d'après la théorie de Darwin. Cela nous révélera que toutes les espèces sont cousines les unes des autres à un degré plus ou moins différent. C'est dans ce contexte qu'en 1866, le biologiste allemand Ernst Haeckel invente le terme « phylogénie », du grec phylon signifiant tribu ou famille et genesis signifiant création. La phylogénie est tout simplement l'étude des liens de parenté entre les êtres vivants. On représente souvent ces liens par un arbre phylogénétique. Chaque nœud de l’arbre correspond à un ancêtre commun et si on redescend l'arbre, on finit par tomber sur le commencement, LUCA (Last Universal Common Ancestor ou DACU, le dernier ancêtre commun universel), l'organisme qui serait à l'origine de toute forme de vie sur Terre.***  

Mais comment fait-on pour construire ces arbres complexes censés représenter l'histoire de la vie et les liens entre les espèces? Il existe plusieurs méthodes pour réaliser nos arbres, mais nous allons en voir deux. La première utilise l'ADN des organismes : on va tout simplement comparer l'ADN de plusieurs espèces et voir si elles se ressemblent. Plus l'ADN est similaire, plus les espèces sont à proximité sur notre arbre phylogénétique. C'est une très bonne technique quand on dispose de l'ADN des organismes, mais on a un petit problème pour les dinosaures... Bah ils sont disparus! Donc on ne dispose pas de leur ADN. Mais heureusement, il nous reste les bons vieux fossiles! Dans ce cas, pour construire notre arbre de parenté, il nous faut plutôt comparer la morphologie : la forme de ces fossiles pour trouver des similitudes ou des différences qui nous aideront à classer nos espèces dans différents groupes.  

Maintenant que tu sais ce qu'est un arbre phylogénétique, à quoi ressemble l’arbre de la famille des dinosaures?

 

L'arbre généalogique de Théodule, le grand-grand papa  

Avant toute chose, il faut que je te parle du début de l'histoire de la grande famille des dinosaures. Ces lézards terribles seraient apparus il y a 250 millions d'années après la grande extinction du Permien. Cette grande extinction laisse le champ libre à beaucoup de nouvelles espèces, dont les dinosaures. En plus de profiter de niches écologiques vacantes, les premiers dinosaures se révèlent être beaucoup plus compétitifs que leurs cousins les crocodiliens ou encore les ptérosaures. Cela favorisera leur prolifération et surtout leur diversification en d'autres sous-familles appartenant toutes au grand groupe des dinosaures. On appelle cela une radiation évolutive.

D'après l'étude de Matthew Baron et ses collègues, publiée dans Nature en 2017****, on peut classer les dinosaures en deux grandes familles que sont les ornithoscelidés et les saurischiens. On distingue ces deux familles par une différence de structure de leur os au niveau du bassin. Les saurischiens auraient donné naissance au groupe des Herrerasauridés et au groupe des Sauropodes avec le fameux diplodocus mesurant 25 mètres de long. Les ornithoscelidés auraient quant à eux donné naissance au groupe des Ornithischiens et des théropodes dont font partie le Tyrannosaurus Rex et les oiseaux! Mais cet arbre est bien sûr susceptible de changer en fonction des nouvelles découvertes scientifiques. N’oublie pas que le monde évolue constamment!

Les dinosaures et les oiseaux  

En 1868, Thomas Henry Huxley, surnommé le bulldog de Darwin, propose que les dinosaures sont les ancêtres des oiseaux après la découverte du premier dinosaure à plumes en 1861, Archeoptéryx. Découvert en Allemagne, cet animal est prénommé Urvogel, signifiant le premier oiseau. Archéopteryx vivait, il y a environ 150 millions d'années et présentait des caractéristiques de dinosaures, mais aussi d'oiseaux. Il n'était pas plus gros qu'un corbeau et contrairement aux oiseaux, il possédait des dents. Il a été montré depuis qu'il possédait des plumes sur ses ailes, mais aussi sur ses pattes de derrière et vraisemblablement, ces plumes seraient de couleur noire avec possiblement des reflets irisés. Bien qu'il ne puisse pas voler à proprement parler, il a sûrement pu planer ou faire du vol battu sur de courtes distances.

