Les mammifères qui pondent des œufs
Le savais-tu? Certains mammifères pondent des œufs. Ils ne sont pas nombreux, mais tout à fait réels et, surtout, fascinants! Tu veux en savoir plus? C’est ici qu’on t’en parle!
Spotlight sur les monotrèmes
Il existe aujourd’hui exactement cinq espèces de mammifères qui pondent des œufs, dont l’ornithorynque et quatre espèces d’échidnés (ces petits mammifères au museau allongé couverts de piquants). Ils forment le groupe des monotrèmes, qui se distingue des autres grands groupes de mammifères, soit les marsupiaux (comme les kangourous et les koalas) et les placentaux (comme les chiens, les chats et nous!). Si tu veux en observer en nature, c’est en Australie ou en Papouasie-Nouvelle-Guinée qu’il faudra que tu te rendes, bien qu’il en aurait peut-être existé en Amérique du Sud, il y a environ 60 millions d’années.
Ce n’est qu’une question d’évolution
Mais pourquoi pondent-ils des œufs? Comment est-ce possible? Il faut d’abord se rappeler que les marsupiaux et les placentaux ont, eux aussi, un ancêtre qui pondait des œufs. Ainsi, c’est fort probable que l'ancêtre commun des monotrèmes et des autres mammifères possédait cette caractéristique. Puis, lorsqu’ils ont divergé* au cours de l’évolution, les monotrèmes ont conservé ce trait ancestral, alors que les autres mammifères ont accumulé des changements génétiques qui leur ont permis de donner naissance autrement.
Cependant, ne fais pas l’erreur de penser que les ornithorynques et les échidnés sont des créatures primitives. Ils ont continué à évoluer en même temps que les autres espèces et ont probablement accumulé leur juste part de changements génétiques. Ce n’est que la chance, de pair avec les pressions environnementales, qui leur ont permis de conserver ce trait plutôt qu’un autre.
… Et d’adaptation
Il reste que les mammifères qui pondent des œufs, il n’y en a plus beaucoup. Comment se fait-il? Après tout, il y aurait eu un moment au cours de l’histoire où ils étaient plus nombreux... Jusqu’au moment où les marsupiaux arrivent en Australie depuis l’Amérique du Sud**. Forts compétiteurs, ces derniers auraient probablement pris le dessus sur la plupart des monotrèmes. Le fait de donner naissance à des petits plus développés et de pouvoir les transporter dans une poche, les protégeant ainsi de prédateurs, d’intempéries et d’autres facteurs environnementaux aurait été un grand avantage compétitif. Mais, si certains monotrèmes ont survécu, c’est qu’eux aussi avaient un tour dans leur sac. Selon le biologiste Mathew Phillips de l’université nationale australienne, si les monotrèmes sont encore en vie aujourd’hui, c’est peut-être parce que l’ancêtre commun des ornithorynques et des échidnés*** était semi-aquatique (comme l’ornithorynque l’est aujourd’hui). Cela lui aurait permis d'exploiter une niche écologique inaccessible aux marsupiaux et ainsi de survivre. En effet, la poche dans laquelle les marsupiaux transportent leur progéniture après sa naissance serait une contrainte importante à la vie aquatique.
C’est donc une vraie chance que des créatures aussi uniques soient encore en vie aujourd’hui! Elles sont des pièces de casse-tête importantes pour mieux comprendre l’évolution des gênes responsables de la transition entre l'œuf et le placenta. Et, n’oublions pas qu’elles nourrissent notre imagination collective... Et sont sensationnelles avec un fédora!
NOTES
* L’hypothèse qui est actuellement favorisée par la communauté scientifique est que les monotrèmes ont divergé des autres mammifères avant que ces derniers ne divergent entre eux pour former les groupes des marsupiaux et des placentaux. Par contre, une autre hypothèse existante serait que les placentaux ont divergé des autres mammifères d’abord et que les marsupiaux ont divergé des monotrèmes par la suite. Dans tous les cas, les monotrèmes auraient conservé un trait ancestral.
** Les marsupiaux auraient évolué dans les Amériques et auraient traversés en Australie, alors que les continents étaient configurés différemment.
*** Ce n’est pas tout à fait clair à quel moment les échidnés ont divergé des ornithorynques, mais certaines études génétiques suggèrent qu’ils ont divergé assez récemment et que leur ancêtre commun aurait été aquatique. D’autres pensent qu’ils auraient divergé plus tôt. Peut-être que de futures recherches élucideront la question!
Par Émilie, communicatrice scientifique
Sources images : Dan Boyland, Tony Morris, JK Melville