En 2012, une autre étude décrit un fossile qui a été découvert en Chine, c'est un petit dinosaure ailé qui vivait, il y a 120 millions d'années, un microraptor. Depuis, beaucoup d'autres découvertes de fossile de dinosaures ailés, ont été faites et nous suggèrent que l'émergence des plumes et des ailes était bien plus ancienne et bien plus répandue qu'on ne le pense chez les dinosaures : pouvant aller de la protoplume jusqu’à des plumes asymétriques (au même titre que les plumes modernes)! On pense que les plumes avaient d'abord un rôle d'isolation thermique, puis elles se sont trouvé un nouveau rôle lors des parades amoureuses devenant des objets de séduction servant de parure colorée. Enfin, elles se seraient allongées et élargies et auraient finalement permis à ses détenteurs de voler.  

Ce microraptor avait deux paires d’ailes. Les flèches blanches montrent les vestiges de plumes. Le spécimen est entouré d’un halo d’où les plumes semblent être absentes (pointé par les flèches bleues).

Archéopteryx et microraptor sont des théropodes qui étaient sûrement des cousins proches de l’ancêtre commun des oiseaux modernes partageant énormément de traits communs avec ces derniers. Mais une des différences majeures entre les dinosaures et les oiseaux, c'est l'absence de dents chez ces derniers. Il existe même une expression très populaire qui consiste à exprimer le mot jamais : « quand les poules auront des dents ». On ne croit pas si bien dire! En 2003, une équipe de chercheurs a réussi l'exploit de faire pousser des dents à des embryons de poules, montrant que les ancêtres des oiseaux avaient des dents et qu'au cours de l’évolution les ancêtres des oiseaux avaient tout simplement perdu cette faculté.

Théodule, le dernier dinosaure, ancêtre des oiseaux, a réussi in extremis à survivre à la catastrophe d'il y a 66 millions d'années permettant à la formidable famille des oiseaux d’exister et notamment à Paulette, la poule! Si tu te demandes si Jurassic Park était possible, eh bien, regarde autour de toi! Les dinosaures sont bien présents, dans les villes, dans nos campagnes, dans nos forêts! Alors la prochaine fois que tu croises Paulette, dis-toi que peut-être que sommeille en elle un Tyrannosaure Rex encore endormi!

NOTES

* La taille varie selon la source, mais ça tourne autour de cette taille.

** Paris s’étend sur environ 18 km d’est en ouest et 9,5 km du nord au sud.

*** Ce modèle est cependant sujet à débat, certains préfèrent parler de corail de la vie ou de delta de la vie, mais ça, on y reviendra.

**** Cette étude a remis en question une généalogie qui avait été acceptée pendant au moins 130 ans. Selon cette ancienne version, les théropodes seraient plutôt des saurischiens. Ce ne sont pas tous les chercheurs qui acceptent la nouvelle version proposée par Matthew Baron et ses collègues.

Par Thomas, éducateur-naturaliste

Sources images : University of Georgia, Nature (Le Monde), David W. E. Hone, Helmut Tischlinger, Xing Xu et Fucheng Zhang

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Vedette du mois
L'opossum d’Amérique

Tu es observateur de la faune ou lecteur avide de nouvelles sur la nature qui t'entoure et ses changements? Tu sais probablement que nos paysages abriteront maintenant un nouvel arrivant : l’opossum d’Amérique.

Tu es observatrice-observateur de la faune, trappeuse-trappeur ou lectrice-lecteur avide de nouvelles sur la nature qui t'entoure et ses changements? Tu a probablement entendu, vu ou lu que nos paysages abriteront maintenant un nouvel arrivant : l’opossum d’Amérique (Didelphis virginiana).

…Un quoi?

À première vue, l’opossum d’Amérique (également appelé l’opossum de Virginie) peut ressembler à un rat blanc, entre autres par sa longue queue écailleuse et par son museau pointu. Il faut toutefois noter que cette longue queue est préhensile, soit qu’elle peut servir à s’accrocher aux branches ou encore à transporter de petits objets! Il peut atteindre environ la taille d’un chat lorsqu’il est adulte et mesure en moyenne 70 centimètres, ce qui fait de lui le plus grand de tous les opossums! Son pelage peut contenir des teintes de noir, de gris et de blanc.  

Bien que la femelle soit un peu plus petite, elle possède une caractéristique bien singulière : une poche marsupiale ventrale! Eh oui, l’opossum d’Amérique fait partie des marsupiaux, soit que les petits migrent dans cette poche à la naissance et y terminent leur développement, comme le font les kangourous ou encore les koalas.

Je croyais que les opossums ne vivaient que dans les pays chauds…

Distribution de l'opposum en Amérique du Nord

Il faut d’abord savoir que l’on peut trouver l’opossum d’Amérique aux États-Unis, au Mexique et en Amérique centrale. Une première mention de la présence de cet animal au Québec a eu lieu en 1976. Puis, selon les récentes données recueillies par le Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec, la population serait en expansion depuis les années 2000. Son habitat s’étend maintenant jusqu’en Estrie, au sud du Québec, en Ontario et dans la vallée du Fraser, en Colombie-Britannique. Il y a également de plus en plus de mentions sur la Rive-Sud soit à Saint-Jean-sur-Richelieu et à Longueuil. Peut-être en as-tu vu un toi-même sur ton balcon à la recherche de nourriture ou d’un refuge!

Qu’est-ce qui pourrait bien inviter l’opossum d’Amérique à convoiter les habitats du sud du Québec, de là à s’y établir pour de bon? Il fait bon vivre, me direz-vous! Certes! Toutefois, la principale raison pour laquelle on retrouve une abondance plus élevée d’opossums au Québec est la suivante : les changements climatiques. Eh oui! Te souviens-tu de la migration climatique? L'opossum d’Amérique en est un parfait exemple! Je m’explique.  

Il faut savoir que l’opossum n’hiberne pas. Ceci dit, il lui faut un habitat dont les hivers sont assez doux pour lui permettre de survivre aux nuits qui, disons-le, sont un peu plus fraîches de novembre à mars… Par contre, à cause du réchauffement climatique, il réussit à s’acclimater aux hivers plus doux qui sont de plus en plus présents au Québec. Il n’est pas rare de voir des opossums portant des marques d’engelure sur le nez, les oreilles ou la queue : la preuve qu’ils ne sont pas du tout adaptés à ce genre de climat. Selon Colin Garroway, professeur associé de sciences biologiques à l'Université du Manitoba, l’opossum n’est qu’un exemple parmi tant d’autres de migration vers le nord en réponse au réchauffement climatique. Les répercussions de la présence de cette nouvelle espèce dans nos écosystèmes demeurent encore inconnues, surtout que c’est là le premier marsupial à exploiter nos habitats.  

Devons-nous nous méfier de sa présence?  

L’opossum d’Amérique n’est pas reconnu comme dangereux. Là, tu te dis peut-être : « Quelle bonne nouvelle! Moi qui comptais nourrir et bientôt flatter, assis dans mon divan, celui qui vient me rendre visite chaque semaine! » Attention, il reste un animal sauvage, au même titre que les ratons laveurs, les renards, les mouffettes rayées.  

Comment savoir s’il se sent menacé par ta présence? Des indices assez clairs pourront te guider : il peut pousser des cris  ou des grognements en montrant les dents (...assez clair non?). Il peut même sécréter un liquide malodorant (un peu comme la mouffette rayée) ou aller jusqu’à feindre le « mort » en se couchant immobile, couché sur le côté, la bouche ouverte. On appelle ce comportement la thanatose. Plusieurs espèces de coléoptères ou de reptiles emploient également cette tactique pour dissuader leurs prédateurs! (Si tu veux en lire plus sur la thanatose.) Le Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec y a même dédié une page!

À noter!

Il est important de savoir que l’opossum d’Amérique, lorsque blessé ou mort, est un animal à déclaration obligatoire. En effet, les mentions obligatoires permettent de mieux suivre l’évolution de son aire de répartition et de mieux documenter sa présence au Québec. Comment faire pour signaler un opossum d’Amérique? Il faut communiquer avec S.O.S. Braconnage du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs en composant le 1 800 463-2191 ou en écrivant à centralesos@mffp.gouv.qc.ca.  

Si l’on considère qu’il ne faut que treize jours de gestation et que la femelle peut donner naissance à plus de vingt petits à la fois, ce n’est pas demain la veille que nous verrons pour la dernière fois les opossums sur nos balcons, sur les berges de nos rivières ou encore dans nos villes!

Par Sarah G., éducatrice-naturaliste en Estrie

Sources images : Andy Reago & Chrissy McClarren, carte, Andy Reago & Chrissy McClarren

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Qc-Nature
La métamorphose des insectes

La métamorphose des insectes, complète ou incomplète, expliquée.

Tu as peut-être lu l'article sur l’oviposition, la ponte chez les insectes? Alors maintenant, nous allons franchir l’étape des œufs, et allons explorer les différents types de métamorphoses de ces invertébrés plus que nombreux sur Terre. En effet, les insectes représentent au moins 85 % des espèces animales terrestres; c’est un peu beaucoup pas mal énorme, n’est-ce pas?

Ils sont à la base de la chaîne alimentaire et sont donc indispensables à la biodiversité, autant animale que végétale. À chaque étape de leur transformation corporelle (oui, la métamorphose), les insectes sont des sources non négligeables de nourriture pour toutes les classes d’animaux. Car, entre l’œuf et l’adulte, il y a au moins une ou deux étapes complémentaires.  

Ce ne sont pas tous les insectes qui ont une métamorphose complète de quatre étapes (soit l’œuf, la larve, la nymphe et l’adulte). Ces insectes qui se transforment complètement, on les appelle holométaboles.

La métamorphose complète

C'est la métamorphose du papillon; elle est bien connue. Prenons l’exemple du monarque dont la femelle adulte pond ses œufs sous les feuilles de l’asclépiade, une plante qui pousse vraiment partout. Regarde l’image. Je suis certain que tu peux la reconnaître.  

De l’œuf à la larve

Dans le cas de ce papillon, les œufs éclosent après 3 à 8 jours, et une petite larve en forme de ver en sort. C’est la chenille du papillon. Pour d’autres insectes, le temps d’incubation avant l’éclosion varie de quelques jours en été à plusieurs mois, pour ceux qui passent l’hiver sous cette forme, par exemple. Aussi, les larves n’ont pas toujours le même nom selon l'espèce : asticot pour les mouches, ver pour les coléoptères, etc.  

Des larves qui grossissent trop pour leur peau
La chenille du monarque qui snack sur une feuille d'asclépiade

Une fois écloses, les larves commencent non seulement à manger (principalement les feuilles sur lesquelles elles ont éclos), mais elles grossissent de plus en plus. La plupart muent également quelques fois avant de devenir adultes. C'est un peu comme le font les serpents lorsqu’ils grandissent : elles perdent leur peau trop rigide pour suivre leur évolution, donc celle-ci doit être enlevée. Les insectes n’ont pas de squelette, mais bien un exosquelette (le squelette extérieur). C’est une couche de cuticule qui ne grossira pas en même temps que leurs organes intérieurs. Ainsi, afin de leur laisser de la place pour se développer, la cuticule sèche et craque, laissant ainsi la possibilité au corps de sortir, mais sans protection. En quelques heures, cette armure se reforme et se solidifie à la bonne taille.

Un petit exemple spectaculaire : chez les crustacés, également des invertébrés, tels qu’un homard, la carapace ne croît pas en même temps que l’animal. Le homard grandissant doit muer. Il doit se gonfler d’eau afin de faire éclater son exosquelette pour ensuite en ressortir tout mou. Pour revenir aux insectes, les larves de ceux-ci vont se gonfler d’air afin de se débarrasser de leur vieille « peau », qu’elles soient terrestres ou bien aquatiques. En effet, il y a plusieurs espèces d’insectes qui vont pondre leurs œufs dans l’eau, sinon dans la terre ou encore dans le miel, autrement que sur (ou dans) les végétaux. Les maringouins (ou moustiques) vont ainsi naître sous l’eau!

De la larve à la nymphe

Toujours dans la métamorphose complète, la larve se transforme éventuellement en chrysalide* chez le papillon, ou en d’autres types de nymphes telles que les pupes chez les mouches. Lors de cette phase de la nymphe, qui est souvent immobile, les organes adultes commence à apparaître (et ceux de la larve à disparaître) et à s’organiser à l'intérieur de cette enveloppe protectrice où la métamorphose se précise. Une fois la métamorphose complétée, l'enveloppe se brise et en sort l'insecte adulte, aussi appelé imago. Le rôle de se dernier sera de se reproduire et ainsi, recommencer le cycle!

Un monarque qui finit son stade de nymphe

Insectes sans métamorphose complète

Si l’on regarde du côté de la métamorphose incomplète (en trois étapes), dont les insectes sont dits hémimétaboles, il faut oublier le stade larvaire. Après l’éclosion de l’œuf, ce sera la nymphe (dont le comportement est similaire à celui d'une larve) qui va manger, grossir et muer pour devenir un imago. La nymphe de ces insectes, souvent mobile, ressemble beaucoup à l'adulte et non à un cocon, comme c'est le cas des insectes holométaboles. Ce type de métamorphose se retrouve entre autres chez les criquets, les sauterelles et les mantes religieuses. Dans ces cas, les nymphes n'ont pas d'aile à la naissance; elles apparaitront au fil des mues de croissance. Mentionnons que pour certaines espèces, la nymphe peut être assez différente de l'adulte. Par exemple, la nymphe de la libellule est aquatique et l'imago est terrestre.

Une nymphe de criquet

Enfin, si après ça tu continues à te poser la question à savoir si tous les insectes vont finalement se métamorphoser, hé bien la réponse est non! Certains insectes vont ressembler aux adultes de leur espèce dès l’éclosion de leurs œufs. Ce sont des insectes que l’on dit amétaboles - qui se développent en deux phases seulement, soit l’œuf et l’insecte. Tu connais peut-être le petit poisson d’argent qui vit, entre autres, dans ta salle de bain, le lépisme argenté? Cet insecte va simplement muer souvent afin d’atteindre sa taille adulte.  

NOTES

* Quand on pense à la chrysalide, on dit souvent « cocon », mais attention! Ce n’est pas la même chose. La chrysalide est le stade de développement, tandis que le cocon est l’enveloppe protectrice en fils de soie fabriquée chez certaines espèces. Le monarque a une chrysalide, mais pas de cocon!  

Par François-Vivier, éducateur-naturaliste

Source images : Katja Schulz, Raw pixel, Lorie Shaull, Obsidian Soul

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Question du public
Des œufs hauts en couleur

À Pâques, c'est la traditionnelle chasse aux œufs vivement bariolées! Notre belle Dame Nature, elle aussi, elle aime ça les couleurs! Et sans coup d’pinceaux, elle a créé une palette d’œufs aux coloris variés et surprenants!

Pourquoi certains œufs ont une couleur différente? 

À l’approche de Pâques, impossible de passer à côté de la traditionnelle chasse aux œufs peinturés... De belles coquilles vivement bariolées qui comblent petits et grands!  Eh bien, notre belle Dame Nature, elle aussi, elle aime ça les couleurs! Et sans coup d’pinceaux, elle s’est chargée de créer une palette d’œufs aux coloris variés et surprenants!  

Comment? Pourquoi? Macro zoom sur le macro monde des œufs...  

Les œufs bien confortables du carouge à épaulettes

Comment? La biliverdine et la protoporphyrine

Wow, je sais que ça commence fort avec des mots bien compliqués (ha-ha), mais pas de panique! Pour faire (très) simple, la biliverdine et protoporphyrine sont des pigments, tous les deux présents dans le sang de nos amis aviaires modernes, et sont donc la cause de l’immense variété de la coloration de leurs œufs.  

La biliverdine donne des œufs de couleur bleus et verts, et la protoporphyrine — que c’est dur à écrire! Ha-ha! — quant à lui, est un pigment qui donne des couleurs brunes et rougeâtres, ainsi que des mouchetures*. Et leur origine dans la coquille des œufs remonterait au moins jusqu’à l’air du Crétacé supérieur en Chine du sud!  

D’après un article du Peerj (un journal scientifique de biologie et de médecine) qui s'intitule « Origine dinosaure de la couleur des œufs » (traduit de l’anglais, Dinosaur origin of egg color: oviraptors laid blue-green eggs), une équipe de scientifiques aurait, là-bas, découvert un nid de dinosaure avec des œufs fossilisés. Ces œufs fossilisés, ceux de madame la dino prénommée Heyuannia huangi**, avaient une teinte bleutée. Chose exceptionnelle, surtout parce que le processus de fossilisation donne une couleur noire ou brune aux œufs à cause des minéraux qui se trouvent dans la terre. Bref, après quelques recherches, il s’est avéré que dans ses œufs fossilisés se trouvaient aussi de la biliverdine et de la protoporphyrine ce qui solidifie d’avantage le lien entre les dinosaures et les oiseaux!

Ils sont mêmes allés encore plus loin, en émettant des hypothèses sur le comportement de Heyuannia, en particulier, le comportement des soins paternels liés à la couleur des œufs. Mais ça serait seulement une hypothèse et une autre histoire. 😉  

Pourquoi? Le nid et la localisation géographique

Le pluvier kildir fait son nid difrectement au sol, au travers des roches, dans une petite dépression

D’après les plus vieilles études du Docteur Joseph Emile Cornay et d’autres, plus récentes, de la revue américaine Nature, Ecology and Evolution, les œufs sont plus ou moins colorés en fonction des régions où ils se trouvent, et cela pour la survie de l’embryon. En peu de mots, les œufs qui se trouvent dans des régions comportant des températures assez chaudes ont des teintes claires pour éviter que l’embryon surchauffe face aux rayons solaires, alors que les œufs se trouvant dans les régions aux températures plus froides sont foncés pour attirer la chaleur, et donc favoriser la survie de l’embryon face au froid.  

Et cela serait aussi lié aux matériaux du nid et au temps où les parents s’absentent! Plus le nid est chaud et profond, plus les œufs sont clairs. Plus les parents s’absentent longtemps et le nid est à même la roche avec des matériaux un peu moins confo, plus ils sont foncés pour retenir au max la chaleur nécessaire au développement fœtal.

Enfin, le Peerj (encore!) pense que la coloration des œufs a évolué par rapport aux nids dans lesquels ils se trouvent. Les œufs couvés constamment (donc cachés constamment par les parents) sont plus décolorés que ceux laissés à l’air libre, ceci s’expliquant avec le fait que ceux qui sont couvés n’ont pas besoin d’être camouflés des prédateurs contrairement aux autres!  

Instant fun fact cool : les soins parentaux et le succès de reproduction chez le merle d’Amérique

Les œufs pas mal funky du merle d'Amérique

Alors là on tourne les projecteurs vers l’intérieur du pays, précisément sur des chercheurs canadiens et le fameux (roulement de tambours) merle d’Amérique! Le merle d’Amérique, pour ceux qui ne le connaissent pas, est un oiseau au ventre rouge-orangé, au dos gris-noir et au bec jaune. On peut l’observer très fréquemment car c’est une espèce assez commune. Il a la particularité de produire des œufs bleu-vert, grâce à la biliverdine donc, un pigment présent dans le sang.  

D’après leur travail dans Behavioral Ecology and Sociobiology, ces messieurs-dames auraient montré que, chez le merle d’Amérique, les soins parentaux seraient différents en fonction de la vivacité de la couleur de l’œuf. Plus la femelle est saine, plus le taux de biliverdine sera élevé. Plus le taux de biliverdine est élevé, plus l’œuf est bleu et brillant! Plus l’œuf est brillant, plus les oisillons auront de chances d’être eux aussi génétiquement plus sains et d’assurer la lignée! C’est ce qui encouragerait le mâle à s’occuper davantage d’oisillons provenant d'œuf bleu vif.

Serait-ce en lien avec l’hypothèse des scientifiques sur le comportement paternel de notre dino tout droit venu de Chine? Je n’ai aucune réponse à cela mais la question vaut la peine d’être posée selon moi. 😉  

NOTES

* Mouchetures : Dans ce contexte, on peut comprendre qu’il s’agit de taches de couleur sombre, des petites salissures qui marquent une surface.

** Heyuannia huangi : « HeyuanniaHeyuannia huangi est un genre éteint de petits dinosaures de la famille des oviraptoridés, groupe de théropodes à plumes, qui vivait à la fin du Crétacé supérieur en Chine du sud. Il fut le premier oviraptoridé découvert dans ce pays. Depuis la plupart des oviraptoridés ont été découverts aussi bien en Chine qu'en Mongolie. L'espèce type fut découverte et décrite par Lü Junchang en 2002. », selon la définition de Wikipédia.

Par Lou, éducatrice-naturaliste spécialiste

Sources images : J. N. Stuart, Rick Cameron, Laslovarga

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Vedette du mois
Les œufs, c'est quoi?

J’imagine que tu sais un peu à quoi ressemble un œuf? Mais connais-tu les autres types d’œufs? Quoi? Il n’y a pas que les oiseaux qui pondent des œufs? Et non!

J’imagine que tu sais un peu à quoi ressemble un œuf? Mais connais-tu les autres types d’œufs? Quoi? Il n’y a pas que les oiseaux qui pondent des œufs? Ouin, non. Peut-être aussi que tu n’es pas sans savoir que plusieurs reptiles pondent aussi des œufs semblables à ceux des oiseaux. Autrement, la plupart des amphibiens, des poissons et des insectes pondent aussi des œufs, mais bien plus petits cette fois et en bien plus grand nombre, et aussi sans coquille dure. Bref, tous les types d’animaux, sauf les mammifères évidemment, pondent des œufs, quoi qu’il existe bien quelques exceptions!

Œufs d'oiseau à l'abri dans leur nid

Nous allons ici explorer le monde des ovipares, soit les animaux qui pondent des œufs. Ce type de reproduction permet aux nouveaux nés de se développer et d’éclore à l’extérieur de la mère. Les ovovivipares sont également des animaux qui produisent des œufs. Chez les ovovivipares, par contre, le développement de l’embryon dans l’œuf se passe cette fois à l’intérieur de la mère. Les bébés éclosent donc à l’intérieur de la mère et naissent complets, mais sans leur coquille.  

Les parties de l’œuf

Attention, voici l’anatomie de l’œuf classique.

Le jaune de l’œuf représente le centre de cet ovule géant. C’est la cellule vivante qui devra recevoir le spermatozoïde mâle lors de la fécondation. C'est une excellente source de vitamines, de minéraux, de protéines et d’acides gras essentiels au développement du poussin. Une autre nuance de jaune entoure son centre, c’est le disque germinatif qui contient les récepteurs (portes d’entrées si tu préfères) nécessaires à la fécondation. La membrane vitelline, quant à elle, maintient le jaune bien rond et l’empêche de percer, même dans ton assiette.  

Le blanc, aussi nommé albumen, est surtout composé d’eau, de protéines et de minéraux; il est également entouré d’une membrane qui le maintien en place dans la coquille. Afin de maintenir le jaune en place bien au centre du blanc, des chalazes traversent l’albumen en « haut » de l’œuf. De l’autre côté plus élargi, tu remarqueras lorsque tu casseras ton œuf, une chambre à air qui permet de tempérer la température de l’œuf. Enfin, la coquille, reste le principal obstacle au monde extérieur des bactéries et des prédateurs.

Incroyables, ces œufs

Savais-tu que des chercheurs ont déterminé que les embryons peuvent communiquer entre eux? Eh oui, lorsque le nid est attaqué par des prédateurs, les œufs de certaines espèces peuvent se mettre à vibrer. Non seulement ils se « parlent » entre eux, mais peuvent aussi avertir les parents des dangers qu’ils ont affrontés en leur absence. Fascinant n’est-ce pas? Les embryons adapteront ainsi leurs caractéristiques hormonales voire mêmes physiques afin de répondre à leur environnement tranquille ou bien alors devenu hostile. Par exemple, certains oiseaux auront les pattes plus courtes à la naissance. C’est le résultat d’un stress chez l’embryon. Incroyable, cette adaptation!  

Ailleurs que chez les oiseaux

Chez les reptiles, par contre, l’intérieur de l’œuf est enveloppé de vaisseaux sanguins leur permettant ainsi de respirer à travers la coquille. Si les œufs ne sont pas suffisamment humides, des problèmes risques de survenir. C’est parce que leurs œufs ont une coquille plus perméable, ce qui fait qu’ils peuvent absorber ou perdre davantage d’eau que ceux des oiseaux. Parfois, il arrive que les bébés, autant chez les reptiles que les oiseaux, aient besoin d’aide de leurs frères et sœurs ou encore de leurs parents pour sortir. Mais pour les reptiles, elle pourrait toutefois devenir une véritable prison pour les nouveaux nés si elle s’assèche trop.

Œufs de tortue serpentine

Les amphibiens et les poissons quant à eux, n’ont pas ce problème. Leur principale stratégie afin de résister à la mortalité des œufs est bien plus simple : la plupart pondent énormément d’œufs afin d’assurer la descendance. En effet, les œufs étant pondus directement dans l’eau, plusieurs ne survivront pas à la prédation. Leurs œufs sont constitués d’un vitellus rempli de protéines, de graisses, lécithines et autres phospholipides, du cholestérol, des hydrates de carbone, des sels minéraux dont les embryons vont tranquillement en consommer la substance afin de se développer. Aussi, chez la plupart des poissons et des amphibiens, les œufs ne sont fécondés qu’après être sortis de la femelle, mais ça, c’est une autre histoire.

Du côté des insectes (et des autres bestioles), ce n’est pas si différent. Ils n’ont pas de coquille dure et pondent aussi énormément d’œufs afin de répondre (pondre, hahaha) à la prédation. Parfois ils sont pondus dans l’eau, sinon c’est, bien entendu, à l’extérieur de l’eau. On les retrouve dans la terre, sous des roches ou de vieux troncs humides, dans le bois, dans le miel ou bien même directement dans les plantes. Oui oui, c’est ce que l’on appelle des insectes gallicoles (ou bien gallogènes). La plante va réagir en créant justement des galles sur la partie qui est attaquée par l’insecte en question. La mouche de la verge d’or va pondre directement dans la tige qui va alors enfler. Les feuilles d’arbre vont faire tout plein de petits picots boursouflés à cause des pucerons, des mouches, des guêpes, des acariens ou bien d’autres insectes.

Une tige de verge d'or avec des œufs à l'intérieur

Enfin, si tu veux savoir comment se forme un œuf chez les oiseaux, je t’invite à aller lire nos prochains articles sur la variété de coloration des œufs. Toujours à suivre sur notre blogue, tu pourras découvrir quels sont les autres types de gestation autres que les ovipares, soit les vivipares, les ovovivipares et même celle particulière des marsupiaux.

Par François-Vivier, éducateur-naturaliste

Sources images : Pixabay, GUEPE, Wiki, Ryan Hodnett

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